Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le loup a une bonne mémoire, et elle s'éveille de plus en plus au fil des jours qu'il passe ici. Il a entendu parler des meutes, de ces clans qui se lient et se délient, de ces loups qui s'aiment et se haïssent. Et le loup est curieux, il veut comprendre ce qui se passe réellement dans la tête de tous ses semblables, pour qu'il puisse y avoir tant de lois, tant de mondes différents sur une même terre. Alors, poussé par son instinct, il a rejoint des terres qui sentait une odeur étrange. Une odeur qui réveille en lui des images, des souvenirs d'effluves familiers. Il se fiche pas mal de croiser des loups agressifs, il veut juste voir de ses propres yeux. Il ignore à laquelle des trois meutes appartiennent les terres qu'il foule. Il rejoint un promontoire en hauteur, sous le couvert des conifères, et il observe la vie en contrebas. Il pourrait avoir l'air d'un étranger suspect, mais il s'en moque éperdument. Il veut voir, c'est tout. Il essaie de regarder les loups les uns après les autres, de les reconnaître entre eux. Il essaie de visualiser leurs rôles, et il s'étonne encore souvent de voir ces êtres se côtoyer sans que rien ne provoque aucune bagarre.Il est fasciné par ce mode de vie loin de ses habitudes à lui. Depuis combien de temps n'a-t-il pas vu de sang ? Quelques heures seulement, puisqu'il ressort d'un combat terrible. Mais il se sent plus frais que jamais malgré ses belles ecchymoses. Il est pris d'une certaine nostalgie, et d'une grande curiosité. Il a vraiment envie de comprendre comment tourne ce monde dans lequel son Dieu l'a abandonné. Il veut réapprendre à vivre. Alors il reste là des minutes, des heures durant, à observer la vie en contrebas.
Quelque chose a changé. Ce n'est pas tant les nouveaux visages et les paires d'yeux soit curieux soit véhéments qui la regardent. Ni vraiment le paysage familier qu'elle ne reconnaît pas. Ce n'est pas non plus le tas d'odeurs qui s'entasse pêle-mêle dans ses narines. Non, en réalité, c'est un parfum particulier qui interpelle la louve. Ce-dernier ne correspond à rien de descriptible ou sur lequel elle puisse poser un nom, une image. Et alors que la perdition la désœuvre, Djall décide de suivre ce fumet étrange puisqu'elle ne sait plus comment se comporter, ou même qui chercher. Rapidement, ses foulées la mènent au pieds d'un monticule de terre battue sur lequel trône un parfait inconnu. Au premier coup d'oeil, la femelle se rend compte qu'il est le loup avec lequel elle a le plus de point commun ici. La même incompréhension qui peuvent se lire dans les yeux bleus de Djall, se lit dans ceux de l'étranger. Malgré le désemparement que ressent la Navnik, celle-ci comprend que l'animal face à elle est encore moins à sa place qu'elle-même.
« - Bonjour ? s'exclame Djall. »
Ses mots sonnent à la manière d'une question. En est-ce vraiment une ? La louve grise ne le sait plus vraiment.
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Lun 21 Sep - 20:36
The past is never far away
F: 14 - A: 17 - E: 11
- Bonjour ?
Le loup tourne lentement son regard brun vers la voix qui l'a interpellé. Il détaille alors un autre loup, qu'il n'a jamais vu, et dont il hume par instinct les effluves. A courte distance, il n'a aucune peine à enregistrer toutes les odeurs dont son pelage est porteur. Des nuances de musc et d'autre chose, quelque chose qui est étrangement familier au loup. C'est qu'il a croisé beaucoup de loups en peu de temps. Il ignore encore quelles odeurs appartiennent à qui. Le ton sur lequel l'inconnu s'est adressé à lui semble interrogatif. Est-ce qu'il faut demander la permission avant de saluer ? Le loup ignore même l'intérêt de saluer. Il n'est pas sûr de comprendre pourquoi l'inconnu le fait. Il hume encore quelques secondes. Se rappelle de Namîthil. Femelle. Cet inconnu n'est pas un, mais une inconnue. Il est perplexe, à vrai dire. Alors, puisqu'il ne sait pas encore comment se comporter, il fait comme les louveteaux, il imite.
- Bonjour ?
Il s'efforce de humer encore. Puis il se tourne à nouveau vers la meute en contrebas, et il renifle à nouveau. Pour sûr, cette femelle fait partie du clan.
- Tu es des leurs.
Ce n'est pas une question. Le loup apprend, mais il apprend seul. Il ignore comment poser des questions, et à qui. Mais il est certain d'une chose : les loups qui portent une odeur commune font partie de la même meute. Et, puisqu'il observe la meute de cette femelle, il en vient à se demander ce que signifie la vie de meute. Comment ces loups arrivent à vivre ensemble.
- Une meute.
Il se rend bien compte qu'il est gauche, qu'il n'a aucune idée de la manière dont il faut s'y prendre pour s'instruire. Il ne sait que remarquer, constater. Alors il fait ce qu'il sait faire, et ce sans plus regarder la femelle qui se trouve non loin. Cependant, discrètement, ses oreilles restent à l'écoute des mouvements de l'inconnue, dans le cas où elle déciderait de l'attaquer. Il a trop d'expérience dans les combats pour se laisser berner si facilement. Il ne baissera pas sa garde si vite.
Si jusque là Djall se sentait perdue et dépaysée, après cette rencontre elle ne sait plus quoi penser. Le loup brun et gris a à peine bougé après l'interpellation de la Navnik, et celle-ci frappe sa grosse patte grise sur le sol poussiéreux en exprimant son impatience.
« - Bonjour ? Répliqua-t-il en imitant à la perfection la façon dont s'était exprimée Djall. »
Un éclair d'incompréhension vint assombrir le regard cyan de la louve.
« - Tu es des leurs, constata-t-il d'un ton placide, une meute. »
Les poils aux multiples nuances de gris de la femelle ondulent sous un rayon timide de soleil alors que celle-ci se déplace en direction du sommet de la dune où se tient l'autre loup. Elle renifle l'air autour d'eux, et l'odeur de son interlocuteur étrangement imprégnée de celle des hommes lui confirme le fond de sa pensée.
« - Une chose est sûre c'est d'où je viens, commence Djall, mais une chose moins sûre, d'où tu viens ? »
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Mar 22 Sep - 21:33
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Elle le rejoint sans plus attendre. Le loup reste immobile, mais ses muscles se tendent imperceptiblement. Il n'est pas confiant, bien au contraire. Il ignore les intentions de la louve, et si lui est prêt à ne plus attaquer dès le premier échange de regards comme il le faisait lorsqu'il a débarqué dans la forêt, il n'en n'est cependant pas au moins de devenir naïf. Il n'accorde pas sa confiance à cette femelle qui n'a aucune intention transparente, et de laquelle il s'attend à tout. Pourtant elle n'attaque pas. Pas tout de suite. Le loup a compris que la plupart du temps, ici, les individus se questionnent avant de passer à l'offensive. Comme s'ils avaient besoin d'une raison pour abattre leurs crocs et leurs griffes sur un quelconque ennemi. Le loup n'a pas appris ça. Il a appris qu'il fallait tuer pour vivre, et la communication n'a jamais rien eu à voir avec l'arène.
- Une chose est sûre c'est d'où je viens. Mais une chose moins sûre, d'où tu viens ?
Le loup se tourne, lui fait face. Il la fixe dans les yeux de longues secondes, cherche dans son regard particulier ce qui la différencie des autres. Alors il constate à nouveau, mais pour lui-même cette fois. Presque tous les individus qu'il a rencontré durant ces deux derniers jours, lui ont demandé de s'identifier, de donner un mot qui le définirait et avec lequel les autres pourraient l'appeler. Elle, elle ne veut pas connaître ce mot. Elle veut savoir d'où il vient. Le loup se rappelle d'où il vient, bien sûr. Mais quels sont les mots pour l'expliquer, le faire comprendre à la louve ? Il hésite longtemps, laisse passer de nombreuses secondes avant de trouver enfin une formulation qui lui paraît convenir. Mais finalement il se ravise, il n'est plus sûr de ce qu'il s'apprêtait à dire. Alors, dans un signe de tête placide, il monde une direction. Il suppose que les hangars sont par là-bas, par delà les forêts qu'il a foulé pour atterrir ici, près de la femelle adulte.
L'inconnu a l'air totalement perdu. Djall préfère garder une distance de sécurité car malgré que l'étranger ait l'air inoffensif, sa défiance n'a d'égale que celle de la Navnik. Du coin de l'oeil, la femelle grise observe l'anonyme qui soudain pointe du bout du museau une direction incertaine. De son regard cyan, Djall tente de percevoir ce que le loup lui indique dans l'horizon bleu. D'après les connaissances que la guerrière a acquise en faisant son voyage en solitaire, l'endroit imprécis que désigne l'animal muet est un lieu où s'amassent les hommes. Un endroit sombre et dangereux pour tous loups censés. Une ombre d'incompréhension vient assombrir le bleu des yeux de Djall.
« - Je ne suis pas sûre de comprendre loup, tu viens de là où vivent les hommes ? s'étonne la louve à la fourrure argentée.
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Jeu 24 Sep - 20:16
The past is never far away
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- Je ne suis pas sûre de comprendre loup, tu viens de là où vivent les hommes ?
Il acquiesce avec véhémence. Elle a compris ! Elle a compris ! Quelque chose fourmille à l'intérieur de lui. Quelque chose qu'il ne connaissait pas. Contentement ? Oui, il semblerait que ce soit quelque chose comme ça. Du contentement. Une certaine satisfaction. De plus, ce mot qu'elle a utilisé pour le nommer, plait beaucoup au loup. Après tout sans nom, il ne reste qu'un loup. Alors, tant qu'il n'aura pas trouvé le mot exact pour se définir, pourquoi ne pas simplement être un membre de son espèce ? Oui, le loup semble avoir trouvé le mot qu'il donnera désormais à ses semblables lorsqu'ils souhaiteront connaître son identité individuelle. Lorsqu'ils voudront le différencier des autres. Il ne grogne pas, mais il sent que ses babines menacent de se retrousser dans une grimace qu'il n'avait jamais faite avant. Une grimace qui s'accorderait bien, selon lui, à ce qu'il ressent en ce moment.
- Pour les combats.
Voilà pourquoi il a grandi parmi les chiens. Pour se battre. Pour tuer. Il a été dressé, mais il ignore ce mot, il ne sait pas comment le faire comprendre à la louve d'argent. Il ne sait pas comment raconter son histoire. Et plus les jours passent, plus le loup est impatient de savoir mieux se servir de ce langage si passionnant. Il essaie d'apprendre de nouveaux mots à chacune de ses rencontres ou plutôt, de les apprivoiser. Parce que dans son for intérieur, le loup les connait déjà, tous ces mots qu'il entend. Il a juste oublié comment les utiliser à force d'être privé de la présence de ses congénères. Il détaille le visage de la louve avec une grande avidité. Elle n'est pas aussi inintéressante que d'autres loups qu'il a rencontré. Il se sent même curieux d'en savoir plus, désireux d'apprendre de nouvelles choses sur elle. Sur elle mais pas seulement, sur sa meute aussi. Sur ce monde où elle vit, qu'elle semble bien connaître.
- Ton monde. Je veux apprendre.
Oh oui il désire ardemment apprendre ce dont on l'a privé tant de temps ...
Le loup se met à hocher sa grande tête brune avec force. Un éclat de colère fait scintiller ses yeux dorés alors qu'il fixe Djall avec insistance. La louve écarquille son regard cyan qui passe du loup à côté d'elle aux horizons sombre d'où il vient. La Navnik sent bien qu'aucune animosité ne s'échappe de l'inconnu près d'elle, mais son pragmatisme fait resurgir en elle une certaine méfiance. Alors que la guerrière est perdue dans ses pensées à tenter de comprendre cette situation plus qu'étrange, un grognement sourd et incertain l'a fait sursauter. Le loup fait à nouveau preuve de colère. Puis il dit en découvrant ses crocs :
« - Pour les combats. »
Alors, tout s'éclaircit dans l'esprit de Djall. Dans la meute où elle est née, on racontait à elle et son frère des histoires terrifiantes au sujet des bipèdes qui capturent les loups pour les emprisonner et les faire combattre contre leurs molosses. Jusqu'à ce jour, aucune preuve n'était venue attester de ces comtes, mais à présent le loup face à elle revient sûrement de l'enfer.
« - Ton monde, commence l'anonyme à son côté, je veux apprendre. »
Djall sent son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle se plante bien face au loup brun, et l'observe un long moment d'un regard bleu peint de tristesse. Puis elle s'exprime enfin d'une voix forte et placide :
« - Les loups de ces contrés fonctionnent en meute, comme tu as du le comprendre depuis ton arrivée. Sur ces vastes terres, ma meute, la meute Navnik, côtoie deux autres meutes, la meute Esobek, et la meute Sekmet. Dans ces meutes, nous avons une hiérarchie bien précise. Tout en haut de cette hiérarchie, il y a ceux qu'on appelle les Alphas, ce sont les meneurs, les plus forts et sages d'entre nous qui dirigent la meute. Le couple Alpha a un bras-droit, qui les conseille, tout aussi fort et sage ou presque. Nos meutes fonctionnent, par « catégories », si je puis dire. Les loups les plus imposants et costauds deviennent généralement guerrier, et les guerriers ont un meneur qui s'appelle le général. Ce-dernier les mène au combat et participe aux conseils de guerre. Les loups les plus discrets deviennent des espions, ils ont pour but d'espionner les autre meutes en cas de bataille imminente ou que sais-je. Les loups les plus agiles et rapides deviennent spécialisés dans la chasse, c'est eux qui nourrissent le plus gros de la meute, malgré que tous les loups de la meute ont un devoir de chasse. Les louves qui ne sont attirés par rien d'autre que la maternité deviennent des nourrices et gardent et s'occupent à plein temps des louveteaux. Il y a aussi les loups sentinelles, formés à la guerre, il veille sur les terres de la meute. Il y aussi généralement un guérisseur dans une meute, qui s'occupe de soigner tous les loups de celle-ci, il est intelligent et maîtrise les plantes. Les louveteaux en âge de devenir réellement un membre à part entière de la meute sont pris en charge par un adulte expérimenté selon leur vœux d'avenir. Un louveteaux qui est destiné à devenir guerrier, sera pris en charge par un guerrier émérite. Tu comprends ? Les vieux loups qui ne sont plus en âge de chasser, de se battre ou quoi que ce soit, deviennent des conteurs. Enfin, dans les meutes au nombre de loups très importants, il y a souvent un loup oméga. Un bouc-émissaire en clair, celui qui apaise les tensions en prenant tout sur le dos. »
Djall s'arrête un long moment pour reprendre une respiration calme. Son cœur cogne contre sa poitrine après cette longue tirade. Quand son souffle s'apaise, elle reprend plus doucement :
« - Les loups d'une meute doivent se respecter entre-eux, mais certains doivent encore plus de respect à d'autre. Tout le monde doit avoir un grand respect pour les Alphas. Le couple Alpha, le bras droit et le général ainsi que parfois un tierce loup chargé de s'assurer de la bonne vie de la meute, forment une assemblée, qui veillent au bon fonctionnement de la meute. Ces loups sont les loups le plus respectés de la meute. Que veux-tu savoir d'autre ? Il faudrait que je t’éduque comme le font les nourrices avec nos louveteaux, il me faudrait au moins cinq lunes entières. »
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Sam 26 Sep - 20:01
The past is never far away
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Un temps s'étale entre eux, avant que, d'un regard empli de malheurs, la louve d'argent se décide à raconter au loup ce qu'il désire entendre. Il mémorise chacune des informations, il analyse tous les mots et les retravaille machinalement dans sa tête. Il tente de se faire une idée, de dessiner dans son esprit toute cette hiérarchie qu'elle lui explique calmement. Ainsi donc, ces groupes d'individus appelés "meutes" ne sont pas seulement des rassemblements parmi les siens. Alors comme ça, les loups qui font partie du même bloc ne font pas que s'apprécier les uns les autres. Non, la louve d'argent lui apprend que dans ces unions, chacun à un rôle bien défini dont tous les autres ont besoin. Ils sont comme une ligue, ils se protègent les uns les autres et participent tous d'une manière ou d'une autre à la survie de la meute. Le loup peine à comprendre ce fonctionnement et sa raison d'exister, mais il assimile aisément ces nouvelles informations. Elles font comme ressortir d'un néant qu'on aurait introduit dans son esprit sans qu'il s'en rende compte. A mesure que les mots sortent de la gueule de la louve et qu'ils pénètrent ses oreilles pour être transformées en pensées cohérentes, le loup a l'impression de savoir tout ça depuis des millénaires. Comme un héritage ancestral qui s'éveillerait lorsque les mots clés pénètrent son esprit embrumé. Le loup est un peu perdu et à la fois, ressent l'étrange sensation d'entrer sur un terrain que personne ne connaît mieux que lui.
Elle reprend son souffle comme si elle venait de courir derrière une harde de cerfs sans même en ressortir une proie. Il la laisse faire, l'observe en silence. Elle fait partie d'une meute, chose qu'il ne connait pas et pourtant, l'intrigue semble s'amincir à chaque fois qu'il entend de nouvelles révélations sur l'existence libre que mènent apparemment tous ses semblables. Il en vient à se demander pourquoi lui était là-bas, dans la cage des bipèdes, alors qu'aucun des individus qu'il a rencontrés ici n'a l'air de connaître à qel vie il a fait face jusque là. Pourquoi lui devait-il se battre contre des chiens pendant que tous les loups de la forêt ne s'occupaient que de chasser des lièvres des chevreuils ? Pourquoi lui devait-il se taire et encaisser les morsures froides des bâtons de fer quand ses homologues ne s'occupaient que de respecter l'ordre établi de leurs meutes pour rester en vie et s'épanouir les uns au milieu des autres ? Et pourquoi cette louve voudrait-elle le former comme l'un de leurs louveteaux, alors qu'il est définitivement bien différent d'elle et des membres de sa meute ? Non définitivement, le loup refuse d'être traité comme un louveteau ignorant. Il ne sait pas tout et il en est conscient, mais il sait en tout cas qu'il est seul et que personne ne pourra jamais vivre à sa place. S'il veut laisser sa marque dans le monde, il devra faire le chemin seul jusqu'à la reconnaissance et ce n'est pas une louve de meute qui pourra lui montrer où poser son empreinte. Alors, étreint par un désir brûlant de solitude, le loup recule de quelques pas sans quitter la louve des yeux. Il s'arrête à quelques mètres d'elle, la salut et la remercie maladroitement d'un signe de la tête, avant de s'enfoncer dans les bois pour disparaître, quitter ces terres qui ne sont pas siennes. Désormais, il saura où marcher.