Le loup court à toute allure entre les arbres. Il a une mission et pas des moindres : progresser. Il se doit d'être à la hauteur lorsque les combats débuteront, et pour être sous les ordres de Koschei il se doit d'être parmi les meilleurs mercenaires. Pour ce faire, un mâle au pelage d'ébène lui a offert de l'entraîner, ou en tout cas de lui révéler ses faiblesses et ses forces de combat. Le loup a accepté, bien évidemment. Il ne peut refuser l'aide que les siens lui apportent, même s'il n'est pas certain de devoir -ou de vouloir- les désigner comme tels. Il n'a pas le choix. C'est lui qui a voulu rejoindre les mercenaires, et il a beau admirer les Navniks depuis son débarquement dans ce monde, il devra bientôt combattre les membres de la meute sans rechigner, parce que tels sont les ordres. Il arrive à la prairie aux grenats, lieu de rendez-vous fixé par le mâle au pelage de nuit. Il a à peine le temps de remarquer l'adulte que ce dernier lui fonce dessus pour le flanquer à terre de toutes ses forces. Le loup gronde de surprise, il ne s'attendait pas à un affrontement aussi direct.

Le loup se relève sous les ordres de son aîné, mais déjà l'autre est sur lui, prêt à en découdre. Le loup n'a aucune chance, il le sait d'avance. Pourtant, dans son regard nait la flamme de la détermination, et il plonge ses crocs dans la masse qui le surplombe. grondant par réflexe, il lance de furieux coups de pattes pour se libérer de son étreinte alors que l'autre le maintient au sol. Il lui faut de longues secondes à se débattre comme un forcené avant qu'il daigne enfin le relâcher, et là encore dès que le loup se lève, Nocturne fond sur lui pour l'écraser à nouveau de ses puissantes pattes. Le loup grogne, mord et s'agite. Il s'efforce de maintenir un maximum de distance entre eux. il n'aura aucune chance au corps à corps. Il parvient à lui asséner un coup de crocs rageur au niveau de l'épaule, mais le sang ne coule pas. Il a appris lors de ses entraînements avec Maledictus que le sang ne doit jamais couler lorsqu'on s'entraîne avec un allié. Sinon l'on s'affaiblirait et les fruits de l’entraînement seraient inexistants.

Le loup tente de s'agripper à sa prise, l'adversaire s'arrache à ses crocs sans même sembler le sentir. Il mord brutalement sa patte postérieure et le fait basculer dans la terre. Le loup geint sans être capable de se contrôler, et il se relève dès que l'autre part en courant. Son rythme cardiaque accélère, ses muscles se tendent et ses pattes se suivent les unes les autres sans même que son cerveau ait à y réfléchir. La course est un réflexe qui lui vient aussitôt, et le voilà qui se précipite à la suite de son assaillant tous crocs dehors pour essayer de lui arracher les membres. En même temps que la distance diminue entre eux, la colère monte dans la tête du loup. Il l'a jeté à terre. Et il a fait bien pire, parce qu'il reconnait maintenant son odeur. Il est celui qui a tenté de mettre fin à ses jours, il y a moins d'une semaine de ça. Le loup gonde, ses mâchoires claquent tout près de la croupe du noir. Il se vengera ce soir.

Il lui rentre dedans à pleine vitesse, grondant sous la frustration d'avoir raté son coup. Ses crocs claquent dans le vide, et ce sont ceux de son adversaire qui prennent possession de sa cuirasse. Il roule avec lui dans la terre, tente de reprendre son équilibre mais est emporté dans la chute de l'autre. La colère est le fondement même de chacun de ses mouvements, et son coeur bat si vite qu'il pourrait se demander s'il ne va pas s'arrêter. Il lance des coups de griffes furieux, essaie d'atteindre n'importe quelle partie du corps. Jusqu'à se rappeler enfin des enseignements de Maledictus. Les points vitaux. Dans un grondement sourd, le loup frappe violemment la cage thoracique de son ennemi à l'aide de ses deux pattes antérieures. Les griffes gardent des touffes de poils, mais aucun sang ne coule. Pas assez fort. Pas assez loin. Il frappe encore une fois avant de se relever d'un bond, pour fondre immédiatement sur le loup noir. Il lance un coup de crocs vers son épaule, cherchant à atteindre le même endroit qu'à son premier essai.

La frustration s'ajoute à la colère. L'autre ne semble même pas entamé physiquement par cette joute qu'il a proposé au loup, alors que lui-même se donne à fond dans ce combat d'entraînement. Il balance ses crocs à chaque fois que son regard accroche une partie à mordre, et ses griffes lacèrent l'air pour parfois frapper la cuirasse de l'adversaire. Ils n'échangent aucune blessure, pourtant le combat ne manque pas d'être d'une sacrée violence. En tout cas pour le loup qui cherche à lui faire mal, voulant venger cet honneur que Nocturne lui a pris en épargnant sa vie le premier soir. Il gronde, mord dans un muscle aussi fort qu'il peut en espérant au moins y laisser un hématome pour lui montrer qu'il n'est pas aussi insignifiant que l'autre l'aura prétendu. Il attrape brusquement la queue de son adversaire et tire vivement en arrière pour lui faire perdre l'équilibre, mais décidément cette prise n'est pas convaincante pour le jeune mâle, qui perd lui-même l'équilibre dans un grondement rageur.

Il se laisse aller à la colère, s'acharne dans des tentatives vaines qui laissent aléatoirement la place à une morsure réussie, à un coup de griffes bien placé. Mais le combat est visiblement assez pour l'adulte, qui décide de maîtriser le loup sans presque aucune difficulté malgré sa manie de se débattre pour en remettre encore une couche. Il finit plaqué au sol sous la masse du mal, essoufflé, en colère et frustré de ne pas pouvoir se battre réellement contre ce lui qui a tenté de l'assassiner sans même savoir qui il était. Il gronde, se résigne, se redresse. L'autre lui dit de se reposer, il reste assis bêtement, comme un louveteau fatigué, la langue pendante. Il reprend son souffle tandis que l'adversaire disparait entre les arbres, après lui avoir offert un nouveau nom. Tourment laisse passer les minutes sans que rien ne vienne le déranger, et losqu'enfin son coeur bat de nouveau à un rythme régulier, il se relève pour disparaître à son tour.