NOM : Le loup
AGE : Treize mois
SEXE : Mâle
MEUTE : Solitaire
RANG : Aucun
AUTRES INFORMATIONS : Odorat plus développé que la moyenne


JAUGE :
Force : 8
Agilité : 8
Endurance : 4


CARACTÈRE :
Dans sa cage.
Il est prostré, au fond, contre les barreaux. Il crève de faim, mais c'est ainsi qu'ils maintiennent son tempérament de tueur. Il ne bouge pas, ne sort jamais de cet endroit miteux et puant. Parfois on vient l'asticoter, taper un bâton contre les barreaux pour lui vriller les tympans. Quand il est en forme, il se jette contre les grilles. Il lui ai arrivé d'attraper le bâton. Tous crocs dehors, il serre les mâchoires sur l'objet en fixant son assaillant de ses yeux bruns, cruels. Et il brise le bois d'un simple mouvement sec. Il relâche le cadavre et gronde sauvagement sans quitter le bipède des yeux. Ils paieront tous, un jour. Et il sortira son père de leurs griffes avant de les abattre un par un. Il a appris à les haïr, mais il n'a non plus d'autre choix que les aimer et leur être dévoué. Parce qu'ils ont la nourriture. Sans eux, il mourrait de faim dans cette cage sordide. Alors il gronde derrière les barreaux, il montre comme il est fort et en colère. Mais il accepte les coups quand ils lui en donnent. Parce qu'au fond, il les mérite.

A la chaîne.
Ils le tiennent à deux. Il est un loup, il a bien plus de force qu'un seul de ces stupides humains. Alors ils sont deux, chacun d'un côté, et ils le maintiennent ainsi pendant que le troisième agite une grosse branche de métal devant lui. Il sait ce qui l'attend alors il gronde, montre les dents, hérisse son poil. Avant il fuyait, essayait de s'échapper. Il écopait de coups si violents qu'il n'arrivait parfois plus à se lever pendant des jours. Et puis il a appris à faire de la fureur sa meilleure amie. Il a dompté la douleur et il a commencé à attaquer. Alors, les coups ne pleuvaient plus. S'il attrapait la branche en premier, elle n'avait pas l'occasion de lui mordre les flancs, d'entailler sa chair. Il a cultivé cette colère sourde. Il a nourrit sa haine pendant des jours, des semaines, des mois. Et il a trouvé le moyen d'anticiper les attaques. Il est devenu un tueur pour survivre.

Dans l'arène.
Il entre sous les projecteurs. Avant, la lumière lui faisait peur. Le bruit, aussi. Et toute cette foule, ces odeurs nauséabondes, c'était trop pour lui. Mais on l'a frappé, comme lorsqu'ils le tiennent dehors. Alors il a concentré toute son énergie à haïr chacun de ces bipèdes. Il s'est jeté sur les parois, à tenté d'attraper des bras, des visages. Il a failli, parfois. Puis les coups ont plu à nouveau. Ca n'était pas ce qu'on attendait de lui. Ensuite, un autre animal est entré dans l'arène. Tout aussi faible, tout aussi apeuré que lui. Mais moins expérimenté. Encore plus flippé. Il s'est jeté sur lui pendant qu'il entendait les ordres crachés par son Dieu. "Tues-le" ; "Attaques" et autres mots secs et impitoyables. Au départ, il mordait sans blesser. Mais à force de harceler l'adversaire, il se rebiffait et le blessait lui. Donc il s'énervait, et les bagarres ont été de plus en plus violentes. Il a appris à tuer. Parce que c'était ce qu'on attendait de lui.


PHYSIQUE :
L'animal entre dans l'arène. Son pelage hirsute aurait dû être gris, brun, un mélange de tout un panel. Mais il est sombre et gras, sale. On croirait voir un animal malade, pourtant celui-ci est en pleine forme. Haut sur pattes, il n'est pas bien large mais il est agile et vif. Ses yeux bruns scrutent la scène, comptent les humains entassés autour de l'arène. Ses courtes oreilles se plaquent sur son crâne et il renverse la tête en arrière pour hurler. Les bipèdes pensent que c'est sa signature, sa marque. En réalité c'est une plainte désespérée vers celui qu'il a perdu. Il le cherche encore, entre chaque combat. Ses longues pattes foulent la terre sableuse et ses orbes brunes fixent l'autre entrée. Son encolure gracile montre son jeune âge, mais ses muscles roulent sous sa peau avec une telle rage qu'on n'oserait pas le sous-estimer. Il montre les dents. Des crocs puissants qui, déjà définitifs, attendent de se planter dans la chair de l'ennemi. Il n'a pas perdu ses armes de guerre, et fera tout pour les garder dans sa gueule. Elles sont son sauf-conduit. Sans elles, il serait mort. Il dresse les oreilles et la queue, il hérisse son poil depuis son échine jusqu'à la base de sa queue. Il est prêt. Encore un combat. Encore une journée de plus.


HISTOIRE :
- C'est c'que j't'ai d'mandé ?
- Oui m'sieur. Un loup, un vrai. Et j'peux vous dire qu'il a été particulièrement agressif quand on l'a choppé.

Il tire la couverture d'un coup sec, découvrant la cage dans laquelle se terre l'animal prostré contre le coin opposé aux deux hommes.

- Mec, j't'avais d'mandé un adulte. Celui-là a encore une gueule de bébé, il va crever avant même d'entrer dans l'arène.
- C'est à dire que la demande a été beaucoup plus importante pour l'adulte qui l'accompagnait, m'sieur.
- Il est où ?
- Vendu, m'sieur.
- Bon, j'prends ça.

La couverture retombe lourdement sur l'animal, qui souffle son désespoir. Cela fait des jours qu'il est là, à attendre. Il a hurlé, au début. Il appelait l'adulte, celui en qui il avait confiance, celui qui avait essayé de le protéger lorsque les pièges leur étaient tombés dessus. Mais ils l'ont frappé, et il a pleuré si longtemps qu'il a perdu sa voix. Parfois il jappe, il essaye de se rappeler l'odeur de son père, de sa voix quand il le rassurait. Et puis, un noeud se faufile dans sa gorge et il manque de hurler à nouveau. Mais il se retient. Il sait qu'il va seulement gagner les beuglements de l'être à deux pattes, et les beuglements sont toujours suivi par des coups.

- On va pas l'laisser pourrir là plus longtemps. Faut qu'il gagne son pain.
- Mais m'sieur, il est encore trop jeune !
- Dans c'cas qu'il crève. J'nourris pas une bête qui rapporte rien.
- Oui m'sieur ...

Il ouvre les yeux dans l'obscurité, mais ne se lève pas. Couché, le museau sur les pattes antérieures, il attend de voir si la couverture sera levée sur lui aujourd'hui. Parfois il entend les bipèdes, mais ils ne viennent pas le voir lui. Il a senti d'autres odeurs de peur. Il n'est pas seul dans cet endroit. D'autres créatures sont là. Des chiens. Des chiens qui ont peur, mais qui sont très en colère. Alors il écoute, il sent, et il reste tranquillement dans sa cage, couché, à attendre la mort. Mais ce matin, la couverture se lève sur lui. Est-ce son tour de mourir ? Il a entendu les chiens parler. Certains ne reviennent pas. L'un d'eux l'a menacé. S'il le croise hors des barreaux, il lui fera la peau parce qu'il est un louveteau.

- Allez mon grand, c'est l'heure.

La main plonge dans la cage, attrape la chaîne métallique qui fait du bruit et qui lui fait peur. Il essaie de reculer, mais il ne peut pas faire plus. Il est acculé contre les barreaux. Il grogne par dépit, on le tire dehors. On le traîne jusqu'à l'extérieur, à l'orée des bois qui portent l'odeur de la mort mais aussi, en fond, l'odeur des siens. Ils sont là, quelque part, et peut-être que s'il arrivait à hurler, ils viendraient le chercher. Il se rappelle sa mère, son frère et ses soeurs. Il a envie de pleurer, de hurler pour les appeler. Mais rien ne vient. Alors il cherche l'odeur de son père. Il est là, quelque part. Dans les hangars qui l'entourent. Mais où ? Que lui font-ils ? Son père est fort. Il le sortira bientôt de là.

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Le bruit du métal contre la cage est une horreur pour ses tympans. Il a l'impression de devenir sourd à chaque fois. Il n'y a rien à faire, il ne s'accoutume pas à ce terrible son. La douleur dans ses oreilles réveille sa colère. Alors, comme tous les jours depuis des semaines, il se lève, il gronde et il bondit sur la cage. Il en a mare de vivre ici. Il voudrait que son père vienne, mais il a cessé de sentir son odeur. Ils lui ont pris son père. Et il leur prendra tout, lui aussi. Un jour. Il gronde, attrape le bâton. Le regard de l'homme s'écarquille, il ne s'attendait pas à tant de vivacité de la part d'un louveteau de quelques mois. C'était bien mal le connaître. Il est un Dragon. Lorsqu'il attaque ainsi, et lorsque les bipèdes décident qu'il en a assez fait et qu'ils le plongent dans l'obscurité jusqu'au jour prochain, il s'allonge et il pense. Il se rappelle le visage de sa mère. Le rire de son frère avec qui il faisait toutes les bêtises du monde. Il se rappelle ses soeurs qui lui manquent tant. Il se rappelle son père, et leurs voix à tous. Il se rappelle sa vie d'avant. Mais au fil du temps, les souvenirs peinent à revenir. Il est trop jeune, sa mémoire n'a pas gravé les images assez profondément en lui. Il se souvient de moins en moins. Il n'entend plus que des échos, parfois, et l'imagine du Dragon n'est plus qu'une silhouette floue au fin fond de son esprit. Il ne saura bientôt plus qui il est, et il a terriblement peur d'oublier.

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- C'est ça, ta nouvelle recrue ?
- Il va écraser le tien, fais tes adieux à ton clebs.
- Hahaha j'ai hâte de voir, mon vieux. J'ai hâte de voir.
- Hein le loup ? Tu vas l'tuer, hein ? Allez le loup !

La colère. C'est tout ce qu'il est. Son regard est vide. Vide de souvenirs, vide de sentiments. Il n'est plus que haine pure. Cela fait tellement longtemps qu'il s'entraîne. Tellement longtemps qu'il attend. Il en est venu à ressentir le désir de son Dieu. Il est devenu impatient, comme lui. Furieux, comme lui. Narcissique, comme lui. Le loup est le plus fort. Le plus agressif de tous les clebs qui sont passés entre ses pattes. Le loup est un tueur de chiens. Le loup les massacrera tous. Le loup est là. Le loup est prêt. Le loup veut tuer. La cage s'ouvre. Autrefois il fallait tirer sur la chaîne pour le décider à sortir. Il fallait le presser, lui frapper la croupe pour le motiver à avancer. Aujourd'hui, son Dieu est sur la cage pour ne pas se faire mordre les pattes. Aujourd'hui, quand la cage s'ouvre, le loup bondit dans l'arène, tous crocs dehors. Aujourd'hui, le loup est prêt.

- Allez le loup ! Allez, hein ? Bon loup !

L'arène est encore vide. Le loup tourne en rond, longe les parois la tête haute. Les sens aux aguets, la queue et les oreilles hautes. Il hume l'air, il attend son adversaire. La fierté de son Dieu transparait par tous les pores de sa peau, et le loup est fier aussi. Aujourd'hui il va tuer. Délicieux sentiment d'accomplissement. Il s'arrête soudain. S'immobilise et renverse la tête en arrière. Il ne se souvient plus pourquoi il faisait ça au départ, mais il fini par sentir la fierté déborder de son Dieu lorsqu'il le faisait. Alors, il hurle. Il appelle. Il ne sait pas quoi, mais il appelle. Sa voix sert à rendre fier son Dieu.

- C'est mon loup, ça ! Faites vos adieux à vos clébards, les gars !

La trappe adverse s'ouvre. Le loup tourne la tête, immobile au centre de l'arène. Il fixe l'obscurité de la cage. Une boule difforme s'y cache. La créature avance lentement. Des cicatrices lui zèbrent le visage, les épaules et les flancs. Un expérimenté. Enfin son premier vrai combat. Le loup est prêt. Le chien va mourir. Mais le chien est trapu et bas sur pattes. Le loup le mord, mais l'animal reste debout. Impossible de le faire tomber, les pattes sont trop courtes. La peau est tendre, se déchire. Mais la peau est trop souple, l'animal ignore les morsures du loup. L'animal à des crocs tournées vers l'intérieur de sa mâchoire. Et quand il tient le loup, il ne lâche plus. Le loup tire, lance ses crocs dans tous les sens et balance de violents coups de pattes. Parfois les crocs lâchent prise, d'autres fois ils se resserrent. Les minutes passent, et le loup a mal. Le loup s'essouffle, et le loup commence à ressentir la déception de son Dieu. Il s'affaiblit sous les crocs puissants et meurtriers de son ennemi. Non. Le loup ne doit pas perdre. Le loup est un tueur, il s'entraîne depuis des mois. Il est né pour tuer, c'est ce qu'on lui a appris. Il veut manger, ce soir. Il doit gagner pour manger. Le loup se débat encore de toutes ses forces. Il met toute sa volonté dans ce combat. Il se jette corps et âme pour tuer son adversaire. Trop court. Trop bas. Trop expérimenté. Un tueur de loups.

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- Là, ça ira.

On l'a traîné par les pattes arrières. Il respire encore, mais il ignore si les humains le savent. Lorsque le chien l'a lâché, il n'a plus esquissé le moindre mouvement. Il n'a plus d'énergie, il est en train de mourir. Il ignore quelle est cette lueur qui lui permet de respirer encore, mais c'est si faible que sa cage thoracique ne se soulève plus assez pour le percevoir. Alors on lâche enfin ses postérieures et on le laisse là, aux abords de la forêt, loin des hangars et de l'odeur des autres animaux, de la peur, de la mort. Les yeux grands ouverts, la langue pendante, il regarde son Dieu s'éloigner sans un regard en arrière. Et il comprend. Il a perdu. Il ne mangera pas ce soir. Ni jamais plus. Son Dieu ne veut plus de lui. Le loup n'a plus rien, désormais. Le loup va mourir.

***** ***** ***** ***** *****

On ne l'a jamais plus touché. On ne l'a jamais plus regardé. On ne lui a jamais plus craché d'ordres. Pourtant il y a eu un autre bipède. Il sentait le feu et la viande séchée. Ce bipède là n'est jamais, jamais entré en contact avec le loup. Il a déposé de l'eau pendant des jours. Et lorsque le loup a pu ramper pour boire et vider le récipient plusieurs jours d'affilée, de la viande a rejoint l'eau. Jusqu'à ce que le loup puisse s'allonger pour manger. Jusqu'à ce que le loup rampe sous le couvert des bois pour se protéger la journée et qu'il sache en ressortir à l'aube et au crépuscule pour se nourrir de ce qu'apportait le bipède qui sentait le feu. Jusqu'à ce que le loup, un jour, ne revienne pas chercher sa nourriture. Jusqu'à ce jour où le loup s'était remis de ses blessures, et qu'il s'en était allé dans les bois, là où était sa place.


MON PARRAIN / MA MARRAINE : Aucun