Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Après ma chasse ratée à la plage, je décidais de m'arrêter prêt des usines acres, ma patte me picotait et j'avais du mal à me tenir dessus. Je m'appuyais contre un rocher lorsque la nuit tomba. Je dormirais là. Cette odeur m'attirais plus qu'elle ne me repoussais, j'aimais venir près de celle-ci.
<<- La nuit va être longue...>>
Je m'allongeais, ramenant ma patte blessée sous moi. Le rocher me protégeait partiellement du vent qui provenait de la mer. Mon esprit dériva plusieurs fois lors de mes rêves, souvent vers ma proie ratée mais aussi par un endroit verdoyant ou la nourriture était abondante. Je rêvais d'un monde ancien, un monde perdue. Même si je n'avais jamais connue cet endroit, j'étais persuadée qu'il existait. Je me réveillait plusieurs fois à cause du bruit d'un des rare oiseau qui passait par ici, mais cette fois-ci, je ne me réveillais pas pour rien... Une odeur inconnue vient me chatouiller les narines, une odeur sauvage, un autre loup peut être?
<<- Qui est là? >>
Mon rythme cardiaque s'accéléra quand un bruit surgit de derrière moi, il m'était impossible de fuir et de combattre, ma seule option était de sympathiser avec l'ennemie ou l'inconnue et d'essayer d'éviter un bain de sang.
Noire, malgré sa récente course-poursuite aux Usines Acres avec des traqueurs, avait décidé de revenir dans ce lieu pollué et sombre. La louve aimait bien tout ce qui se rapprochait de l'obscurité. La Forêt aux Pendus par exemple, aux abords de laquelle elle avait établie son pied-à-terre. Elle pensait qu'elle ne croiserait personne là-bas. La pollution qui flottait dans l'air était très désagréable à renifler. Elle piquait la gorge et les narines. Mais cela ne dérangeait pas spécialement Noire. Elle était habituée à la douleur. La solitaire trottina jusqu'aux usines d'un pas lourd et léger à la fois. Elle se sentait libérée de la maladie, et ce grâce à Reaven. Sans lui, elle serait peut-être morte dans un coin du territoire. A peine arrivée aux usines, elle sentit une odeur inconnue lui picoter les narines. C'était un effluve de solitaire. Un loup était donc ici, et Noire n'appréciait pas sa présence. Au détour d'un rocher, elle découvrit enfin l'inconnu. C'était une louve, solitaire, au pelage noir et aux yeux bleus. Elle était couchée à peine le sol, comme si elle souffrait de quelque chose. La maladie ? Noire eut un mouvement brusque de recul. Elle ne voulait pas l'attraper de nouveau. Aussitôt, elle rabattit ses oreilles en arrière et dévoila les crocs. Cette louve représentait surement une menace.
||Oui Noire est assez agressive aux premiers abords, elle se calmera après ^^||
Je me mis difficilement debout, et me retournais pour faire face à l'inconnue. C'était une louve noire. Mon rythme cardiaque se calma, de toute façon, si elle choisissait de mettre fin à mes jours, je n'y pourrais rien. Je la fixais dans les yeux, et je restait debout, évitant de me poser sur la patta blessée par les barbelés. Les usines projetaient toujours cette odeur acre, mais moi, elle me rappelais quelque chose cette odeur, je la supportais facilement pour ne pas dire qu'elle me plaisait. Les yeux jaunes de l'inconnue m'étaient impénétrables, mais je continuais à la fixer, comme hypnotiser par ce regard. Au bout de quelques minutes, je pris la parole.
<<- Tu ne compte quand même pas m'attaquer?>>
Après tout cela je décidais d'aller m'appuyer de nouveau contre le rocher. Je baillait puis je m'assis. Attendant patiemment la réponse de celle-ci.
Noire attendait, le regard fixé sur cette inconnue. Il semblait émaner de cette solitaire aux yeux bleus, une sorte de souffrance intérieure, incompréhensible. Elle se leva, légèrement chancelante, et la solitaire au pelage corbeau laissa son regard jaune dévier sur sa patte. Elle semblait bizarre, comme trop molle pour être posée au sol. Serait-ce un défaut de naissance ? Ou bien la solitaire avait-elle combattue contre une autre créature, qui l'aurait blessée de cette manière ? La louve lui demanda si elle comptait l'attaquer. Comme si Noire allait répondre oui... Elle ferma les mâchoires, et remua la tête avec un grognement, après un long moment de silence. Son interlocutrice alla s'appuyer contre un rocher, puis s'assit difficilement. Noire était intriguée par cette patte et cette femelle. Elle ne s'approcha pas cependant, redoutant bien trop d'attraper de nouveau la maladie donc Reaven l'avait libérée. Au contraire, elle plissa les yeux, immobile, comme un prédateur s'apprêtant à attaquer. Noire avait toujours cette posture dangereuse, qui en faisait frémir plus d'un. Elle n'était pas pacifique, mais pas sanguinaire non plus. Elle tuait et combattait dans le besoin, sans y éprouver de plaisir.
"T'as quoi à ta patte" questionna t-elle en grondant.
La louve plissa les yeux, elle semblait observer un détail, ma patte me picotait et il fallait que je voie les dégâts au plus vite. Puis les paroles de l'inconnue rompit le fil de mes pensée. Elle voulais savoir qu'est ce que j'avais à la patte? Je dévoilais mes crocs dans un rictus qui pourrait ressemblait à un sourire.
<<- Les hommes et leurs pièges, comme d'habitude.>>
Je ne voulais pas en dire plus, je me sentais honteuse de m'être fait avoir si facilement, il faudrait que je prenne garde lors de ma prochaine chasse. Mon ventre se mit encore à gargouiller et un faible grondement sortit d'entre mes crocs. Je n'aimais pas montrer mes faiblesses aux autres. Je pressais ma patte antérieure droite contre ma patte blessée, et lorsque je la ramenais vers moi, un liquide poisseux l'avais marquée. Du sang. Il fallait que j'arrête l'hémorragie, mais je n'avais rien pour ça, il fallait que j'attende encore, espérant qu'elle s'arrête d'elle même. La louve noire se tenait toujours à l'écart, comme si elle redoutait quelque chose, mais bon, avec les épidémie qui cours, je pourrais comprendre qu'elle se méfie. Puis un élément surgit de mon esprit, la proie que je poursuivait à la plage, elle ressemblais à un chien! et si il y a un chien, il est possible qu'il y est aussi des traqueurs, et mon sang figurait là-bas. Mais je me calmais, il ne fallait pas être nerveuse et que je me prépare au cas où ces chiens se mettraient à rôder par ici. Je mis tous mes sens en alerte, me préparant à fuir au moindre danger.
La louve aux yeux bleus lâcha un rictus qui en disait long, et Noire plissa un peu plus les yeux. Elle sentait des picotements dans son pelage et ses pattes, qui semblaient lui souffler "attaque-la, attaque-la !" ou encore "vas t-en, cette louve est le diable en personne !" Mais Noire resta immobile, tandis que l'autre lui annonçait que c'était de la faute des hommes et des pièges. La solitaire n'en avait pas vu beaucoup, des pièges. Elle avait plutôt l'habitude de se retrouver en face à face avec les traqueurs et leurs chiens. C'était peut-être même pire, même si en général, elle s'en sortait toujours indemne. Coup de chance peut-être. L'autre solitaire perdit son petit sourire et observa sa patte. Elle saignait, beaucoup. Il aurait fallut être aveugle ou inculte pour ne pas voir le danger que représentait la plaie. Mais Noire n'était pas guérisseuse, ni altruiste. En aucun cas elle n'aiderait cette femelle. Silencieuse, elle continua donc de l'observer, et de voir le sang couler. Elle savait bien qu'il ne fallait pas qu'elle regarde le liquide pourpre, alors elle détourna la tête, juste à temps. Le sang finissait toujours par avoir raison d'elle, et elle perdait alors tous ses moyens. Elle aurait même été capable d'attaquer cette louve et de la dévorer, sous le coup de la folie. A cause de Kaïla, elle redoutait le sang. Et celui-ci avait une telle emprise sur elle qu'il pouvait causer sa perte facilement.
"Tu f'rais mieux de stopper l'arrivée de sang" grogna t-elle brusquement en fixant l'Ailleurs.
Elle voulait à tout prix éviter de regarder de nouveau ce sang qui l'abrutissait profondément. Il était hors de question qu'elle perde pied ici, et qu'elle se jette sur cette louve pour la dévorer.
Je savais ce qu'il fallait que je fasse! J'émis un petit grondement de mécontentement.
<<- Je sais, mais je n'ai rien pour l'arrêter.>>
Je savais que si je ne l'arrêter pas bientôt, je risquais gros. Mais ma patte pouvait à peine me porter et hors de question d'aller jusqu'à la ville dans cet état, je n'était même pas sûr qu'il me restait de quoi arrêter cette hémorragie. Je ne voulais pas lui demander de l'aide, après tout, mes problèmes ne devais sûrement pas l'intéressée mais je le fit quand même, histoire d'être sûr que je ne l'intéressait pas.
<<- Est-ce que tu pourrais m'aider s'il te plait? Je n'ai rien pour arrêter cette hémorragie...>>
La solitaire blessée lui répondit qu'elle n'avait rien pour arrêter l'arrivée de sang. Noire ne répondit rien, les mâchoires serrées, la truffe plissée. Elle ne voulait absolument pas se forcer à regarder la blessure de la noiraude, et le sang qui en coulait. C'était bien trop risqué. Malheureusement, la question qu'elle redoutait arriva. L'autre louve lui demanda de l'aide. Noire ne se retourna pas, tournant donc toujours le dos à la blessée, le regard perdu au loin. Que faire désormais ? S'enfuir en courant comme une lâche sans affronter son cauchemar ? Aider la louve et risquer de perdre le contrôle ? Non. Noire s'éloigna un peu, puis partit en courant, sans prévenir la femelle de ce qu'elle allait faire. Elle allait surement penser qu'elle l'abandonnait, mais ce n'était pas son intention. Elle alla chercher des toiles d'araignée, là où elle put en trouver. Elle savait que cela arrêtait généralement les hémorragies, même si trouver un guérisseur aurait été plus utile. Elle revint à la petite "tanière" de la blessée, et lui balança les toiles d'araignée sans un regard. En espérant qu'elle ne lui redemande pas de nouveau un service...
La louve partie rapidement, je soupirais, je vais surement mourir si je reste par ici. Je commençais à partir, ma patte me supportais. Les mètres commençait à défiler sous mes pas lourd lorsque ma patte se déroba sous moi, je tombait face contre terre en gémissant. La douleur ne se fit que plus grande, je me maudissais de l'intérieur.
<<- J'ai étais naïve...
J'étais allongée sur le sol, incapable de me relever, le sang continuait à couler de la plaie. C'était triste de mourir comme ça, sans avoir pus découvrir le reste du monde. Mais avec toute la force qu'il me restait, je pus me relever et finalement repartir vers le rocher, je faillit tomber à chaque pas et mon chemin se fit laborieux mais je finis par atteindre mon objectif, je m'écroulais sur le sol, la respiration hachée et difficile. La louve noire reviens à ma plus grande surprise avec des toiles d'araignées. J'aurais voulue la remercier mais elle ne me regardais pas, je pris les toiles d'araignées et je les mis tan bien que mal contre la plaie, les serrant et j'en gardais une ou deux en cas de secours.
- Merci
Cette inconnue avait était très gentille de m'aider alors qu'elle aurait très bien pue refuser.
- Moi c'est Ewanella et toi, qui est tu?>>
J'aimerais faire connaissance avec la louve qui venait peut être de me sauver la vie.
Noire savait que la louve était surprise, mais pleine de gratitude. Elle pensa même que, peut-être, dans un futur proche, elle pourrait la retrouver et lui servir sur un plateau le service qu'elle venait de lui rendre, se servant de cette aide si elle en avait besoin. En quelque sorte, un échange d'aide. Noire n'hésiterait pas à retourner voir cette louve pour lui demander quelque chose en échange des toiles d'araignées. La blessée la remercia gentiment, tout en appliquant les toiles sur sa plaie. Noire ne la regardait toujours pas, trop occupée à fixer le lointain, le coeur serré. L'odeur du sang lui faisait tourner la tête. Elle entendit donc à peine la louve lorsqu'elle se présenta.
"Moi c'est Ewanella et toi, qui es-tu ?"
Noire ne répondit pas tout de suite, se concentrant sur n'importe quoi pour ne pas penser au sang. La solitaire aux yeux bleus ne devaient surement pas comprendre pourquoi sa "sauveuse" lui tournait le dos de cette manière. De plus, Noire avait les muscles extrêmement crispés, ce qui donnait l'impression qu'elle allait attaquer.
"Je m'appelle Noire."
Elle serra les mâchoires, cherchant une solution autre que la fuite pour affronter sa peur.
"Et pour information, je ne suis pas quelqu'un qui aide les autres généralement. Ne compte pas sur moi pour t'apporter ce dont tu as besoin à l'avenir."
La louve m'avait surprise avec ses dernières paroles, cette louve paraissait gentille pourtant, même si elle était tendue et que quelque chose la tracassait, elle ne me faisait pas peur.
<<- Et bien Noire, j'ai une dette envers toi, et au fait, je te trouve très sympathique, malgré tes airs menaçant.>>
Je lui sourit et le sang commença enfin à arrêter de couler. Les picotement baissa mais j'aurais quand même besoin d'une nuit de sommeil pour pouvoir repartir. Cette louve m'inspirais une grande confiance mais je me méfiais toujours, après tout, la prudence est mère de sûreté, non? Je ne pouvais m'empêcher de penser que cette louve ne me voulais pas de mal, et qu'elle nous pourrions, comment dire, amie? Je ne voulais pas qu'elle parte mais comment retenir une louve sur qui on ne sais rien?
Ewanella lui répondit alors qu'elle avait une dette envers elle, et qu'elle la trouvait sympathique malgré son allure sauvage. Noire haussa les sourcils, lui tournant toujours le dos. Décidément, beaucoup de loups la trouvait sympathique. Reny, qui n'avait même pas eu peur d'elle, Nymeria qui lui faisait confiance, Reaven qui lui témoignait une affection dépassant les limites... Les solitaires seraient-ils de moins en moins craints ? Noire, pourtant, pouvait se montrer très violente lorsqu'il le fallait.
"Ouais, j'oublierais pas cette dette, crois-moi, grommela t-elle. Où se trouve ta tanière ?"
En avait-elle seulement une ? De nombreux solitaires restaient nomades. Ils n'établissaient jamais de véritable tanière, et passaient leur temps à parcourir les forêts. Ewanella faisait-elle partie de ce genre de loups ?
Je n'avais pas réellement de tanière, mais je m'était quand même installée près de la ville, histoire de pouvoir me reposer et garder dans un endroit précis ma nourriture.
<<- Près du centre ville. C'est un ancien asile abandonnée. Quand je m'y suis installée les hommes n'étaient pas venus depuis longtemps.
Maintenant que je lui avais dis, qu'allait-elle faire?
La blessée lui répondit que sa tanière se trouvait près du centre-ville. Noire haussa les sourcils en acquiesçant. Tant mieux, la tanière de cette solitaire se trouvait loin de la sienne. Elle avait très envie de s'en aller d'ici au plus vite. Ewanella la mettait assez mal à l'aise, et l'odeur du sang lui faisait tourner la tête.
"Bon. Je vais partir."
Noire ne parlait jamais avec des phrases compliquées, elle préférait la simplicité. Lentement elle se recula, puis tourna le dos à la solitaire, et partit aussitôt en direction de sa tanière, dans la Forêt aux Pendus. L'odeur du sang lui trottait encore dans la tête, et elle fit grincer ses crocs avec dégoût. Cette louve lui devait une dette, elle venait de lui sauver la vie en lui apportant ces toiles d'araignée. Heureusement, elle n'avait pas eu à la raccompagner chez elle. Noire n'avait pas que cela à faire non plus. Elle n'était pas altruiste. Sa seule consolation d'avoir aidé cette femelle blessée, c'était qu'elle lui revaudrait ça, dans les semaines à suivre...
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Rencontre
Noire & Ewanella
Je regardais Noire partir. La fatigue me rattrapa et je me remis en route, je comptais rallier la ville avant de dormir, histoire de ne pas tomber sur des humains lors de mon sommeil. Je n'oublierais pas cette rencontre avec cette louve, au plaisir de la revoir bientôt...