La meute a besoin de moi.
Remis sur pieds, j'étais enfin en état pour pouvoir de nouveau chasser. Et je dois avouer que ça m'avait énormément manquer cette dernière semaine. Je ne pouvais plus craindre de perdre mes proies comme la dernière fois, à cause du Sang des Cauchemars. J'étais un louvard neuf depuis ce jour et je comptais bien en profiter au maximum.
Le Soleil était au Zénith, du moins le supposais-je lorsque je sortis enfin de mon abri, en plein cœur du territoire Sekmet. Je savourais pleinement les retrouvailles avec mes terres depuis ma libération. De nouveaux arrivants avaient fait leur entrée chez les Sek, dont une petite louve à l'apparence particulière qui piquait ma curiosité maladive. L'avenir nous dira si on est simplement amis ou peut-être plus qui sait. Je m'étirai enfin de tout mon long, profitant de l'effort pour bailler peu gracieusement. J'étais seul, je pouvais enfin être un vrai mâle dont l'élégance importait peu. Héhé. Je pris rapidement la direction du territoire nordique, imaginant ma potentielle chasse. Et si aujourd'hui je ramenai enfin un gros gibier ? La meute pourrait être fière de moi !
Je foulai bientôt les marécages. La traversée avait durée une bonne heure, au petit galop. Je m'étais échauffé pendant le trajet, donc inutile de le faire sur place, ce qui me permit de prendre tout de suite ma place. Près d'un buisson, je m'allongeai. Ma truffe, désormais humide, se mit à fonctionner, espérant trouver une odeur animalière. Mais rien. Je me déplaçai alors de végétaux en végétaux en prenant soin de ne pas rentrer dans ces marais poisseux et acides. C'était pas le moment de me salir, même si j'adorais patauger dans les flaques d'ordinaire. Derrière chaque buisson, je m'arrêtai un instant pour flairer, observer, guetter un quelconque signe de vie. L'expérience dura un bon moment avant que je ne franchisse un faible conifère assez grand pour pouvoir cacher tout mon corps.
Derrière celui-ci se cachait un amphibien qui croissait gaiement. Qu'est-ce qu'il était moche ! De dos, il ne pouvait pas m'apercevoir, sauf s'il se retournait ou si je faisais assez de bruits pour me faire remarquer. À pas feutrés, j'avançai vers lui jusqu'à sa hauteur. D'un bond, je bondis à côté de lui, réveillant en lui un sentiment de panique. En une fraction de secondes, il se dégagea de moi pour s'enfuir en sautillant. Il effectuait de trop grands bonds pour que je puisse le rattraper, mais je ne perdis pas aussi rapidement espoir. Me lançant dans un galop assez énergique, je le pris en course.
Ce n'est que lorsque je ne l'eus plus dans mon champ de vision que je stoppai ma course pour entrer dans un trottinement régulier, afin de refroidir mes pattes. Tant pis pour moi, mais au moins, je pouvais être satisfait de n'avoir pas eu un animal aussi hideux en guise de trophée ! Brusquement, alors que je franchisai une énième flaque, quelque chose attira mon regard. Immobilisant tout mouvement, je tournai ma tête vers celle-ci pour mieux observer l'intérieur. Un poisson, assez gros, nageait tranquillement à l'intérieur et avait fuit le bord lorsqu'il avait vu mon ombre frôlait son bassin. Je me léchai les babines. Il s'avérait être une meilleure proie que le crapaud. Sans trop réfléchir, je plongeai à l'intérieur de la mare saine - heureusement -, tentant de l'attraper avec mes griffes. Se débattant comme une anguille, il glissa entre mes coussinets et ceci plusieurs fois. Redoublant d'efforts, ma tête plongea à son tour, crocs bien en évidence. Je voulais absolument l'attraper !
Brusquement, le poisson se retrouva coincé contre un bord du marais. Les flaques, nombreuses, ne se rejoignaient pas toutes entre elles, comme c'était le cas de celle-ci, bien qu'elle soit toute de même de taille conséquente, sans pour autant être grande. Je profitai du cul de sac pour le coincer entre mes antérieures. Mon museau arriva bientôt près de l'animal pour que je puisse planter aisément mes dents à l'intérieur de ses écailles, coupant toute respiration. Je sortis enfin le poisson de l'eau, satisfait. Maintenant, je pouvais rejoindre les miens tranquillement. |