Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Les vieilles habitudes ont la vie dure, aussi n’était-il pas surprenant de revoir Koschei hanter les vieilles rues cabossées de la Ville en Ruines, comme il le faisait souvent depuis qu’il était arrivé sur ces terres. On aurait peut être pu croire que le loup noir aurait finit par s’ennuyer de traverser toujours les mêmes rues et les mêmes ruines, mais le fait est qu’il restait toujours des coins inexplorés et le Leader n’aurait certainement pas découvert tous les mystères du lieu avant sa mort ... Et puis peut-être que Koschei ferait une nouvelle rencontre aujourd’hui, tiens. Une recrue potentielle, ou un nouveau jouet ... Peu importe, c’était toujours gai de rencontrer du monde.
Koschei entra dans un vieux bâtiment, plus vieux même que la plupart des autres, qui restait toujours inexplicablement debout. A l’intérieur, il ne trouva que de la poussière et de vieux meubles en chêne mais il en fit tout de même le tour, cherchant peut être une trappe secrète ou un objet digne d’intérêt, mais à par une drôle d’odeur de pourri venant du sous-sol -sûrement des rats morts, rien ne se présenta. Pas la moindre chose qui fit briller ses yeux, rien. Un peu déçu, il se dirigea vers la sortie et s’apprêtait à sauter à travers une vieille fenêtre soufflée pour rejoindre le monde extérieur quand le sol craqua. Koschei recula immédiatement, ce qui n’eut pour effet non pas de l’éloigner du danger mais plutôt de l’y jeter ... Le parquet s’effondra sous ses pattes, l’envoyant percuter contre le sol en béton quelques mètres plus bas.
Le Leader grogna sourdement en se remettant debout. A part pour les quelques rayons de lumière qui filtraient du trou par lequel il était tombé, il était plongé dans le noir complet, et l’odeur qui régnait ... L’odeur infecte d’un cadavre pourri ; non, de plusieurs cadavres. Des gros cadavres. Humains. Levant la tête, il estima la distance qui le séparait du plafond ... trop haut. Il grogna à nouveau en montrant légèrement les crocs. Non, il ne pouvait pas être coincé, il devait bien y avoir une sortie.
Koschei commença donc à marcher à l’aveuglette jusqu’à rencontrer un mur puis longea celui-ci, espérant trouver une porte ou un escalier, jusqu’à ce que sa patte se pose sur quelque chose de mou. Sans lumière, difficile de dire ce que ça pouvait vraiment être mais au vu de l’odeur ... Il devait avoir trouvé un des cadavres. Il siffla avant de contourner l’obstacle et de recommencer à longer le mur, jusqu’à sentir un mince courant d’air : une porte ! Le voilà enfin sauvé ! Il posa la patte sur la porte pour s’assurer que c’en était bien un une, puis la cogna de toutes ses forces. La porte en bois ne bougea pas d’un centimètre. Elle devait être bloquée de l’autre côté. Il recommença, à deux reprises, si bien que son épaule en était douloureuse, mais toujours rien. Coincé.