Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
C’était un jour vide, le Leader des Mercenaires n’avait ni le besoin ni l’envie de chasser et n’avait pas la motivation pour s’entraîner. En fait, aujourd’hui était un peu son jour de repos, après une semaine bien remplie à fouiner à droite et à gauche et à réfléchir au contrat des Esobeks, il avait bien besoin de se poser et de ne rien faire, pour redevenir frais et dispos dès que possible, prêt à retourner dans le monde des manigances et de la guerre inter-Meutes. En plus, la météo était avec lui et un grand soleil inondait les terres du sud, à commencer par la Plage Blanche où il s’était installé, étendu de tout son long dans le sable au milieu des déchets dé métal et des barbelés, se laissant être baigné par les rayons de l’astre lumineux. Rien ne semblait pouvoir perturber sa tranquillité, et plus important encore, aucune mouette ne risquait de lui faire ses déjections dessus vu qu’elles avaient déserté l’endroit. Juste lui, le soleil, et le va-et-vient des vagues, quoi de mieux pour un jour de congé ?
Le loup noir ferme les yeux, laissant son esprit se balader sans sombrer dans le sommeil, car il se devait de rester alerte au cas où un danger pointerait le bout de son nez. Et quand une odeur étrangère lui parvint aux narines, il ne put s’empêcher de soupirer : ne pouvait-on pas le laisser tranquille ne serait-ce qu’un jour ? Solitaire inconnu, recrue potentielle ? Il ne pouvait pas laisser passer cette opportunité. Le Mercenaire se releva et s’étirant longuement, revigoré mais pas autant qu’il l’aurait voulu, puis balaya la zone de son regard pour trouver l’intrus, jusqu’à apercevoir un énième loup noir, tant de Solitaires noirs ... mais d’où est-ce qu’ils sortaient ? Enfin bon. Le Leader ne retint pas un bâillement une fois qu’il fut totalement levé et s’approcha du Solitaire inconnu :
“Bien le bonjour ! C’est une belle journée, n’est-ce-pas ? Je suis Koschei, le Leader des Mercenaires, et à qui ai-je l’honneur ?”
Le doux vent caressait les poils de Gardien des Enfers. L'air lui venait de face et le loup se dirigeait machinalement vers la Plage Blanche. Arriver là-bas, il ralentit le pas doucement, reniflant l'air d'un air calme et reposer. Les quelques arbres présents fessaient valser leurs feuilles, doucement. Ce mouvement reposait l'âme d'Ombrelune, cette journée s'annonçait chaude et plutôt calme. Ses pattes se stoppèrent doucement, il finit par se mettre à l'arrêt. Il s'assis sur le sol, dos à des buissons, puis fixa le ciel. Une odeur lui chatouillait les narines, mais il n'y fessait attention.
▬ Bien le bonjour ! C’est une belle journée, n’est-ce-pas ? Je suis Koschei, le Leader des Mercenaires, et à qui ai-je l’honneur ?!
Le loup fit glisser son regard jaune vers lui, il paraissait froid et distant. Il renifla d'un air hautain l'air, fessant complètement comprendre qu'il le dérangeait. Le mâle s'approcha doucement de son confrère lupin, d'un pas las. Il se stoppa face à lui, puis se rassied, avant de lancé d'une voix froide et lointaine. Le mâle sembla intéresser par les paroles du loup musclé. Il agita ses oreilles d'un geste rapide et vif. Une lueur taquine fini par apparaître dans ses prunelles vives.
▬ Ombrelune, Gardien des Enfers. Solitaire. Que puis-je pour toi?
Le mâle fit claquer sa mâchoire à la fin de sa phrase, ses mots ne lui étaient habituels, mais si il devait parler au leader des mercenaires, il devait le faire bien. Si un lien positif se tissait entre eux deux, Ombrelune pourrait en profiter pour des fins personnels. Il regarda son voisin d'un air fixe, nonchalant.
L’autre noir semblait intéressé par Koschei et ce qu’il avait implicitement à proposer, et ce fut tant mieux. Au moins il ne devrait pas perdre encore plus d’énergie à essayer de le convaincre de l’écouter et il pourrait rapidement retourner à sa sieste. L’inconnu finit tout de même par se présenter, après s’être rapproché un peu plus :
“Ombrelune, Gardien des Enfers. Solitaire. Que puis-je pour toi?”
Un claquement de mâchoires ponctua le tout. Lui non plus ne devait pas apprécier d’être importuné, mais soit, le Leader serait aussi cours que possible. Ombrelune avait un air nonchalant alors qu’il fixait Koschei, attendant sûrement que celui-ci lui apporte une proposition intéressante, et il en avait une. Pas besoin de passer par quatre chemins avec celui-là, de toute façon le Leader n’en avait pas le courage, mais il prit tout de même soin d’afficher son sourire énigmatique favori :
“Joli nom de Lune. Je vais aller droit au but : je suis toujours en recherche de nouvelles recrues et quand je t’ai vu je me suis directement dit que était taillé pour le job.”
En fait non il avait surtout vu un Solitaire un peu maigrelet qui ne pourrait pas remplir de contrats dangereux -même le jeune Pandémonium avait plus d’expérience que celui là- mais en ces temps durs il avait besoin de tout ce qui pouvait venir.
Dit comme ça, ça faisait directement moins charmant.
“La vie de Mercenaire est bien plus attrayante que celle de Solitaire, tu pourras bénéficier d’une Guérisseuse quand tu en auras besoin, et chaque contrat te donnera des récompenses diverses, très utiles et attrayantes. Intéressé ?”