Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Après plusieurs jours de convalescence, je m'étais refaite une santé. Je n'étais toujours pas bien grosse et plus petite que les louveteaux de mon âge à cause du rationnement que j'ai subit. Ici, ce n'est pas pareil. Tout est différent. Les repères que je croyais solides et fondamentaux ce sont révélés n'être qu'un terrain de terre friable se dérobant sous mes pattes. Je ne sais pas ce qui c'est passé durant ces jours où je me suis contenté de dormir, manger, boire et être nettoyée. J'en avais grand besoin. J'appréhendais de sortir de cette tanière. Poussée par le museau de Plume Rousse, qui venait de m'adopter, je ne réalisais pas encore que son sauvetage avait totalement changé ma petite vie. La meute devait en être informé ou peut-être pas. Serais-je une nouvelle fois dissimulée ? Recalée au dernier rang ? Trop de questions qui me font peur.
Je tremble en me redressant sur mes petites pattes. Je sens que la louve m’incite de son doux regard à mettre la truffe dehors. La dernière fois que j'ai quitté une tanière je ne l'ai jamais retrouvé et j'ai finis seule au milieu des dangers. Un regard vers elle, inquiet. Elle sourit. Une patte devant l'autre je me risque à avancer. Il n'y a aucun courage la dedans, seulement la peur qu'elle ne veuille plus de moi si je n'obéis pas. Le premier rayon de soleil m’éblouit, me rendant aveugle le temps que ma pupille se rétracte. Je sens l'air environnant. Ces odeurs nouvelles. De nombreux loups. J'observe. Les oreilles rabattues en arrière, je recule mais deux pattes me bloquent. Je lève la tête presque suppliante. Un coup de langue tendre sur le dos pour me rassurer. Est-elle différente ?
Je finis par m'éloigner un peu, pas trop non plus. Je gardais la louve blanche dans mon champ de vision. Gambadant maladroitement, j'évite de déranger les autres loups de la meute attelés à leurs tâches. Trouvant un carré d'herbe légèrement ombragé, je m'y précipite pour fouiller le sol de ma truffe. J'ai le museau plein de terre mais je suis visiblement ravie de retrouver ces sensations. La queue en plumeau battant le vent doucement, les coussinets redécouvrant la douceur de l'herbe. Je me laisse quelques secondes pour m'évader avant de sursauter. Un bond. Puis je ferme les yeux immobile et secouée de tremblement.
Premiers pas d' un nouveau souffle ( Skya ) force 4 | agilité 10 | endurance 6
"Je m'ennuie". Keres et Nymeria étaient occupés pour une bonne partie de la journée et le louveteau noir était resté au camp. "Ils sont tous occupés et ils ne font pas attention à moi." Parfois, Reny se sentait seul, quand son grand frère n'était pas là pour jouer avec lui. A l'ombre, Reny soufflait. En jetant un coup d'oeil derrière lui, il aperçut une petite louve blanche, du même âge que lui. C'était la nouvelle, adoptée par la chef, Plume rousse. Il y avait une chose étrange chez elle; ses yeux. L'un bleu, l'autre ambre. Comme tout les autres louveteaux Esobek, Reny ne lui avait jamais parlé. Skya. Oui, c'est bien cela son nom. Comme il a bonne mémoire !... " Que est ce qu'elle fait ? " Skya fourrait son museau dans l'herbe, elle avait l'air d'apprécier cette sensation. La truffe sale, maintenant. Ce n'était pas tellement des gouts de Reny. Il se leva et alla à sa rencontre. Elle était tellement préoccupée par son sentiment de liberté qu'elle ne le vit pas s'approcher devant elle. La loupiote blanche sursauta de frayeur.
La petite louve blanche relève la tête. Ferme un œil pour dévisager l'inconnu qui s'adresse à elle. Que fait-elle ? Elle cache sa différence de peur d'être rejeté. Non, la question ne concerne pas ce point. Alors que fait-elle toute salle à fouiner partout ? Bonne question. Le louveteau qui me fait fasse est tout noir. Sombre. Contrastant parfaitement avec mon pelage blanc. Je ne suis pas très à l'aise et reste muette comme une carpe face à lui. J'ai l'air idiote ? Surement. Je n'ai pas bougé et je ressemble à une statue. Mon œil bleu passant sur lui pour que je puisse me faire une idée sur son âge, je dirais pas loin du mien même si je parait plus petite à première vue.
Il attend une réponse ? Visiblement car il ne s'en va pas. Je devrais peut-être me lancer. J'hésite encore. Je sens un regard m’inciter à me lancer. Timidement, tout en baissant la tête afin d'éviter à affronter le regard du petit mâle noir, je réponds:
"Je... Je... sens l..la te....terre."
Je bégaie d'anxiété. J'ai honte et je fixe mes pattes. M'exprimer me parait très compliqué et je ne vois pas comment expliquer que je fasse ça. J'aurais bien aimé lui dire que l'odeur m'avait manqué et que je n'étais pas sortie depuis un moment à cause de mon état. Mais, rien. Le néant. Le silence. J'ai envie de m'enfuir.
Premiers pas d' un nouveau souffle ( Skya ) force 4 | agilité 10 | endurance 6
Apeurée,c'était le terme parfait. Reny resta de marbre, tandis que la loupiotte blanche relevait la tête pour l'examiner de ses yeux bicolores. Elle avait l'air faible et timide, Reny devinait sans mal son malaise. Reny ne bougea pas plus qu'elle. Il ne faisait qu'attendre sa réponse. Skya baissa la tête, honteuse et effrayée :
"Je... Je... sens l..la te....terre."
Reny prit une drôle d'expression, d'étonnement. Il n'avait jamais vu quelqu'un sentir la terre. De toute façon, elle resterait toujours sous nos pattes, à moins d'un impossible et irréversible changement de situation...
-Ha... quelle drôle d'idée. Tu est nouvelle, n'est ce pas ? Tu ne serait pas la nouvelle adoptée de Plume Rousse, que je ne me trompe ?
Il s'avança vers elle et releva le museau. Il était un peu plus grand qu'elle.