La première et dernière fois que le loup l'a vu, il était sur les terres neutres. Alors c'est sur ces dernières qu'il court désormais. Il veut revoir ce grand mâle brun, lui raconter tout ce qu'il a vécu ces trois derniers jours, depuis qu'il est arrivé en ce monde. Il veut qu'il sache comment il a évolué, déjà. Il veut lui montrer les progrès qu'il a fait seul, lorsque l'adulte a eu terminé de l'entraîner pour leur première rencontre. Alors il court, rapidement, à des foulées dont lui-même ignorait être capable. Et il est fier, le loup. Fier de ses nouvelles capacités, qui ne font que croître au fil des jours qui passent. Trois jours qu'il est ici, et déjà tant de choses d'apprises. Tant de connaissances acquises, qu'il veut faire montre au grand mâle. Ca y est ! Le loup sent son odeur. Il fonce de plus belle, slalome entre les arbres en se guidant totalement à l'odorat. Il file comme le vent, bondit comme un puma. Il est le prédateur en chasse, sauf que sa proie est un allié, pas une cible. Mais, à mesure qu'il se rapproche de son mentor, le loup sent une odeur. Une odeur métallique, une odeur qu'il connait bien : le sang. Et il entend, aussi. Il entend les grondements, et éraflures des griffes sur la peau. Un combat. Il plaque ses oreilles sur son crâne et il fonce tête baissée. Si quelqu'un s'en prend à son mentor, le loup sera de la partie. Lorsqu'il déboule sur les lieux, il n'attend même pas d'analyser la situation. Et fond sur l'adversaire qui a attaqué son mentor. Il plante ses crocs dans sa chair, donc le goût et l'odeur lui sont étrangement familiers. L'ensemble réveille en lui des instincts purement animaux, brutaux, meurtriers. Il ressent une colère sourde pour cet ennemi, et ses crocs dévoilent la puissance de ses ressentiments pour l'inconnu au pelage fauve. Il laboure ses flancs sans lâcher sa prise sur son omoplate, tire de droite à gauche en secouant fort pour déchiqueter la chair comme celle d'un misérable lapin de garenne. L'ennemie paiera.

Les crocs du loup lacèrent la chair de son ennemie. Si la seconde louve semble vouloir intervenir, elle n'a visiblement pas le cran d'attaquer réellement. Elle se contente de hurler qu'il doit la lâcher, qu'il doit libérer sa prisonnière. Mais le loup est furieux, cette louve a attaqué le seul en qui il a pu avoir confiance alors que d'autres l'avaient écrasé comme un insecte. Il veut qu'elle souffre, qu'elle se rappelle toujours et à jamais qu'on ne touche pas à ses proches. De plus, son odeur lui est familière et le loup ressent une colère sourde pour ces deux louves. Des souvenirs confus l'habitent, le hantent tandis qu'il se déchaine toujours plus fort sur sa victime. Il entend des disputes en sourdines, et il sent la peur d'un être qui lui est cher. Il ne sait pas si ce sont là des souvenirs perdus par les hommes ou la réalité qui se déroule aujourd'hui, mais il continue d'asséner de violents coups de crocs et de griffes à la louve brune. Jusqu'à ce que son corps soit brutalement libéré de celui de la femelle sur laquelle il s'acharnait. Il est obligé de s'arrêter pour se contenter de regarder son mentor agir. Il démolit la femelle, alors que l'autre n'a ni la force ni la témérité d'intervenir. Et auquel cas, le loup lui sauterait à la gorge pour la brutaliser à son tour. Lorsque la petite brune parvient à se libérer, le loup écope d'une gifle qui le fiche en rogne, mais si la femelle part en fuite, lui attend un seul ordre de son mentor pour partir à sa poursuite.