Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le temps est presque venu, les heures sont graves. Voilà une heure que je marche sans discontinu pour atteindre le parfait lieu d'entraînement. Un entraînement qui se déroulera en solo, cette fois. Maître Ebène ne sera pas là pour me guider, mais je me souviens des exercices que nous avons effectué, et cela suffira pour délier mes muscles et apprendre à maîtriser mon souffle. J'ai déjà passé les terres du Nord, aux aguets. J'ai senti les effluves de plusieurs loups, peut-être que je fus observée par certains. Mais tout semble figé, ces derniers temps. Vide, sans saveur.
Je parviens aux abords d'un gouffre immense, dont les relents de souffre me font plisser le nez. Mes pattes sont écorchées suite aux nombreuses ronces que j'ai foulées pour venir ici. Il fait clair, mais la terre est noire, éclairée d'un faible halo rouge qui provient du fond du trou profond. Cette brèche est très large, peut-être un kilomètre de diamètre, et j'y vois là l'espace parfait pour travailler mon endurance. Faire le tour du gouffre sera un bon entraînement. Un peu plus loin du bord, j'aperçois quelques maigres arbres morts dont les branches sont presque toutes arrachées. Je m'y rends, renifle prudemment autour de moi puis attrape solidement une branche entre mes crocs. Je la tire sur plusieurs mètres, m'arque-boutant sur moi-même, puis la dépose. J'en fais de même avec d'autres, et je les place ainsi à deux mètres les unes des autres, parallèlement. Je regarde mon travail, plutôt satisfaite.
Je prends position à l'endroit que j'ai désigné être la ligne de départ, et je m'élance d'un bond, les oreilles en arrières. Je prends une course rapide, et je me force à enjamber ces maigres obstacles entreposés. Hop, hop, hop. Et j'accélère l'allure entre chaque branche, et je saute à nouveau. J'enchaîne ainsi plusieurs fois le parcours, repartant sur mes traces une fois finie. De nombreuses minutes passent ainsi. Je sens mon coeur battre, mes muscles s'échauffer, ma respiration s'accélérer. Je me force à continuer, toujours et encore. Puis, quand je sens le souffle me manquer - stupide tare ! - je ralentis l'allure, et finis de sauter les dernières branches avec agilité. Ma poitrine se soulève rapidement, j'halète bruyamment, mais mon entraînement est loin d'être fini.
Mon regard se pose sur le gouffre un instant, je prends quelques longues inspirations, puis je m'élance le long de la large brèche. J'entame un rythme modéré, la gueule légèrement ouverte pour approfondir ma respiration. Je parcours quelques mètres, contrôlant le rythme de mes pattes, le pelage parcouru par la brise chaude de la Blessure. Un kilomètre. Je sens l'habituelle brûlure le long de ma trachée, celle qui m'indique le point auquel je me serais arrêtée autrefois. Mais je continue, le regard fixé droit devant moi et les muscles tendus par l'effort. Deux kilomètres. Je commence à prendre de l'allure, accélérant par paliers comme me l'a appris Maître Ebène. C'est tellement instinctif de courir, et pourtant si dure par moments. Mon corps se ramasse et se tend à un rythme de plus en plus effréné. La battue de mes pattes contre le terre dure est un bruit régulier et rapide, et je file comme une boule blanche à travers la steppe désertique. Trois kilomètres. Je pense avoir atteint une vitesse convenable. Trop concentrée, je ne me suis aperçue à quel point mes muscles me font souffrir. Quatre kilomètres. Ma respiration tient, mais mon corps me lâche sur ce coups. Je ralentis lentement, par paliers encore une fois, et je finis au petit trot léger, la langue à demi-pendue pour reprendre mon souffle. Quelques étoiles se mettent à danser devant mes yeux, et je sens les veines de mes tempes pulser à rythme rapide.
Je retourne au point de départ. Aucun répit, je me remets à courir dans un rythme certes moins soutenu, mais tout de même poussé pour ma faible condition physique. Je sens que mes artères se sont décrassées, et je respire, certes avec des sifflements, mais avec plus d'aise. Les mouvements amples de ma poitrine en atteste. Les oreilles aplaties, j'avance sans me soucier du reste. Il me faut m'améliorer, il me faut devenir plus forte pour me préparer à la guerre. Je ne décevrai pas ma Meute. Ce bruit en trois temps me bercerai presque, si mes muscles ne me rappelaient pas que c'était moi qui courrait. Je parcours les quatre kilomètres en de longues minutes, le poil trempé de sueur et de poussière brune. Mes coussinets sont sanglants. Je retrouve mes bâtons alignés, et j'avise une vieille souche d'arbre dégarnie d'écorce. Piètre coéquipier, mais ça suffira. Je m'en approche lentement. Après avoir décris quelques cercles autour, je bondis brutalement et atterris sur la surface plane de la souche, le dos légèrement arrondi. A peine mes pattes ont-elles effleurées le tronc que je bondis à nouveau pour atteindre le sol. Cette tactique, dans un vrai combat, m'assurerai un déséquilibre de l'adversaire, mais également une certaine exposition que je ne dois pas négliger. Une fois au sol, je me retourne et fais mine de mordre le vide. Le plus rapide possible, j'attaque et me retire, assénant les coups sur la moindre parcelle possible. J'évolue en pirouette, les pattes avant tendues griffant l'air avec assurance et les crocs dégarnis. A nouveau je bondis sur la surface plane, pour à nouveau rejoindre le sol. Nouvelle pirouette, j'enchaîne les gifles et coups de griffe, mimant l'attaque avec quasi-perfection.
Fiche de personnage force: (100/100) agilité: (100/100) endurance: (100/100)
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Messages :
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Points :
994
Âge Personnage :
X ans
Rang :
Rang
Niveau Rang :
Niveau
Maladie :
Blessure :
Détails blessures :
Pas de Blessure
Détails maladie :
Pas de Symptôme
Bonus Force :
+0
Bonus Agilité :
+0
Bonus Endurance :
+0
Bonus score de chasse :
Score de chasse : +0
Nombre de lancers quotidien :
Nombre de Chasse : +0
Bonus Santé :
Bonus Santé : 0
Bonus/Malus Autres :
Bonus/Malus Autres (autres dés)
Compétence d'élite :
Ven 2 Oct - 17:58
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'Dé de chasse' : 10
Invité
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Ven 2 Oct - 19:34
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Entraînement solo
Je me retourne brusquement. Un bruit a attiré mon attention. Un bruit que je crois bien connaître. Je relève la tête, les pupilles de mes yeux vairons dilatées par l'instinct de chasse qui s'éprend de moi. Mes pattes se campent, mon souffle se calme automatiquement, et j'écoute avec une attention redoublée. Un craquement. Et, en un rien de temps, l'effluve fraiche d'une jeune chevreuil me parvient. J'inspire profondément, attentive. Et, en une fraction de seconde, je démarre. Je m'enfonce dans le bosquet qui borde mon terrain d'entraînement et m'élance avec frénésie à la poursuite de cette proie. L'odeur du sang est présente: l'animal est blessé mais peut tout de même courir. J'entends sa battue devant moi, et je redouble d'effort pour l'atteindre. Sur mon chemin, je trouve branches et troncs abattus que je bondis avec agilité, le corps tendu à l'extrême et tous les sens réveillés. Nous arrivons près d'un étang boueux et j'aperçois enfin ma proie. Elle nage, au désespoir, dans cette vase puante dans l'espoir de m'échapper. Cela n'arrivera pas. Je m'élance sans une hésitation, mes pattes éclaboussant mon pelage blanc de ce liquide impur. Je me mets à patauger, donnant de forts coups de patte. La vase m'arrive presque au poitrail, limitant mon mouvement, mais également celui du chevreuil. Je l'atteins presque… Essoufflée et frustrée, je me débats avec la force du désespoir. Ma proie aussi. Cependant, je remarque une profonde entaille sur son épaule droite: une entaille que je trouve être en zigzague, dentelée.. Et je me dis que ce sont les hommes qui ont du faire ça. Dans un bond rendu ridiculement lent par l'eau boueuse, je me retrouve derrière la bête et lui mords violemment le flanc. Dans un regain de peur et d'énergie, le chevreuil bondit et atterris sur la rive, les pattes flageolantes et dégoulinantes. J'en fais de même, plus lente que je ne l'espérais. Mais mon échauffement me rend plus alerte et réactive, et je parviens à sortir de l'eau. Je cours sans attendre, derrière l'herbivore qui trébuche, essayant tant bien que mal de m'échapper. Et puis je saute triomphalement, plante mes griffes et atteins sa jugulaire.
La bête est d'une taille modeste. Cependant, mon triomphe reste grand à mes yeux. Elle est inerte, les oreilles aplaties, les yeux vitreux et les pattes à demi-repliées. Je la renifle avec délectation. Un regard derrière moi m'annonce que je suis loin de mon terrain d'entraînement du Gouffre, et il me faut y retourner. Avec la proie. Et puis l'idée me vient: prendre la carcasse sur mon dos et la porter jusqu'au Gouffre, pour éprouver ma force et mon endurance. Je tourne autour du chevreuil, enfouis mon museau dans son pelage et parvient tant bien que mal à glisser sous son ventre, les griffes labourant le sol avec difficulté. L'herbivore se retrouve sur mon dos, les pattes avant de mon côté droit et les pattes arrières de mon côté gauche. Elle pendouille mollement, la langue sortie. Je me suis relevée non sans difficulté, et je me demande comment je vais parvenir à rester debout pendant tout le chemin. Je me mets en marche d'un pas lent et laborieux, écrasée par le poids. Mes empruntes sont deux fois plus profondes que d'habitude, et je sens déjà mes muscles trembler sous l'effort. Dans l'idée d'améliorer ma condition, je prends le trot et avise la mare boueuse à quelques centaines de mètres devant moi. Pas question de la retraverser. Serrant les crocs, je m'enfonce dans les broussailles, mon pesant fardeau sur le dos, dans l'espoir de trouver un moyen de contourner. Je garde une allure soutenue: plus j'irai vite, moins le trajet sera long. Mon dos est courbée mais tendu à l'extrême, et je vois les muscles de mes pattes ressortir. J'halète à présent. Il me semble que le trajet ne finira pas. Je suis concentrée, le regard fixé sur l'horizon. Je dois y parvenir, je dois endurcir ce corps de louve. Alors je continue de trottiner d'un pas lourd, sentant le tressaut régulier du chevreuil contre mon échine. Je passe peut-être un kilomètre et demi. Deux. Trois. Je ne sais même pas comment j'y parviens. Je n'en peux plus, je tremble de tous mes membres. La sueur me trempe le pelage, j'ai le souffle coupé. C'est proche de m'écrouler que j'aperçois mon terrain près du Gouffre, et presque jappante de joie, je me force à accélérer une dernière fois, manquant de laisser tomber mon herbivore. Je le dépose plutôt violemment, puis roule sur le dos en respirant bruyamment. Je crois que je ne pourrais pas faire plus aujourd'hui.
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