Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Noire avait envie de s'éloigner un peu de sa tanière et de la nature aujourd'hui. C'est pour cela qu'elle décida de se rendre dans le Tunnel, sous l'autoroute. C'était un endroit sombre, de quoi vous faire hérisser le poil. On ne pouvait pas dire que la louve n'avait pas peur. Oh ! Elle se fichait bien du bruit inquiétant des gouttes tombant dans les flaques, ou bien de la vue des carcasses de voitures... Ce qui l'effrayait, c'était la Bête aux Yeux Rouges. Fruit de son imagination ? C'était possible. Mais elle préférait se méfier. Elle avait croisé cette chose dans le Dédale, et c'était Onyx, un Esobek, qui l'avait sauvé. Leur rencontre ne s'était pas très bien terminée, mais cela importait peu à Noire. Les liens d'amitié, ce n'était pas trop son truc. Et pourtant, elle avait réussi à s'attacher à un loup. Un seul. Un seul canidé à qui elle témoignait de l'attention, pour qui elle s'inquiétait réellement, et non juste pour son intérêt personnel. Et ce loup était un Esobek. Au moment-même où Noire pensait ça, au beau milieu du tunnel sombre, une vague odeur de meute arriva à ses narines. Une odeur de meute... Esobek. Était-ce Reaven ? Ou Onyx, revenu se balader ici ? La femelle ne hérissa pas son pelage. Elle attendit. Elle attendit que ce nouveau-venu vienne à sa rencontre.
Après ma chasse qui n'avait pas été fructueuse, j'avais pensé retourner au camp, mais finalement, j'avais pris la direction de l'autoroute qui trônait au milieu. Je ne me souvenais un peu de cette route, mais je ne pensais pas qu'elle était vraiment éventrée. Les bêtes à deux pattes étaient tout en train de détruire sur la planète. Cela détruisait nous les animaux et bien sûr la nature et eux non plus, ne resteraient pas longtemps si cela continuait ainsi. Je me secouais et continuait de marcher vers l'autoroute. Il y avait eu beaucoup de bombardements, il y avait des trous un peu partout. Quelque chose, qui était un tunnel m'intriguait.
Je ne l'avais pas vu, mais avec tous les bombardements qui avaient eu récemment, cela pourrait être normal. Alors, je m'approchais, j'étais tout de même curieuse et je regardais vers l'intérieur avec mes yeux vairons. Il faisait noire comme chez le loup, comme on disait. Cela me fit rire, un peu. Ensuite, je repris mon sérieux. Je pénétrais dans le tunnel, puis je m'arrêtais pour laisser ma vision s'adapter, de mon œil qui était bleu vert, j'avais une moins bonne vision que mon œil orangé mais je voyais quand même bien. Quand ce fut fait, j'allais plus profondément dans le tunnel. Il y avait de l'odeur de diesel, de gaz, des automobiles, versées sur le côté. Des gouttes qui faisaient un bruit sinistre en tombant du plafond. Cela en était même un peu effrayant, mais je décidais de poursuivre mon chemin.
Alors, pendant que je marchais, je sentis une odeur de louve. Elle n'avait pas d'odeur de meute, elle avait une odeur de solitaire comme celle de mon père qui avait disparu ainsi que ma mère. Étant donné, que mon regard s'était habitué à la noirceur de ce trou. Je perçus la silhouette de la louve. Je ne vis pas son pelage mais ce que je vis en premier, fut son regard ambré. Elle semblait être noire comme moi. Sauf, qu'elle était en plus noire que moi, car moi j'étais encore jeune. La louve n'hérissa pas son pelage et moi non plus. Je fis que l'observer quelques minutes, avant de lui adresser la parole.
L'inconnu était en vérité une femelle, au pelage noir et aux yeux vairons. Noire ne la connaissait pas, mais elle faisait visiblement partie de la meute Esobek. Elle n'avait pas l'air agressive, et les deux femelles se contentèrent de se dévisager l'une et l'autre, silencieusement. La queue de Noire se balançait derrière elle avec une sorte de mouvement hypnotisant, tandis que ses oreilles frémissaient. Qui était cette louve, et que venait-elle faire ici ? Avait-elle un quelconque rapport avec Reaven, Onyx, ou même Nymeria ? Pour Noire, tous les loups d'une même meute portaient la même odeur. Mais l'effluve de cette louve lui rappelait quelqu'un.
"Bonjour."
Sa voix résonna contre les parois du tunnel. Noire sembla se ratatiner durant quelques secondes, immobile, comme si elle s'attendait à voir surgir tout à coup la Bête aux yeux rouges. Puis elle se releva lentement, s'ébroua sans répondre à l'Esobek. Elle n'avait rien à lui dire, et surtout pas "bonjour". Noire ne saluait que rarement les canidés qu'elle rencontrait. Pour elle, c'était une simple perte de temps. On se fichait d'un "bonjour", ou d'un "bonsoir", ou même d'un "salut". Qu'elle importance lorsque l'on ne connaissait pas la personne d'en face ? Mieux valait le questionner au sujet de son nom, plutôt que de saluer une âme que l'on ne savait même pas pure ou impure.
"T'es qui ?"
Ca, c'était une bonne question. Une des préférées de Noire. Et une des seules aussi...
Alors, je continuais de dévisager l'autre louve, je ne savais pas qui elle était, je ne savais pas s'il avait pu connaître mon père également. Des solitaires, il en avait beaucoup, alors les chances étaient peut-être minces. Elle ne répondit pas à mon salut. Elle aurait peut-être besoin des cours de politesse, je couchais juste un petit peu, une oreille puis je continuais de la fixer de mon regard vairon.
La louve noire, avait commencé la conversation d'un ton plutôt direct et impoli, elle me demandait qui j'étais. Cependant, je restais neutre, cela ne servait à rien de réagir d'une autre façon. Je n'avais pas d'intentions mauvaises à son sujet, puis je n'avais pas en tête de me battre non plus, car de un, j'avais besoin d'entraînement, avant de passer au combat. Je lui répondis je lui dit mon nom.
"Je m'appelle Midnight Sun et toi?"
Alors, je me secouais puis la regardait, puis j'attendais qu'elle me dise son nom. Je la trouvais un peu froide dans les débuts, c'était peut-être sa façon d'être dans les débuts.
L'inconnue de s'offensa pas, et Noire ne pu s'empêcher de lâcher un petit grognement d'agacement. Pourquoi fallait-il que cette louve vienne l'embêter ? Elle était très bien, toute seule, dans le tunnel. Certes, elle s'ennuyait un peu, mais elle n'avait pas besoin d'une Esobek vienne lui parler. Encore, si ç'avait été Reaven, ou même Onyx ! Mais cette louve au pelage noir ne lui disait rien qui vaille... Elle se présenta sous le nom de Midnight Sun. C'était un nom bizarre, en deux parties, que Noire trouvait très laid. Dans la pénombre du tunnel, elle ne pouvait pas bien voir les réactions de cette Midnight, mais elle ne se gêna pas pour souffler par les narines et fouetter l'air de sa queue, signifiant bien qu'elle n'était pas intéressée par la nouvelle-venue, et que celle-ci l'agaçait profondément. Un silence s'installa entre-elles, seulement brisé par le "goutte-goutte" de l'eau dans les quelques flaques parsemant le sol. Noire fixait toujours Midnight avec une intensité troublante, lorsqu'elle ouvrit les mâchoires pour, enfin, lui dire son nom.
Sincèrement, cette louve semblait avoir besoin d'un cours pour comment se comporter avec les autres. Ma mère m'avait apprise à être polie et amicale, dès mon jeune âge, malgré que je n'étais pas encore très vieille. Cela m'agaçait un peu. Je couchais un peu l'autre oreille, j'étais un peu agacée par son attitude froide.
Alors, je me secouais ma fourrure puis je continuais d'observer la louve. Elle finit par me dire qu'elle s'appelait Noire, drôle de nom, ce n'en était même pas un, c'était une couleur. Je n'aimais pas particulièrement ce nom qui pour moi n'en était pas un. "Enchantée."
dis-je à l'autre louve noire d'un ton détaché. Ensuite, j'observais l'environnement de mon regard vairon, puis l'autre louve. La louve était tellement froide, que je ne savais pas quelle question pour y poser pour que cela change.
"Vous êtes froide avec tout le monde, ou juste moi? Je sembles plutôt vous déranger."
En fait, peu importe, je pouvais passer mon chemin, il y avait d'autres loups qui seraient ouverts à une discussion avec moi. J'en avais plein dans ma meute et j'avais mon frère.
Midnight Sun semblait un peu outrée du comportement glacial de Noire. Mais celle-ci s'en fichait bien, elle n'avait pas que cela à faire de rendre heureuse une Esobek. Cependant, la solitaire pourrait partir immédiatement si elle le désirait, mais bizarrement, préféra rester plantée là, dans le tunnel, tandis que la femelle de meute lui demandait pourquoi elle se montrait si froide. Noire laissa éclater un petit rire malsain, et fit racler l'intérieur de sa gorge avant de répondre :
"Je suis pas froide, c'est mon caractère voilà tout."
Et c'était la pure vérité. Il y avait quelques exceptions, pour lesquelles la solitaire pouvait se montrer à peu près agréable... Mais cette Midnight Sun n'en faisait pas partie. Et surement jamais d'ailleurs. Noire poussa un petit soupir et se détourna, pour aller observer les parois du tunnel. Elle savait que cette Esobek n'était pas menaçante, et ne l'attaquerait pas. Mais voudrait-elle approfondir la discussion, ou bien préférerait-elle se détourner aussi et s'en aller, s'en rien ajouter de plus ?
Alors, je fixais la louve noire qui était plus âgée que moi, puis je fixais le tunnel, puis de nouveau Noire. Ensuite, la louve me dit qu'elle n'était pas froide, mais que cela faisait partie de son caractère.
"Je vois. "
Maintenant, je savais que cette louve ne devait pas avoir beaucoup d'amis, vu qu'elle était comme ça avec tout le monde, puis ensuite, elle se mit à regarder les parois du tunnel comme si je n'étais pas là, alors je regardais moi aussi les parois du tunnel puis ensuite, je la laissais seule puis je ne lui adressais pas la parole. Alors, je restais là l'observant, je ne savais pas quoi dire pour partir la discussion, depuis le début c'était moi qui partait la discussion, par ailleurs, celle-ci ne semblait pas plus intéressée par moi.
L'Esobek répondit simplement, puis un long silence s'ensuivit. Aucune des deux louves ne savait plus quoi dire. Noire, elle, s'en fichait bien. Le silence aurait pu l'envelopper toute sa vie, qu'elle n'aurait rien remarqué. Midnight Sun avait l'air plus bavarde, plus joyeuse. Mais face à la solitaire, elle non-plus ne savait pas quoi dire. La discussion en devenait donc, évidemment, extrêmement fade. Noire commença à s'éloigner, en longeant le mur, suivant le "ploc-ploc", régulier, puis une idée germa dans son esprit. Retournant rapidement sur ses pas, elle se plaça en face de la femelle noire, et la questionna :
"Dis-moi, comment c'est la vie en meute ? La vie... En communauté ?"
Je n'ajoutais rien, je pensais retourner a mes affaires, la louve ne semblait pas vouloir me jaser. Tant pis, pour elle, je n'allais pas rester la a attendre et a essayer de lui jaser si elle n'était pas intéressée. J'allais m'en aller et la louve semblait aussi, mais a ma surprise, Noire revint vers moi. Elle se mit devant moi et me posa une question, elle voulait savoir comment était la vie en meute. Je la fixais de mon regard vairon et je décidais de lui répondre, car elle avait parlé la première.
"La vie en meute, c'est très différent que la vie en solitaire. Je n'ai jamais essayer et cela n'est pas dans mes plans, mais mon père avant qu'il disparaisse, en était un, solitaire. Il est tombé amoureux de ma mère qui vivait dans les Esobeks. Quand nous étions jeunes, je l'entendais en parler a ma mère. La vie était loin d'être facile. En meute, tout est plus facile, tu peux compter sur les autres, c'est comme une très grande famille. Chacun a son rôle pour que tout aille bien. En meute, c'est plus facile chasser. Car, les grosses proies sont beaucoup plus faciles en chasser en gang.
Alors, tu es sûre d'au moins une chose, tu ne mourras pas de faim, a moins que la meute tombe en famine mais c'est rare. Il a toujours quelqu'un pour t'aider, te réconforter et t'apprendre des choses, parfois. J'aime ça car malgré ma timidité et ma fragilité, je sais que je peux compter sur eux. Quand mes parents ont disparus, c'est mon frère et la meute qui a veillé sur nous. Sans eux, peut-être qu'aujourd'hui, on ne serait pas la."
J'avais beaucoup parlé et je continuais de regarder la louve et j'attendais la suite des choses.
L'Esobek se lança alors dans un long discours à propos de la vie en communauté, offrant à Noire tous les points positifs possibles. Mais la solitaire n'y voyait qu'un gros point noire. En vivant avec une meute, elle serait totalement dépendante des autres, devraient manger les proies que les autres auraient chassés, et elle devrait elle-même chasser pour les loups de sa meute. De plus, elle serait en quelques sortes "assistée", par les autres loups... Et cette idée là ne lui plaisait pas du tout.
"Dépendre des autres... Cracha t-elle avec répugnance. La vie de solitaire est bien plus intéressante. Certes, la survie est difficile à certains moments, mais au moins mon destin n'est pas lié à celui des autres."
Et c'était la vérité. Le regard fier, le poitrail relevé, elle dévisagea Midnight Sun avec insistance. Noire avait beau vivre seule, enfermée dans sa tanière aux abords de la Forêt aux Pendus, elle savait au moins une chose. La vie en meute ne lui plairait jamais.
La louve cracha au niveau de la dépendance des autres. Elle ajouta que la survie était parfois difficile mais elle aimait mieux ça. "Dépendre des autres, si tu vois ça comme ça, ok. Cependant, moi je ne vois pas comme ça. Chaque personne a son opinion, on ne fera pas un débat là-dessus. Moi je suis bien comme ça et c'est correct."
Alors, je lui fis tout de même un petit sourire en coin, moi j'avais mon opinion et elle la sienne. Ensuite, je regardais le paysage puis je m'avançais un peu puis la regarda.
"Tu veux parler de quoi? Ou encore, préfères tu que je te laisse seule?"
Ensuite, je décidais d'attendre la suite des choses.
(mon délai de réponse va être peut-être plus long après souper, je vais aller porter mon ordi au père de mon amie pour qu'il le nettoie, je vais revenir dès qu'il sera correct)
La louve lui répondit d'un ton calme, presque amusé, qui ne fit qu'irriter davantage Noire. Mais la solitaire n'avait que faire de ce que pensait une femelle de meute. Même si Midnight Sun appartenait à la meute de Reaven. La solitaire en avait plus qu'assez de lui parler. Cette louve l'ennuyait à mourir. De plus, si elle croyait lui donner des leçons avec ses hauts regards et ses belles paroles, elle se trompait fortement.
"Je n'ai pas besoin de ta compagnie. Je n'ai pas envie de te parler."
Sur ces mots, la noire se retourna et s'éloigna dans le Tunnel, suivant les "ploc-ploc" réguliers des gouttes d'eau contre le sol d'asphalte. Sa rencontre avec Midnight Sun avait été inintéressante. La louve n'avait rien apprit de nouveau, si ce n'est que "les meutes sont géniales et tout le tralala". Pas de quoi en faire tout un plat. Cette Esobek avait eu de la chance de faire partie de la meute de Nymeria. Noire ne se serait pas permis de l'attaquer pour si peu. Mais si elle avait été Navnik, ou pire encore, Sekmet, Noire n'aurait pas hésité une seconde à la réduire en miettes....
Je regardais la louve puis le paysage et de nouveau la louve. Celle-ci me dit qu'elle n'avait pas besoin de sa compagnie et qu'elle ne voulait pas parler. Alors, j'haussais les épaules, puis lui dit.
"Comme tu voudras."
Alors, je la regardais s'éloigner et moi ensuite, je pris mon côté. Il y avait d'autres loups avec qui je pourrais avoir des liens. Alors, ce n'était pas si grave.
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