Il faisait chaud et froid à la fois. Son sang bouillonait dans ses veines et pourtant le vent glacé lui frappait le visage. Athos courait à en perdre haleine. En une heure, il avait fait le tour de la forêt charbonneuse en courant. Puis, il courut jusqu’au Styx. Enfin, arrivé sur les rives du Styx, il s’arrêta, son entrainement été terminé pour aujourd’hui. Essoufflé, il marcha un peu, baissant la tête pour mieux aspirer l’air. Il devait travailler son endurance, il le savait.

Arrivé à l’embouchure du Styx, il s’arrêta et s’assit un moment, contemplait l’horizon d’où il voyait le Marécage. Soudain, il entendit un bruit derrière, puis vit un loup gris s’avancer. Ce loup, il l’avait reconnu à son odeur et n’eut pas besoin de se retourner pour deviner son nom. Il s’agissait d’Arès, son homologue des Esobeks. Ce loup était un peu plus vieux que lui, et également moins puissant. Mais Athos avait entendu dire qu’il était admiré, chez lui, pour sa stratégie et son esprit de meneur. Le grand loup savait que l’autre l’observait, il savait également qu’Arès l’avait surpris en plein entrainement. Peu importait, pour cette fois, ils étaient de le même camp, pour cette fois, il vallait mieux pour l’un comme pour l’autre que leurs meutes soient puissantes. Athos se retourna et observa Arès s’avancer. Il le salua d’un bref mouvement de la tête, avec distance et dûreté néanmoins, comme il le faisait toujours.
« Les temps à venir vont être rudes. Je suppose que les vôtres font la même chose que nous. Cela devient vital, par les temps qui court, d’entraîner les nôtres. »

Athos haussa un sourcil, surprit de la demande de ce qui aurait pu être son ennemi, s’ils s’étaient rencontré plus tôt. Mais Athos n’était pas ceux qui se fondaient sur des préjugés ou des ordres. Il jugeait les gens sur ce qu’il voyait d’eux, et non sur ce qu’il en entendait. Le grand loup penchant la tête de côté tout en regardant son homologue des Esobeks. A sa grande surprise, Arès ne lui semblait pas si inconnu que cela, car il devinait chez lui le même genre de personnes qu’Athos était lui même.

Le jeune loup brun avait entendu parlé de cette nomination de Général chez les Esobeks. Il n’avait pas cherché à se renseigner plus que cela, évidemment, mais il avait appris que beaucoup avaient été surpris quant au choix des nouveaux Généraux, et surtout quant à la Nomination d’Arès, qui était plus intellectuel que combattant. Athos pensa qu’Arès avait dû être aussi surpris que les autres. Sûrement avait-il dû penser la même chose d’Athos lui même avait pensé lors de sa nomination.

Lors de la nomination d’Athos, beaucoup avaient protesté. Mais jamais devant l’Alpha, dont la décision était irrévocable. Athos avait été non pas surpris par la décision d’Empress, mais choqué. Il était jeune, inexpérimenté, certes fort et plein de fougue ; mais d’autres l’étaient aussi ! Il s’était posé beaucoup de question à son propre sujet et quant à son mérite. Et beaucoup n’avaient pas obtenu de réponses. Mais Athos avait pris goût à cette nouvelle position. Beaucoup le respectaient déjà avant, et ceux qui ne l’aimaient guère s’amusaient à se jouer de lui, le loup venu de nulle part, même pas Sekmet de Naissance.

Athos avait pris goût à cette forme de pouvoir, sans en abuser. A présent, ils devaient s’incliner, et imposait le respect quoi qu’il arrive, ou au moins la soumission. Athos sourit à l’autre loup. Oui, il serait d’accord pour s’entraîner. Athos ne s’était jamais battu contre un loup d’une autre meute. Cela lui donnait déjà un avant goût de ce que c’était, la guerre... bien que ce soit un combat amical,bien sûr.

Le grand loup brun était plus jeune qu’Arès, certainement moins expérimenté et moins sage, mais il était plus fort, plus rapide et plus agile. De toute façon, il ne s’agissait pas là de soumettre qui que ce soit. Il s’agissait d’être utile l’un à l’autre, de se laisser attaquer s’il le fallait, de voir nos défauts et s’entraider. Athos sourit intérieurement en imaginant très bien que Palladium ne serait absolument pas d’accord pour qu’Athos participe à son entraînement... Mais Athos adorait lui en faire voir de toutes les couleurs, à celui-là !

Le loup hocha la tête pour faire comprendre qu’il était prêt à commencer. Ils allaient aller doucement, puis l’entraînement allait s’endurcir. C’était bien. Athos se mit à tourner autour d’Arès comme un prédateur, des flammes dansaient dans ses yeux bleus corbeaux. Le loup se mouvait agilement, aussi fluide qu’un félin. Il attendit que l’autre se placa. Puis il commença. D’abord, il fit claquer ses dents prêt du visage de l’Esobek, le forçant à reculer, lui donnant des coups d’épaules pour l’acculer à un arbre, le forcer à reculer encore et encore. Il donna des coups de dents vers les côtés, comme pour signifier « Je t’aurai mordu ici... ». Agilement, il évitait les répliques de son acolyte. Mais il sentait que, si Arès n’était pas assez fort contre Athos, il serrait bien capable par son expérience et ses stratégies de se dérober au moment où Athos le serrerait complètement contre l’arbre.
Ca allait devenir intéressant...

Athos fut troublé de voir l’émotion dans le regard de son homologue des Esobeks. Celui-là ne semblait certes pas être très habile au corps à corps, mais il semblait également qu’il y ait une raison bien précise à cela que, même s’il y avait peut-être des ragots aux propos du Général Vert, Athos n’en savait rien et ne s’y intéressait pas.

Le grand loup avait asséné plusieurs « coups » à son adversaire, si bien qu’Arès avait été obligé de reculer plusieurs fois et aurait été sûrement bien blessé en combat réel. Néanmoins, Athos aperçut un déclic, une protestation interne, le réveil d’une rage soudaine dans le regard de son partenaire de combat. Athos avait d’abord été surpris et avait chancelé sous un coup d’épaule de son « ami ».

Le grand loup vascilla un peu, mais se remit vite sur patte. Si bien que quand Arès voulut profiter de ce cours instant où il avait l’avantage, Athos put esquiver son attaquer et l’Esobek s’aplatit contre le sol avec la violence de sa propre attaque. Athos ne souris pas ni ne se moqua. Il pensait alors que si Arès avait réussi son attaque, alors le Général Sekmet se serait retrouvé en fâcheuse position, étant donné qu’il aurait reçu toute cette force et cette énergie de plein fouet.

Mais ce n’était plus l’heure à la réflexion et le grand loup brun ne laissa pas le temps à son homologue des Esobeks de réfléchir à une autre stratégie, ce qui était, Athos l’avait bien vu, son point fort. Non, Athos décida d’agir vite et maintenant, sans tergiverser. C’est également cet esprit d’initiative qui avait valu au jeune Sekmet d’êter Général si tôt, alors que la plupart de ses aînés étaient et resteraient certainement en bas de la hiérarchie. La plupart étaient incapable d’assurer ce poste, et d’autres n’en avaient tout simplement rien à faire, se préoccupant uniquement de leur propre bien sans chercher à aider les autres. Un pur égoïsme que le jeune loup brun n’acceptait certainement pas et comptait bien réprimer lorsqu’il aurait plus de pouvoir.

Athos se jeta donc de plein fouet sur son adversaire, si bien que les deux loups firent un roulé-boulé dans la boue des rives du Styx. Se débattant autant contre la boue que contre son adversaire, Athos roula et tenta de plaquer l’autre au sol. Mais les deux étaient constamment emportés dans leur chute, si bien que parfois l’un prenait le dessus lorsqu’il était le plus à son avantage dans la chute, puis l’autre.

Plusieurs fois, Athos se fit plaquer au sol par Arès, qui semblait plus déterminé que jamais à pousser cet entraînement jusqu’à ses plus profondes ressources. Finalement, ce fut Athos qui plaqua Arès en dernier en un grand rire franc, littéralement exténué et essoufflé de cette chute sur un dénivelé de plusieurs mètres que les deux loups avaient passé à se rouler dessus, pleins de poisse et de boue !