NOM : Nigrum Noctĭs
AGE :2 ans
SEXE :Mâle
MEUTE :Navnik
RANG :Espion
AUTRES INFORMATIONS : aucune
JAUGES
Force : 3
Agilité : 10
Endurance : 7
CARACTÈRE
Il est souvent pensif à contempler les nues
Lorsque le sang des cieux annonce la venue
De la reine des nuits à la peau opaline,
Dans sa robe de jais aux parles cristallines.
Scrutant la voûte presque avec obstination,
Il flâne dans la nuit, entre calme et passion,
Comme si toute sa vie y était gravée ;
Mais ses crocs sont soudés, tu devras la rêver.
Il aime à cultiver son ténébreux mystère,
Il n’a point dévoilé son pays ni sa terre,
Et refuse de mettre son passé à nu,
C’est pour cela que tu le nommes « l’Inconnu ».
Si par moments, il parle, il le fait à voix basse,
Comme si chaque mot était à mériter,
Timide en apparence ; discret en vérité,
Et cachant dans ses yeux la sagesse et l’audace.
Il ne s’impose point, par faiblesse, dit-on,
Mais n’abandonne pas lorsque monte le ton,
Il atteindra son but, quitte à subir la boue,
Si il baisse les yeux, l’esprit, lui est debout.
PHYSIQUE
Les uns diront « C’est un oiseau grêle et difforme »,
Les autres « C’est un spectre à l’ombre filiforme ».
Nul n’aurait bien raison, nul n’aurait vraiment tord,
Mais beaucoup l’imagineraient trop vite mort.
Si frêle si malingre, et le garrot si bas,
Il ressemble à ces proies que, sans peine, on abat,
Pour peu que l’on domine leur fougue, leur vitesse,
Et qu’on les empoigne au dépend de leur adresse.
Pourtant son corps chétif, loin d’être virulent,
Est, cruellement, de l’épaule jusqu’au flanc,
Marqué par les coups d’un mystérieux combat
Face à un colosse auquel il ne succomba.
Il est jeune et faiblard, comme un obscur agneau,
Mais ne le regardes pas d’un œil de dédain,
S’il n’a les crocs de fer, ni les muscles d’airain,
Prends garde à l’Inconnu, car il est dans ton dos.
HISTOIRE :
Au loin, l’astre croulait, et la fraîcheur tant bénite descendait enfin. Il était déjà tard en ce soir d’été ardent. Bien des loups sortaient de leurs trous, et recoins ombragés pour apprécier les plus agréables heures du jour. L’été était brûlant, frisant l’insupportable ; surtout pour ces bêtes velues.
Alors que le calme régnait, un cri, un appel, résonna de la lisière méridionale du territoire. Beaucoup vinrent, accourant plus ou moins, et virent, loin dans les terres désolées, une étrange forme d’un noir profond qui avançait à pas lents. Une heure se déroula, le soleil était presque éteint, et la forme se fit enfin, malgré l’obscurité, reconnaissable.
C’était un loup. A première vue ordinaire, si l’on ne s’arrêtait pas à son pelage de l’ébène le plus profond qu’il soit ; ce qui le rendait difficile à discerner dans les ténèbres. Il avait l’air jeune. il l’était. Il avait l’air frêle. Il l’était aussi ; mais pas de physiologie, plutôt d’usure ; résultat des assauts perpétuels du soleil, du vent, de la faim. Il n’était tout de même pas né pour la bataille, mais sous son pelage insoutenablement dense se cachait un être d’une race méconnue, une race de coureurs, de grimpeurs, de voltigeurs. Si l’on regardait de très près le fond de ses yeux, l’on eût pu y voir des cristaux de neiges de sa vieille montagne, souvenir nostalgique de sa terre et de son froid polaire, à jamais gravée au plus profond de son cœur.
Il allait à pas de plus en plus lents, épuisé, cuisant même dans la fraîcheur du soir, et pourtant toujours debout et en mouvement, par un inexplicable miracle. Il n’avait pas le choix : marcher ou trépasser. L’arrêt était fatal avant la nuit noire, où il pouvait, tapis dans le recoin le plus sombre, invisible, dormir lourdement mais sourdement quelques maigres heures.
Il passa la lisière du territoire et marcha au même rythme dans le sable encore brûlant, sans lever le museau ni la queue, parmi les confrères ou rivaux qui, bien que le dévisageant d’une méfiance sans égale, le laissaient avancer sans encombre. D’aucuns remarquèrent la monumentale cicatrice qui semblait encore lui écorcher les chairs du cou, au bord de l’omoplate droite, jusqu’à la cuisse du même côté. Elle creusait de larges sillons dans son pelage qui, bien que sale et malmené par de diverses ronces et crocs, laissait entrevoir sa régularité, son uniformité et sa souplesse naturelle.
Un loup s’avança, lui barrant le chemin. Les yeux toujours baissés, il dévia sa marche. Une patte écartée de son côté suffit à le pétrifier. L’autre l’interpella :
-Qui es-tu ?
L’étranger ne répondit point. Les yeux incessamment rivés au sol, il tremblait. Il était face à un ours. Il savait que sa vie pouvait s’arrêter là, sur le champ, pour un pas de travers, un regard, un mot… ou la moindre folie de la bête.
Voyant cela, son interlocuteur se courba au dessus de lui comme un titan au dessus d’une poupée de terre. Il lui imposa un regard glacial, foudroyant, les paupières à moitié closes et les yeux enflammés.
- Qui es-tu ? lança-t-il sèchement.
Le loup de jais, vacillant tant il tremblait, sentait bien qu’il ne le répèterai pas une fois de plus. Si replié que son ventre frottait la terre et qu’il paraissait plus couché que baissé, il se risqua un court regard en l’air et bégaya :
-Ni… Ni… Nigru… grum… No… Noc… tĭs…
Puis il fit un bond en arrière, avec une vivacité prodigieuse, et rentra son crâne entre ses épaules ; défense du désespéré. L’autre le suivit du regard, puis se retourna lentement, dédaigneux. Il lâcha négligemment, par-dessus son épaule :
- Viens. Ou fuis. Vite. Loin. Ou meurs.
Le dilemme était délicat : le suivre et risquer de mourir de ses crocs, ou partir et mourir des mains d’un autre ; faim, épuisement, ou bête. Après un instant d’hésitation, le voyageur, exténué, se rua vers le colosse. Il n’avait pas l’intention de le tuer, du moins pas sur le champ, sinon il ne se poserait plus de question à cette heure. Et, paradoxalement, en plus d’une monstrueuse frayeur, la brute lui inspirait, non pas confiance, mais sécurité.
Ainsi, il partit vers les ruines de la chapelle, à la suite du puissant Tybalt.
Ces mots furent, du reste, les derniers que prononça avant très longtemps celui que, dans la meute, l’on nommait « l’Inconnu ».
MON PARRAIN :Tybalt