Le crépuscule était un moment idéal pour se balader dans la forêt charbonneuse. La fraîcheur s'installait et l'humidité tombait, évacuant peu à peu la brume mais conservant tout de même cette sensation de flou constant. Le loup noir était à la recherche d'une quelconque proie, histoire de ne pas dormir encore le ventre vide et quitte à en ramener à la meute selon la taille de cet proie. Enfin bon, ses convictions étaient faibles. Il chercha alors, la truffe huma l'air, ses pattes fouillant dans les feuilles noires les empruntes et sa queue droite pour conserver son équilibre et sa démarche silencieuse de chasseur. Il plissa les yeux, se concentrant sur une odeur musquée. Certes les odeurs des pins et surtout de leur sève couvraient une bonne partie des odeurs mais c'était sans aucun doute celle d'un lapin. Il agita la queue l'espaces de quelques secondes avant de rentrer dans sa peau de chasseur, dans son instinct primaire. Il se voûta légèrement, ses pattes effleurant le sol avec souplesse. Il posa son museau sur le sol un instant avant de s'élancer à la traque de l'animal. La faim prenait alors légèrement le dessus et il tenta de calmer son impatience.

Le léporidé était passé à cet endroit il y avait quelques minutes mais il ne devait pas être loin. Il se dirigea vers la clairière, d'où il pourrait se repérer. Lykariel sauta alors par dessus un tronc d'arbre et atterrit avec souplesse sur le sol, mélange de terre et de cendre. Il arrêta brusquement sa course et fixa la forme couchée sur le sol irrégulier. Il plissa les yeux. C'était un peu gros pour un lapin. Ses oreilles se couchèrent immédiatement. Son comportement était radical lorsque le loup noir était sur son territoire. En dehors, il était méfiant mais n'en faisait rien paraître. Il baissa sa queue et oublia momentanément la lapin -bien que son estomac lui hurlait d'aller le chercher et qu'il était un idiot fini-.

Qui est.. oh.

Il inclina la tête lorsqu'elle le dévisagea. Il étudia à son tour ses traits et quelque chose de familier lui hérissa l'échine. Familier?

Non, rien. Ne fais pas attention à moi, je ne suis pas dangereuse et je ne suis là que pour me reposer.

En effet il avait senti l'odeur du sang dans l'air. Peut être même la louve avait brouillé sa piste. Mais elle ne portait sur elle qu'une odeur boisé et musquée. Individuelle. Il redressa sa queue et fit un pas en avant, conservant tout de même les oreilles en arrière. Il était obnubilé par, non pas sa fourrure, qui était d'un noir profond et totalement dénué de reflets, mais à la forme de sa tête ; son museau fin et allongé qu'il possédait également et la pointe des oreilles, qui partait doucement vers l'intérieur et qui donnait cet air éternellement animé. Et là, il ne connaissait qu'une louve ayant eu ces oreilles. Il agita la tête et chassa ses souvenirs.

Je ne sais si tu pourras toujours marcher.

Il indiqua d'un coup de museau son épaule et agita les oreilles, curieux mais toujours méfiant. La blessure était peu profonde mais étendue et même sans être guérisseur, il savait que si l'entaille s'infectait, la louve avait peu de chance de pouvoir marcher correctement. Et étant donné son odeur, elle était solitaire et marchait souvent sur de longues distances.