Maudit bipède ! Pourquoi a-t-il fallut que l'un d'entre eux ne viennent perturber sa chasse ! Ressortie des sous terrains de la ville par les égouts, Manîthil avait filé en vitesse mais, pas jusqu'à sa tanière, non, elle avait besoin d'aller rager dans son coin, de cracher son venin face à la mer. Oui, la mer, cet immense étendu d'eau salé, peu potable mais qui permet un apport en nourriture via sa vie grouillante de poissons. La blanche était de piètre humeur désormais, elle qui était pourtant satisfaite en début de journée, voilà que, désormais, elle traverse la plage d'un pas rageur, esquivant les barbelées rouillés qui se trouvaient ci et là sur cette plage blanche et abandonné. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours quelque chose qui vienne chambouler ses journées ? Ne peut-elle pas être tranquille ? Si encore il s'agissait de client, cela aurait été différent car elle y gagnait quelque chose mais là, elle ne gagnait strictement rien !

Donnant un coup dans le sable, la louve secoua la tête avant de se mettre à courir jusqu'au liquide qui a perdu sa couleur clair d'autrefois. S'immergeant dans l'eau, elle cherchait à calmer sa colère, nageant avant de revenir sur le bord et s'ébroua pour en retirer l'eau de son pelage. Alors qu'elle pensait qu'elle allait enfin pouvoir se reposer, l'odeur d'un Esobek parvient à son museau et elle lâcha un grondement.

« Qu'est-ce que tu regards, c'est interdit de se baigner ?! »

Ah ! Il a de la répartie celui-là ! Non effectivement elle ne le croit pas, elle est juste sur les nerfs et rien de plus et, malheureusement pour lui, il est là quand il ne faut pas. Pauvre loup, il n'a pas de chance de tomber sur une Manîthil en colère mais, fort heureusement pour lui, la louve avait commencé à se calmer et, s'ébrouant une nouvelle fois, elle se rapproche du mal tricolore, lui tournant autour tout en l'observant. Pas mal ! Mais elle a suffisamment donné avec les mâles et les rejetons qu'ils peuvent lui donner. Non, tout ceci est trop contraignant et c'est bien pour cela qu'elle n'accepte plus de vendre certains services. Enfin … Cela ne l'empêche pas de pouvoir s'amuser un peu avec ce mâle.

« Oui tu as raison, je m'excuse, je suis un peu de sale humeur. Des Hommes ont décidés de me traqueur du coup je dois avouer que cela m'a un peu irrité mais tu n'y es pour rien. »

Dit-elle d'un ton amical et légèrement mielleux pour calmer le loup qui semblait ne pas avoir apprécié l'agression. Enfin, quoi de plus normal après tout ?

« Je me nomme Manîthil, guérisseuse solitaire. A qui ai-je l'honneur ? »

Quitte à essayer de le calmer, autant y aller complètement puis, elle se fiche pas mal qu'on connaisse son identité, bien au contraire, plus on la connaîtra et plus elle aura de la visite, visite qui lui sera favorable et utile ...

Esobek, oui elle le savait, elle avait reconnu l'odeur, mais guérisseur ? Quelle belle rencontre ! Voilà longtemps qu'elle n'avait pas croisé des congénères guérisseur. Cela va être amusant !

« Oh un guérisseur vraiment ? Belle coïncidence ! Que dirais-tu d'une petite promenade sur la plage ? Je suis sûr qu'on pourrait s'échanger quelques astuces et autres concernant nos méthodes de soins, puis cela fait si longtemps que je n'ai pas croisé d'autres guérisseurs. »

Ses babines s'étirent légèrement en un sourire. Oh oui, la blanche souhaite apprendre toutes les techniques possible, autant pour soigner que pour faire l'inverse … Et oui, pourquoi ne pas glisser un petit poison dans un traitement pour intoxiquer un patient afin qu'il revienne quelques jours après pour vous demander votre aide ? Une idée de génie entre autre ! Et des services en plus ! Oui, il faudrait que la louve trouve ce genre de plantes, on ne sait jamais, cela peut toujours être pratique …

Elle fit un signe de tête à Emarok, l'invitant à la suivre si il le souhaite pour faire un tour de la plage ...

A croire que les guérisseurs sont une denrée rare … Peut-être parce que c'est contraignant, long à apprendre ou, tout simplement parce que la plus part son des loups pacifistes qui finissent par se faire bouffer tant ils ont peu de caractère et souhaitent aider tout le monde sans distinction. Oh Manîthil fait de même, certes, sauf qu'elle demande toujours quelque chose en échange et, qu'elle n'est pas folle notre belle blanche ! Elle s'est arrangé pour avoir la protection des Mercenaires en cas de pépin ! Ce qu'il ne faut pas faire pour vivre en paix …

« La vie de guérisseur n'est pas facile, surtout en tant que solitaire mon cher. »

Se rapprochant du bord de mer, Manîthil repéra quelque chose en s'en approche. Humant la plante visqueuse et verte sur le sol sableux, elle reconnu des algues qu'elle prit dans sa gueule et y bloque au niveau de ses canines pour pouvoir continuer à parler sans qu'elles ne tombent.

« Ah des algues, une bonne plante malgré son aspect visqueux. D'ailleurs, tu pratiques depuis longtemps ? »

En soit, elle s'en fichait mais, c'était histoire de dire qu'ils avaient de la conversation puis, non en fait, l’information peut être importante afin de connaître son savoir sur la question. Elle continua d'avancer, profitant de cette promenade pour découvrir des plantes qu'elle n'a pas dans sa réserve ...

« Oh mais je ne parle pas de ce genre de difficulté. »

Avait-elle répondu avant de continuer sa route tout en ramassant quelques algues. Puis vint la question d’ancienneté et, à son grand étonnement, le mâle n'est guérisseur que depuis peu. Il semble pourtant plus âgé qu'elle, enfin, si il s'est décidé dans cette voie il y a peu, pas étonnant enfin de compte. Emarok lui retourne sa question, forcément, elle s'y attendait.

« Ma mère était guérisseuse et elle a commencé à m'apprendre à reconnaître les plantes et leurs effets vers mes trois mois. A cinq mois j'ai commencé réellement mon apprentissage et depuis mes un ans je bosse à droite à gauche. »

Raconter sa vie ? Elle s'en fichait éperdument. Sa vie n'a rien d'extraordinaire, elle n'a rien à cacher, elle n'a jamais caché ses attentions à quiconque, ou presque … Il y a bien sûr des détails qu'elle évitera d'aborder puis, de toute manière, cela ne regarde personne hormis elle.

Marchant tout en prenant son temps, son regard argenté passant d'un endroit à un autre de la plage, Manîthil repéra certaines plantes et d'autres mais ne les cueillit pas pour autant, non, elle reviendra plus tard ou après son échange avec le guérisseur Esobek, d'ailleurs, en parlant d'échange …

« Oh mais j'y pense ! Que dirais-tu quelques échanges de plantes quand besoin se fait ? Après tout il y a tant de plantes et on ne peut être de partout en même temps. Si cela t'intéresse, tu trouveras ma tanière dans la forêt aux pendus. Je cherche parfois des plantes en particulier mais ce n'est pas toujours évident de les trouver. Alors, qu'en dis-tu ? »

Il est différent, bla bla bla … Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire parfois pour tirer profit de quelqu'un … Qu'est-ce que la blanche en avait à faire que le rebelle de la famille se décide à aimer les plantes alors que les autres préfères se battre ? Rien, elle n'en avait rien à faire mais, elle l'écoutait sans rien dire, hochant la tête par moment comme pour enregistrer. Oh mais, c'est qu'elle va enregistrer ces informations inutiles, la belle louve ! Elle va les enregistrer et c'est cela qui l'agace ! Quand on a passé sa vie de louveteau à se faire rabâcher mille leçons, c'est que les capacités de mémoire de Manîthil sont devenu plutôt développer ! Elle se souvient toujours, toujours ! Encore plus lorsqu'on lui doit quelque chose … Enfin au moins, cela lui sera toujours utile pour plus tard, pourquoi ? Bah, qui sait ! Chaque informations est primordiale dans la vie et, c'est pour cela qu'elle les enregistres même si au fond, bah, elle s'en fiche.

Il accepte la proposition de la guérisseuse, celle-ci lui sourit. Voilà qui ne lui sera que favorable ! Elle allait pouvoir faire quelques échanges plus ou moins intéressant avec lui, à la longue, cela s'avéra utile, notamment pour certaines baies qu'elle aimerait avoir en sa possession mais n'en a pas encore trouvé, à son plus grand malheur … Enfin, tout cela a remit de bonne humeur la blanche aux yeux argenté qui s'arrêta soudainement, faisant face au Esobek.

« Et bien, je crois que nous avons une sorte d'accord tous les deux, Emarok. J'espère que nos futurs échanges seront tout aussi intéressant, que ça soit dans nos plantes tout comme nos informations et discussions. Sur ce, je vais devoir te laisser. Cette traque m'a épuisé et le bruit des vagues n'arrangent rien ! Nous nous reverrons bientôt, cher guérisseur Esobek. »

Un clin d’œil puis, elle se détourna de lui. Elle avait ce qu'elle voulait. Quelques plantes et un accord avec un autre guérisseur, que demander de mieux ? Voilà de quoi égayer la fin de sa journée ...