Les jours commencent à se faire long depuis ta dernière chasse. Bien que ce ne soit pas ton devoir premier, tu sais que tout le monde doit chasser pour la survie de la meute. Les chasseurs seuls ne peuvent pas subvenir aux besoins de toute la meute, pas en ces temps. L'Hiver sera bientôt là et tu ne peux priver ta meute de proies supplémentaires. Il faut se préparer aux chutes de températures et aux éventuelles intempéries qui pourraient advenir. Avec cette guerre, bon nombre de loups sont blessés et ne sont plus aptes à chasser. Il faut nourrir ces têtes pour qu'elles puissent guérir et renaître. La puissance des Esobek doit revenir et cela doit passer par le biais de la guérison de ses membres. Encore ensommeillé, tu soulèves une paupière. La lumière inonde ta pupille qui se rétracte rapidement. Une fois accoutumé à cette source lumineuse, tu entreprends de te lever. Ta petite sieste improvisée est terminée. Il est temps d'aller se dégourdir les pattes. Une expression neutre se plaque sur ton visage alors que tu t'ébroues et t'étires. Tu lâches un dernier bâillement et te voilà parti. Tu sors de la cave qui vous sert de camp au pas de course et exécute un saut adroit pour atteindre la surface. Satisfaite de ton atterrissage sans encombre, tu te mets à trottiner sereinement en direction de ton terrain de chasse habituel. Tu ne forces pas sur la vitesse, tu cherches bien ici à développer ton endurance, tes muscles commencent déjà à chauffer alors que tu n'as fais que quelques mètres. Satisfaite de ton allure et de l'effort que cela te demande, tu poursuis ton chemin, esquivant les obstacles qui se dressent devant toi. La terre défile sous tes pattes. Tu assistes au lent changement de décor, les roches se font un peu plus rare. Quelques brindilles s'étalent le long de ta route. Puis finalement, tu parviens au bosquet tortueux. La chasse va pouvoir commencer.  

Sans plus attendre, tu commences l'exploration du lieu, gueule entrouverte, museau en l'air, reniflant le moindre fumet, le moindre parfum s'offrant à toi, dans le but de dénicher la moindre proie. N'importe quel animal ferait l'affaire, tant que tu pouvais revenir la gueule pleine, tu ne jouerais pas les difficiles. Tu continues à trottiner sur la même allure cadencé à travers les quelques bosquets qui marquent le territoire. Le territoire semble ne pas avoir changé d'un poil depuis ta dernière visite, espérons que celle-ci soit tout aussi fructueuse.

Alors que tu as déjà fait le tour d'une bonne partie du propriétaire, sans trouver aucune piste sérieuse, tu tombes nez-à-nez avec une odeur des plus délicates. Stoppant nette ta petite course, tu te concentres sur la tâche qui t'attend. Tu fais le vide dans ton esprit, espérant ainsi que tu puisses te concentrer du mieux possible sur la chasse que tu allais mener. Tu ne comptais pas laisser partir cette proie. Elle ne te filerait pas entre les pattes. Tu laissas une moue sérieuse apparaître sur ton visage alors que tu inspirais profondément, remplissant tes narines et tes poumons de l'air embaumant le délicat parfum du gibier. La piste que tu avais repérée était bel et bien présente. Sans plus attendre, tu te fis la plus silencieuse possible et tu commenças à progresser à travers les broussailles, prenant soin de ne pas exercer de frottement sur ton passage, pour faire le moins de bruit possible. Louvoyant entre les arbrisseaux, tu te rapprochas plus rapidement que tu ne le pensais vers ta proie. La piste devenait de plus en plus forte à mesure que tu avançais et bientôt, tes yeux trouvèrent un éclair de fourrure brune. Mis en appétit et animé par tes instincts de chasseur, tu t'approchas sur la pointe des pattes de l'animal, rampant à travers les buissons. Par chance, tu étais doté d'un pelage gris-brun se fondant parfaitement avec le paysage. Tu étais donc parfaitement camouflé à la vue de la belette. Cette dernière grattait le sol, ne se doutant de rien. Adoptant la technique des fauves, tu plaquas ton corps au sol, te rapprochas en rampant et lorsque tu fus suffisamment prêt, tu bondis dans sa direction. La pauvre bête n'eut pas le temps de demander quoi que ce soit, que ta patte s'était déjà abattue sur sa nuque, la brisant nette. Victorieuse, tu te saisis du corps sans vie de ta victime et tu te mis de nouveau en chasse.

Le corps sans vie de la belette dans la gueule, tu progresses à travers les arbrisseaux. Tu n'as qu'une idée en tête, trouver une nouvelle proie à ramener dans la réserve. C'est toujours mieux de revenir avec deux proies qu'une non ? La meute accueillerait ta proie les pattes ouvertes, mais tu ne pouvais te contenter de si peu. Tu ne peux pas de te contenter de ce que tu as. Non. Ce sont les faibles qui s'en contentent. Toi, tu ne l'es pas. Tu ne dois pas te contenter de ce que tu as. Tu as de l'ambition. Tu dois toujours tenter d'avoir le meilleur, d'avoir le plus de choses possibles, comme tu dois toujours tenter d'être la plus forte possible. Tu as besoin de savoir que tu as donné le maximum. Tu as besoin de savoir que tu ne pouvais pas faire mieux. Cela te rassure. Chaque fois que tu abandonnes une partie, tu te sens coupable. Tu as la nette impression que tu aurais pu mieux faire et tu regrettes alors ton choix, mais bien souvent, c'est trop tard et la marche arrière impossible. Pour ne pas te retrouver devant cet horrible schéma, tu n'abandonnes pas à la première difficulté ou même tant que la situation ne te plait pas, tu continus, tu fais en sorte de l'améliorer. Un peu comme aujourd'hui. Tu n'allais pas te contenter de ramener une belette à ta meute, tu allais ramener autre chose, tu le sentais. Cela pourrait bien prendre des heures, tu resterais là jusqu'à ce que le destin te souris. Tu cherchas un lieu pour enterrer la belette, de sorte que celle-ci ne te gênes pas lorsque tu devras traquer la prochaine proie. Tu repéras le gros épineux de la veille. Tu t'y rendis et creusas un trou pour y déposer le corps de ta première proie. Tu rebouchas ce dernier en remettant la terre que tu avais déplacée. Cela fait, tu te remis en chasse. Tu allais trouver une proie, la tuer et la ramener aux Esobek. Tu entrepris de trottiner le plus silencieusement possible, zigzaguant entre les broussailles, le museau en l'air et l'odorat fonctionnant à plein régime.

Voilà un moment que tu arbores le territoire. Tu vas connaître ces terres par cœur. Tu as décidé de faire des petits tours depuis le gros épineux afin de ne pas perdre de vue le lieu du tombeau de ta loutre. Peu à peu, tu élargissais le cercle, tu t'éloignais inlassablement de ta première proie. Exaspérée, tu commençais à t'impatienter. Ce n'est pas que tu étais la louve la plus impatiente, mais tourner en rond pendant dix bonnes minutes à la recherche d'une proie qui ne se montre pas, cela ne te donne pas envie de rester calme. Tu as beau humer l'air de ce côté, ou de cet autre là, tu ne trouves pas pour autant de pistes sérieuses. Rien que de vieilles pistes éventées, pas fraîches ou qui ne semblent pas fiables. Tu pestes silencieusement, ne perdant pas de vue ton objectif. Un bruit de trop et tu risquerais de faire disparaître toutes les proies des alentours. Elles n'étaient déjà pas nombreuses, alors autant ne pas leur laisser une chance de t'échapper aussi bête. Prenant ton mal en patience, tu continues de progresser le plus silencieusement possible, repassant parfois sur des endroits que tu avais déjà marqués de tes pas, espérant trouver quelque chose.