Affectation Diplomatique

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La guerre se profile. Rien de bon pour nous, les Sekmets. Il manque en nos rangs un chainon particulièrement cruciale. Il nous fait défaut et affaibli considérablement notre meute, cet élément semble être l'unique raison de me faire fouler cette forêt. Elle n'est pas désagréable, mon but est simple. Trouver une louve. Manîthil. Une solitaire dont j'ai entendu parler ainsi que mon alpha et son bras droit, il me faut mettre la patte dessus. Rien de bien méchant, une simple négociation. Manîthil est une louve de caractère qui possède les connaissances nécessaires pour guérir, soigner et remettre sur pieds un loup. Nous n'avons pas de guérisseur chez les Sekmets et nous avons besoin d'elle. Empress m'a envoyé sur ces terres neutres pour négocier avec cette louve. Je connais l'importance de ma mission. Je connais les enjeux. Je me refuse d'échouer dans cette négociation. Empress a jugé bon de me faire confiance pour ce travail, je sais ce que j'ai à faire et je saurais me montrer à la hauteur pour les Sekmets.

Plusieurs jours durant j'ai traqué les traces de cette louve guérisseuse. Je l'ai observé. Sans m'approcher. Je n'ai pas cherché à lui nuire mais je préférais en apprendre plus sur elle, son caractère et sa façon d'être avant d'aller la trouver pour discuter. D'ailleurs, elle ne se cache pas. Elle n'est pas une de ces louves fantômes qu'il faut travailler au corps pour mettre la main dessus. Non. Manîthil ne se dérobe pas et je dois avouer que cela me convient et me plait.

Ce matin là, à l'aube. Je décide de l'attendre sagement assise au milieu d'un chemin qu'elle a l'habitude d'emprunter. Chose que j'ai pu constater en l'épiant. Je me tiens droite et à l'affut du moindre bruit. Mon ouïe, mon sens le plus aiguisé, celui qui me permet de surveiller mes arrières et de ne pas être surprise. Il me sert aussi à éviter le danger et sauver ma peau quand cela est nécessaire. Je ne me suis pas trompée, j'entends ces pas feutrer se diriger droit vers moi. Je demeure immobile même si l'entrevue m'effraie un peu. Je souffle doucement l'air de mes poumons par mes narines et me montre sous un visage sage et paisible. Un regard où il n'y a aucune animosité, seulement la crainte d'échouer que je tente de dissimuler.

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Son aplomb ne me surprend pas, la louve blanche n'en manquait pas d'après mes observations. Elle m'avait visiblement repéré depuis un moment mais m'avait laissé faire, intrigant. Je la trouvais particulière. Apprenant ainsi à me méfier d'elle sans pour autant me montrer agressive. J'étais prête à me défendre en cas de nécessité, néanmoins j'étais persuadée à présent que tout se passerait bien. Elle m'avait repéré et aurait pu s'en prendre à moi si cela l'avait dérangé ou bien si elle s'était sentie menacé. N'ayant rien fait de tel, je jugeais la louve ouverte à la discussion.

Assise. Je patientais quand elle s'est finalement montré en revenant d'une fouille, son sac de toile toujours autour du cou, je la détaille. Elle s'approche d'un pas assuré. Un sourire sur les babine dévoilant la pointe de ces crocs. Nous voilà enfin en tête à tête chère amie, songeais-je. Elle déclara sur un ton neutre légèrement teinté de mesquinerie:

« Tiens donc, la petite espionne a décidé de sortir enfin de sa cachette ? Que me veux-tu ? »

S'asseyant à son tour, j'en devinais sa curiosité malgré le fait que ma présence ne lui soit pas spécialement agréable. Cette louve cherchait en moi un quelconque intérêt à ne pas m'envoyer retourner à mon espionnage la queue entre les pattes. Je l'avais cerné durant ces quelques jours et je savais que je devrais jouer carte sur table avec elle. Finalement, les choses prirent une tournure différente, plus décontracté que ce que j'aurais pensé. J'avais moi même noté qu'elle ne tenterait pas de m'égorger en s'asseyant avec moi et je cessais de surveiller le moindre de ces mouvements. Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle m'interrogeait déjà de nouveau:

« Je pense ne pas avoir besoin de me présente, j'imagine ? Qui es-tu ma chère Sekmet ? »

Elle avait raison. Elle n'avait nullement besoin de se présenter car j'étais partie à sa recherche avec un bon nombre d'informations la concernant. J'appréciais d'avantage ce ton que le précédant et me radoucit un peu. J'inclinais respectueusement la tête avant de la redresser.

"Je me nomme Eesia. Comme tu l'as reconnu je suis une Sekmet et une espionne. Et tu n'as, en effet, pas besoin de te présenter chère Manîthil, guérisseuse solitaire qui se fait payer."

J'esquisse un sourire. Le regard malicieux, je sens que je vais apprécier cet échange. Je sais qu'elle attend la raison de ma venue. Qu'elle se languit de savoir, de connaitre mon offre. Je dois avant cela lui préciser quelques points nécessaires au bon déroulement de cette surprenante négociation. Je prends une position plus décontracté et confortable, tout en demeurant assise.

"Je viens vers toi de la part de Empress, Alpha de la meute Sekmet. Nous allons entrer en guerre et nous aurions grand besoin de tes services et de tes connaissances en tant que guérisseuse. Serais-tu prête à soigner les blessés sur nos terres après les combats ?"

Je marque une courte pause. Je la toise de mon regard ambré malicieux. Je vois déjà se dessiner son rictus empli d'ironie. Je relève la tête et dresse mes oreilles, démontrant mon assurance sans me montrer désobligeante.

"Et je ne viens pas les pattes vide, tu te doutes bien. Je pense que nous pourrons nous entendre, mais je tiens à recevoir ton prix pour ma demande. Alors chère amie, quel est ton prix?"

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La louve blanche n'est pas facile d'approche mais je considère m'en tiré convenablement pour le moment. Elle garde sur son visage lupin un sourire. De la joie ? Non, un sourire imposant la fierté et la satisfaction. En temps normal elle m'aurait agacé et j'aurais probablement claqué des crocs pour lui montrer mon mécontentement. Seulement les évènements m'imposaient une rigueur de fer. Droite. Impassible. Je la laisser m'exposer tout son plaisir. Elle m'écoutait attentivement. Son envie? Savoir ce que j'avais à lui offrir. Pas étonnant. Je connaissais sa réputation et avec cette louve tout ce paye. Le problème, c'est que les Sekmet ont besoin d'elle. Nous avons besoin d'un guérisseur. Finalement, je ne joue pas mes cartes, j'attends de voir et de pouvoir observer ce qu'elle va faire. Sa réponse ne se fit pas attendre:

« Et bien, tu dis ne pas venir les pattes vide donc, j'imagine que ton Alpha a une offre déjà, n'est-ce pas ? Que propose-t-elle contre mes services ? Dites moi votre prix et je te dirais si cela me va. »

Son regard curieux posé sur moi, je ne me laisse pas impressionner. Je souris également. Un sourire malicieux lui montrant que je suis prête à négocier même avec le diable, si je peux servir et protéger ma meute. Elle renchérit:

« Tu te doutes que cela risque de coûter cher et, j'ose espérer que ton Alpha a pensé à cela avant de t'envoyer ici. Après tout, ça serait bien dommage d'être venue pour rien, ma chère Eesia, je suis toute ouïe. »

Oui. J'en suis pleinement consciente. Le prix serait élevé mais les membres de la meute valait bien un tel prix. La louve ne m'étais pas antipathique, juste qu'elle éveillait en moi un sentiment de réserve. Je redressais la tête, vigilante. Il était peut-être temps de proposer un prix pour conquérir ces services.

"Oui, tu seras la seule décisionnaire."

En effet, elle avait raison. Elle pouvait faire la pluie et le beau temps en ces temps difficiles mais j'espérait qu'un peu de bonté habite son âme de solitaire.

"Mon alpha et la meute te propose une tanière en territoire Sekmet où te réfugier si besoin et conserver tes ingrédients sous notre protection. Tu seras libre d'aller et venir sur nos terres, d'y résider ou non."

Je la jaugeais. Le prix n'était pas suffisamment élevé même si l'offre était alléchante. Une étincelle dans le regard, elle pensait pouvoir tirer un meilleur tarif de notre part. Je m'étais bien renseigné à son sujet et je possédais une offre qu'elle ne pourrait refuser ou difficilement. Sur un ton très amical je repris la parole:

"Je sais aussi que votre savoir doit être transmit qu'il fait parti de votre acheminement. Nous pouvons te fournir au moins un apprenti. Un louveteau prêt à être formé pour que tu puisses être une guérisseuse accomplie."

Je la fixe un instant:

"Qu'en dis-tu ma chère Manîthil ? Pouvons-nous nous entendre ?"

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La louve blanche aux traits caractéristique semble très attentive. Elle boit mes paroles avec un intérêt certain. Son regard argenté ne me quitte pas une seconde, nous voilà dans une position de dénouement. Là nous saurons si il est possible d'avoir une alliée à nos côtés ou non. Elle sourit. Satisfaite ? Peut-être. Mais je n'en suis pas absolument convaincue, non, elle est malicieuse. Perfide sur les bords. Je m'attends à une réponse mitigée de sa part. J'adopte une posture stable, déterminé. Je sais ce que je veux. Ce sais ce que je dois faire. Un lécher hochement de tête pour l'inviter à renchérir vu qu'elle en meurt d'envie. J'ai hâte qu'elle me fasse part de sa réponse. Je sens que je vais m'amuser. Elle dénote des points qui méritent d'être examinés. Je ne suis pas prise de cours par ces mots, je ne suis pas surprise. Je me contente de sourire à mon tour. Un sourire aussi alléché que le sien, mon regard ambré s'illuminant. Elle marque une pause. Je sais que cette proposition lui plait énormément et qu'elle est vital pour les nôtres.

Entre et moi, c'est le feu contre la glace. L'or et l'argent qui tentent de trouver une union parfaite. Je m'avance vers elle doucement. Nos têtes une fois côte à côte, l'œil dans l'œil et de bouche à oreille, je murmure:

"Tu pourras choisir l'apprenti qui te conviendra. Je conçois que ce ne soit pas une tâche facile mais je pense que tu trouveras ton bonheur."

Mon regard sous entendait que je voyais un louveteau qui lui conviendrait, que je arderais pour moi afin de savoir si je m'étais trompée sur son compte ou non. Je repris calmement:

"Nous acceptons pour la nourriture si cela reste raisonnable. Tu en conviens ? Que tu te nourrisse d'accord mais seulement et uniquement toi."

Sa queue remuait doucement. Elle savait qu'elle allait recevoir une réponse positive. Je demeure impassible, neutre. Un masque que j'ai apprit à revêtir lors de mon apprentissage.

"Nous avons un deal. Nous t'attendrons après la guerre, je suppose que tu en auras vent."

J'appose ma patte sur la sienne en douceur. Un sourire presque triste, nous aurions pu être très proche dans d'autres circonstances. Elle était le genre de louve qui me convenait en tant qu'amie, mais au vu de la situation se serait un peu mal venu. J'inclinais doucement la tête pour la saluer, avant de m'enfuir au pas de course en hurlant pour signifier à la louve blanche que nous nous reverrions très bientôt.

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