Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
La fin de la Guerre venait d'être déclarée. J'étais à la fois heureux, mais terriblement attristé. On était tous en vie, quoi qu'une grande majorité des nôtres étaient blessés plus ou moins avec gravités. Mais il manquait quelqu'un pour que le tableau de la victoire soit parfait : mon père. Après nous avoir rejoint dans le camps défensive, il avait été contraint de disparaître sous les aboiements de notre Alpha. Depuis, je ne l'avais pas retrouvé. J'avais peur pour lui et ses blessures profondes. Il avait perdu pas mal de sang avant de nous rejoindre, qui sait ce qu'il est devenu. Si ça se trouve, il a péri en voulant rejoindre les siens. À cette idée, mon cœur se serra. Je ne pouvais pas l'imaginer une deuxième fois mort. C'était impossible. C'était au dessus de mes forces.
Instinctivement, mes pas m'amenèrent sur les terres de ma meute, que je n'avais pas vu depuis plus d'un mois. Elles n'avaient pas changés à ma plus grande surprise, comme épargnées par la Guerre qui faisait rage sur les autres territoires. Un profond sentiment de bien-être m'envahit, me faisant oublier un peu la peine qui avait plongé dans mon âme. Un faible rictus apparut sur mes lèvres, symbole de la joie. J'étais assez content de retrouver mon territoire et les miens, après avoir vécu en captivité chez les Navniks. Tous n'avaient pas été mauvais avec moi et j'en tirai, outre mon emprisonnement, un bon souvenir. La seule personne à qui j'en voulais réellement aujourd'hui était Anya, l'espionne Nav. Elle m'avait dupé sans remords et j'avais agi sous son influence. Elle allait payer pour sa traîtrise, je m'étais fait la promesse.
Cependant, l'heure n'était pas aux souvenirs. Je repris peu à peu conscience de là où je me trouvai. Au beau milieu de la clairière, à moitié détruite. Mes pas s'immobilisèrent et je me plongeai dans la contemplation de ce lieu, à nouveau. La fièvre était toujours présente, ça se voyait à mes tempes mouillées. Je ne savais toujours pas ce que j'avais, mais plus les jours défilaient, plus j'avais de mal à dormir, insomniaque. Il fallait que je trouve un guérisseur, ça ne devait pas plus tarder. Mais pas aujourd'hui. Je ne pense pas que ma quête aboutirait. Je fermai les yeux un instant, laissant pénétrer toutes les odeurs familières de ce lieu dans mes poumons.
La guerre. L’avait –je déjà vécu? J’en doutais, il était claire qu’au final une guerre constituait à s’arracher les membres les uns des autres. C’est souffrir la guerre, et croyez-moi, souffrir, je n’ai même pas besoin d’avoir la guerre pour vivre avec la souffrance. Mes rêves était mouvementés ce qui ne me plaisais pas, je revoyais ces êtres emportant ma sœur au loin, loin du grand frère qui devais coute que coute prendre soin de sa sœur. J’avais failli à ma tâche et dans mes songes de nuit, ma mère me le reprochait. Me frappant et me lançant des injures que j’avais failli à ma promesse. J’avais conscience que c’était un rêve malgré tout parce que jamais mère n’aurais levé la main sur moi pour quoi que ce soit. Du moins… je crois. Je n’ai jamais eu conscience de l’endroit ou Morphée avait fini par me prendre dans ses bras. Mais lorsque j’ouvris finalement les yeux vers une autres de ses journées, ou j’allais m’amuser à prouver ma présence, le ciel de toute sa bleutée offrait une magnifique vue sur…. Du gris. Partout et partout. Je soupirai, au final cette forêt puait la désolation. Dans un mouvement rapide je me levai avant de m’étirer de tout mon long ainsi qu’en ouvrant grande ma gueule pour laisser échapper un bâillement discret. Mes pattes s’enfonçais dans la texture boueuse dût à l’humidité de la nuit. Je jetai un vif regard dans les alentours, en me demandant à nouveau comment j’avais pu atterrir ici. Je soupirai en haussant les épaules ; A quoi bon. Mes pas s’engagèrent dans un mouvement synchronisé. J’avais faim. Depuis que cette louve avait fait preuve d’égoïsme, je voyais en chacun des loups dans cette forêt, un potentiel ennemi. Je reniflais à même le sol, essayant tant bien que mal de percevoir dans mes voies olfactives, une parcelle de ce qui pourrait ressembler à une effluve de proie.
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Dim 15 Nov - 11:27
Il erre, sans but.
Force: 16, Agilité: 18, Endurance: 19
Brusquement, une odeur inconnue me tira de mes retrouvailles avec mes terres. J'ouvris un oeil, puis deux. Mes pupilles tombèrent rapidement sur la provenance de cette senteur. Un louveteau, noir comme la nuit, progressait à quelques mètres seulement de moi. Il ne semblait appartenir à aucune meute, puisque son odeur était étroitement ressemblante à Noire, la vilaine Solitaire qui m'avait effrayée. Curieux et amical, je me relevai d'un bond. L'inconnu ne semblait pas m'avoir vu. Ça n'allait pas durer ! D'un petit trot, je le rattrapai. Enfin à côté de lui, je me mis à sourire. Peut-être serait-il un nouveau copain ?
« Bonjour ! J'm'appelle Oma'reth. C'est quoi ton nom ? »
Mon ton parut enjoué. J'avais bon entamer le septième mois de vie, j'étais toujours aussi jeune et vif que mes premiers jours. L'insouciance en moins. Je continuai d'observer le jeune mâle, visiblement moins âgé que moi. Ce n'était pas un souci, justement on s'entendrait mieux ! J'essayai tout de même de ne pas paraître oppressant, les oreilles pointées vers lui.
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