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Jauges : 20 // 15 // 18

Il a fait beau, aujourd'hui. Je crois que j'ai failli croire à une nouvelle saison, peut-être à l'arrivée d'un printemps très précoce. Le soleil tapait sur mon pelage cendré, aveuglait mes yeux dorés. Mais rien n'y a fait, je me suis bien vite souvenu que l'hiver approchait et que ce n'était qu'une belle journée d'automne. Je soupire doucement. Inka me manque, tout comme mon frère. J'ignore ce qu'ils font de leurs journées, mais je les vois bien peu depuis que j'ai repris en patte mon boulot et mes entraînements. En fait désormais, je passe mon temps à chasser et à combattre mes frères et soeurs de meute pour devenir meilleur, pour devenir plus fort. Je n'ai plus le temps de voir mon propre frère, et celle pour qui bat mon coeur semble avoir pris la poudre d'escampette. Je longe le camp sans vraiment faire attention aux loups présents, et je me dirige à pas lents vers la forêt. Là-bas, je pourrais laisser libre court à ma frustration dans une belle partie de chasse. Mais, brusquement, une chose surprenante m'interrompt, me stoppant net dans mon élan. Je la toise, découvre une petite louve. Elle me tire son plus innocent portrait et me demande un enseignement en me noyant sous les flatteries. Je la regarde de longues secondes en silence avant de daigner enfin lui répondre.

- Quel est ton nom ?

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- Feu.

- Moi c'est Natan. Suis-moi, Feu.

Et je m'éloigne déjà au trot. Voyons voir comme elle est capable de suivre. Je dois bien pouvoir faire quelque chose de cette jeune louvarde au désir de s'améliorer. Je la précède dans la forêt, m'enfonce jusqu'à ce que les odeurs ne soient plus celles des membres de notre meute. Je me confonds entre les arbres, me fonds dans l'obscurité et réapparaît chaque fois juste avant qu'elle soit totalement perdue. Je fais en sorte qu'elle peine à suivre, qu'elle galère à garder le rythme et qu'elle souffre de la peur, qu'elle craigne de me perdre. Parce que sans moi, elle ne retrouvera pas le chemin du camp. Un léger sourire étire mes babines, et je continue ainsi de longues minutes à la faire cavaler comme un veau que je serais en train de traquer, alors que c'est elle qui essaie désespérément de suivre ma trace. Et lorsqu'enfin nous débouchons sur une clairière vide, je m'arrête et je l'attends, de dos à elle, à observer ce qui se passe alentour.

- Quelle est ta formation ?

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- Euh, je suis sentinelle, enfin... Normalement... Mais je ... je ne sais pas faire quoi que ce soit...

Je tourne vers elle un regard dur et franc. Aucune animosité, mais pas non plus la moindre trace de compassion.

- Même si tu es faible, aie confiance en ce que tu sais. Parce que c'est tout ce que tu as. Pour l'instant.

Un léger sourire étire un coin de mes babines. Pour l'instant, parce que bientôt elle sera plus forte et plus rusée que bien des membres de la meute, trop fainéants pour s'entraîner dur. Je me lève, lui tourne autour juste une fois. Je regarde la prairie, puis sa cage thoracique qui se soulève avec exagération. J'ai déjà récupéré de notre petite course dans les bois, mais pas elle. Vraiment trop faible.

- Tu ne devrais pas être fatiguée. Tu as beaucoup de travail. Allons, inspire profondément et reprends-toi. Nous n'avons pas encore commencé.

Si la course l'a épuisée, je dois préserver les muscles de ses pattes. Plus de course pour aujourd'hui. Nous pouvons nous entraîner autrement. Je me déplace de quelques mètres, la truffe au sol, jusqu'à rapporter vers elle une liane assez souple et solide pour en faire un lien entre nous. Je la lui lance, puis je prends une extrémité en lui faisant signe d'attraper l'autre. Je commence à reculer pour tendre la liane, et j'attends qu'elle se campe sur ses pattes pour maintenir la tension.

- Quire. Monqures-moi.

Qu'elle me montre sa force. Qu'elle me prouve qu'elle n'est pas juste une louvette mal entrainée et fainéante comme certains des membres de notre meute.

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Les premiers tentatives ne sont pas remarquables. Elle n'a la force que d'un bébé à peine sevré auquel on ferait découvrir le tir sur liane. Mais, puisque je ne bouge pas, elle met plus d'aplomb dans ses mâchoires et tire plus fort. Je continue de rester immobile, forçant sur mes postérieures pour rester en place sans pour autant reculer. Alors la pression augmente, et la tension me tire si légèrement en avant que je me tend en arrière un peu plus pour garder l'équilibre. Et brutalement, je vole en arrière, m'étalant dans l'humus humide. Je grogne de surprise, serrant les dents sur la liane par réflexe. Je me relève en la crachant au sol, tandis que la jeune femelle court vers moi en déblatérant ses plus plates excuses. J'inspire et j'expire pour me remettre de cette petite mésaventure, avant de lancer un regard froid à la jeune femelle.

- J'avais peur que mes crocs ne tombent avec la corde...

Je grogne doucement, retrousse légèrement mes babines et m'avance vers elle avant de reculer et de me redresser de toute ma hauteur, insatisfait.

- Où as-tu donc été élevée ? Tes crocs ne tomberont pas deux fois.

Ses parents n'ont-ils pas jugé utile de le lui apprendre ? Quelle naïveté déconcertante ! Et voilà que je suis d'une sale humeur, tout à coup. Autant rentrer. J'amorce un demi-tour sans plus la regarder et je lâche dans un souffle :

- Allons, reviens me voir quand tu sera plus sûre de toi. Pour l'heure, j'ai d'autres louvards à fouetter.

Et sans un mot de plus, je m'éloigne en trottinant. Agacé, je disparais entre les arbres. Pourvu que je croise une proie sur le chemin du retour, histoire de me défouler les nerfs ...

PS : Je pense qu'on peut s'arrêter là, Natan n'est pas patient Par contre elle pourra revenir le voir quand elle voudra
Je fais la demande de points, je te laisse l'archivage, au cas où tu voudrais faire une dernière réponse