“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”

n soi, Odyssée n'était rien de plus qu'un troll. Une mauvaise blague. Elle n'avait jamais demandé à être là ; pourtant elle y était, peu importe ce qu'elle aurait pu en penser. Toujours, elle avait vécu sans plus se poser de questions que le strict nécessaire. Pourquoi ? Parce que les réponses faisaient toujours trop mal. Ou peut-être bien était-ce que son cerveau dysfonctionnait complètement. Pour le coup, ce dernier constat ne l'étonnait même pas. Les cinq premiers mois de son existence, elle les avait passé sous terre, entouré de gens qui soit la méprisaient, soit n'en avaient pas grand chose à foutre. Je peux le dire sans craindre d'être contredite : ce genre de chose n'amenait rien de bon.
C'était ça qui était drôle. Un jour elle était venue au monde et tout ce qu'elle avait récolté c'est qu'on lui crache à la gueule chaque jour qui passe, alors que tout ce qu'elle essayait de faire, c'était, justement, de se faire aimer un peu. Mais il semblerait que ce soit une vaste perte de temps. Odyssée n'était pas quelqu'un qui se prêtait à être aimé. En fait, c'était plutôt le contraire. Ses manies de chieuse ne l'aidaient guère.

Toutes ces sombres pensées ne lui laissaient qu'un vague goût amer dans la bouche, alors qu'elle peinait à avancer dans cet endroit mal éclairé. Lugubre. Elle lança un regard aux murs à la peinture verte écaillée, soupirant. Qu'est ce qu'elle foutait là après tout, bordel? Cet endroit ne lui inspirait rien de bon. Et pour cause, la seule odeur qu'elle parvenait à capter depuis le début était un horrible mélange de chimique et de pourriture. Avec une petite touche de renfermé. Ça puait la merde oui ! Elle secoua la tête puis s'assit, tentant de se rappeler l'exacte raison du pourquoi du comment. En se levant ce matin, l'arctique avait décidé d'aller chasser. Oui. Ensuite... Elle avait dû quitter le territoire à un moment. Elle jeta un regard aux machines de productions rouillées autour d'elle. Sans doute que ça aurait pu être la cachette de quelques proies ici. Mais non. Une imperceptible lueur de résignation brillait dans son regard. Odyssée n'avait pas envie de faire demi tour les pattes vides, elle devait faire quelque chose. Les derniers rayons du soleil ensanglantaient le sol de leur lueur pourpre. Un frisson lui parcouru l'échine.

Quelque chose avait changé dans l'atmosphère. Son regard parcouru frénétiquement la pièce alors que ses oreilles s'agitaient, cherchant la source du malaise. Impossible de se fier à son odorat accablé par ces odeurs nuisantes. Un léger bruit de pas, un mouvement furtif qu'elle perçu du coin de l’œil. La louve eu à peine le temps de sauter sur ses quatre pattes qu'une douleur lancinante à l'épaule l'assaillait. Un couinement pathétique lui échappa, alors que ses yeux s'ouvraient sous le choc. Pour une fois elle n'avait rien fait pour mériter ça ! Un mâle s'acharnait à planter ses crocs aiguisés dans son épaule, labourant son échine avec ses griffes. Sans plus réfléchir, elle se recula, tentant d'attraper tout ce qui était à portée de crocs, paniquée. Elle réussi à saisir quelque chose de tangible, ce devait être la patte de son assaillant. Un goût de sang lui envahit la gueule alors qu'elle s'acharnait. Soudain elle roula sur le dos, pour le déséquilibrer avant de se relever aussitôt. Mais plutôt que de continuer le combat, elle se recula pour se mettre hors de portée. De sa vie, jamais elle ne s'était battue. Elle n'avait même pas encore commencé son entraînement. Ce n'était pas le moment de s'y mettre, franchement elle passait son tour. Son échine restait hérissée, son souffle court, mais elle ne comptait pas repasser à l'assaut. Le seul moyen qu'elle connaissait, c'était la parole.

« STOOOOOP ! » hurla-t-elle, redressant sa tête pour le toiser. Le mouvement lui tira une grimace, sa blessure à l'épaule la tiraillait. « T'ES QU'UNE SALOPERIE DE MALADE MENTAL ! » Elle fit une courte pause. Certainement pas la bonne tactique. « Tu pourrais te calmer ? Tu m'as fait mal, tu sais ça ? Je devrais te faire la peau. Mais tu sais quoi, je suis quelqu'un de civilisé moi ! JE n'attaque PAS les gens sans raison. »

Le loup en face avait un regard a faire peur. C'étaient les flammes de l'enfer qui dansaient dedans. Il devait avoir de sacrés problèmes, mais ce n’était pas sa faute ! Alors pourquoi tant de haine ?

« Pourquoi tant de haine hein ? J'suis innocente. Et tu ferais mieux de me répondre. C'est jamais bon de tout garder sur soi. Tant qu'à faire je préfère t'écouter que de me faire passer à tabac par un mec en rogne. »

Sa voix rauque résonnait étrangement dans la pièce d'usine, se mêlant au bruit sa respiration laborieuse. Elle faisait preuve d'un self contrôle sans nom pour la garder calme. Ne pas élever a voix. Le but, c'était de dialoguer. Peut-être même de l'apaiser.

La louve tenta de calmer les battements effrénés de son cœur qui semblait vouloir lui sortir de la poitrine. Quelque chose de chaud semblait couler de son épaule... Génial. Son regard orangé ne lâchait pourtant pas l'inconnu, craignant qu'il ne se ravance. Elle se rendit soudain compte de l’exiguïté de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Sa seule issue se trouvait derrière lui. Mauvais signe. Malgré tout, elle ne ressentait même pas de la haine envers ce loup. Elle était juste choquée et un peu effrayée, il fallait avouer. C'était sa propre mort qui lui pendait au nez. Il n'avait pas l'air beaucoup plus âgé qu'elle mais.. il était plus puissant. Sans doute assez pour lui faire passer un sale quart d'heure. Il fallait qu'il l'écoute, c'était sa seule chance.

Starseed