Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
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Tonight's a twilight with no stars • [solo] | |
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| Dim 11 Oct - 18:58 | |
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AND STARS THE FANGS OF NIGHTMARES FORCE : 38 | AGILITÉ : 20 | ENDURANCE : 15 Ses griffes s’enfoncèrent avec rage dans la terre qui volait en lambeaux sous ses pattes. L’intensité de ses ruades projetait des amas de glaise et des touffes d’herbe sanglante alentours, au milieu des grondements de fureur et des aboiements hystériques. Dans l’éclat sombre du crépuscule, un million de prunelles ardentes brillaient au creux de la pénombre, et des crocs innombrables s’ouvraient dans le noir sur des mâchoires dégoulinantes de bave. Ses pattes martelaient le sol encore et encore, en une danse folle et avide de carnage qui ne pouvait s’éteindre qu’avec sa vie. Elles frappaient encore, encore et encore. Leikn poussa un long hurlement de fureur qui alla se perdre entre les arbres. Et la morsure de la chaîne se referma sur sa gorge.
Elle avait été stupide. Stupide et imprudente. Alors que la luminosité trouble entre le jour et la nuit brouillait ses sens, Leikn avait tout de même commis l’erreur de s’approcher d’un campement humain. Cela n’avait pas été délibéré ; pas vraiment en tout cas. Pour tout dire, elle chassait, ou plutôt, elle faisait semblant de chercher une proie tout en passant ses nerfs sur des branches innocentes qui traînaient sur son chemin. Les derniers évènements mettaient ses nerfs à rude épreuve, et la perspective des altercations à venir la plaçaient sur des charbons ardents. Elle avait même entendu dire que certains solitaires – ceux qui se plaisaient à se désigner comme « mercenaires » - allaient s’en prendre au Navniks au côté des autres meutes. Par conséquent, cela signifiait que pour une histoire d’allégeance aléatoire, Leikn aurait peut-être à se battre contre des loups qu’elle avait connus et côtoyés. Elle se moquait des mâles, mais les femelles… des amies à elle pouvaient se retrouver dans le lot. Sans compter sa sœur. Et son neveu. Leikn savait pertinemment où s’était enfui Pandémonium, et se savait tout aussi incapable de s’en prendre à lui de quelque manière que ce soit. Et pourtant, elle avait juré fidélité à un groupe, un concept, aussi flou en soient les contours. Elle ne pouvait pas faire machine arrière, pas maintenant. Le choix ne lui appartenait pas. Bouillonnant de frustration, la louve blanche avait couru les bois pendant des heures, oubliant ses conflits intérieurs en se battant contre des ennemis imaginaires et en slalomant entre les arbres. Jusqu’à ce qu’elle tombe par hasard sur un camp humain. La colère, l’angoisse et la frustration se battaient toujours dans son esprit, réclamant à grands cris une échappatoire. Leikn avait été imprudente. Elle s’était approchée sans réfléchir, à pas feutrés. Mais il y avait un chien, et son odeur lui avait sauté à la truffe. Un hurlement sauvage avait salué l’arrivée de la louve au royaume des morts.
Mais elle n’était pas encore morte. Entre les tours qu’elle faisait sur elle-même pour ne pas les perdre de vue, Leikn parvint à peu près à compter les hommes. Ils étaient quatre, cinq peut-être. Le chien aboyait toujours mais il n’était plus là, peut-être enchaîné à l’arrière ; mais la différence était mince. Ils s’étaient tous levés d’un bond pour fondre sur elle ; stupide, stupide petite Leikn. Au lieu de fuir, elle avait dévoilé les crocs et avoyé férocement. La trahison de sa sœur, ces situations stupides dans lesquelles elle se mettait, que ce soit à l’instant même où en rejoignant une meute sans réfléchir, tout jaillit hors d’elle lorsqu’elle bondit en avant sans envisager les conséquences. Stupide, stupide petite Leikn. Ses crocs ripèrent sur la peau de métal d’un homme qui lui écorcha les gencives et elle retomba, perplexe, avant qu’un coup de masse ne la cueille entre les côtes. La louve déséquilibrée, le souffle coupé, avait roulé à terre. Elle s’était relevée aussi sec, mais un étau soudain et cruel enserrait désormais sa gorge, et lorsqu’elle fit volte-face, tous crocs dehors, elle put voir dans les dernières lueurs du jour les maillons brillants d’une chaîne qui la reliait à l’un de ses attaquants. D’une seule traction, l’homme avait tenté de l’étrangler.
A présent ses pattes frappaient le sol et elle tournait, distribuant les claquements de mâchoires tout en bondissant pour éviter les masses. Ses griffes s’écorchaient contre le métal de leurs armures. Elles fouillaient la terre, la labourant en un cercle dont elle était le centre, toujours en mouvement. D’un moment à l’autre, la louve se prendrait les pattes dans la chaîne qui ne cessait de se tendre et ce serait la fin. La curée. De toute façon, elle n’avait nulle part où fuir. Malgré ses à-coups furieux, la pression sur sa gorge ne cessait de se resserrer, et toute sa force ne l’arracherait pas des mains de son bourreau. Le crépuscule se brouilla aux yeux de Leikn, elle eut un instant d’immobilité chancelante. La morsure de la chaîne dans sa gorge était brûlante, insupportable ; sa trachée comprimée ne laissait plus passer assez d’air ; ses mâchoires s’agitaient désormais dans une vaine tentative pour reprendre son souffle, goûter à quelques goulées d’oxygène. L’homme ne lui en laissa pas le temps. La louve blanche sentit un bélier de métal lui défoncer le flanc et s’écroula.
Le monde s’estompa devant ses yeux, comme à travers une épaisse surface liquide, mais Leikn ne sombra pas dans l’inconscience. Elle resta immobile sur le flanc, ses côtes se soulevant désespérément pour chercher à capter un peu d’air. Elle était incapable du moindre mouvement superflu. Heureusement, il y eut un relâchement dans l’étreinte de la chaîne lorsque l’homme s’approcha d’elle. Leikn en profita pour absorber quelques goulées d’air avides qui lui firent tourner la tête. Ses idées se remirent en place étonnamment vite, stimulées par le feu de l’instinct ; puis la chaîne se mit à la traîner péniblement sur le sol. La louve ne s’interrogea pas sur l’utilité d’une telle manœuvre. Sans doute allait-il chercher un fusil ou une quelconque arme plus efficace pour l’achever. En revanche, elle sentit très bien l’aridité de la terre sous son flanc, alors que sous un humus très fin se dévoilait un sol de pierre qui battait comme un cœur. Un cœur de feu, un cœur de lave qui habitait la terre. Soudain Leikn se souvint et comprit où elle se trouvait. Elle était sortie des bois juste face à la Blessure. Et autour de son cœur de lave s’étalait de multiples crevasses aux abords desquelles rien ne pouvait pousser. C’était là qu’elle se trouvait. Au bord du gouffre. Un dernier appel d’air désespéré se fit dans ses poumons. Ses alvéoles se dilatèrent, ses yeux s’ouvrirent en un instant. Avec l’énergie du dernier souffle, la louve se projeta sur son bourreau et saisit son poignet entre ses mâchoires. Les crocs glissèrent sur le métal, mais elle tint bon. Elle était puissante. Elle était forte, elle le savait. Il n’allait pas tarder à l’apprendre. Et si elle devait mourir, cela ne serait pas de ses mains. Ses yeux gris plantés dans ceux de l’homme, Leikn bondit de côté et les arracha tous deux au sol. La chaîne claqua avec un chant d’agonie. Non loin, un autre homme bondit pour les retenir, mais sa main n’attrapa que du vent. La terre se déroba sous leurs pattes. Puis Leikn sentit à nouveau ce qu’elle n’aurait jamais voulu revivre : la douleur aiguë et vaste dans les entrailles qui témoigne d’une chute infinie dans les ténèbres. Ses yeux se fermèrent avant qu’elle touche le sol.
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| Dim 11 Oct - 19:00 | |
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FORCE : 38 | AGILITÉ : 20 | ENDURANCE : 15 Au fond du gouffre, l’obscurité était palpable. La louve voyait la différence d’un œil entrouvert, fixé contre son gré sur un ciel sans étoiles à peine plus pâle que les bords déchiquetés des avancées de pierre qui se penchaient sur son corps. Tout cela paraissait tellement lointain… Dans sa poitrine, quelque chose battait avec une lenteur affolante, comme engourdi par un froid sans âge. La louve mit un moment à se rappeler que c’était son cœur. Toutes les pensées arrivaient à son cerveau avec une lenteur infinie ; tout autour d’elle, tout lui semblait figé dans une obscurité éternelle. Ses côtes en se soulevant, avec difficulté, envoyaient un réseau de fins signaux électriques douloureux qui parcouraient tous ses flancs pour se rejoindre dans sa colonne vertébrale. Impossible de faire le moindre geste.
Elle était incapable de dire combien de temps elle resta ainsi immobile, à écouter le flux lent de la vie circuler dans ses veines comme une rivière glacée au ralenti. Et puis d’un seul coup, sans qu’aucun élément extérieur n’ait changé, son corps bougea. Elle roula lentement sur le ventre, ignorant les cris de ses os. Ses yeux perçaient sans problème l’obscurité, mais elle ne reconnaissait pas son environnement. Tout était confus dans sa tête, et la moindre réflexion lui faisait mal. Un brouillard épais et acide recouvrait tous ses sens. Chancelante, elle se remit sur ses pattes. Le brouillard s’étendit. Impossible de se souvenir qui elle était ou ce qu’elle faisait là. Elle se sentait louve, mais oubliait tout le reste, jusqu’à la couleur de son pelage mangé par la nuit ; l’ignorance et le vide décrivaient des cercles autour de sa tête comme de sombres charognards. Son attention peinait à se fixer sur quoi que ce soit : remarquant les multiples entailles superficielles qui déchiquetaient ses flancs, elle oublia la question de son identité. Comment était-elle arrivée là ? L’obscurité ramenait tous les éléments de son environnement à des formes monochromes et sans volume : la louve tenta de se déplacer parmi elles et heurta instantanément une surface dure. Mettre un mot sur chaque élément du paysage lui était impossible, ou prix un effort surcanin qu’elle n’était pas prête à fournir. D’autant que sa tête pulsait douloureusement. Quelques pas plus loin, la louve tomba sur un obstacle étendu à terre. Il avait une odeur différente de tous les éléments qu’elle avait rencontrés jusque-là ; celle-ci lui tira malgré elle un frisson de répulsion. La chose lui répugnait curieusement. Elle sentait un peu de crainte poindre lorsqu’elle la contemplait ; pourtant, la chose ne bougeait pas. Elle restait inerte, couverte d’une carapace froide à l’odeur désagréable, mêlée à une fragrance salée alléchante. Mais même cette dernière n’était pas assez attirante pour que la louve s’attarde devant la chose. Prudemment, elle enjamba l’obstacle à la fois mou et rigide qui lui barrait le chemin et poursuivit sa route. Ses pattes retrouvaient de la vigueur, et la chaleur recommençait à circuler sous sa fourrure.
Pour autant, elle ne savait toujours pas où aller. Levant la tête vers le canevas sombre et vide de la nuit, la louve détailla des yeux les hauts remparts de pierre couverts d’aspérités. Machinalement, elle compara ces dernières aux trous dans ses flancs : peut-être était-elle tombée. Oui mais d’où, comment et pourquoi ? Le plus important cependant était de savoir comment elle allait sortir de ce couloir lugubre. Car aussi loin qu’elle pouvait voir, il n’y avait qu’une route rectiligne, et celle-ci courait trop loin du ciel à son goût. Elle n’aurait su expliquer pourquoi. Et puis, il y avait un grondement sourd et continu sous ses pattes qui ne lui disait rien qui vaille. La louve poursuivit donc son chemin entre les murs de pierre, attentive à toute occasion de remonter à la surface. Elle la trouva au bout de longues heures passées à fureter entre les ombres qui décroissaient et s’allongeaient, alors que l’astre brillant dans le noir disparaissait et que le ciel prenait de multiples couleurs, tandis qu’en son sein s’élevait une boule brûlante de lumière. Une sorte d’escalade naturelle était imprimée dans la roche : la louve l’emprunta sans hésiter. Le dénivelé était fort, la montée difficile : au bout de quelques mètres, la tête lui tourna et une nausée persistante s’installa dans son estomac. Ses blessures étaient lancinantes, elle aurait voulu s’arrêter et retrouver le calme froid et définitif de la nuit. Mais son envie de retrouver le soleil était bien plus impérieuse. Enfin, elle parvint au sommet et dans les lueurs de l’aube la beauté d’un monde inconnu lui éclata aux yeux.
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| Dim 11 Oct - 20:22 | |
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FORCE : 38 | AGILITÉ : 20 | ENDURANCE : 15 En fait, les rayons orangés du soleil eurent un tel impact sur Leikn que la loupiotte se cassa proprement la figure en émergeant de l’escalier de pierre. Elle atterrit le nez dans un immense parterre d’herbe fraîche parsemée de violettes odorantes et resta un instant immobile, gisant sur le ventre en couinant. Puis elle se releva d’un bond, les yeux brillants. Pas un instant la différence de hauteur avec laquelle elle voyait le monde, le raccourcissement de ses pattes ou le retour magistral de son identité au sein de ses cellules grises ne déconcerta le louveteau. La seule pensée qui parvint à son cerveau fut : « chouette, une prairie ! » N’oublions pas que les louveteaux ne sont pas des êtres vivants fondamentalement très développés. Leikn bondit donc parmi les herbes hautes, du haut de ses 30 cm et demi, et disparut comme à tout jamais entre leurs tiges. Parée à toute éventualité, la petite louve se plaqua aussitôt au sol et entreprit de ramper parmi les herbe en jetant de fréquents coups d’œil en tous sens, oreilles plaquées sur le crâne : aucun ennemi ne parviendrait à l’attaquer dans ces conditions, sinon elle voulait bien être mangée toute crue par un carcajou ! Et dieu sait qu’elle n’aurait pas aimé ça, car les carcajous puaient horriblement. C’était, à son avis, la pire façon de mourir au monde. Excepté tomber bêtement dans un marais et couler à pic de la façon la plus ridicule qui soit, ou se cogner trop fort contre une branche d’arbre en courant, ou… A la réflexion, elle préférait ne pas mourir du tout, c’était plus simple et moins humiliant. Oui, vraiment. Décidant qu’il n’y avait pas d’ennemi aux environs, et que de toute façon son ventre commençait à être trop irrité par la terre sèche pour poursuivre ses reptations, Leikn se remit sur ses pattes. Sauf que même ainsi, impossible de voir au-dessus des herbes et, à fortiori, où elle se trouvait. Le chiot fronça les sourcils : ça, c’était embêtant. Deux secondes plus tard, la minuscule tête blanche au petit nez noir surgissait brusquement au-dessus des fleurs de coquelicots et de l’apex des herbes pour disparaître à nouveau aussi sec. Elle bondit encore une fois, puis une autre, avant de réussir à comprendre plus ou moins où elle se situait. Ni une, ni deux, la courageuse guerrière traça un chemin rectiligne dans la direction qu’elle venait d’estimer. Bon, elle émergea du champ à 90° au moins de l’endroit où elle voulait se rendre, mais c’était toujours mieux que d’être arrivée totalement de l’autre côté. Victorieuse, la petite louve gambada en tous sens avant de s’approcher de la lisière de bosquet qui succédait à la prairie. Levant la tête, elle resta bouche bée un bon moment : que ces… arbres étaient hauts ! Encore plus hauts que les herbes – là, il était clair qu’elle ne pourrait pas voir au-dessus en sautant. Elle aurait bien tenté, pourtant : motivée, la queue frétillante, elle bondit vers le ciel… et n’atteignit même pas la première branche en hauteur. La frustration qu’elle en conçut fut terrible. Leikn lança le regard le plus incendiaire de son répertoire – une braise toute petite et toute mignonne – à l’adresse de l’arbre et aboya : « Tu te moques de moi, c’est ça hein ?! Tu veux t’batt… oh ! »Son attention facilement détournée fut aussitôt captée par un détail au pied dudit arbre qui l’insultait tant. Il y avait un trou entre ses racines, d’où s’élevait un fumet appétissant. La petite louve s’aplatit devant en remuant de la queue et y inséra son museau pour voir : elle ne reconnaissait pas cette odeur – elle ne reconnaissait pas beaucoup d’odeurs – mais ça avait l’air marra… La petite recula précipitamment lorsqu’un petit corps non identifié se tortilla avec indignation à quelques centimètres de son museau. Puis elle se mit à bondir d’excitation et entendit des mots passionnés sortir de sa gorge en un appel stérile : « ‘Thilly, ‘Thilly, viens vo… !! » Elle s’arrêta net, gueule entrouverte. Mais où était sa sœur, bon sang ? Encore à traîner dans un coin ou à faire la sieste, à coup sûr. Quelle rabat-joie celle-là ! Sans réfléchir, Leikn se précipita entre les arbres à la recherche de sa sœur, et bientôt les bois entiers résonnèrent de ses appels, laissant aux arbres le loisir d’apprendre par cœur le prénom de Manîthil. ••• Des heures plus tard, Leikn se réveilla avec dans la gorge la brûlure d’un désert qui n’a connu la nuit depuis des lunes entière. Elle était allongée dans une herbe tassée et jaunie par le vent d’automne, groggy, la tête lourde. Le ou les derniers jours lui faisaient l’effet d’un trou noir ; elle ne savait même plus depuis combien de temps elle pouvait avoir quitté la chapelle. Il lui semblait avoir marché, couru en tous sens, perdue, gambadé même même si elle ne savait pas pourquoi. Elle avait dans la gorge le prénom de sa sœur comme si elle l’avait répété encore et encore jusqu’à en tarir toute l’humidité. En clair, comme souvent ces derniers temps, petite Leikn ne comprenait rien à ce qui se passait. La guerrière se releva péniblement, mais constata avec soulagement que si de multiples coupures mordaient la chair de ses flancs et que ses côtes semblaient un peu amochées, le reste paraissait en parfait état de marche. Elle se sentait même capable de marcher, voire courir doucement, sans se casser quoi que ce soit. Pourtant, même si elle ne se souvenait pas de ce qui lui était arrivé, elle avait le sentiment que c’était une chance énorme. Ravalant une grimace, la louve blanche prit la direction des terres Navnik : elle sentait confusément que toute l’aventure lui reviendrait au fur et à mesure ; mais pour le moment, le plus urgent à ses yeux était de trouver à boire et se restaurer. Ensuite, elle le sentait, elle aurait la force de prendre une décision. Cette évidence, plus un espoir entêté qu’une certitude, s’accrocha à ses pas tandis qu’elle laissait la Blessure derrière elle comme un mauvais rêve. ©GGS - reproduction prohibited. |
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