Ca y est, la première bataille est enfin terminée. Mais je sens que ce n'est que la première d'une longue série, et les hommes ont dévasté le champ de guerre en raflant plusieurs de nos semblables. Le pire, probablement, est qu'ils ont aussi emmené certains des nôtres alors que notre pacte avec les chiens ne devait pas nous coûter des vies. J'ai cherché Sayian et Inka partout, et personne n'a su me dire s'ils avaient ou non été sur les premières lignes de l'affront contre les meutes. Cela fait déjà deux jours que je les cherche partout, et je n'ai trouvé aucune trace d'eux nulle part. Je prie pour que Inka soit restée en arrière avec les louveteaux de la meute, et pour que Sayian soit resté pour veiller sur les plus sensibles. Je tourne en rond comme un loup en cage, et entre deux chasses je continue de fouiller chaque recoin de notre territoire pour essayer de dénicher mon frère ou notre amie commune. Faites qu'elle n'ait pas été emmenée, faites qu'elle soit quelque part, en sécurité. Je rejoins les ruines de la chapelle sur un pas lent et fatigué, j'ai peu dormi et les chasses que je mène avec acharnement me prennent beaucoup de mon énergie. Quand brusquement, je percute l'un des miens. Je recule vivement, le regard cerné par la fatigue, et je ne lui adresse qu'un jet d'oeil rapide avant de m'apercevoir qu'il s'agit de Inka. J'écarquille les yeux, entre ouvre la gueule. Si je m'attendais à ça !

- Inka ! Bon sang je t'ai cherchée partout ! Où étais-tu !?

Elle ne me laisse pas le temps de me remettre, bondit sur moi et me fait montre de toute l'affection qu'elle me porte. Je me réjouis de la sentir contre moi, et me sens même capable d'en réclamer bien davantage parce que pour moi, les contacts que j'aurais avec Inka ne seront jamais suffisants, jamais trop nombreux. Je lui rends son étreinte avec frénésie, comme si la peur de perdre l'autre pouvait nous rapprocher et la pousser à m'aimer davantage, m'aimer plus fort et comprendre enfin, accepter les sentiments que j'éprouve pour elle depuis plusieurs années déjà. Mais, bien trop vite à mon goût, son étreinte cesse et elle me fait face. Je détaille son visage avec avidité, le regard empli de désir et j'aimerais, à cet instant, l'entendre me dire qu'elle m'aime et qu'elle a eu terriblement peur de me perdre. Mais, n'importe quel mot me contentera pour l'heure, parce qu'elle est là devant moi, et qu'elle va bien.

- J'étais avec les louveteaux. Je vous ai cherchés aussi... mais... où est Saiyan ?

En mon for intérieur, je suis un égoïste, et je culpabilise aussitôt de penser à ça, mais je suis agacé de l'entendre s'inquiéter pour Sayian. N'est-ce pas moi qui l'aime ? N'est-ce pas moi qui la protège au mieux, et qui lui déclare sans cesse mon amour ? Pourquoi s'inquiéter pour mon frère alors que moi, je suis là, juste devant elle ? Mais je m'efforce de comprendre. Il est normal qu'elle s'inquiète, cela ne signifie en rien qu'elle le préfère à moi. Evidemment qu'elle a peur pour lui, et moi-même j'ai la trouille de ne pas retrouver mon frère. Il est bien plus important que mes sentiments amoureux qui eux, un jour, pourraient s'effilocher et disparaître. Mes liens de sang, eux, ne tariront jamais et mon frère, sera toujours mon frère. Alors, je me laisse aller à l'inquiétude et je la partage avec la louve que j'aime depuis si longtemps. Après tout si quelqu'un peut comprendre ce que je ressens, c'est bien Inka. Elle connait Sayian presque aussi bien que moi.

- J'espérais qu'il serait avec toi, je ne l'ai pas encore retrouvé ...

- J'ai eu peur de ne jamais te retrouver tu sais...? Je ne veux plus qu'on se sépare ... et quand on aura retrouvé Saiyan, je veux pouvoir passer du temps avec vous. Je me rends compte que la mort peut arriver à tout moment ...

Une boule d'un sentiment pur gonfle mon coeur et me remplit de chaleur. Elle a eu peur de me perdre ... Elle a beau repousser mes sentiments pour elle depuis des années, elle n'en reste pas moins attachée à moi et je me sens vivant rien qu'à l'entendre me dire qu'elle a besoin de moi à ses côtés. Elle colle sa tête contre la mienne, je l'étreins doucement. Avec tout l'amour que j'éprouve pour elle, je mets dans ce contact toute la douceur que je peux lui donner. Elle m'a terriblement manqué, et même si je ne suis pas le plus calme des prétendant, je suis de loin celui qui l'aime le plus. Même si Sayian et elle sont proches, mon frère ne peut rivaliser avec l'amour que j'ai pour elle. C'est d'ailleurs lui qui l'a su en premier, bien avant que je commence à faire part de mes sentiments à mon amie d'enfance. J'ignore ce qui a déclenché en moi ces sentiments, mais ils sont d'une profondeur intense.

- Je suis là ...

Si elle a toujours été d'une douceur extra ordinaire et d'un calme impressionnant, je sens Inka moins vive que d'habitude. Elle a eu beau me sauter au cou lorsqu'elle m'a vu, je sens que quelque chose ne va pas. A force d'observer celle que j'aime au fil des années, j'ai appris à la déchiffrer mieux que quiconque, et je sais bien qu'aujourd'hui, elle n'est pas au top de sa forme. Est-ce parce qu'elle s'est trop inquiété pour mon frère et moi ? Ou parce que les louveteaux de la meute lui ont donné du fil à retordre ? Dans tous les cas, elle a visiblement besoin de faire un break et connaissant Inka, je suis certain qu'il est bien mérité.

- Tu connais un endroit où l'on pourrait se poser ...? Histoire de dormir un peu ? Je suis franchement fatiguée.

Quand je dis que j'ai appris à la déchiffrer, vous voyez ? Je souris légèrement, lui dépose une lèche affectueuse sur la joue et je m'écarte doucement d'elle pour lui montrer le chemin.

- J'ai investi une tanière pas bien loin, histoire d'être aux premières loges pour avoir de vos nouvelles rapidement. Viens, c'est par là.

Et je la guide parmi les membres de notre meute, jusqu'à ma tanière de fortune. Elle n'est pas bien grande, mais assez pour mon frère et moi. Alors puisque Sayian n'a pas encore donné signe de vie, je suppose que je peux donner la chaleur de mon foyer à celle que j'aime ...

Elle s'installe au chaud dans ma tanière, et l'espace d'un instant je pourrais presque voir Sayian à sa place, comme d'habitude, à ronfler doucement alors que je suis debout depuis des heures. Il a la chance d'avoir des tours de garde et donc, des moments de repos bien définis. Moi, je suis obligé de sortir souvent pour chasser en m'adaptant au déplacement des troupeaux. Je ne peux pas m'octroyer des heures de repos sans m'être assuré avant qu'il n'y avait pas de travail, et je ne dépends pas d'horaires précis pour faire mon job au sein de la meute. Alors, là dans le creux de la tanière, la silhouette familière de mon frère me manque terriblement, et je donnerais n'importe quoi pour qu'il soit étendu là à dormir paisiblement, au lieu d'être quelque part sans que je puisse savoir ni avoir la moindre de ses nouvelles.

- Tu restes hein ?

Mon regard se pose sur Inka et je reviens à la dure réalité : mon frère n'est plus avec nous et nous ignorons où il se trouve. J'espère seulement que comme les légendes le racontent parfois, je pourrais sentir en moi s'il est arrivé quelque chose à Sayian. La pire choses pour moi serait d'apprendre qu'il lui est arrivé quelque chose et que je n'ai rien fait pour l'en sortir. Je ne voudrais pour rien au monde qu'on m'informe de la découverte d'un cadavre qui pourrait être celui du seul membre de ma famille, et je ne me pardonnerais jamais s'il lui arrivait quoi que ce soit. L'espace d'un instant, je hurle intérieurement en priant pour que Sayian m'entende. Je prie pour qu'il tienne bon, pour qu'il rentre bientôt. Je m'installe autour d'elle dans un sourire, enveloppant son corps dans ma chaleur et posant ma tête sur son échine comme pour la protéger du monde.

- Aussi longtemps que tu voudras.

Lorsque la respiration de Inka m'informe de son sommeil profond, je me laisse aller dans les pattes de Morphée. Je sombre lentement dans mes rêves, et je vois enfin mon frère. Mon frère qui rit bêtement, m'assure que tout va bien. Mais malgré sa présence à mes côtés, le manque subsiste dans mon coeur et je suis triste de le voir là, alors que je devrais en être heureux. Mon esprit m'embrume et m'empêche de savoir si je suis dans la réalité ou le rêve, et je me laisse alourdir par cet espoir vain qu'il sera près de moi lorsque j'ouvrirais les yeux. Le froid vient bientôt caresser mon pelage mais si je fronde les yeux, je ne les ouvre pas pour autant et je reste là, à regarder cette silhouette de mon frère qui profite d'une vie que je lui invente inconsciemment. Puis, la chaleur revient, et je me sens mieux. Peut-être est-il réellement là. Je sombre si profondément dans le sommeil que j'en perds toutes notions de temps et d'espace, et les rêves ne sont plus qu'une sensation de bien-être.

PS : Pardon pour le temps de réponse, je n'avais pas noté ce rp dans ma liste à répondre Je pense qu'on peut le clore là, mais on se fait une suite quand tu veux