Tu venais de passer une belle journée à vaquer à tes occupations de Sentinelle et de louve Esobek. Tu avais suffisamment profité du temps libre que t'accordais ton rang, tantôt pour te reposer, tantôt pour t'entraîner et tantôt pour aller chasser. Depuis quelques temps, ta vie suivait une petite routine qui semblait persisté et vouloir durer. Loin d'apprécier le calme routinier, tu préférais lorsque les choses changeaient, lorsque des événements inattendus se produisait, la guerre était l'un de ses événements, mais ton rôle au sein de ta meute n'avait pas plus changé que cela. Tu n'avais pas été choisi pour mener cette bataille, tu devais simplement garder le Camp, pour ne pas changer. Comment faire lorsque le destin se tue à vous donner une routine dont vous ne voulez pas ? Avez-vous la solution pour briser cette routine ? Cette habitude répugnante qui s'installe et dont tu ne veux pas va vite plier bagage, tu en donnes ta parole. Il te suffit de trouver quoi faire pour sortir de l'ordinaire. D'habitude, tu attends la fin de la journée en te reposant au fond de la cave soufflée, le domaine de ta meute, gardant ainsi un œil sur la réserve de gibier au cas où des indésirables désiraient jouer les troubles fêtes. Peut-être qu'un indésirable pointaient le bout de son museau. Peut-être que finalement le destin allait briser lui-même cette exécrable machination ? Couchée sur le flanc à côté de la réserve de gibier, tu fouillas les alentours du regard. Cinq minutes s'écoulèrent, pas un mouvement, rien. Dix minutes, rien de nouveau. Quinze minutes, toujours rien. Ving minutes, rien n'adviendra. Tu pestas contre le destin qui ne voulait pas t'accorder ton simple souhait. Pourquoi est-ce qu'il n'écoutait jamais celui-là ?  

Désespérée, tu posas ta tête sur tes pattes et attendis. Tu attendis encore dix bonnes minutes. Le temps semblait s'écouler au ralenti alors que tu t'ennuyais ferme. Bientôt, une autre sentinelle viendrait veiller sur la réserve de gibier et tu aurais alors quartier libre. Cinq minutes passèrent encore. La relève arriva et te chassas de ton poste. Heureuse de partir et dépitée de n'avoir rien de mieux à faire que d'aller te rasseoir quelques mètres plus loin, tu soupiras d'ennui alors que tu voyais la meute s'animer. Tu semblais être la seule à ne rien avoir de mieux à faire que d'attendre, de rester immobile, de suivre les choses comme elles doivent être et non comme tu voudrais qu'elles soient. Tu commençais à somnoler lorsqu'un éclair de fourrure rencontra ton champ de vision. La silhouette familière d'une louve se profile droit devant toi. Un sourire arqua ton visage alors que tu t'apprêtais à jouer un tour au destin. Là, maintenant. Sans prévenir quiconque, tu te levas, brisant la chaîne inlassable qui retenait les événements dans l'ordre. Tu te dirigeas vers ce corps svelte, ces formes que tu connaissais, ce pelage blanc et ces yeux ambrés que tu avais déjà côtoie une bonne paire de fois. Un sourire chaleureux aux lèvres, conquise de ta petite victoire, tu ouvris la gueule pour parler.