Un bruit sourd la réveilla en sursaut.

Elle se retrouvait allongée sur quelque chose de lisse, de plat, d'inconfortable, mais elle ne savait pas vraiment de quoi il s'agissait. Elle ne le voyait pas. Ses yeux s'ouvrirent doucement. Là, elle découvrit ce qui l'entourait. Cet endroit n'avait absolument rien de familier... Elle ne reconnaissait pas la moindre chose. Que se passait t-il ? Pourquoi avait t-elle ouvert les yeux ici ? Elle était dans le noir, et maintenant, tout était si compliqué.

En levant les yeux vers le haut, elle se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait là, ni de comment elle était arrivée jusqu'ici, d’où elle venait, ni même d’où elle se trouvait. Cet endroit, elle n'y avait jamais mis les pattes. Pourtant - et c'était un sentiment très contrariant - elle n'avait pas l'impression d'avoir connu d'autres lieux hormis celui-ci. L'angoisse commençait à monter en elle. Cet endroit était si lugubre... Si froid. Au dessus de sa tête, une chose blanche et longue était coincé entre deux arbres. Ses trous étaient vides et semblaient la fixer. Comment avait t-elle pu s'endormir là dessous ? Ce devait être dangereux.

Elle se leva en vitesse, courant loin de la chose, sans savoir ou elle allait. Est-ce que la chose allait la poursuivre ? Elle ne savait pas non plus. Elle ne savait rien, pas même ce qu'elle était. Elle avait seulement des pattes pour courir et des yeux pour éviter les choses qui se dressaient en travers de son chemin. Quoique, elle ne suivait pas vraiment un chemin en particulier. Tout se ressemblait ici, et une odeur suffocante lui remplissait le museau au fur et à mesure qu'elle s'approchait d'une sorte de rougeoiement. Sur sa peau, elle sentait comme une sensation de chaleur, mais celle-ci était accompagnée d'une chose grise à l’intérieur de laquelle elle pouvait passer à travers.

Elle entendit à nouveau le même bruit. Ça elle connaissait. Elle s'approcha, du bruit et observa. Elle voulait comprendre ce qui était en train de se passer. En dessous, il y avait une chose étrange. Encore une. Mais celle la était encore plus grande et plus étrange que tout ce qu'elle avait vu jusqu’à maintenant. Il brillait au soleil, mais il semblait brisé, et ses morceaux se rependaient un peu partout autour de lui. Est-ce que c'était une créature comme elle ? Il avait l'air tellement imposant. Il était léché par ce rougeoient. Il crépitait sous lui, et d'autres formes mouvantes en bas, étaient en train d'en sortir. Ils n'étaient pas comme elle, eux. Ils n'avaient que deux pattes. Elle n'aimait pas cette odeur. Elle n'aimait pas ces créatures, mais au fond d'elle, elle avait envie d'aller à leur poursuite. Elle avait envie de les attraper. Son ventre avait une drôle de sensation. C'était une petite douleur, mais elle n'arrivait pas à l'oublier. Parfois, il grondait.
Elle ne devait pas avoir peur de son ventre. C'était elle. C'était bien tout ce en quoi elle pouvait avoir confiance, elle même.

La chaleur et le bruit commençaient à devenir trop insupportables. Elle partit, ou ? Peut être trouver quelque chose qui lui permettrait de savoir ce qui se passait. Ses pattes continuèrent de la porter à travers cet endroit. Il y avait des petites créatures un peu partout, mais son ventre n'en voulait pas. Elles étaient accrochées sur des sortes de fils blancs. Elle ne voulait pas s'en approcher. Elle voulait seulement comprendre ce qui se passait ! Depuis combien de temps était t-elle ici ? Elle avait l'impression de tout découvrir. Elle avait peur, elle avait mal. Elle avait trop couru. Elle s'arrêta. Elle sentit une brulure dans sa gorge. Elle s'allongea. Elle avait besoin de s'allonger, comme tout à l'heure. De fermer les yeux. Il fallait qu'il fasse noir.

Fiche réalisée par @Joy

C'est qu'ils n'allaient pas lui foutre un peu la paix, ces saloperies de loups ! Hier, Rick en avait déjà tué un, mais cela ne semblait pas avoir dissuadé les autres à venir lui bouffer son bétail ! Il avait pourtant tiré trois coups de fusil, gâché trois de ses précieuses munitions et lâché ses deux chiens à la poursuite du loup. En pleine tête qu'il l'avait eu, le salaud. Il avait quand même eu le temps de lui bouffer une de ses poules et de s'attaquer à ses clébards. Rick n'avait pas eu de mal à l'abattre, une fois que ses bêtes l'avaient immobilisé, et puis il y avait gagné une belle fourrure.

Cependant, il n’empêchait pas que ce soir, un nouveau loup avait fait irruption dans son domaine. Comme disait sa mère, les loups étaient rancuniers. Tu en tues dix dès leurs, il en vient vingt. Mais Rick n'en avait pas peur, pas du tout. Qu'il y en ait vingt ou trente, il exterminerait chacun d'entre eux. De belles fourrures que ça lui ferait ! Il n'avaient qu'a se tenir éloignés de ses poules et de ses moutons. Les aboiements de ses chiens de garde l'avaient réveillé au beau milieu de la nuit. Il s'était habillé en vitesse, avait chaussé ses bottes, récupéré son fusil sur la commode et était sortit en trombe.

Dehors, les chiens tiraient sur leurs chaines. Rick les libéra tous les deux. C'étaient de gros molosses qui n'avaient rien à craindre des loups. Il partirent à toute vitesse en direction de la bergerie. Rick les suivit de loin, moins rapide, mais tout aussi nerveux. Il en avait plus que marre de se faire sortir de son pieu par ces sales bêtes ! Dans la nuit, il n'y voyait pas grand chose, mais il avait encore une lampe qui fonctionnait et la braquait devait lui afin de mieux apercevoir ce qui se passait au loin. Les aboiements s'intensifièrent. Il s'approcha de l'enclos des moutons, repérant difficilement le loup brun qui s'y dissimulait. Celui-ci venait dégorger une de ses bêtes. Fou de rage, Rick tira un coup de fusil dans sa direction. Le loup l’esquiva, mais dans sa fuite, elle se rapprocha d'avantage de son viseur. Ce loup avait des yeux verts scintillants. Encore un qui s'était choppé une merde de gaz toxique. Dans la panique des moutons, ses chiens avaient du mal à rejoindre le loup. Ce dernier avait d'ailleurs compris qu'il valait mieux fuir. Sortant par dessous la barrière de l'enclos, celui-ci se dirigea en direction de la forêt. Rick ordonna à ses chiens de le poursuivre. Il voulait sa peau.

L'homme scella son cheval en vitesse, allant à la suite de ses molosses. Ces derniers avaient déjà réussis à suivre la trace du loup. Rick n'aimait pas aller dans la forêt en pleine nuit, c'était dangereux, mais il ne mettraient pas longtemps à l'avoir. Sous les sabot de son cheval, le sol de la forêt défilait à toute vitesse. Il entendit alors ses chiens hurler. Est-ce qu'ils l'avaient choppé ? Lorsqu'il les eut rejoint, Rick ne trouva pas de louve. Il y avait seulement quelques taches de sang sur le sol, et plus loin, un ravin. L'un de ses chiens vint le rejoindre, mais l'autre était introuvable. Rick l'appela. Il entendit un aboiement sortir du gouffre. L'homme s'en approcha, apercevant le loup détaler au loin pendant que son chien, la patte brisée, gisait au sol tout en appelant. Il sortit une corde, descendit chercher sa bête, la chargea sur son cheval. Il était temps de rentrer. Un jour, il aurait sa revanche.

Fiche réalisée par @Joy

Véga aimait l'odeur de sa mère par dessus tout. C'était une odeur douce et rassurante. Son corps était chaud, large, et lorsqu'elle s'y retrouvait blottie, la petite louve se sentait en sécurité, comme ni rien ne pouvait l'y atteindre. Parfois elle avait peur des bruits de l’extérieur, mais sa mère avait tôt fait de la rassurer d'un coup de langue. C'était vraiment la meilleure !

Véga s'était endormie contre elle, comme chaque soir, sauf que cette fois, elle s'était réveillée plus tôt. Le corps chaud de sa mère n'était plus là, la nuit semblait l'engloutir. Pire encore, elle avait faim ! Son vendre grondait... Doucement, la petite louve se dressa sur ses pattes fêles et maladroites. Peut être que sa maman était sortie faire un tour devant la tanière ? Elle lui avait dit de ne jamais sortir toute seule, mais Véga n'avait pas envie d'attendre là ! Elle n'était plus un bébé, elle savait marcher ! Et elle avait promis de ne pas s'approcher de la berge du lac, alors elle ne s'approcherait pas. Enthousiaste, la petite louve en avait presque oublié sa peur du noir. Elle sortit en caracolant, redécouvrant l’extérieur avec autant d'admiration que la première fois. C'était tellement grand ! Tellement beau ! Un sourire illumina son visage. Elle avait envie de courir. D'un bond, la petite s’élança à travers l'herbe. Elle riait, c'était tellement amusant d'être dehors. Sa mère ne voulais pas toujours qu'elle sorte. Dès fois il faisait trop froid, dès fois il pleuvait, mais ces mots là, elle savait à peine ce qu'ils voulaient dire.

S'arrêtant près d'un immense rocher, la petite louve se blottit dans l'herbe pour regarder les étoiles. C'était tout doux, mais un peu froid ! Au dessus de sa tête, il y avait les consterations, ou les constellations ? Sa mère les lui avait apprises. Elle ne se souvenait pas de toutes mais elle aimait bien les regarder. C'étaient de jolies lumières. Sous ses pattes, elle sentit bouger quelques chose. Véga fit un bon en arrière, sa petite queue dressée. Une sorte de petite bestiole verte se promenait devant elle, sans doute ce qu'on appelait un insecte. Il était amusant avec toutes ses pattes ! Véga le pourchassa en riant. Elle allait chasser comme une grande ! Mais l'insecte était rapide et il la rapprocha du bord de l'eau sans même qu'il ne s'en aperçoive. Lorsqu'elle s'en rendit compte, des mâchoires se refermèrent sur son petit cou et la tirèrent en arrière. Elle faillit crier, mais elle reconnu l'odeur de sa maman.

- Véga, gronda celle-ci en la reposant au sol, je t'avais dit de ne pas sortir seule ! C'est dangereux !

La petite louve fit un air pataud. Elle avait promis.

- Désolée maman... Je voulais juste te retrouver. Tu m'as laissée toute seule.

Sa mère fit une moue désolée. Elle n'était plus en colère après elle ?

- Allez, viens ma chérie, fit t-elle doucement, il est tard, c'est l'heure d'aller dormir...

Fiche réalisée par @Joy