Une fois la réunion terminé, Manîthil ne prit même pas le temps d'attendre qu'on lui donne l'autorisation de partir - de toute manière elle fait comme bon lui semble – et retourna à ses occupations. Munis de son petit sac de toile qu'elle ne quitte que rarement au final ces derniers temps, la louve alla faire un tour avant que la faim ne commence à tirailler ses entrailles. Peut-être devrait-elle penser à se mettre quelque chose sous la croc … La flemme de chasser commence à prendre possession d'elle mais, elle doit chasser, elle doit si elle ne veut pas crever de faim, d'autant que personne n'aura la gentillesse de lui rapporter à manger, elle qui est pourtant si adorable et serviable ! Enfin, lorsqu'elle fut suffisamment éloigné des autres, elle se mit à flairer le sol ...

Cherchant une proie, le museau collé sur le sol où l'herbe cherche à reprendre ses droits, Manîthil finit par trouver la piste d'un lapin et suit celle-ci. Plus elle se rapprocha et, plus elle se tassa pour que son ventre frôle pratiquement le sol. Les oreilles pointant en avant, sa queue ne bougeant pas, ses yeux argenté rivé sur sa proie, la blanche ne fit plus le moindre mouvement, attentive. Le rongeur aux longues oreilles mange quelques brindilles ci et là, ne se méfiant pas du danger qui se trouve autour de lui. Un pas après l'autre, faisant attention de ne pas faire le moindre bruit, une brindille finit par trahir sa présence et, se redressant sur ses deux pattes, le lapin tourne la tête vers la louve. Prenant conscience alors du danger, il prit ses jambes à son cou pour fuir. Lâchant un grognement, la louve s'élance à sa poursuite, hors de question de le laisser filer comme ça celui-ci !

Poursuivant le lapin à travers la prairie, la blanche réussit à diminuer la distance qui la sépare de sa proie, fort heureusement, Manîthil avait gagné en endurance à force de courir à droite à gauche. Se rapprochant davantage du lapin, la gueule légèrement ouverte, elle saisit sa proie dans sa gueule, freinant d'un coup sec et, sous la violence du freinage, roula au sol, le lapin dans sa gueule. Au moment où elle cesse de roule, le lapin réussit à s'échapper de sa mâchoire. Rageuse, Manîthil se redresse d'un bond et le saisit avant qu'il n'arrive à courir plus loin. Le secouant dans tous les sens, elle le bloque sous l'une de ses pattes avant de lui briser la nuque.

Se couchant sur le sol, sa proie entre ses pattes, Manîthil commence à arracher la peau du lapin mort pour avoir accès à sa chaire tendre et chaude. Mangeant goulûment, la blanche se fiche pas mal d'avoir du sang partout sur son pelage, après tout, elle ira se nettoyer une fois qu'elle aura tout terminé et qu'elle sera de retour dans sa tanière de fer.

Son repas terminé, l'estomac de la guérisseuse ne semble pas encore rassasié. Grognant de nouveau, la louve se relève en grognant en réponse à son estomac. Il faut dire qu'elle n'a pas mangé depuis deux jours au moins, quoi de plus normal que son estomac en veuille plus ? Abandonnant la carcasse rongé du rongeur qu'elle venait de dévorer, la blanche se remit en quête d'une proie et, rapidement, comme si la lune avait entendu son appel, un mulot file juste devant son museau. Un sourire étire les babines de la louve qui passe son épaisse langue sur ses babines et, se mit à la poursuite de cette maigre cible. Maigre mais, c'était au moins cela en plus dans son estomac !

Grâce à de longue enjambé lors de sa course, Manîthil réussit à rattraper sa proie et, désormais, elle allait devoir tenter de l'attraper, chose qui n'allait pas être évidente autant le dire au vu de la taille du rongeur … Malgré tout et, guidé par la faim, elle tenta le coup et jeta sa gueule en direction du mulot. Elle le rata, le rongeur l'esquivant. Elle bifurque et, saute d'un bond plutôt agile sur le rongeur, l'une de ses pattes se posant sur la queue du petit animal qui cherche à s'échapper, essayant de mordre la patte du prédateur mais, en vain. La louve plongea alors sa gueule en direction du mulot et n'en fit qu'une bouchée ...

Elle l'observe de loin, elle, ce prédateur qui venait de mutiler d'un seul coup l'un de ses congénères. Elle tremble, tremble sous la peur que la louve ne la repère, cette louve sans pitié qui venait de lui prendre son compagnon, cette louve qui n'aurait aucun scrupule de s'en prendre à elle à son tour … Elle tremble, n'osant plus bouger. Que doit-elle faire ? Comment faire pour se tirer de là ? Elle ose bouger, à peine, simplement la tête. Cherchant autour d'elle, cherchant un échappatoire elle finit par enfin réussir à bouger, timidement, la peur au ventre. Il faut qu'elle parte, il faut qu'elle fuit, il faut qu'elle se mette à l'abri, loin de cette louve, loin de tout prédateur. Elle avance doucement mais, elle sentie un mouvement et s'arrête. Elle ose tourner la tête, elle voit la louve, les yeux d'argent du prédateur posé sur elle, sur sa petite taille. Ces yeux avides de sang, ces yeux qui n'en ont que après sa chaire. Elle tremble, elle doit trouver un endroit où aller, elle doit fuir. La louve s'apprête à lui bondir dessus, elle doit fuir et, maintenant ! Alors que les pattes arrières du prédateur la projette en l'air pour tenter de retomber sur elle, elle prit la fuite. Filant avant que les pattes du loup ne réussissent à l'attraper. Elle fuit, court entre les pierres, court entre les plantes. Elle fuit, elle veut fuir !

Elle passe sous un arbre mort, espérant que la louve ne cherche pas à l'en déloger mais, déjà, elle voit la patte de celle-ci chercher à l'atteindre puis commence à creuser. Elle doit trouver une autre cachette ! Cherchant un nouvel échappatoire, elle mit trop de temps et, sentie la patte du prédateur se poser sur sa queue. Prise de panique, elle tente de tirer pour s'extirper de cette emprise mais, voyant qu'elle n'y arrive pas et, le canidé commençant à la tirer hors de sa cachette, elle attaque sa patte, la mord, la pince suffisamment fort pour entendre le couinement mêlé à un grondement de la part de la louve. Vite ! Elle doit fuir ! Elle sortie de sa cachette et détala. Courant toujours plus vite, prenant des chemins qui ne peuvent être prit par la louve et bientôt, victoire ! Un trou ! Elle rentre à l'intérieur de se petit tunnel souterrain creusé par un autre rongeur. La louve cherche à creuser pour agrandir le trou mais, cela ne servait plus à rien, non … Elle avait réussit à lui échapper et, désormais, s'éloigner dans les fin fond de ce tunnel de terre ...

Raté, elle avait raté sa chasse ... Lâchant un grondement de frustration, Manîthil cessa de s'exciter sur le trou et rebroussa chemin. De toute manière elle a suffisamment mangé ! Pour le moment ... Humant quelques plantes, la blanche récoltant quelques-unes d'entre elle, les plaçant dans son petit sac autour de son cou, la louve passa son épaisse langue sur ses babines, récoltant le sang qui s'y trouve. Oui, une bonne toilette après cela ne lui fera pas de mal ! S'arrêtant près de la rivière presque desséché, Manîthil entreprit de laver son pelage blanc pour en retirer le sang présent. Cela sera au moins une chose de faites ...

Saisissant des plantes ci et là, les plaçant dans son petit sac, Manîthil fit le tour de la prairie de grenat en ramassant tout ce qu'elle pouvait, tout ce qui lui était nécessaire et, tout ce qui était en bon état. Après tout, prendre une plante moisie ne lui sera d'aucune utilité et, même si la guérisseuse a tendance à aimer martyriser un peu ses patients, elle reste sérieuse lorsqu'il faut s'occuper de leurs blessures et n'utilisent que des plantes potables. Après une bonne cueillette et, que l'heure soit passé, elle décide de prendre le chemin qui mène jusqu'à la forêt aux pendus afin de retourner dans sa tanière pour se reposer ...