Le Marais des Girffes Vertes. Rien que l’évocation de ce nom affiche des grimaces sur les visages de certains loups. Beaucoup n’ont pas conscience des merveilles dont ce lieu regorge. Outre les moustiques et l’odeur désagréable, les Marais étaient également la patrie de quelques espèces de plantes médicinales, bien utiles en ces temps d’épidémie.

Cela, Reaven l’avait compris, et c’est pourquoi il s’était décidé, ce matin-là, à voyager jusqu’au Marais des Griffes Vertes afin d’en trouver. La Mâcre nageante se trouvait assez haut dans sa liste de besoins, une plante communément appelée « Châtaigne d’eau »  et dont les fruits aidaient à lutter contre la fatigue, qui lui serait fort utile afin de lutter contre les symptômes des « songes pestilentiels », comme on les appelait.
En chemin, Reaven avait beaucoup réfléchi à la maladie. Tout ce que les Guérisseurs pouvaient faire, c’était s’occuper de certains symptômes et ralentir ainsi la progression de la maladie. Le pire étant les hallucinations, qui semblaient toucher tous les infectés et étaient totalement incurables. Cette maladie effrayait le Guérisseur Eosbek : allait-on ne jamais trouver un remède ? Pour l’instant, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour aider les infectés.

Arrivé à destination, il se stoppa un instant pour faire le point sur ce qu’il cherchait : un plan d’eau assez profond, mais pas trop, ce qui ne devrait pas être trop difficile à trouver. Il se mit alors en route, faisant très attention à l’endroit où il posait les pattes afin d’éviter d’être englouti par la boue, ses yeux scannant l’environnement à la recherche de cette plante qu’il convoitait.

HRP:

Reaven chercha la plante pendant une assez longue période de temps, dont il ne pouvait estimer la durée puisqu’il lui était impossible de voir le Soleil dans la brume constante qui semblait cacher le ciel tout en laissant passer une partie de la lumière.

Un peu plus tôt, il avait enfin découvert un petit plant de Mâcre Nageante  qui flottait au bord d’une mare boueuse dont on ne voyait pas le fond. Ne se laissant pas influencer par l’excitation de la découverte, il s’était alors avancé lentement en direction du plan d’eau. Les moustiques qui volaient au-dessus de celui-ci s’empressèrent alors de dégager les lieux, certainement rebutés par l’odeur de médicaments que dégageait le Guérisseur et qu’ils n’appréciaient guère. Tant mieux, les moustiques l’incommodaient comme tout autre loup, et transmettaient des maladies.

Reaven avait approché le plant de châtaigne d’eau du bord de la mare avec une patte délicate, puis en avait retourné les feuilles afin de trouver les fruits qu’il portait … Sauf que tous les fruits avaient déjà été pris, ne laissant derrière eux que des tiges cassés. Soit un autre Guérisseur les avait déjà réclamés, soit un autre animal gourmand en avait fait son repas. Même si cela ne se voyait pas, Reaven était déçu. Mais il ne se laissa pas abattre, et remit le plan à l’eau avant de s’en éloigner et de partir à la recherche d’une autre plante, espérant cette fois-ci avoir plus de chance.

HRP:

Alors ça, pour avoir de la chance, il en eut.

Pas loin du premier plant de Mâcre Nageante qu’il avait trouvé, dans un autre étang semblable au premier, il trouva un autre plant, bien plus grand que le précédent. Reaven s’approcha toujours aussi agilement du plan d’eau, et fit les mêmes gestes qu’avec l’autre plante : tendant une longue patte grise, il attira le végétal à lui, puis en souleva les feuilles.

A première vue, la plante avait déjà été fouillée. Les mêmes signes de cueillette qu’il avait pu remarquer sur l’autre étaient tout aussi visibles sur celle-ci, mais il n’abandonna pas avant d’avoir fouillé la Mâcre en entier, et il eut bien raison. Au sommet de la plante, cachés au sein de ce qui pouvait être comparé à un nid de feuilles, se trouvaient non pas une, mais deux châtaignes d’eau bien mûres. Le Guérisseur les cueillit délicatement, allongeant son cou pour que ses crocs puissent atteindre la tige des fruits qui les liait à la plante, et récolta les deux châtaignes dans sa gueule. Satisfait, il remit alors la plante à l’eau.

Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver son chemin hors des marais (il suffisait de suivre les traces de pas qu’il avait laissées), et une fois qu’il en fut sorti, il prit quelques secondes pour profiter de son odorat recouvré avant de  prendre le cap vers les terres Ezobek, afin de stocker les précieuses châtaignes dans sa tanière.

The End.