Was this all for nothing? This constant chase for something better, something bigger,... It all led to this, in the end: the nothingness. He lost everything, all he held dear disappeared as the Sun came closer and closer... He forgot what nights felt like, how the stars and the Moon used to shine bright in the darkness; the only thing close to it he could find anymore was the relative obscurity of the undergrounds, the only places where it was possible to live, if that could really be called living. Actually it wasn’t even about surviving anymore, it was just about looking for water all day long, then lay and try to conserve energy. Sometimes you were lucky and could find a cockroach to eat; carions were common but their meat was dry and sick, so if you wanted to stay conscious for a while longer, you had better not touch them.
- Spoiler:
Tout ceci n’était-il donc pour rien ? Cette poursuite constante de quelque chose de mieux, quelque chose de plus grand ... Au final, ça n’avait mené qu’à ça : le vide. Il avait tout perdu, tout ce qui lui était cher avait disparu alors que le Soleil s’était rapproché inexorablement. Il avait oublié à quoi les nuits ressemblaient, comment les étoiles et la Lune brillaient dans la nuit ; la seule chose qui y ressemblait désormais était l’obscurité relative des sous-terrains, les seuls endroits où il était encore possible de vivre, si on pouvait vraiment appeler cela vivre ... En fait ce n’était même plus une question de survie, c’était juste chercher de l’eau toute la journée puis se coucher et essayer de conserver son énergie. Parfois on était chanceux et on pouvait trouver un cafard à manger ; les carcasses étaient communes mais leur viande était sèche et malade, donc si on voulait rester conscient un peu plus longtemps, il valait mieux ne pas y toucher.
Pourquoi s’accrocher alors ? Quel but y avait-il à cela ? L’espoir que les choses rentrent dans l’ordre, qu’une force mystérieuse redonne sa taille originale au Soleil, qu’un miracle rafraîchisse la Terre, qu’un extraterrestre arrive pour venir vous sauver ? Non, personne n’avait plus d’espoir désormais. Tout sentiment, toute vie, avait disparu, les êtres vivants n’étaient plus que des machines en manque de carburant. Même penser demandait trop d’énergie, songer au suicide ... plus personne n’en avait la force.
Mais bientôt tout cela serait terminé.
Voilà plus de 24h que Koschei n’avait pas trouvé une goutte d’eau. Tout son corps avait soif, sa truffe se craquait à cause de la sécheresse, sa langue ne pendait même plus pour essayer d’évacuer un peu de cette chaleur oppressante. Son pelage était hirsute, des touffes manquaient par endroit, le bas de ses pattes était rempli de coupures et d’endroits où la peau avait été arrachée, ses yeux qui furent alors si étincelants étaient ternes et sans vie, il ressemblait à un mort-vivant. Ils ressemblaient tous à des morts-vivants. Mais ça faisait trop longtemps qu’il n’avait pas rencontré qui que ce soit d’autre. Les seuls sons qui l’accompagnaient étaient celui de sa respiration lente et le battement du sang à ses tempes, faible tambour omniprésent.
Ce jour-là il mit le nez dehors pour la première fois depuis ... il ne s’en souvenait même pas, ne se souvenait même pas de comment il s’appelait, ne se souvenait de rien. Il sortit des souterrains pour affronter le Soleil qui l’aveugla dès qu’il toucha ses rétines, lui brûla même les yeux tellement les radiations étaient fortes. Mais il l’avait vu, il l’avait vu pendant un instant, il l’avait vu pour une dernière fois avant de mourir, cet géante rouge qui avait donné la vie et allait bientôt mourir et emporter tout ce qu’elle avait créé avec elle. La Terre, la Lune ... dispersées, leur poussière flottant dans l’espace, formant des astéroïdes qui dériveraient lentement jusqu’à trouver une nouvelle maison, où être désintégrés. Qu’est-ce que sa poussière deviendrait ? Tombera-t-elle sur une planète qui attendait encore que la vie y naisse ; où sera-t-elle aspirée dans un trou noir ? Qui sait ... je dis ça, mais Koschei ne savait même pas ce qu’était un trou noir, ou même l’espace à vrai dire, pour lui comme pour les autres loups la Terre était tout, un univers à elle seule. Ils ne pouvaient même pas imaginer l’étendue des continents.
Koschei marcha encore quelques pas dans le sable brûlant, à l’aveugle, avant de s’effondrer. Il ne sentait même pas la chaleur. Tout ça pour rien, cette soif de possessions matérielles, de pouvoir ... Si seulement il avait une machine qui lui permettrait de remonter dans le temps, de recommencer à une autre époque, sur une autre planète ... Non, il ferait toujours les mêmes erreurs. Il ne savait rien faire d’autre, c’était sa raison de vie, et au final elle ne valait pas moins qu’une autre. Tout le monde mourait avec ses regrets à la fin.
Si on lui avait demandé, à lui qui avait vu la Fin, la Fin de tout, ce qu’il dirait à ceux qui étaient encore vivants, il aurait dit ceci : profitez. Faites ce que vous voulez, gardez vos erreurs et vos réussites en perspective : au final on rencontre tous la même fin, peu importe qui nous étions ; alors ne vous comparez pas aux autres, vivez sans regret, le passé ne changera pas, et le futur n’existe pas. Ca peut paraître trivial, du déjà-dit, déjà-entendu des centaines de fois, mais c’est la vérité. Faites de votre mieux. Vivez. Vivez comme vous voulez vivre. Au final plus personne ne se souviendra de vos erreurs.
Koschei put enfin goûter de nouveau aux vraies ténèbres qui commençaient à l’englober doucement, au froid qui s’emparait de son corps petit à petit alors que ses nerfs mouraient, sans sang pour les irriguer, et sa dernière pensée alla vers les étoiles, qui il le savait étaient toujours là, quelque part ...
“Vivez.”