A cette heure-ci, la plupart loups de la meute étaient endormis.

La plupart, mais pas lui. Epsilon n'avait pas pour habitude de veiller aussi tard. Il savait que la nuit devait être mise à profit afin de se reposer, mais ce soir, il n'avait pas réussi à trouver le sommeil. Il était allé se coucher en même temps que les autres, mais une foule de pensées étaient peu à peu venues lui occuper l'esprit. Dès lors, il avait eu beau se retourner dans tous les sens, fermer les yeux ou tenter de faire le vide dans sa tête, le sommeil n'était toujours pas venu. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais la guerre le tracassait. Depuis quelques temps, les adultes ne parlaient plus que de ça. Il les entendait discuter de stratégies, de trahisons, de défense et d'attaque. Il ne savait pas vraiment pourquoi ces derniers allaient se battre exactement. De ce qu'il avait comprit, l'enjeu reposait sur la prise de nouveaux territoires aux Navniks. Cela ne le concernait pas vraiment, il était encore trop jeune. Il n'avait aucune envie d'en être concerné, de toute manière, mais il aurait aimé être plus vieux pour ne pas être considéré tel qu'il l'était actuellement, c'est-à dire, comme un gamin inutile.

La fréquence de ses entrainement s'était intensifiée, ces derniers temps, comme pour le préparer au pire. Si leur camp était attaqué, les guerriers des autres meutes ne feraient qu'une bouchée de lui. Epsilon n'avait pas peur pour autant. Ce qu'il redoutait le plus était qu'il arrive malheur à son oncle qui lui, allait prendre de véritables risques. En tant que haut-gradé de la meute, ce dernier allait se voir attribuer de nombreuses responsabilités. Pendant ce temps, il resterait confiné avec les autres jeunes dans le camp, à attendre comme un idiot. A la guerre, les vieillards et la gamins ne sont rien d'autre que des poids. Il se l'était mille fois répété. Que pouvait t-il bien faire d'autre qu'attendre ?

Epsilon n'avait même pas la sensation d'être fatigué. Il s'était donc levé discrètement avant de s'éclipser à travers la clairière fumante, baignée dans l'obscurité. Au dessus de sa tête brillaient une myriade d'étoiles blanches, mais elles n'étaient là que pour éclairer un champ de décombres vide.

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Il n'y avait pas une grande variétés de parfums dans les parages. Epsilon était concentré sur ses pensées, mais il sentit tout de même - bien qu'un peu tard - une odeur qui lui était familière. Sa nuque se releva instantanément en direction de la clairière. Il avait du mal à le croire. Son "cousin" était t-il revenu ? Ou sa fatigue commençait t-elle à lui jouer des tours ?

Il vit bientôt la silhouette d'un loup se rapprocher de lui, et c'était bel et bien celle Ragnar'k. Toujours de son même brun caractéristique, celui-ci avait perdu son duvet de louveteau pour laisser place à la fourrure et à la corpulence d'un jeune adulte, tout comme lui. Depuis combien de temps ne l'avait t-il pas revu ? Des semaines, des mois ? Et surtout, pourquoi était t-il revenu sur ces terres qu'il avait abandonné ? Toutes ces questions s'ajoutaient aux autres alors qu'il l'observait se rapprocher calmement de lui.

- Hey ! Epsilon ! Lança t-il d'un air confiant. Pourquoi ne le serait t-il pas ? Ils étaient cousins, et bien que ça ne soit pas vraiment le cas, Epsilon le considérait comme tel. Si un Sekmet devait le faire fuir des ces terres ou le punir de sa trahison, ce ne serait pas lui. Au fond, le revoir le rassurait. Il était heureux de savoir Ragnar'k allait bien, malgré tout le mal qu'il avait entendu dire de lui par les autres, même si il avait abandonné sa meute pour une autre. Même s'ils étaient en guère. Epsilon s'en moquait, ce n’était pas la sienne, ce n'était pas la leur. Faisant doucement balancer sa queue derrière lui, le loup blanc s'approcha à son tour.

- Bonsoir Ragnar'k, fit t-il, je suis heureux de te revoir ! Qu'est-ce qui t’amènes par ici ?

Bien sûre, Epsilon n'était pas naïf. Son cousin ne comptait pas réintégrer leur meute. Il ne serait pas apparu en plein milieu de la nuit, sinon.

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Tumulte de Pensées

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Le crépuscule se dessine doucement à l'horizon, j'aime l'odeur de la nature à la tombé de la nuit, les couleurs chatoyantes du ciel et le silence qui s'installe progressivement. Je me laisse guider par mes pattes, elles me mènent sur les terres Sekmets. Je ne suis pas entrain de flairer un gibier, non, juste entrain de rêvasser et songer à l'avenir. L'avenir de notre meute. L'avenir de nos louveteaux. Je m'égare. Mon oreille attentive les entends non loin de là, de jeunes loups entrain de s'amuser à sortir en douce. Je soupire. Secouant ma tête visiblement résignée à les reconduire en lieu sûr. Me prêtant au jeu, je décide d'approcher discrètement, d'une infinie douceur pour les surprendre ou tout simplement les espionner quelques instants afin de connaitre la raison les poussant à faire le mur.

A pas de velours, je m'approche. Consciencieuse. Une sorte d'entrainement pratique d'espionnage en condition réel, même si il ne s'agit là que de louveteaux l'exercice reste le même. Je me suis bien positionnée par rapport au vent et mon odeur ne me trahira pas de suite, je me tapis dans l'ombre d'un buisson. Rampant. Pour discerner au mieux la clairière et ce qui s'y passe. Ma truffe ne me trompe pas, l'un des jeunes présent n'est pas un Sekmet mais un ... Navnik. J'aurais pu grogner et surgir telle une bête féroce, seulement je n'étais pas stupide au point de mettre en danger un des miens. Une douleur poignante me saisit la poitrine au souvenir douloureux de la perte de mon fils, je me fis un devoir de protéger ce rejeton Sekmet. une obligation.

Après m'être suffisamment rapprochée, je vois clairement les deux silhouettes se dessiner dans la pénombre. J'écoute. Attentive. Un ancien Sekmet ? Sa mère lui met sous surveillance. Je fouille mon esprit à la recherche d'une réponse concrète. la suite de ces mots me font comme un électrochoc. Son père, Hige. C'est un des fils de Helya. je n'ai aucun doute la dessus, je le connais que trop bien du moins de vue et peut-être par ce que Hige était souvent en sa compagnie. Nous lui manquions. Un mensonge de plus ? Peut-être pas au vu de son intonation. Je souris à ces questions, demeurant méfiante au cas où se serait un piège visant à éloigner le jeune Epsilon. L'ombre ma meilleure alliée assure mes arrières tandis que je ne quitte pas des yeux les deux louveteaux. Pas question qui leur arrive quoi que ce soit, ni à l'un ni à l'autre. Je ne tiens pas à l'accident diplomatique et une guerre ouverte avec les Navniks. Les sens en alerte, je demeure à quelques mètres d'eux, les laissant profiter de leurs retrouvailles visiblement heureuse aux vues de leur plumeau duveteux remuant frénétiquement.

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Epsilon n'avait put s’empêcher de réprimer un mouvement de recul lorsque la patte de son cousin s'était écrasée sur son visage. Si ce n'avait pas été lui, il l'aurait certainement mordu, mais il se retenait de le faire à quelques exceptions.

A sa manière de lui tourner autour, sa queue scindant rapidement l'air, Ragnar'k semblait tout aussi ravi que lui de l'avoir retrouvé. Epsilon l’accueilli plus calmement, la queue balançant doucement de droite à gauche.

- Les terres Sekmet me manquaient, vous me manquiez ! Répondit le jeune loup. J'ai réussi à passer la surveillance que mère me met constamment sur le dos pour venir jusqu'ici !

Le loup blanc pencha la tête en avant, ses oreilles s'arc-boutant en direction de son cousin. Il savait bien que certaines mères étaient très protectrices envers leurs louveteaux, mais il avait du mal à s'imaginer qu'elles puissent retenir ces derniers avec autant d’acharnement. De son coté, Moro ne lui avait jamais interdit de se rendre ou que se soit. La mère de Ragnar'k l'obligeait t-elle à demeurer chez cette autre meute contre son grès ? Si cela ne tenait qu'a lui, il serait déjà partit depuis longtemps.

- Alors ! Comment ça se passe ici ?! Ça fait trop longtemps que je n'ai pu avoir des nouvelles Sekmet vu qu'on m'empêche de les approcher … J'ai entendu parler de la guerre. C'est vrai que mon père, enfin Hige … enfin … Bref … C'est vrai qu'il est devenu Bras Droit ?

Epsilon s'assit. Toutes les questions de son cousin arrivaient vite.

- Tu me manquais à moi aussi, répondit t-il. Hormis avec son frère et lui, il ne s'amusait pas avec les autres louveteaux. Perdre l'un de ses deux camarades de jeux avait lui avait fait un vide. Je croyais que tu ne voulais pas revenir... Ses oreilles s'ourlèrent. Enfin, que tu avais décidé toi même de partir. Pourquoi tu... Le jeune guerrier laissa sa phrase en suspens. Pourquoi tu ne reviens pas avec nous ? Il n'avait pas besoin de poser cette question, tellement la réponse était évidente. Et il ne voulait pas se l'entendre dire. Ses parents était là bas. Sa mère et son père devaient l'aimer, comme lui les aimait... Ragnar'k n'allait pas les abandonner. Bien qu'il n'avait jamais connu l'amour maternel, Epsilon se doutait que le mot "mère" devait avoir plus de signification pour ceux qui y avaient eu droit.

- Tout se passe bien, poursuivit t-il. Son regard passa de son cousin au ciel. Tout ne se passait pas vraiment bien, non. Il y avait la guerre, mais tout cela ne les concernaient pas. Pour moi en tout cas. Ajouta t-il. J'ai commencé mon apprentissage. A propos de cette guerre, tu devrais faire attention... Il avait tourné la tête en direction des fourrés, comme suspicieux que quelqu'un soit en train de les observer. Il n'avait pas envie que l'on fasse du mal à son cousin. Sa présence ici était risquée. Tu dois savoir que les Navniks ne sont pas les bienvenus par ici... Si Empress te trouve... Il ne voulait pas savoir ce qu'elle lui ferait, mais il n'avait aucun mal à se l'imaginer. Les traitres étaient traités comme la pire des espèces. Secouant la tête, Epsilon passa à un autre sujet.

- Bref. Hige est devenu Bras droit, comment est-ce que tu l'as su ?

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Attendrie par ces retrouvailles, je demeure dans l'ombre les laissant se chahuter et se taquiner. Je portais bien évidemment un regard attentif ainsi qu'une oreille. Comment ne pas être conciliante avec Ragnar'k, il avait sur sa bouille de jeune loup une expression bien triste qui me fendait le cœur. J'éprouvais une rage certaine envers ceux qui nous avaient trahi mais devais-je le faire payer à leur progéniture... Je secouais doucement ma gueule négativement. Je n'étais pas ce bloc de glace que j'aimais montrer du moins pas avec les louveteaux. La perte de mon fils ressurgit. Des pensées sombres que j'aurais préféré oublier. Cette guerre n'est simple pour personne, même pas pour eux. Hige. Il me conseillerait de suivre mon instinct et non pas d'obéir bêtement à des règles fondamentales. J'aurais du montrer les crocs, capturer le jeune Navnik ou tout du moins le chasser pourtant mon cœur se serrait à cette sombre idée. Je ne pouvais pas. Pas au fils de Hige... même si cela n'avait été qu'un leurre, qu'une mascarade. Je ne pourrais pas lui faire de mal.

Je tente de me concentrer sur leur conversation plus que sur ce qu'il s'impose à moi de faire. Ils sont mignon. Jeune. Innocent. Des camarades de jeux qui se manquent, qu'importe la meute ou le projet des adultes. Helya s'est bien jouée de nous, d'eux mais surtout de Hige. Un choix qu'elle impose avec une étrange vérité. Le pouvoir. Cette chose que l'on ne peut réellement toucher et que chacun convoite, mène les amitiés les plus fiables à devenir d'éternelles ennemies. Une guerre. Une trahison. Rien ne devrais empêcher chacun de choisir sa voie. Mon œil brille. Epsilon m'est en garde son cousin en montrant les buissons à l'équerre de ma position. Il est méfiant et prudent, ça me plait beaucoup. Empress... je ne sais pas ce qu'elle ferait mais certains Sekmets auraient déjà sauté sur l'occasion de capturer ou tuer le jeune Navnik. Je perds le file. Jusqu'au mot espionne. Une espionne a relaté le fait que Hige soit devenu bras droit, il serait peut-être temps que je me bouge. Ce que j'apprends me plait de moins en moins, mais le petit a raison Hige ne laisserait surement pas un Sekmet s'en prendre à Ragnar'k.

Je me fige. Helya traité de traitre par son propre fils, un père Hordien qu'il refoule. Il subit. Ces propos me marques. J'ai envie d'intervenir. Je ne peux pas le laisser repartir dans cet état, il ne dois pas croire que nous aussi nous l'avons abandonné. J'attends qu'il termine pour sortir calmement et silencieusement de ma cachette. Je n'exprime aucune animosité, le regard doux se posant sur chacun d'eux.

"Bonsoir Epsilon, bonsoir Ragnar'k. N'ayez craintes, tout se passera bien."

Un ton humble. Je m'approche d'eux. Mes mouvements sont lents mais mesurés, je ne tiens pas à les effrayer. Je sais que leur curiosité va finir par m'assaillir de question et je ne tiens pas à leur mentir. Pas après ce que je viens de découvrir.

"Je n'ai pu m'empêcher de vous entendre. Je surveillais les environs quand je vous ai découvert." Mon regard se pose sur Ragnar'k, abaissant ma tête pour venir la frotter doucement contre son cou. "Je suis contente de te revoir, néanmoins ton cousin a raison c'est dangereux pour toi de venir seul ici. Je ne doute pas de tes capacités à riposter mais tous ne seront pas aussi accueillant."

Je lui adresse un regard sévère comme celui d'une mère qui s'inquièterait pour son fils. Ces deux là me rappelaient Oma'reth, je détourne rapidement mon visage pour ravaler mon expression de tristesse et la leur dissimuler. La situation de Ragnar'K me fend le cœur mais qui suis-je pour me permettre tant de familiarité ? La petite protégée de celui qu'il considère comme son père. J'éprouve le besoin de l'orienter, de le conforter et de le rassurer:

"Ragnar'k, ce n'est qu'une question de choix, certes compliqué mais nécessaire. Si tu veux revenir parmi nous tu seras le bienvenu, je suis certaine que Hige en serait heureux. Je serais là moi aussi, de la manière dont tu auras besoin, il te suffira de demander. Si tu choisis les Navniks, alors mon conseil sera que tu évites de venir seul sur nos terres. Ta mère a fait des choix qui la concerne, qu'importe si tu penses que ta famille est ailleurs tu es libre de choisir ta voie. Qu'en penses-tu Epsilon ? "

Je me couche sur l'herbe épaisse de la clairière. Sage. Droite. Les oreilles aux aguets s'orientant de droite à gauche pour surveiller les environs. Protectrice, surement mais juste. Chacun a besoin de sa liberté et je ne saurais enfermer mes enfants dans une cage dorée.

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- Une espionne, répondit son cousin, une espionne a réussit à choper cette information de ce que j'ai entendu, mais du coup elle a pas mentis, père est Bras Droit !

Le loup blanc avait acquiescé d'une signe de tête. Cela expliquait tout, bien qu'il se demandait ce qu'une espionne pouvait bien avoir à faire d'une telle information. Ce n'était pas étonnant que les meutes défendent leurs territoires avec autant d'acharnement si les espions se montraient aussi efficaces.

- Enfin t'inquiète pas pour moi ! Essaya de le rassurer son cousin. J'ai pas peur de Empress, je saurais me débrouiller si je tombe sur elle puis, Hige laissera personne me faire de mal, j'en suis sûr ! Sinon il aurait pas veillé sur nous tout ce temps.

Epsilon pencha la tête en avant. C'était vrai : Hige ne laisserait pas faire du mal à Ragnar'k, et peut être qu'Empress non plus, en définitive. Elle l’empercherait sans doute de repartir auprès de sa mère chez les Navniks, mais elle ne lui ferait pas forcement de mal. Il n'avait pas choisi de les rejoindre de son propre chef, après tout.

- Mère est une traître qui a prit pour compagnon un assassin, un ancien Hordien et nous a eu, ma sœur, mon frère et moi. Elle a menti, trahit sa meute mais moi je voulais pas de tout ça, c'est injuste que je sois obligé de subir ! J'ai essayé de revenir, dès le premier jour ! Mais j'ai eu un souci avec des Hommes puis après, à chaque fois que je tentais de partir on venait me récupérer, c'est pour ça que je suis constamment surveiller. C'est la merde en plus les louveteaux là bas sont idiots, sans caractère. J'aimerais pouvoir revenir mais avec la guerre, je sais pas comment faire, sans que mère vienne me cherche encore.

Ragnar'k avait lâché un grognement étouffé, comme dépité par sa situation. Jamais Epsilon n'aurait pu imaginer qu'il tenait ses parents en aussi basse estime... Cela n'avait rien de très étonnant quand il y réfléchissait bien. Son père n'en avait jamais été vraiment un, et sa mère lui avait fait quitter la meute qu'il aimait sans lui demander son avis. A l'entendre, il était comme prisonnier. Prisonnier avec des louveteaux imbéciles, un peu comme lui...

Ses oreilles se tournèrent soudainement en direction des fourrés avoisinants, bientôt suivie par le reste de son corps. Une louve à l'odeur Sekmet venait d'en sortir, faisant bruisser le feuillage de l'arbuste sur son passage. Était t-elle la depuis longtemps ? Il n'en savait fichtrement rien, mais il ne la laisserait pas poser problème à son cousin ! Montrant les crocs, le jeune mâle alla barrer le passage entre elle et Ragnar'k, bien qu'il n'avait pas encore la stature solide de la femelle.

- Bonsoir Epsilon, bonsoir Ragnar'k. N'ayez craintes, tout se passera bien. Fit t-elle d'une voix douce. Sans bouger de se posture défensive, le jeune loup la laissa toutefois approcher. Son pas était lent et paisible. Elle ne leur voulait peut être rien de mal, mais il restait méfiant. Il lui semblait que cette louve était une espionne nommée Eesia. Il ne la connaissait pas plus que ça.

- Je n'ai pu m'empêcher de vous entendre. Je surveillais les environs quand je vous ai découvert. Expliqua t-elle. Les yeux de la louve se posèrent sur Ragnar'k. Epsilon la laissa s'approcher suffisamment pour frotter sa tête contre son cou. Commençant à se détendre, il comprit qu'elle ne comptait pas les dénoncer.

- Je suis contente de te revoir, néanmoins ton cousin a raison c'est dangereux pour toi de venir seul ici. Je ne doute pas de tes capacités à riposter mais tous ne seront pas aussi accueillant.
Fit t-elle.
- Ragnar'k, ce n'est qu'une question de choix, certes compliqué mais nécessaire. Si tu veux revenir parmi nous tu seras le bienvenu, je suis certaine que Hige en serait heureux. Je serais là moi aussi, de la manière dont tu auras besoin, il te suffira de demander. Si tu choisis les Navniks, alors mon conseil sera que tu évites de venir seul sur nos terres. Ta mère a fait des choix qui la concerne, qu'importe si tu penses que ta famille est ailleurs tu es libre de choisir ta voie. Qu'en penses-tu Epsilon ?

Elle avait dit ces derniers mots tout en s'allongeant sur l'herbe de la clairière, sans crainte. Posant ses yeux alternativement sur elle puis sur Ragnar'k, le jeune mâle finit par plonger ses yeux dans ceux de son cousin.

- Elle à raison, reconnut-il, tu es le bienvenu si tu souhaites revenir parmi nous, mais dans le cas contraire je te déconseille de t'approcher trop près de nos frontières... Tu l'as dit toi même, les espions sont partout. Il jeta un regard en direction d'Eesia comme pour appuyer ses paroles. On pourrait te prendre pour l'un d'entre eux. Ne te mets pas en danger inutilement Ragnar'. Quoi que tu fasse, nous pourrons toujours nous revoir à l’extérieur des terres.

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Toujours allongée paisiblement pour me retrouver à leur hauteur, je pose sur eux un regard maternel. Je me montre patiente et soucieuse. Loin de moi l'envie de briser un rêve, un désir, une amitié mais Ragnar'k prends beaucoup de risques et je suis loin d'être rassurée. Epsilon confirme malgré sa méfiance à mon égard. Je trouve cela amusant. J'encourage et approuve Epsilon silencieusement mais je suis consciente que les choses ne soient pas aussi simple pour Rag'. J'écoute attentivement le louveteau. Il semble déterminé et avoir une idée derrière les oreilles. Si jeune et déjà un esprit protecteur, il ne veut pas qu'on s'en prenne aux Sekmets à cause de lui. Un geste brave et honorable. Je reconnais que ce gamin va terriblement me manquer, mais qu'il est absolument nécessaire qu'il retourne auprès des siens pour le moment.

Je me redresse. Ces derniers mots me pincent le cœur et je viens doucement le câliner, frottant ma tête contre la sienne. La malice l'habite et je ne doute pas de ces capacités malgré son jeune âge, d'ailleurs c'est effrayant. Je regarde Epsilon, plus réservé. J'avais une annonce à lui faire à l'aube mais peut-être que je devrais profiter de cet instant.

"Ragnar'k, il commence à se faire tard. Je vais te raccompagner jusqu'à la frontière où tu prendras soin de te rouler un peu dans l'herbe et te frotter aux buissons pour te débarrasser de notre odeur... de la mienne."

Un regard condescendant, l'air sérieux d'une espionne avec qui il ne faut pas discuter. Je lis la tristesse dans leur regard de ne pas pouvoir profiter un peu plus de ces retrouvailles. Mais c'est préférable, pour le moment.

"Epsilon..."

Je marque une pause après l'avoir interpellé. J'esquisse un léger sourire avant de reprendre.

"Je vais m'occuper de ton entrainement. Dès demain je serais ton mentor, j'aimerais que tu rentres te reposer. Je vais raccompagner ton cousin. Et toi, sois en forme demain."

Je me baisse pour lui lécher le haut du crâne. Je sais me montrer sévère, exigeante et ferme mais aussi tendre et douce. Je laisse les deux louveteau se dire au revoir en m'éloignant un peu, attendant patiemment que Ragnar'k m'emboite le pas. Je n'étais pas suffisamment cruelle pour me venger sur sa progéniture pour une telle trahison. Eux... n'avaient rien choisis de cette situation et je me montrais là bien plus intelligente. Allais-je le regretter ? Je n'en savais rien. Mais ce que je faisais ce soir me semblait juste.

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Son cousin semblait plus troublé que jamais. Perdu dans ses pensée et le regard en lointain, il laissa planer un long silence ininterrompu.

- Je ne peux pas faire ça maintenant … Finit t-il par décider. J'ai encore une chose à faire. Actuellement, c'est trop risqué, pour vous comme pour moi et je n'ai pas envie qu'il vous arrive quoique ce soit. Je dois réfléchir, trouver une solution pour réussir à partir de là bas sans que ça vous retombe tous dessus.

Epsilon pencha la tête en avant. C'était une sage décision, peut-être pas la plus facile à vivre pour lui mais sans doute la plus sécurisante. Ragnar'k était loin d'être un idiot et il trouverait sans aucun doute une solution pour faire ce dont il avait envie. Lorsqu'il serait plus âgé, sa mère ne serait plus en mesure de le retenir contre son gré.

- Je reviendrai mais, avant cela, j'ai encore quelques trucs à faire là bas, je ne peux pas partir sans risquer que ça tourne mal. J'essayerais d'éviter les terres Sekmet si c'est ce que vous voulez, le temps que je réussisse mon plan.

Eesia, qui l'avait écouté sans intervenir s'était redressée pour aller frotter sa tête contre celle de Ragnar'k. Epsilon lui décocha un regard froid. Pourquoi se sentait t-elle obligée d'être aussi tactile avec son cousin ? C'était étrange. Il ne comprenait pas que l'on puisse ressentir un tel besoin de contact. Le regard doux de la louve se déplaça jusqu’à lui, ce qui lui fit légèrement froncer les sourcils. Il n'était pas question qu'elle vienne se frotter contre lui, maintenant.

- "Ragnar'k, il commence à se faire tard. Je vais te raccompagner jusqu'à la frontière où tu prendras soin de te rouler un peu dans l'herbe et te frotter aux buissons pour te débarrasser de notre odeur... de la mienne. Fit t-elle d'un ton calme.

- Epsilon...

Il tourna la tête vers elle, attendant la suite. Elle souriait. Pourquoi ?

- Je vais m'occuper de ton entrainement. Dès demain je serais ton mentor, j'aimerais que tu rentres te reposer. Je vais raccompagner ton cousin. Et toi, sois en forme demain.

Le mâle blanc resta de marbre pendant que les deux autres loups s'éloignaient lentement. Il observa la silhouette de son cousin disparaitre de sa vue tout en pensant à ce que la louve venait de lui annoncer. Eesia venait de le prendre pour apprenti... L'idée que la louve s'occupe de son éducation à la chasse et au combat ne lui plaisait guère.

Tous les louveteaux n'avaient pas la chance d'avoir un mentor et il aurait du s'en estimer chanceux, mais au fond, il aurait préféré qu'un loup tel que son oncle se charge de lui transmettre son savoir. Cependant, Hige avait déjà un apprenti. Il n'avait pas le choix. Eesia l'avait prit pour élève et il n'avait pas son mot à dire. Refuser son enseignement ne serait pas une bonne chose. Il voulait tout de même que la louve lui apprenne ce qu'elle savait faire. Après tout, elle s'était camouflée d'eux avec brio et avait bien plus d’expérience dans le camouflage et l'agilité que la plupart des Sekmet. Tant qu'elle ne se montrait pas trop tactile envers lui, il tacherait de faire un effort.

Fiche réalisée par @Joy