Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
En ce matin d'automne, je m'étais levée tôt pour aller faire le tour du camp. J'étais en apprentissage, mais depuis que j'étais en âge de me déplacer sans chaperon, j'avais pris comme habitude, de faire le tour du camp. Surtout, depuis que les choses avaient changées, l'atmosphère de la meute, en était pesante. Alors, je partais faire mon tour, quand je n'étais pas en entraînement avec Wakanda mon mentor.
Alors, ce matin, c'est ce que j'avais décidé de faire, en attendant d'avoir des nouvelles de Wakanda, pour voir, si on allait faire un entraînement aujourd'hui. Étant donné que je m'étais levée tôt, il y avait un peu de brume au-dessus du sol et de la vapeur sortait de ma gueule, à cause du froid. Depuis, que mes parents avaient disparu, bien des choses avaient changées, cela avait été mon frère qui avait veillé tout le temps sur moi ainsi que les membres de la meute. Personne ne savait ce qu'il était arrivé à mes parents, ils avaient comme disparus de la carte.
Cependant, ma mère m'avait apprise des techniques de base à la chasse quand elle était encore là. Je me secouais puis soupira. Je ne comprenais pas ce que mes parents avaient eu dans la tête de disparaître ainsi. J'avais peut-être pensé qu'ils auraient peut-être été kidnappés par les hommes, mais j'avais fait mes recherches et personne ne les avaient vus. Tout le monde avait décidé de dire qu'ils étaient disparus tout simplement, on n'avait pas trouvé de corps, sans doute, ils étaient toujours vivants et je l'espérais. J'espérais également qu'ils reviennent un jour aussi. Alors, j'avais décidé de commencer mon tour par les collines, non loin de la tanière.
La nuit avait été courte. La veille, tu avais dû assurer un tour de garde qui se finissait au beau milieu de la nuit. Illico, tu étais allé te vautrer dans un coin de la cave, ton petit coin. Tu n'avais pas pris la peine de préparer ton atterrissage que tu t'étais effondré à même le sol de la cave et sans te préoccuper du manque de confort, tu avais fermé l'œil et en quelques secondes, ta respiration s'était fait plus lente, plus régulière, tu t'étais endormis. À présent, le soleil teintait au loin, derrière la drapée de nuage. Il commençait sa longue ascension dans la plus grande indiscrétion. Réveillée par un je ne sais quoi, tu ouvris un œil, puis l'autre, encore fatiguée. Ta mâchoire s'agita d'un bâillement alors que tu en réprimais un second, tu sentis peu à peu ta fatigue revenir. La nuit avait été bien trop courte pour que tu récupères entièrement. Les vestiges de fatigue de la veille était encore profondément inscrit dans ton corps. Essayant de te rendormir, tu refermas tes yeux, posas ta tête sur tes pattes avant. Tu attendis, patiemment, calmement. Que tu te rendormes. Trente secondes. Une minute. Cinq. Dix. Agacée, tu rouvris les yeux, changea de position, réessaya de trouver la porte de Morphée. Impossible.
Résignée, fatiguée de lutter pour la venue de ton sommeil qui vraisemblablement ne voulait pas de toi, tu entrepris de te lever. Ce fut bien plus dur que ce que tu pensais. Tes muscles endoloris et faibles te faisaient souffrir et la douleur se propageait dans tout ton corps. Réprimant un grognement, tu entrepris de t'étirer, espérant au moins atténuer les effets des tiraillements dûs aux efforts de la veille. Tes changements de positions finirent par avoir raison sur une partie de tes maux. Les ténèbres dans la cave étaient telles que la journée ne devait pas bien être avancée. Après une rapide toilette et une proie rapidement avalée, tu décidas d'aller pointer le bout de ton museau à l'extérieur, n'ayant rien de mieux à faire. Alors que tu adoptas une allure légère et souple, une partie de ta fatigue sembla s'envoler. D'un bond léger, tu franchis les quelques mètres qui te séparaient de l'extérieur. Dehors, tu pus te rendre compte des hospices de la journée. Une légère brume flottait à l'horizon, floutant un peu le paysage. Le brouillard ne te gênais pas le moins du monde. Au contraire, tu pouvais user de ton flair et de ta vue aiguisée pour discerner ce que d'autre avait du mal à voir. Tu humas l'air à plein poumon et l'odeur fraîche d'un loup te parvins. Tu haussas les épaules, pesant le pour et le contre de « traquer » ce loup. Tu n'avais rien de mieux à faire après tout. Tu partis en trottinant à la poursuite de ce loup, usant de ton museau pour t'ouvrir la voix. Tu progressais bien plus vite que l'autre qui semblait avoir choisi d'aller doucement, de profiter du paysage, si bien qu'en peu de temps, tu fus en mesure de voir une silhouette d'abord floue, puis de plus en plus nette. Enfin, ayant reconnu l'odeur et la silhouette depuis un bon bout de temps, tu scandas à l'intention du loup.
Je continuais de marcher et de faire le tour du camp. Il n'y avait pas grand monde, plusieurs loups dormaient encore et les proies commençaient également à se réveiller tranquillement comme tous les êtres vivants. Je marchais quand j'entendis du bruit sur le côté de la cave, où nous dormions. Sans doute, un autre loup venait de se réveiller. Alors, je regardais dans la direction, j'y vis bel et une bien une silhouette. De loin, je ne pouvais pas savoir si c'était une louve ou un loup.
Alors, je m'approchais un peu plus, puis j'y vis la silhouette de la louve. Sauf, je n'y prêtais pas trop attention, car elle était très loin. Je décidais d'essayer de repérer une proie pour pouvoir la chasser, je sentis une odeur de lapin, alors je me dirigeais vers l'endroit où j'avais perçu l'odeur. Cependant, des mouvements se rapprochaient alors, je tournais ma tête et j'y reconnus mon mentor. Son odeur vint à mon museau. Ensuite, elle cria mon nom, alors je souris puis je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de Wakanda. Peu de temps, après, j'étais devant elle, en souriant.
"Bon matin Wakanda."
Alors, je m'assis puis la regardait en souriant. "Bien dormi?"