Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Cela fait bien des informations à assimiler pour le loup. Il se sent parfois dépassé par tout ce qui lui reste à entendre et à apprendre des siens. Pourtant, il ne cesse depuis trois jours, de arpenter les différentes terres pour entendre les histoires de chacun. Il se sait faible et pourtant, il n'a peur de personne. Il est prêt à mourir pour assouvir sa soif de connaissances et il a beau s'être déjà fait massacrer plus d'une fois, il n'a de cesse de continuer ses recherches de connaissances. Pourtant, ses pattes semblent savoir mieux que lui où se trouvent les réponses. Ou alors son cerveau se plait à lui jouer des tours. S'il s'était promis de ne plus revenir sur les terres de Navniks après sa rencontre avec la louve d'argent, voilà que le loup est de nouveau sur le même promontoire, le lendemain de sa rencontre, assis dans la même position à observer inlassablement les mêmes loups. En contrebas, l'agitation est à son comble. Les chasseurs rapportent le gibier et les guerriers s'entraînent les uns avec les autres. Les bagarres font rage et pourtant, le loup a vu ses semblables rire ensemble après s'être porté de violents coups de crocs et de griffes au cours de divers duels. Il les observe avec une curiosité sans limites et, même s'il ne comprend pas tout ce qui se passe parmi les individus de la meute, il se régale du spectacle. C'est probablement cela qui l'attire ici. La vie de meute. Il ira, bientôt, s'enquérir de la vie des Sekmets et des Esobeks. Il veut savoir si sa soif sera abreuvée par leurs histoires, à eux aussi.
En attendant, le voilà qui soupire doucement entre ses babines, sans quitter des yeux tous ces loups en contrebas. Cette fois il n'est pas repéré tout de suite, comme hier. Peut-être la louve d'argent a-t-elle pensé qu'il ne reviendrait jamais. Ou peut-être que les sentinelles, comme elle le lui a expliqué, sont occupées à veiller sur une autre partie du territoire. En tout cas, le loup sait que ses propres intentions ne sont pas mauvaises. Alors, il ne ressent pas la nervosité de celui qui s'apprête à nuire. Et il se fiche pas mal de savoir qui viendra à sa rencontre en premier. Tout ce qu'il espère, c'est qu'un Navnik le trouvera. Il aimerait entendre encore le déroulement de la vie de meute, pour le seul plaisir de savoir qu'il connait les mots et pour se délecter de leur consonance dans son esprit perturbé. Il reste là de longs moments, concentré dans son observation silencieuse, à ne pas esquisser le moindre mouvement qui pourrait trahir sa présence. Mais il n'est pas caché et il ne cherche pas à l'être, au contraire. Il surplombe la meute dans un silence de mort, sans pour autant chercher à éviter l'attention des Navniks. Aujourd'hui, il aimerait entendre les histoires de la meute, pas seulement leur mode de fonctionnement. Il veut apprendre encore plus de choses, connaître davantage leur passé, leurs anecdotes, leurs désirs d'avenir. Il veut savoir à quoi pensent les loups qui vivent en meute. Ce qui les différencie de lui, jeune mâle n'ayant encore aucune idée de la place qu'il devra un jour avoir en ce monde.
Ulvys était espionne oui. Mais elle aimait parcourir les frontières. Gambader et découvrir son territoire. Elle était anciennement Esobeks, oui. Mais maintenant elle était Navnik. Elle devait prouver ses valeurs, faire ses preuves et devenir une véritable LOUVE. Alors que la plupart de ses compagnons jouer afin de montrer qui était le plus fort ou bien remettre à leurs places les mioches, Ulvys s'était éclipsé pour aller à l'endroit dont elle faisait elle même office de parleur pour délivrer ses sentiments, la Ruine de la Chapelle. Sur la route, elle ne voulait qu'une seule et unique chose, arriver et se détendre enfin. Elle était maintenant prête à devenir plus forte. Elle le voulait et elle le désirait plus que tout au monde. C'est alors qu'une odeur inconnue lui parvenue..Elle dévoila silencieusement ses crocs : un intrus.
Elle se hissa alors sur la Crète ou l'odeur provenait et vit un loup plus petit mais certainement plus fort. Elle laissa bien évidement plusieurs mètres. Ce jeune mâle ne l'avait pas vu, ayant comme rôle espionne, c'était compliqué de la repérer facilement. Elle se campa derrière lui et gronda fort, dévoilant fortement ses crocs, oreilles en arrière. Elle lui cracha alors remplie de colère :
- Qui es-tu ? Et que fais-tu ici, intrus !?
Elle était nerveuse mais ne se laissa guère impressionnait pas ce loup qui était plus bizarre, étrange et impossible à décrire. Tandis que sa colère montait, elle attendait avec impatience une réponse mais aussi l'envie de se lancer pour le mordre à la nuque.
Quelques heures après l'aube, est probablement le moment que le loup préfère dans une journée. Les heures où le soleil pénètre les sous-bois pour réchauffer la terre et faire évaporer la rosée, ces heures où le loup aime se délier les membres en parcourant des terres qu'il ne connait pas. Il regarde l'activité de la meute longtemps, comme si ce spectacle pouvait lui rendre des choses que les hommes lui ont pris. Le loup a encore des difficultés à accepter qu'il ait été probablement arraché au siens il y a bien des lunes, dans le but d'être dressé comme un chien. Il a encore des difficultés à voir les hommes comme les êtres perfides qu'ils sont réellement. Il peine à oublier l'adulation qu'il leur a porté tout ce temps, obligé de les admirer et de les respecter pour avoir le droit de manger. Il se laisse distraire par ses pensées, se demande s'il a fait partie d'une meute avant de disparaître. Il se demande si quelqu'un l'a cherché, quelque part. Si quelqu'un l'attend.
- Qui es-tu ? Et que fais-tu ici, intrus !?
Il tourne la tête vivement, pour tomber truffe à truffe avec une louve inconnue. A l'odeur, une Navnik. Et à vue, une Navnik peu satisfaite de sa présence en ces lieux. Il inspire profondément, ne montrant aucun signe d'agressivité ou de méfiance. Il sait bien qu'elle n'est pas d'accord avec son intrusion, mais il sait que si elle attaque, il saura se défendre. Le loup est ainsi, il a été dressé pour tuer et il saura le faire à nouveau si sa survie en dépend. Il réfléchit quelques secondes, les oreilles à l'écoute de tout ce qui les entoure et la truffe en mouvement, analysant toutes les odeurs qui volètent partout dans l'air. Il cherche dans son esprit, les mots qu'il doit donner à la louve pour expliquer sa présence. Les mots se délient dans sa tête, les formulations de phrases sont de moins en moins compliquées. Il sait de mieux en mieux parler, à mesure que les jours passent et qu'il rencontre et entend ses semblables. Oui, il a connu ce langage un jour. Il en est certain.
- Je suis un loup, et j'observe ta meute.
Le loup ne connait pas le mensonge, il ne connait pas la méfiance que l'on peut éprouver lorsqu'on entend parler. Le loup ne sait pas que le langage sert aussi à tromper. Alors il lui parait naturel de dire ce qu'il fait et pourquoi il est là. Après tout, que risque-t-il ? Il a depuis longtemps appris ç ne pas craindre la mort, et il saura se battre si tel est le désir de la louve blanche.
Elle était donc toujours dans une position défensive mais elle n'avait pas le choix, il gagnera avec biensûr de belles marques. Elle resta donc méfiante mais arrêta tout bruit ou grognement. C'était sa meute, donc elle devait amener loin d'ici ce loup, jusque hors des frontières. Mine froide, elle n'était pas exposée à faire confiance à ce loup bizarre et vraiment pas entraînant.
- Je suis un loup, et j'observe ta meute.
D'une part il ne disait pas son nom, Ulvys gronda. De deux, il était peut être un espion et ne se gênait pas d'observer sa meute, elle grogna. Elle était très déterminée mais ne vit étrangement pas de menace, comme si ce loup était un peu familier. Elle continua comme même sa défensive et son petit manège de grognement.
- Pourquoi tu observe ma meute ? Tu es comme un intrus et peut être un rival qui veut du mal à notre meute ! Et je sais que tu es un loup, tu es pas un faon, je t'aurais déjà mangé sinon. Quel est ton nom ? Quel es les raisons de ta venu ? Que veux-tu ?
Il fallait que la louve saches. Juste qu'à la fin. Elle n'avait pas peur, car elle se battra jusqu'à la mort, jusqu'à ce que ce loup, ce mâle dise enfin le reste. Elle était déterminée. Elle était remplie de colère intense démangeant ainsi ses crocs intensément blanc, on pouvait même apercevoir un petit fil de bave qui n'attendait plus qu'a mordre dans la chair. L'envie, c'était son moteur, elle était seule, et l'envie de faire souffrir était là. Était elle une psychopathe ?
Elle gronde, le menace par son attitude prête à passer à l'attaque à tout moment. Mais le loup ne bronche pas, il ne voit pas en elle un danger. Il sait pourquoi elle agit ainsi, et il admire ces loups qui protègent les leurs face aux potentiels dangers. Mais, surtout, il voit en elle la possibilité de nourrir son désir de connaissance. La meute Navnik l'intrigue, il veut les connaître. Mais, Djall n'a pas assouvi son désir. Elle ne lui a exposé que les grandes lignes, ne lui appris que le fonctionnement d'une meute dans un contexte général. Le loup, lui, veut connaître l'histoire des meutes, leur passé, ce qui les a fait venir jusqu'ici, ce qui a poussé leurs membres à les intégrer pour en protéger et en nourrir les membres. Le loup veut comprendre ce qui intéresse ses semblables dans la vie de meute. Lui, il n'est qu'un serviteur. Un loup que l'on payera bientôt pour ses services. Il n'est pas un loup de meute, et les Navnik l'attirent malgré tout inexorablement.
- Pourquoi tu observe ma meute ? Tu es comme un intrus et peut être un rival qui veut du mal à notre meute ! Et je sais que tu es un loup, tu es pas un faon, je t'aurais déjà mangé sinon. Quel est ton nom ? Quel es les raisons de ta venu ? Que veux-tu ?
- Je ne veux pas de mal. Je n'ai pas d'identité, louve blanche.
Il l'observe, la détaille sans chercher à l'agacer, mais simplement d'un regard naïf, enfantin. Il ne connait rien à leurs codes. Il ne sait rien de ce qui régit la communication au sein de son propre peuple. Il jour il saura, quelqu'un finira bien par lui apprendre et il retiendra les leçons au fil de ses rencontres. Mais pour l'heure il ne sait que regarder et mémoriser les scènes, essayer de les analyser pour comprendre et imiter les différents comportements de ses semblables en rapport avec certaines situations. Comme un louveteau de quelques semaines, le loup de treize mois à encore tout à apprendre.
- Ma seule intention est l'observation. Me raconterais-tu l'histoire des tiens ?
Mon corps se détendit soudainement. Le fait de me parler instinctivement et sans détour était sûrement la cause. Pourtant j'étais toujours méfiante à ton propos. Sur mes gardes et prête à te bondir dessus pour te finir. Car j'étais faible mais plus pour longtemps.
"Je ne veux pas de mal. Je n'ai pas d'identité, louve blanche."
Il semblait parfaitement quelqu'un qui ne savait pas encore qu'il était, qu'il ne savait pas et qu'il était complètement sincère.
- Ma seule intention est l'observation. Me raconterais-tu l'histoire des tiens ?
J'avais aussi besoin de me confier mais j'avais besoin d'être sûr que ce louveteau n'était pas un espion. Toujours debout en position défensive, je n'avais guère la peur de te tuer, guère la peut de mourir face à un louveteau non, j'avais peur de ne pas savoir protéger les miens.
- Très bien, je te dirais ce que tu souhaites dans la mesure du raisonnable pour ne pas enfreindre les règles de ma meute. À une seule condition.
Il y une et unique condition. La confiance ne régnait pas en elle pour ce loup mais elle se détendait de plus en plus. De toute manière, elle n'allait rien dire sur les petits secrets de sa meute.
- Je veux que tu t'en ailles et que tu ne reviennes sous aucun prétexte sur les territoires Navniks. Sinon, là prochaine fois, je te tuerais. Ce n'est guère contre toi, car si notre rencontre c'était faite hors ces terres. J'aurais été beaucoup plus simple et "gentille".
Elle avait la hargne d'une guerrière, la domination d'une Alpha pourtant elle n'était guère cela. Elle était jeune espionne avec des rêves pleins à la tête. Des ambitions plus que surprenante pour assouvir sa soif de pouvoir.
- Très bien, je te dirais ce que tu souhaites dans la mesure du raisonnable pour ne pas enfreindre les règles de ma meute. À une seule condition.
Le loup la regarde avec grand intérêt. Il est prêt à promettre n'importe quoi. Il est prêt à donner tout ce qu'il a pour savoir, pour apprendre ce qu'il ignore de cette meute. Il veut comprendre ce qui lui manque, il veut savoir pourquoi ses pattes le portent inlassablement jusqu'ici, sur ce promontoire, pour observer toujours les mêmes loups.
- Je veux que tu t'en ailles et que tu ne reviennes sous aucun prétexte sur les territoires Navniks. Sinon, la prochaine fois, je te tuerais. Ce n'est guère contre toi, car si notre rencontre c'était faite hors ces terres. J'aurais été beaucoup plus simple et "gentille".
Il marque un temps d'arrêt, son regard s'écarquille tandis qu'il la fixe dans les yeux. Le menace-t-elle de mort ? Lui demande-t-elle de disparaître pour ne jamais revenir ? Croit-elle qu'elle pourra empêcher le loup de revenir ? Elle ne sait pas. Ne comprend pas qu'il n'est pas là délibérément Que ce sont ses pattes qui le guident, que son cerveau refuse de lui transmettre la raison qui le mène toujours à ce même emplacement. S'il était assis, légèrement de dos, et qu'il avait tourné la tête pour la regarder depuis le début de la conversation, le voilà qui se lève lentement et qui s'approche d'elle, sans la quitter des yeux. Son regard brun est empli d'une sincérité profonde.
- Je partirais. Mais, louve blanche, je reviendrais ici. Mes intentions ne sont pas mauvaises, et je ne saurais promettre une chose qu'il me serait impossible de faire.
Non, il ne saurait se délier de cette meute à laquelle son cerveau l'a enchaîné. Il ne saurait quitter les terres pour ne jamais y revenir, alors que ses pattes y accourent dès qu'elles en ont l'occasion. Et si la louve refuse de lui raconter, si elle désire lui faire quitter les lieux, le loup reviendra et trouvera un autre Navnik pour entendre leur Histoire. Peu lui importe, après tout.
Je fus surprise. Je fus si surprise, il était fort..Je ne le niais en aucun cas. Je le regarda de mon regard écarquillait. Il l'observait si étrangement..mon cœur se serra.
- Je partirais. Mais, louve blanche, je reviendrais ici. Mes intentions ne sont pas mauvaises, et je ne saurais promettre une chose qu'il me serait impossible de faire.
Je hochais la tête d'un air peu satisfait. Pourtant je ne peux faire autrement, j'étais pulverisée en cas d'attaque. Je soupira longuement puis m'approcha plus près de l'intrus, je m'assis tête basse. Puis releva le poitrail d'un air fier. Prête à lui dire ce qu'il voulait mais dans la mesure du raisonnable.
- Très bien. Que veux tu savoir jeune loup ?
Je tournais la tête, un sourire en coin. Il était jeune, mignon. Mais je n'étais pas une couguar non plus. J'attendais sa réponse en me questionnant sur ses véritables intentions.
Elle acquiesce en silence, ne semble pas en colère de la sincérité du loup, même si la réponse du jeune mâle ne l'a visiblement pas satisfaite. Elle s'approche de lui, il reste sur ses gardes un instant, mais abaisse rapidement ses défenses. Elle ne lui veut pas de mal, sinon elle aurait déjà attaqué. Les Navniks ne sont pas des lâches. Ils n'attaquent pas en traître. Le loup ignore comment, mais il le sait.
- Très bien. Que veux tu savoir jeune loup ?
Son visage s'illumine. Alors elle va répondre à ses questions ! Elle va lui apprendre ce qu'il ne sait pas ! Elle va éclairer les zones d'ombre de son passé ! Il grimace. Il aurait aimé savoir sourire, mais il ne connait pas, alors ses babines s'étirent en un rictus ridicule. Il s'assied à son côté, repose son regard sur les loups en contre bas. Ils sont vifs, ils sont fiers de leur meute. Ils vivent comme lui n'a jamais vécu, et les voir lui suffit à croire qu'il existe un autre mode de vie, que l'arène n'est pas son avenir et que son passé peut être la base d'une vie meilleure.
Je fus surprise. Mais je lui dirais ce que je veux lui dire. Mon cœur se serra. Je fis un grondement léger.
- Racontes-moi comment ta meute est née.
Je fis un petit sourire, et le regarda de haut.
- Bien.
Je m'installa correctement afin de faire mon petit récit.
- Je suis arrivée il y a quelques mois, pourtant je connais l'histoire de cette meute. Je faisais partie des Esobeks.
Mon coeur se serra. Un flot de souvenirs me parvint. Mais je ne me laissa pas perturber par ces souvenirs.
- La création de cette meute a été par Isha un Hordien et Atom. Ils avaient alors un amour fantastique. Ils étaient solitaires. Jeunes. Ils avaient alors eu des louveteaux. Et une meute se forma. Voilà. Je préfère être bref mais poses moi n'importe quelle questions.
Je lui fis un petit sourire provocateur. Cette histoire n'était pas palpitante. J'avais fait exprès.
Le loup observe ses semblables en contre bas, ils vivent comme si lui n'existait pas. Ils vivent comme une meute, comme un groupe d'individus qui se connaissent parfaitement les uns les autres alors que lui, tout seul, ne connait personne. Il se sent terriblement esseulé depuis qu'il s'est levé pour rejoindre la forêt, pour se mêler à ses semblables. Pourtant il écoute, vaguement, avec intérêt les paroles de la louve blanche. Elle lui conte l'histoire de sa meute, de sa famille. Elle lui raconte comment deux solitaires ont lié leur amour l'un pour l'autre et ont donné naissance ) des louveteaux pour fonder leur propre meute. Elle lui raconte comme un lui, un jour, a pu voir le jour. Mais ce n'est pas son histoire, c'est l'histoire de ses sembles, l'histoire que les Hommes ont supprimé de sa mémoire pour faire de lui un vulgaire chien de combat, une arme de guerre meurtrière et impitoyable. Il regrette, aujourd'hui, de n'avoir pas su se battre contre ses bourreaux. Il regrette d'avoir été si docile, finalement.
- Poses-moi n'importe quelle question.
Il tourne son visage vers elle, réfléchit en silence. N'importe quelles questions. Il pourrait lui demander n'importe quoi, elle accepterait de répondre. Mais, pour aujourd'hui, le loup ne voulait qu'apprendre ce qu'elle lui a déjà raconté. Et, cette idée de solitude le rend morose, nostalgique. Il aimerait se rappeler d'où il vient, savoir enfin s'il a une famille qui l'attend quelque part, qui le cherche. Il aimerait savoir s'il manque à quelqu'un, peu importe qui cela pourrait-il être. Il soupire doucement. Non, il n'a pas d'autres questions. Et, pour aujourd'hui, pour l'instant, il veut bien accepter de rendre la louve blanche à sa meute, de lui rendre sa sécurité. Il se lève, fait demi-tour et observe une dernière fois la meute en contre bas. Peu importe pourquoi ses pattes l'emmènent toujours ici. Il aime cette endroit, et il aime voir vivre ses semblables, même s'il ne les connait pas et ne les connaîtra probablement jamais. Un léger sourire étire ses babines, mais il ne s'en rend pas compte.
- Merci, louve blanche. Je m'en vais quitter vos terres, maintenant.
Et, sans attendre qu'elle le retienne ou lui réponde, il s'éloigne déjà du promontoire au petit trot. Il sent que quelque chose change, en lui. Il apprend. Il mûrit, évolue. Et un jour, bientôt, il sera de nouveau comme eux. Un loup sauvage. Libre.
Je fus surprise. Devons nous nous quitter ainsi ? J'étais boulversé ce loup me faisait il de l'effet ? Impossible. Je chassa mais pensées séducteur, et lui lança un regard interrogateur. Je le connais pas.
- Te reverrais je ?
Je fus surprise de ma teinte de voix qui était douce et simple. Je fus surprise par ma moi même. Je me retourna alors, face à lui. Que fais-je ?
- Le loup voudra tu me revoir ? Je sens en toi quelque chose de différent. J'aimerai..te connaître.
Mon coeur bondit. Je suis vraiment une femelle si naïve. Que dis je ? Je suis une bonne à rien qui tombe sous le charme de tout les mâles, même ceux réservé. Elle baissa la tête.
Oui, il s'éloigne. Oui, il va s'en aller, retrouver sa solitude et rendre à la louve blanche le territoire de sa meute. Il va disparaître entre les arbres et se fondre dans l'obscurité des bois pour ne plus être qu'une ombre parmi les ombres. Mais avant qu'il ait fait cela, avant qu'il ne soit plus qu'un loup parmi les loups, la louve blanche l'interpelle. Elle lui demande, chose étrange alors qu'elle désirait le voir partir, si ils se reverront. Il s'arrête, elle continue. Est-ce que lui, désirera la revoir ? Elle dit qu'il l'intrigue, qu'elle aimerait en savoir plus sur lui. Oh, louve blanche, lui aussi, il aimerait en savoir plus. Mais pour l'heure, le temps n'est pas à la vérité, et les réponses se cachent au fond de son esprit. Il se tourne légèrement pour la regarder une dernière fois, et les secondes qui s'étirent entre les deux semblent sceller la promesse d'un au revoir.
- Je reviendrais ici. Souvent.
Il lui laisse le choix de l'y retrouver. Il la laisse décider si elle voudra elle, le revoir. Parce qu'après tout, c'est lui qui s'introduit sur des terres qui ne lui appartiennent pas. C'est lui qui n'a aucun droit de passage et qui en use malgré tout. Alors, il peut bien au moins se limiter à cet endroit, afin de ne pas empiéter davantage sur le territoire d'une meute qui le tolère déjà bien assez. Sur ces mots, voilà le loup qui disparaît, et qui devient ombre parmi les ombres.
Il s'arrêta, se tourna vers moi et plongea ainsi son regard en moi.. Un frisson me parcourra. Pourquoi ? J'ai été froide avec ce solitaire et maintenant je me fais avoir. Mais bon je tenais toujours cette position fier et endurci.
- Je reviendrais ici. Souvent.
Son expression fit surprise. Elle hocha la tête et regarda la forme du jeune loup se mêler aux ombres des bois. D'un soupir, elle se tourna, baissa la tête et s'en alla ainsi reprendre encore le cours de sa solitude. Qui semble être l'activité de toute une vie.