Un léger frisson, mon pelage s'ébouriffe alors que j'ouvre lentement les yeux. De la fumée se dégage de mon museau et je regarde les alentours. La tête sur mes pattes, j'aperçois enfin les murs dégradés de la chapelle, de la lumière entre et éclaire les autres. Des louveteaux jouent à se battre, d'autres se mettent dans certaines positions et je vois des loups se déplacer un peu partout. Les grognements, paroles et cris résonnent dans tout l'endroit, ce qui me sort de ma torpeur. Je ne suis plus dans mon rêve où le silence m'habitait, je n'ai plus cette sensation de liberté lorsque je cours. Je me lève lentement et réprime un bâillement. Mes articulations me font mal, je m'étire et mes griffes blanches crissent sur le sol. Mes pattes sont vraiment noires, je contraste avec le sol et je ne serais sûrement pas le maître du camouflage. Je trottine légèrement et m'assois, la queue autour des pattes : c'est une position que j'aime, je ne sais pas pourquoi, comme si je me sentais plus serein. Je regarde les autres jouer et commente : ils n'ont pas une bonne position, enfin c'est ce que je pense. Je les regarde froidement comme à mon habitude et décide d'aller marcher un peu dans les ruines. Je saute sur un petit muret et marche lentement, regardant les autres qui sont tout simplement occupé. Je suis trop petit et je n'ai pas vraiment de choses à faire ce qui me frustre. J'ai envie d'être utile, d'apprendre à être un vrai combattant pour aider ma meute... Malheureusement je me sens juste comme un poids pour eux. Le sol doit être froid mais je ne sens rien. Je suis tout le temps froid de toute façon. Les autres ne viennent pas vraiment me voir car je ne suis pas le genre de loup qui va vers tout le monde. Je ne veux pas m'amuser, je veux protéger ma meute. Peut être que j'ai un problème... Je relève la truffe et ouvre la gueule, dévoilant ainsi mes crocs. Je sens quelqu'un non loin et je reconnaîtrais cette odeur même si il y avait une tonne de loup dans les parages. Je me décrispe et commence à avancer lentement.

Ma mère me fit un regard dur, ce qui me surprit. Ce n'était pas son genre. Peut-être que je l'avais blessé ? Je ne voulais pas ça ! Mais je devais lui poser certaines questions. C'était la seule personne qui pouvait me répondre de toute façon. Elle s'approcha cependant pour me caresser le museau et je continuai à la regarder.

- Tu sais ma réponse, mon beau. Tu as 3 mois, tu vas être un bon chasseur. Tu choisiras ta voix mais prends la bonne. Si tu veux je t’emmènerai chasser au plus vite.

Je serais content de chasser mais ce que je souhaitais le plus était me battre, je ne sais pas comment elle prendrait la nouvelle. Après tout j'étais son unique fils et elle ne voudrait sûrement pas me voir devenir féroce... Elle ne s'arrêta pas la et répondit à ma question d'avant : celle qui me tracassait le plus. Comment penser qu'on est normal alors que l'on se sent si différent des autres ? Et différent de sa mère aussi ? Je sorti mes griffes et gratta légèrement le sol.

- Icestorm. Nous sommes différent mais tu ressembles à ton père. Regarde tu es complètement noire. Et tu as du blanc. Tu es le fruit du blanc et du noir. Et tu seras toujours celui que j'aimerai le plus au monde. Je ne veux jamais te perdre.

Mon père... Qui était-ce ? Je ne savais pas. Je me retins de poser la question, pour le moment je ne voulais pas faire du mal à ma mère. Plus tard elle serait obligé de tout me dévoiler. Je la regardai, dans le doute : bien sur que je ne doutais pas de son amour. Elle ne voulait jamais me perdre mais est-ce que elle approuvera mon choix plus tard ? Je voulais développer ma force, aider ma meute et triompher pour devenir un loup important. Les autres loups auront beau me trouver différent ils ne pourraient en aucun cas me remettre en doute ! Je m'approchai et la regardais calmement, je donnai un petit coup de tête sur son flanc avant de lever la tête.

- Plus tard, je serais guerrier. Jamais tu seras blessée et nous serons heureux.

Je me reculais légèrement pour réfléchir. Je devais trouver un moyen de me battre avant de devenir apprenti. Avoir de l'avance sur les autres pouvait être qu'un avantage. Je donnai un coup de langue à ma mère avant de m’asseoir à côté d'elle.