Le vent soufflait avec force, soulevant son pelage à chaque pas de sa course. Auron faiblissait, plus encore à cause de sa patte blessée par le passé. Le loup avait donc décidé de s'entrainer, entraîner son corps malgré la faim qui viendrait plus rapidement. L'odeur des marais lui soulevait le coeur par moment, mais l'humidité le soulageait, limitait la sueur. La boue pesait sur ses pattes, le forçant plus encore à se dépasser. Le loup bondissait sur les souches plus haute que lui, suivait un parcours d'obstacle improvisé. Il bondissait au dessus des étangs putrides, manquant de glisser dans l'eau croupie puante. Qu'est-ce qui se cachait sous la vase morveuse de l'eau ? Des crapauds ? Des Alligators ? Parfois, il est préférable de ne pas savoir. Auron évitait au maximum l'eau, zigzagant sur les buches, longeant la rive boueuse.

Cela faisait plusieurs heures qu'Auron s'entrainait, entrecoupant de pause, ses exercices. Le souffle lui manquait, les poumons le brulaient dans la poitrine. Ses pattes tremblaient, la tête lui tournait. Auron se hissa sur une souche à peu près sèche et s'allongea. Il s'étira lentement les pattes, puis le dos et se laissa retomber pour s'assoupir. Auron somnola longuement, puis se décida finalement à se relever. Il approcha un étang, balaya la surface couverte de vase et lapa de l'eau en grimaçant. Le goût était répugnant mais peu importait. Il fallait étancher un peu sa soif. Cela fait, le loup s'éloigna de la rive en trottinant et trouva refuge près de tourbes de terre pleine d'insecte. Le loup s'allongea, attrapant au passage quelques insectes qui voletaient autours de lui. Puis épuisé, le loup s'endormit.

Auron s'étira longuement le dos. Il fit de même avec ses pattes, faisant jouer ses muscles pour les dénouer et s'échauffer. Ses griffes raclèrent la terre boueuse. Le loup huma l'air et s'approcha du bord de l'eau. Un étang boueux couvert d'une épaisse couche de vase. Auron tenta de brasser l'eau du bout de la patte mais cela ne fit qu'empirer les choses, la vase se diluait plus encore. Le loup grimaça et plongea son museau pour laper un peu d'eau boueuse. Auron se redressa en toussant, dégouté. Puis Auron délaissa le rivage pour s'enfoncer vers les tourbes. Il bondit sur un tronc couché et fit face à un arbre tortueux face à lui. Le loup banda ses muscles, ses griffes se plantèrent dans le bois. Auron se mis en position d'attaque, comme face à un adversaire invisible. Il sentit son poids sur sa patte autrefois meurtrie qui porterait toujours le poids du passé. Auron serra les mâchoires, ses poil se hérissa, tout son corps était près à combattre. Excepté que pour cette fois-ci, l'adversaire était un solide tronc massif. Auron gronda puis bondit contre l'arbre, le frappant avec force le bois, griffant l'écorce comme pour tenter d'en atteindre la sève. Auron répéta ses attaques, bondissant sur le côté comme pour esquiver des coups imaginaires. Le loup descendit de la souche pour atteindre le pied de l'arbre. Il le voyait bouger, l'arbre, remuer ses branches pour tenter de le frapper. Auron esquiva de nouveau avant d'attaquer de nouveau le tronc. Auron pris appui sur le tronc et bondit pour attraper une branche massive qui pendait entre ses crocs. Le loup serra son étreinte et tira sur tous les muscles de son corps pour tirer la branche vers le sol. Tirant sur sa nuque, sur ses muscles, Auron enfonça encore ses crocs. Il continua son assaut jusqu'à ce que la branche cède et tombe à ses pattes. Le loup s'ébroua et repris sa position d'attaque, face au tronc. Il frappa et griffa de nouveau l'écorce jusqu'à sentir la douleur de l'effort. Un peu de sang perlait autours de ses griffes. Auron se lécha les pattes. Le loup s'allongea à l'ombre du tronc qu'il avait attaqué et décida de se reposer.