Depuis ma plus tendre enfance, j'avais appris à reconnaître les différents territoires, les odeurs. Je savais donc que je me trouvai sur les terres neutres. À force, j'avais réussi à dompter ma faim et réussissais à passer quelques jours sans manger, mais rien qu'à y repenser ... j'ai faim. J'arrêta donc d'y penser et décida de changer mes habitudes, et de pour une fois m’entraîner en endurance et en agilité, mes deux points faible. Je suis plus agile qu'autre chose. Mais le force seule ne suffit pas, il me faut de la force pour battre certains mastodontes, et de l'endurance pour mieux chasser et tenir plus longtemps lors des combats, même si je n'ai pas encore eu à me battre ici. Et encore heureux, je n'ai franchement pas l'envie d'essayer pour le moment. Je préfère encore vivre un peu plus longtemps.
Je repère vite une suite d'arbres morts, couchés sur le sol. Je décide donc de sauter par dessus les arbres, cela me ferra un bon entraînement. Je me place face à la suite d'arbres, recule un peu pour avoir de l'élan et commence à courir, puis à bondir, à courir, à bondir. Quand j'arrive à la fin de la file, je me retourne et recommence. Encore. Encore. Encore et encore. Mon cœur bat à toute allure, j'ai le souffle court, ma gorge me brûle. Respire par le nez qu'ils me disaient, respire par le nez, mes fesses oui ! Ça marche pas leur truc, j'ai encore et toujours mal à la gorge, ça me brûle et je n'ai rien à boire ! Je marche tranquillement, pour calmer mon cœur, petit à petit. Se coucher brutalement n'est pas bon pour lui. Quand j'eus repris ma respiration normale, je recommença l'exercice encore une fois. Mais cette fois en respirant par le nez ! Car c'est abominable cette sensation de gorge en feu ... Et le pire, c'est qu'il n'y a rien ici pour soulager ça. Ceci fait, je m'étire longuement, membres après membres. Je m'allongea près d'un arbre et me reposa un peu, le temps de récupérer.
À mon réveil, j'étais de nouveau prêt à m'entraîner. Je repéra un peu plus loin un assez long arbre mort qui se trouvait sur une très légère colline. Un parfait exercice. Le but est simple: emmener le tronc au sommet de la colline. Je posa ma tête contre l'arbre, trouva mes appuis dans le terre ferme et fis avancer l'arbre grâce à mes deux puissantes pattes arrières. Je n'arriva malheureusement pas à l'emmener jusqu'en haut. Ce n'est pas grave, je reviendrai m'entraîner plus tard. Ce sera l'un de mes objectifs ! Si l'arbre ne meurt pas avant l'heure.

Si la Chapelle est devenue mon endroit préféré pour chasser, alors celui-ci est mon endroit pour m'entraîner. Cet endroit est le lieu idéal ! Je peux augmenter tant ma force, que mon endurance et mon agilité ! Même si les troncs au sol pourrissent peu à peu et qu'ils ne seront bientôt plus qu'un tas de vieilles branches moisies, je trouverai autre chose. Il me restera tout de même le grand tronc à amener au sommet de la colline, qui mettra plus de temps à pourrir car il est plus jeune que la suite de troncs. Au moment où tous seront pourris, il sera temps pour moi de changer de lieu d'entraînement. Il me reste beaucoup d'endroits à découvrir, et j'en trouverai un à mon goût sans aucun problème, dans des délais respectables. Trêve de bavardages, il est temps de s'exercer, cela fait deux jours que je n'ai pas fait d'exercice, et j'avoue que cela me manque, bien que je ne sois pas une grande sportive dans l'âme, mon corps en a besoin. Je sens que mes efforts paient, je suis de plus en plus endurante, forte et agile.
Je repris mes vieilles (si je puis dire) habitudes et commença par travailler mes deux points faibles, en sautant les arbres jonchant le sol. La nature est si bien faîte ! Enfin ... Quand elle le décide. Elle peut-être très mal faîtes quand elle est de mauvaise humeur. Des trous bien cachés, une rafale de vent vite arrivée près de falaises escarpées ... Elle peut se montrer très capricieuse, c'est pourquoi il faut donc la chouchouter, car sans elle nous ne sommes rien. Du moins, sans elle pas de proies, et sans proies pas de nourriture, donc mort assurée. Ce qui revient au même. Enfin bref, au moins penser à quelque chose me fait oublier ma douleur, et cette fichue gorge en feu. Fichue nature. Fichue anatomie. Fichue tout. Comme ça ça va plus vite.
Je stop mes sauts et me met à marcher lentement autour de mon terrain d'entraînement pour reprendre mon souffle, petit à petit. On m'a toujours dit qu'il ne fallait pas se coucher, que ce n'était pas bon pour notre cœur. Mais j'avoue que j'aimerais beaucoup me coucher et ne plus rien faire pour le restant de mes jours ! Malheureusement, ce n'est pas si simple, et une fois mon souffle repris, je recommencerai cet entraînement. Car oui, aujourd'hui je ne vais pas monter ce fichue tronc au sommet de la colline, je préfère valoriser mon agilité et mon endurance, pour une fois.
Une fois donc mon souffle repris, je me mis à refaire cet exercice, sans vraiment trop y penser. Je ne saurais dire combien d'aller-retour j'ai fait. Je pensais à autre chose. À tout et à rien en même temps, je ne saurai donc trop quoi vous dire. Mais au moins, je l'ai fait, cet exercice, et j'ai gagné en agilité et endurance.

Je dois trouver l'endroit qui a le plus d'avantage, et c'est celui-ci. Je peux facilement m'entraîner pour l'endurance en sautant plusieurs fois d'affilé la suite de souche et en agilité aussi en même temps et en force en poussant ce gros tronc d'arbre jusqu'au sommet de cette colline, car oui, j'y arriverai un jour ! Je ne perd pas espoir. Je ne dois pas perdre espoir pour si peu, au contraire, je dois avoir la rage pour y arriver !
Mais aujourd'hui je ne veux pas gagner en force. J'ai une assez grande force pour le moment. Non, je préfère gagner en endurance, et un peu en agilité. Ce qui est génial, car ici je vais pouvoir travailler ces deux choses en même temps ! Je me place donc comme la dernière fois: face à la suite, accroupi, griffes plantées dans le sol pour une meilleure impulsion. Et je commence, je tends mes postérieurs et m'élance. Cette fois, je fais bien attention à fermer ma gueule et à respirer par le nez, en qualité de gorge en flamme, j'ai eu ma dose pour le moment, merci. Surtout au vue du temps que ça met à partir ... Enfin bref. Je saute un à un tous les bois. Mine de rien, ils sont assez gros, et avec la fatigue j'ai de plus en plus de mal à les sauter d'un coup. Ils font presque ma taille, c'est pour dire. Encore "vivant", ces arbres devaient être immense ! J'aurai tant aimé les voir. Voir cet endroit quand tout allait encore à peu près bien. Avant tout ça. Cela devait être un endroit magnifique, quand la faune et la flore y vivaient encore. Maintenant, ce n'est plus que désolation. Seuls les plus fort ont survécus, les autres sont mort de faim, de soif, ou même tué par des humains, toujours plus en quête de pouvoir ... Je continue mon exercice encore et encore, tant que j'arrive à sauter par dessus les troncs je continue, fatigue ou pas. Mais un je rate un de mes sauts et ma tête heurte de plein fouet le tronc suivant. Je ne dois pas me blesser, ça pourrait me tuer. Je n'y connais strictement rien en plantes médicinales, et je ne vais certainement pas ramper aux pattes de certains pour me faire soigner ! Mes muscles me brûlent, j'ai de plus en plus mal. Chaque pas devient un effort considérable. Je pense qu'il est temps pour moi de faire une pause et de me reposer. Je pourrai revenir ici une autre fois, les arbres ne vont pas partir avec leurs petits pieds, je pense.

J'ai décidé de venir m'entraîner aujourd'hui pour devenir plus forte. Je ne peux pas me permettre de perdre un seul combat, alors je dois m'entraîner régulièrement !
Sans plus tarder, je me dirige vers la forêt et son tronc d'arbre. Il commence à pourrir, de plus en plus vite chaque jour. Bientôt, je ne pourrais plus compter sur ce vieux bout de bois. Je vais devoir me mettre en quête d'un nouveau lieu pour m'entraîner et c'est vraiment dommage. La forêt aux pendus est vraiment un très bon endroit. Mais je dois arrêter de m’apitoyer sur le sort de celui ci et commencer cet entraînement !
Je me place face à la colline, prend une grand inspiration et pose mon front contre un fasse à peu près plate du tronc. Les griffes plantées dans le sol, je me donne à fond pour monter ce tronc au sommet. À chaque nouveau pas, je veille à bien m'aggriper dans la terre meuble. C'est assez facile au début, mais la terre devient de plus en plus sèche et aride, y enfoncer mes griffes devient presque impossible, et la terre sèche abîme mes pauvres coussinets. Quand je ne me sens plus la force de pousser ce mastodonte, je m'en écarte, pour le laisser dévaler la pente à tout allure, et venir se poser contre un arbre encore en vie. Grâce à la végétation et aux diverses bosses en bas de la colline, le tronc ralentit et ne s'écrase pas contre l'arbre.
Je me met dans un coin à l'ombre pour pouvoir me reposer tranquillement avant de repartir en forme pour le camp. Je n'ai peut être pas réussi à monter cet arbre au sommet, mais il est déjà allé plus loin qui la dernière fois, et ce petit exploit suffit à me remonter le moral.

La force. Mon point faible. Pour n'importe quel autre loup, cela n'aurait pas posé plus de problèmes que ça, sauf que moi je ne suis pas n'importe quel loup. Premièrement, je suis une guerrière (bon ok je suis espionne, mai sun peu guerrière quand même), j'ai BESOIN d'être forte ! Ensuite, c'est une question de survie. Si je m'amuse, comme je le fais actuellement, à aller titiller tout le monde, il me faut être plus forte qu'eux. Or, problème, leur force à eux augmente, la mienne stagne. Mes chasses n'y changent pas grand chose, je deviens de plus en plus endurante, mais cela s'arrête là. Mon agilité augmente un peu de temps en temps aussi, c'est vrai. Mais je ne suis PAS forte, pourtant, il me le faut.
Je vais donc devoir m'entraîner aussi souvent que possible, chaque soir quand il fait encore un peu jour. Je pense même alterner un certain nombre de chasses contre un autre certain nombre d'entraînements. Cela me paraît être une bonne idée. En même temps normal, c'est la mienne.
Je me dirige vers la forêt et laisse les miens à leurs chamailleries. Elles seront toujours là à mon retour. Mais ma forêt, elle, change tous les jours. Tous les jours, elle pourrie un peu plus. Elle se rapproche inexorablement de la fin. Je vais devoir ajouter "chercher un nouveau lieu d'entraînement" à ma liste de tâches, juste en dessous de "faire chier un bleu", ce qui ne devrait pas être très compliqué.
Enfin bref, je dois me dépêcher car le soleil ne m'attend pas ! Sans plus attendre, je me dirige vers le tronc, à la base de la colline. Je pose mon front sur le bois frais. Je me replace trois ou quatre fois pour essayer d'être confortable mais j'y renonce assez vite. On vit dans un monde post-apocalyptique, faut pas rêver non plus. Je plante mes griffes postérieures dans la terre meuble et avance les pattes antérieurs, puis plante les griffes, puis je recommence en remontant mes pattes arrière et en plantant les griffes, ainsi de suite. Au bout de quelques mètres, je suis déjà exténuée. Ma gorge est sèche, mon souffle rapide et saccadé. J'avais l'impression de mourir à chaque seconde ! Pas un pète d'eau à l'horizon non plus. Et de toute façon je dois emmener ce tronc au sommet de la colline, je me le suis promis ! J'essaye d'oublier ma douleur et continue d'avancer. Je fais des pauses de plus en plus rapprochée pour essayer de me reposer, mais j'ai plus l'impression de perdre du temps qu'autre chose, tant pis. Soudain, le poids se fait beaucoup moins lourd et le tronc roule de l'autre côté de la colline. Je n'avais pas vue que j'étais arrivée au sommet ! Quel soulagement, j'y suis enfin arrivée ! crac. C'est le bruit que fait mon tronc en venant se pulvériser contre un arbre en contre bas. Eh bien maintenant, je sais que je vais devoir vraiment me bouger pour trouver un nouveau lieu d'entraînement.

Mes pattes foulaient le sol de manière répétitive. Aujourd'hui j'avais eu l'idée de m'entraîner un peu ici, à la course et l'endurance. Peut-être aussi l'agilité ... On verra bien. Je m'arrête et regarde attentivement les arbres autour de moi. Je repère un petit endroit où les arbres sont plutôt bas et les branches accessibles, avec des troncs couchés. Je me dirige vers cet endroit en courant, sentant le vent s'engouffrer dans mon pelage. Mes muscles se crispent, mes griffes tapent le sol et je contracte mes membres arrière. Je fais un bond sur une souche couchée au sol et atterris sur elle. Je cours, aussi vite que mes pattes me le permettent, sans m'arrêter et en prenant de grandes inspirations pour préserver mon énergie et mon souffle. Mes pattes s’enfoncent dans l'écorce et je me propulse sur une basse branche en la faisant craquer dangereusement. Je bondis ensuite sur le sol et continue à courir, le cœur battant la chamade .

Je prends de grande foulée et remarque avec mes yeux vairons qu'une petite flaque - une moyenne flaque - d'eau noire se dresse devant moi. Je prends de la vitesse, conscients que si je tombe le dedans tout est fini pour moi. Mon cœur donne l'impression de vouloir sortir de ma gorge mais je continue, comme toujours. Je crispe mes muscles et les bande, puis bondis en haut de la flaque tel un aigle. Je retombe de l'autre côté et continue à courir, encore et encore. Mes côtes me brûlent et ma respiration est sifflante et hachée.
Je finis cet entraînement en marchant doucement pour reprendre petit à petit mon souffle.