Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Et voilà, elle s'était perdue. Ha bravo, là elle devait carrément se féliciter, s'applaudir. Voilà ce qui arrivait aux loups bornés, qui s'aventuraient dans des terrains inconnus, juste pour s'amuser ou faire de nouvelles découvertes. C'était le cas de Noire aujourd'hui. La solitaire s'ennuyait dans sa tanière, et voilà qu'elle avait décidé d'aller s'aventurer dans les tunnels profonds, sous la terre, sous l'autoroute. On ne pouvait pas dire que c'était très intelligent, mais l'idiotie de la louve ne s'arrêtait pas là ! Au lieu de retourner sur ses pas devant l'entrée du tunnel sombre, elle avait continué sa marche, et maintenant elle était perdue, au milieu de tout ce dédale de chemins plus noirs les uns que les autres. Comment se repérer là-dedans ? C'était totalement impossible.Et Noire ne savait même plus par où elle était arrivée. Non, décidément, son intelligence restait vraiment à bas niveau dans le cas présent. Le silence régnait au milieu du tunnel sombre, seulement troublé par les bruits de pas de la louve, et le bruit incessant de gouttelettes tombant dans une flaque d'eau. La solitaire progressait lentement, prudemment même, et la peur qui lui tordait les entrailles ne faisait qu'empirer l'atmosphère troublant du lieu. Il y avait vraiment de quoi s'inquiéter et crever de peur ici. Au détour d'un tunnel, Noire buta dans quelque chose. Son regard jaune alla se ficher sur le sol, et elle sentit aussitôt l'odeur répugnant d'un cadavre de campagnol. La louve enjamba le corps décharné de l'animal sans lui jeter un regard, et poursuivit son chemin. Mais quelques mètres plus tard, l'odeur de charogne était toujours là, et elle repéra une tâche sombre sur le sol. Encore un cadavre. Noire plissa la truffe et ferma les yeux, traçant sa route en marchant un peu plus vite. Cet endroit devenait de plus en plus inquiétant. Mais lorsque pour la troisième fois, elle buta dans une proie morte, la panique l'envahit totalement. Elle se mit à courir, les oreilles couchées en arrière, le coeur battant à cause de la panique grandissante. Dans ce noir profond, il était impossible de s'y retrouver. Elle était perdue. Un grognement retentit tout à coup, et deux points rouges s'allumèrent devant elle. Noire poussa un piaillement, et fit demi-tour, le pelage hérissé. Elle courut dans l'autre sens, se prit les pattes dans le cadavre de campagnol et chuta. Le grondement résonna de nouveau, et la solitaire se releva en vitesse, poursuivant sa course terrifiante au milieu du noir profond de ce tunnel. Et au détour d'un chemin, au lieu de trouver la sortie comme elle espérait, après de longues minutes à courir dans la pénombre angoissante, Noire frappa dans quelque chose. Elle tomba en arrière en criant, et dans la panique gigota désespérément par terre comme un asticot. Sa patte frappa dans la chose qui l'avait bousculé. Elle avait des poils. Était-ce un autre loup ? Un autre loup venu la sauver ? Ou bien se perdre lui aussi dans ce tunnel ? Elle n'en savait rien, mais tout ce qu'elle pouvait dire, c'est qu'il fallait sortir d'ici.
"Cours !" Hurla t-elle à l'autre loup.
Et elle partit à toute patte loin d'ici. Elle ne s'arrêterait pas avant que l'autre ne lui dise de se stopper.
Le loup dans lequel Noire frappe à la fin, c'est toi
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Sam 12 Sep - 9:25
Dans le noir le plus profond, une amitié peut naître
Feat. Noire
Mais qu'est-ce que je fous là moi ?. Je n'ai absolument aucune idée d'où m'est venue l'idée de m'aventurer dans ces tunnels sombres. J'avais vraiment des idées bizarres parfois, c'était carrément glauque. Enfin bon, maintenant que j'y suis, autant avancer. Ce tunnel était vraiment flippant. Ça sentait la vielle charogne dans tout les coin et l'eau qui ruisselait sur le sol était tellement visqueuse que c'était à se demander si c'était vraiment de l'eau. Il y avait des cadavre d'animaux un peu partout. Ça me donnait envie de vomir. Je continuais en essayant de ne pas faire attention à l'odeur répugnante et au liquide visqueux qui arpentait le sol. Soudain, j'entendit des pas au fond des tunnels. C'était le bruit de griffes qui grattait le sol pendant une course. Je m'arreta et ne bougea plus d'un poil, fixant le bout du tunnel. Soudain, une ombre jaillit. C'était un louve. J'ai à peine eu le temps de réagir qu'elle m'avait déjà foncé dedans. J'ai gardé l'équilibre mais elle, elle s'était littéralement vautré par terre. On pouvait lire la peur dans ses yeux. Elle semblait tellement effrayée qu'elle peinait à se relever. amis une fois debout elle me hurla :
"Cours !"
Et puis elle est partie en courant derrière moi. Si je ne l’arrête pas, ça va pas le faire. Je me retourna et cria :
"Attend ! Arrête toi !"
Ok. Heureusement elle m'avait écouté. Je pus l'examiner un peu plus. Elle était entièrement noire et elle avait des yeux biens jaunes. Son odeur ne m'évoquait rien, elle devait être une solitaire. Au bout de quelques secondes, je lui lança :
"Qui es-tu ? Que fais tu là et pourquoi est-ce que tu cours comme ça seule dans les tunnels ?!"
C'était peut-être un peu brute comme premier abord. Je me rattrapa en lui disant plus doucement :
Noire voulait s'éloigner d'ici au maximum. La bête aux yeux rouges lui faisait peur. Cet endroit même, l'effrayait jusqu'à la moelle des os. La louve n'était pourtant pas du genre à être effrayée par la noirceur et les choses étranges, mais elle sentait dans ce tunnel une présence maléfique. Ou du moins, pas du tout appréciable. Et la solitaire n'avait pas envie de crever ici. Mieux valait donc s'échapper de cet endroit au plus vite. Mais à peine eut-elle fait quelques pas rapides, que l'autre loup la rappela. Rapidement elle se retourna, pour savoir si la Bête avait attrapé cet autre canidé, mais il avait l'air en très bonne santé malgré la pénombre environnante. Et à bien écouter, les grondements s'étaient tus. La Bête était-elle repartie dans l'autre sens ?
"Qui es-tu ? Que fais tu là et pourquoi est-ce que tu cours comme ça seule dans les tunnels ?!"
Toutes ses questions agacèrent la louve noire, qui se rapprocha de l'inconnu, le pelage toujours hérissé et la queue battante, signe de son irritation. Silencieuse, elle renifla l'air ambiant, et l'odeur de poussière la fit tousser. Mais malgré cela, elle n'eut aucun mal à reconnaître l'effluve de la meute Esobek. Ce loup-là faisait partie de la meute de Reaven.
"Ca va ?"
Noire dévisagea l'inconnu d'un air mauvais, mais finit par hocher la tête. Ses yeux commençaient à s'habituer à l'obscurité, elle pouvait mieux détailler l'autre loup. Il avait un pelage noir, comme le sien, et des yeux bleus. La louve plissa le regard, toujours aussi silencieuse, puis finit par lâcher d'un ton cassant :
"Faut sortir d'ici."
Et elle se retourna, bien décider à trouver la sortie de ce tunnel. Elle sentait que l'autre canidé allait la suivre et entamer une discussion pendant la marche. Mais peut-être que ce serait utile pour obtenir quelques informations ?
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Feat. Noire
La louve n'avait pas l'air d'avoir apprécié que je lui balance des questions comme ça. Mais elle hocha tout de même la tête pour me confirmer que ça va. Elle ne semblait pas avoir un caractère très amical. En tout cas, la femelle noire ne semblait pas vouloir s'attarder ici. Elle finit par couper le silence en me lâchant :
"Faut sortir d'ici."
Elle ne perdit pas une seconde avant de se retourner pour partir. Elle avait raison : cette endroit ne donnait pas vraiment envie de rester pour discuter. Je décidait de la suivre. De plus, je souhaitais en savoir plus sur elle : la louve avait piqué ma curiosité. Je partis au trot la rattraper, puis je me plaça à coté d'elle en marchant silencieusement. Nous restâmes sans bruits pendant un petit moment avant que je ne décide de briser le silence en lui disant d'un ton amical :
"Dis moi, je peux savoir ton nom ?"
J'avais tellement de questions à poser mais je préférais y aller doucement étant donné son agacement de tout à l'heure. En effet il est étrange de trouver une louve seule ici. Je pensais être seul à être assez fou pour m'y aventurer.
La louve entendit les pas pressés de l'Esobek, et celui-ci arriva près d'elle, se plaçant à ses côtés pour trouver la sortie. Elle soupira en levant les yeux au ciel, et, toujours un peu inquiète, commença à chercher le chemin qui menait à l'extérieur. Noire n'aurait pas du venir ici. Elle avait risqué sa peau face à la Bête aux yeux rouges. Mais au moins, elle n'était plus seule désormais, et peut-être bien que ce nouveau-venu pourrait lui apprendre quelque chose au sujet de Reaven ? Qui sait, ils étaient de la même meute après tout ! Leur marche silencieuse dura pendant longtemps, et Noire marchait à l'avant, désignant elle-même la route à prendre. Si l'autre ne voulait plus la suivre, il n'avait qu'à partir. Elle, elle ne voulait pas lui faire confiance. Elle se fiait à son propre instinct. Elle était solitaire, lui loup de meute. Elle avait donc un bien meilleur instinct de survie que lui.
"Dis moi, je peux savoir ton nom ?"
Il venait de briser le silence, et Noire sentit son pelage se hérisser. L'écho de la voix du mâle noir résonna entre les parois du tunnel, et la louve rabattit ses oreilles en arrière, agacée. Il risquait de réveiller la Bête aux yeux rouges en parlant si fort ! Une inconscience pareille ne faisait qu'accroître l'angoisse de la femelle, qui répondit un peu trop brutalement :
"Noire."
Elle n'était pas sure qu'il comprenne bien que son nom était "Noire", mais elle s'en fichait bien. Tout ce qu'elle désirait, c'était trouver la sortie de ce dédale. Être enfermée lui faisait peur. Et ce loup aux yeux bleus n'était pas si un bon compagnon que cela finalement...
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Feat. Noire
On dirait vraiment qu'a chaque mot que je prononce, la louve à envie de m'arracher les yeux. Je suis vraiment si énervant que ça ? Où alors c'est juste que la femelle n'aimait pas vraiment les relations. En tout cas, j'opte pour l'option numéro 2. Elle finit par me répondre brutalement :
"Noire."
Noire? Étrange comme nom. En tout cas il va bien avec son physique, et même son caractère apparemment. Finalement, on est un peu similaires. Je répondit doucement :
" Enchanté, moi c'est Onyx "
Je restais calme malgré le fait que Noire ne soit pas très agréable. Je n'avais pas envie de m’énerver ou même de me déclencher une crise juste parce qu'un inconnue se montre assez désagréable. Je décidais quand même de ne pas y aller par quatre chemins. Je lui dit d'un ton neutre :
" Tu n'aime pas beaucoup les gens n'est-ce pas ? "
Je ne sais pas pourquoi j'ai posé cette question. Ma curiosité avait pris le dessus. Je voulais en savoir plus sur elle. Elle était mystérieuse, sombre, différente. Je m'identifiais un peu en elle. Peut-être que elle aussi avait un passé douloureux.
Noire grommela quelque chose d'incompréhensible, la truffe froncée, et poursuivit sa marche silencieuse dans le noir. Elle n'était vraiment pas du genre à taper la discute et à se faire des amis. La louve était solitaire, elle avait été forgée dans cet optique de survie et de méfiance constante. Elle savait qu'il ne fallait pas compter sur les autres. Si un jour on sauve quelqu'un, il nous demandera toujours quelque chose en retour. Ce qui était normal d'après elle. Une bonne action ne servait à rien sans récompense. Et puis créer des liens amicaux, quelle utilité ? De toute façon elle vivait seule. Pour voir ses camarades, elle aurait dut pénétrer sur leur terre ou organiser des rendez-vous, au risque de se faire tuer ou blesser par un objet ou un être vivant quelconque. Et Noire n'avait pas envie de mourir à cause d'une amitié idiote.
"Tu n'aime pas beaucoup les gens n'est-ce pas ?"
Nan jure ? Pensa la femelle, désespérée. Elle leva les yeux au ciel en sifflant, la queue toujours battante. Elle poursuivit son chemin sans rien répondre, sentant toujours la présence d'Onyx derrière elle. Décidément, les nombreuses routes ne cessaient de se suivre. Plus elle progressait, et plus elle avait l'impression de se perdre. Ce souterrain était vraiment un véritable labyrinthe. Et au fond d'elle, la solitaire se rendit compte d'une chose. Elle ne trouverait pas la sortie toute seule. Mais peut-être que l'Esobek, lui, la connaissait ?
"Sors moi de ce trou, lui lança t-elle dans un grondement rauque. Je trouverai pas la sortie toute seule de toute façon."
Sa demande n'était rien d'une requête désespérée. Si Onyx lâchait un seul commentaire blessant, Noire se ferait un plaisir de l'étriper ouvertement, même si elle devrait ensuite pourrir ici avec la Bête aux yeux rouges. Il avait donc tout intérêt à lui répondre gentiment et à lui trouver cette sortie. Et en vitesse avant qu'elle ne pète un câble.
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Feat. Noire
La louve ne pris même pas la peine de me répondre. Elle se contenta de lever les yeux au ciel en sifflant. Ok donc la réponse devait être oui. De toute façon je m'en doutais un peu. Mieux vaut que je laisse tomber, Noire ne me révélera rien sur elle et ce n'est pas en insistant que ça va faire quelque chose. Au fur et à mesure qu'on avançait j'avais l'impression que les couloirs se répétaient sans cesse et l'odeur de sang et de mort commençaient à me filer la nausée. Au bout d'un certain temps, la louve me lança de sa bonne humeur habituelle :
"Sors moi de ce trou. Je trouverai pas la sortie toute seule de toute façon."
Ça alors la louve solitaire dépendante de personne avait besoin de moi ? Enfin il vaut mieux que je ne fasse pas de commentaires, j'aimerais sortir d'ici en un seul morceau. Je me mis à sentir l'air de chaque couloir. On sentait un courant d'air plus fort dans l'un d'entre eux. Je me tournis vers Noire et lui dit :
"Suis moi. C'est par là."
Je rentrais dans le couloir, sentant la présence de la louve derrière moi. Il suffisait de suivre ce courant d'air pour arriver à la sortie. Je me demande ce qu'il va se passer une fois que l'on sera sortie. Je m'attendais à ce que la femelle s'en aille sans m'accorder un regard et que tout ce passe comme si nous nous étions jamais rencontrés. Elle n'a pas l'air du genre à avoir des amis ni même à en vouloir.
Onyx resta silencieux, ce qui rassura quelque peu la solitaire. Au moins, elle n'aurais pas besoin de le couper en deux et d'abandonner son cadavre à la merci de la Bête aux yeux rouges. Le loup huma l'air profondément, et Noire le regarda faire, immobile. Que cherchait-il ? Elle s'était plutôt servie de sa vue, mais lui se servait de son odorat... Pourquoi ? C'est alors qu'elle comprit. Oh, mais qu'elle avait été idiote ! L'Esobek venait de l'écraser lamentablement en degré d'intelligence. Il avait cherché l'endroit d'où provenait l'air, tout simplement. Car l'air venait de l'extérieur. Et donc la piste restait toute tracée désormais, et très facile à suivre.
"Suis moi. C'est par là."
Il s'engagea dans un tunnel, et Noire le suivit sans trop réfléchir. C'était la seule chose à faire si elle ne voulait pas croupir ici et finir en un tas d'os. Elle était obligée de briser son indépendance pour se rendre dépendante d'un loup de meute. C'était répugnant... Mais la seule chose à faire. Si elle n'était pas venue ici sur un coup de tête, tout cela ne serait pas arrivé. Elle ne pouvait donc s'en vouloir qu'à elle-même.
"Pour une fois que je vois un Esobek qui sait réfléchir..." lâcha Noire sur le ton de l'ironie.
Au point où elle en était, autant engager la conversation, avec une pointe d'humour même ?
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Feat. Noire
Noire l'avait suivis avec une pointe de dégoût. Elle ne devait pas aimer le fait d'être dependante d'un autre loup, et surtout d'un loup de meute. Il est vrai qu'un solitaire porte bien son nom : il doit savoir se débrouiller seul en toute circonstance. Mais bon, de mon avis on ne peut pas se débrouiller seul, il y a toujours un moment où l'on aura besoin de quelqu'un; la circonstance actuelle en était la preuve.
"Pour une fois que je vois un Esobek qui sait réfléchir..." dit-elle ironiquement
Je me réjouis qu'elle se soit finalement décidée à converser. Et surtout qu'elle me parle sans que j'ai l'impression qu'elle rêve de m'étriper. Hmm mais cela signifiait qu'elle connaissait d'autres Esobeks. Elle n'est peut-être pas si asociale que ça alors. Mais qui était-ce ? Je lui répondit toujours d'un ton amical :
"Alors tu connais d'autres Esobeks ?"
J'avais l'impression d'exercer mon rôle d'espion avec mes questions, mais pourtant ce n'était pas du tout ça. J'étais juste curieux d'en savoir plus. J’espère qu'elle ne va pas me trouver trop chiant.
Un bruit de gouttelette sur la gauche fit sursauter Noire, et elle lâcha un grognement gêné en comprenant qu'il ne s'agissait que d'eau. La Bête aux yeux rouges l'avait effrayé plus qu'elle ne le pensait. Elle avait senti sa puissance maléfique, la malveillance de cette bestiole, et plus jamais elle ne souhaitait la revoir. C'était bien trop effrayant. La solitaire aurait perdu la face si elle avait dut se retrouver en face de cet animal au milieu de toute cette obscurité et ce cadre effrayant. Ces tunnels donnaient vraiment la chair de poule. Heureusement qu'Onyx connaissait la sortie.
"Alors tu connais d'autres Esobeks ?"
La question prit la femelle de court et elle pressa le pas, oppressée. Non seulement cet endroit lui donnait mal au ventre et à la tête, mais en plus les questions mal placées et nombreuses de son accompagnateur commençaient à l'énerver. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire qu'elle connaisse d'autres Esobeks ? Avait-il peur qu'elle lui pique son meilleur petit copain, ou qu'elle entraîne sa petite compagne au fond d'un autre tunnel pour se perdre ? Noire était peut-être solitaire asociale, elle n'en restait pas pour autant intelligente et dans la normale des choses.
"Oui."
Maintenant qu'elle avait répondu, autant poursuivre et rentrer dans les détails...
"Peut-être des amis à toi. Deux guérisseurs notamment... Reaven et je ne sais plus trop qui...."
Éstrel peut-être... Quelque chose du genre. Mais elle se fichait bien de ce deuxième nom. Pour la louve, c'était Reaven le plus important. Le plus différent, celui qui sortait du lot. Onyx savait-il des choses à son propos ?
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Feat. Noire
"Oui."
Au moins c'est clair.
"Peut-être des amis à toi. Deux guérisseurs notamment... Reaven et je ne sais plus trop qui...."
Reaven. Oui c'était bien un guérisseur de mon clan. Un mâle gris aux yeux verts qui est dans la meute depuis longtemps, bien avant ma naissance. J'aimerais pouvoir en savoir plus mais bon mon nombre d'amis n'est pas vraiment élevé voir inexistant. Il faut dire que depuis l'accident de mon enfance je me suis renfermé sur moi même. Et cette maladie à la con n'a pas arrangé les choses. Il faut dire que la bipolarité n'est pas vraiment un ticket pour se faire des amis, bien au contraire. Me sortant de mes pensées, je finis par répondre :
"Je l'ai déjà aperçu deux ou trois fois sans plus. J'ai beau faire partis d'une meute, je suis pas vraiment du genre à avoir des potes jusqu’à ne plus savoir quoi en faire."
J'aurais préféré ne pas aborder le sujet. Tout ça à cause de mes questions débile. Je me suis carrément piégé tous seul. Un courant d'air plus important vint me caresser l'épaule quelques minutes plus tard. Au loin, le tunnel s'éclaircissait de plus en plus. Je crois bien que nous approchons de la sortie.
"Nous y sommes presque"
J'avais hâte de revoir la lumière du jour et de pouvoir enfin respirer son froncer le nez à chaque fois que j'inspire.
La louve espérait secrètement, tout au fond de son coeur et de son esprit, qu'Onyx allait lui dire qu'il connaissait bien Reaven. Puis qu'ils allaient tous deux parler de lui, sympathiquement, et qu'elle aurait pu obtenir des informations quelconques à son sujet. Grosse erreur. Non seulement elle n'était pas du genre à discuter "sympathiquement", mais en plus il était clairement logique qu'Onyx n'allait pas commencer à lui parler des loups de sa meute, dans un tunnel noir, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis une poignée de minutes. Et puis la solitaire ne savait même pas elle-même pourquoi elle se raccrochait tant à ce Reaven. Ce n'était qu'un loup comme les autres, un peu différent certes, mais tout de même semblables à d'autres canidés. Noire ne devrait pas s'y attacher autant, alors qu'ils n'avaient échangés que quelques simples mots. C'était totalement débile.
"Je l'ai déjà aperçu deux ou trois fois sans plus. J'ai beau faire partis d'une meute, je suis pas vraiment du genre à avoir des potes jusqu’à ne plus savoir quoi en faire."
Elle hocha la tête. C'était bien mieux comme ça. De cette manière, Noire ne pourrait pas lui en vouloir de ne pas avoir voulu lui donner d'informations. Mais ce qu'elle apprenait là la faisait bien rire. Apparemment, tous les loups de meute n'étaient pas si 'copains-copains' entre eux. Onyx avait beau lui paraître ouvert et sympathique, ses paroles parlaient d'elles-même. Il n'avait pas beaucoup de "potes". Comme elle. Sauf que la louve ne faisait pas partie d'une meute.
"Nous y sommes presque."
Elle se surprit à soupirer d'aise, heureuse de pouvoir enfin se retrouver à l'air libre. La noirceur avait beau être son quotidien, son physique et sa psychologie, rester enfermée dans ces tunnels avec la Bête aux yeux rouges l'embêtait plus qu'autre chose. Au moins sa rencontre avec l'Esobek aurait servi à quelque chose. Sans lui elle serait peut-être encore entrain de paniquer dans le noir, toute seule, cherchant désespérément une sortie inexistante.
"Je pensais pourtant que tous les loups de meutes étaient amis entre-eux. Qu'ils s'entendaient bien. Sinon, ce seraient des solitaires eux-aussi, non ?"
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La louve semblait soulagée d'approcher de la sortie. En même temps vu la frayeur qu'elle a eu tout à l'heure cela ne m'étonne pas vraiment.
"Je pensais pourtant que tous les loups de meutes étaient amis entre-eux. Qu'ils s'entendaient bien. Sinon, ce seraient des solitaires eux-aussi, non ?"
Formidable moi qui pensait avoir changer de sujet. C'est pas parce qu'on est dans une meute qu'on vit au pays des merveilles et que tout le monde nous aime ! Il y a aussi des gens qui n'ont pas d'amis et qui sont seul comme moi ! Ah super ! Je sentais la colère monté en moi. Mon rythme cardiaque qui s’accélère comme ma respiration. Stop ! C'était pas le moment ! Certainement pas ! Je m’arrêta 5 secondes pour respirer un peu. Elle devait me trouvé bizarre mais tant pis. Je lui répondis calmement :
"Dans une meute il n'y a pas forcément que des loups amis avec tout le monde qui vivent dans le "meilleur des mondes", il y a aussi des loups comme moi qui n'ont pas vraiment d'amis et qui choisissent de rester seuls"
Je réprima un grognement et je dis plus doucement :
"Même si parfois on ne choisi pas vraiment de quel côté on veut être..."
Je regrettais un peu d'être venu ici d'un coup, je me sentais vraiment mal à l'aise. J'étais toujours planté là sans bouger, le regard de Noire braqué sur moi. J'avais envie de partir en courant, de retrouver ma solitude habituelle sans que rien ne vienne me faire chier. Mais au lieu de ça, je ne bougeais pas.
Onyx s'arrêta soudainement, et vu que la sortie se rapprochait, les tunnels s'étaient éclaircis. Noire pu donc nettement voir qu'il respirait calmement, les yeux clos, comme pour éviter de trop s'agiter. Elle cilla, et plissa les paupières, suspicieuse, jusqu'à ce que le mâle Esobek semble revenir à la normale et lui réponde :
"Dans une meute il n'y a pas forcément que des loups amis avec tout le monde qui vivent dans le "meilleur des mondes", il y a aussi des loups comme moi qui n'ont pas vraiment d'amis et qui choisissent de rester seuls"
Son ton était quelque peu désagréable, ce que la solitaire n'apprécia pas du tout. Elle fouetta l'air de sa queue, et ses babines remuèrent. Si ce loup continuait à lui parler sur ce ton, elle montrerait les crocs. Et tant pis si elle devait finir son chemin toute seule. Maintenant elle connaissait la sortie, et la Bête aux yeux rouge devait être loin. Mais Onyx se calma et poursuivit plus doucement :
"Même si parfois on ne choisi pas vraiment de quel côté on veut être..."
Noire n'était pas vraiment d'accord avec ce qu'il lui disait. S'il ne se plaisait pas dans sa meute, pourquoi y rester ? Il y avait beaucoup de solitaires ayant quittés une meute pour telle ou telle raison. La femelle n'en faisait pas partie, mais certaines connaissances étaient de ce cas-là. Pour elle, dans une meute, tout le monde était censé bien s'entendre et cohabiter ensemble. Sinon pourquoi les meutes existaient-elles ?
"C'est idiot, marmonna t-elle assez fort pour qu'il l'entende. Dans ce cas tu n'as qu'à quitter ta meute et devenir solitaire, c'est aussi simple que ça."
Elle haussa les épaules et continua la marche. Elle avait hâte de sortir à l'extérieur, et de quitter ce loup. Arpenter le tunnel avec cet Esobek on ne peut plus étrange commençait fortement à l'agacer. Plus vite elle avancerait, plus vite elle parviendrait à la sortie. Ca aussi c'était très simple.
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"C'est idiot, marmonna t-elle assez fort pour que je l'entende. Dans ce cas tu n'as qu'à quitter ta meute et devenir solitaire, c'est aussi simple que ça."
Non non et non ! Pourquoi serais-je idiot ? J'aime aider les gens et ceux-ci m'accepte rarement à cause de cette foutue maladie ! Pourquoi tu ne comprends pas ! Mes muscles se mirent à trembler tandis que la louve se rapprochait de la sortie. Ma tension augmentait. Je tentais de me retenir mais impossible, il était trop tard. Autant dire tout ce que j'ai sur le cœur. Je me précipita devant la louve pour lui barrer le passage et la fixa droit dans les yeux avant de hurler :
"Mais tu ne comprends pas !! Tu ne comprends pas !! Je n'ais pas choisis ça ! J'ai une maladie, une maladie qui me pourris la vie !! J'aime aider les autres ! Je ne leurs demande rien en échange ! Mais les gens m'évitent ! Ils m'évitent car ils savent que je suis comme ça ! Que je peux perdre pied à tout moment ! Et moi je les évite aussi car j'ai peur de m'attacher à eux et de les perdre tout comme j'ai vu ma famille mourir ! Mourir SOUS MES YEUX ! Je refuse de me retrouver seul pourtant ! Je veux avoir une meute à servir ! Une meute qui me donne encore une raison de vivre plutôt que de me laisser crever seul sans laisser une trace de mon passage !! Sans avoir servis à quelque chose dans ce monde de fous !!"
Mon ton était agressif mais ma voix tremblait. J'étais abattu par tout ce que je venais de dire. J'avais même pitié de moi-même. Je continuais à fixer la louve dans les yeux quand des larmes commencèrent à envahir mes yeux. Je me tournis vers la paroi de la galerie et je frappa un grand coup sur le mur laissant une grosse trace de griffure. Je ne bougeais plus. J'étais tétanisé, paralysé, frappé en plein cœur. Je n'avait même pas la force de m’effondrer sur le sol. Qu'allait-elle penser de moi maintenant ? Elle allait sans doute m'éviter, même avoir peur de moi. Je me sentais tellement impuissant face à ça.
La femelle sentait le vent dans son pelage, et un frisson d'espoir lui ranima le coeur. Elle pressa le pas, trottinant à moitié, heureuse de pouvoir enfin se retrouver dehors et rentrer chez elle. Il lui tardait d'avaler un bon pigeon ou un campagnol dodu, puis de s'installer tranquillement sur le sol de sa tanière pour s'endormir. La Bête aux yeux rouges serait alors très loin, et sa tranquillité serait retrouvée. Mais ses rêves furent vite brisés. Onyx se précipita devant elle, lui barrant le passage, une expression haineuse affichée ouvertement. Noire recula d'un pas, surprise, aussitôt en position de défense. Ses oreilles se rabattirent en arrière, tandis que l'Esobek lui crachait au visage des paroles remplies de venin.
"Mais tu ne comprends pas !! Tu ne comprends pas !! Je n'ais pas choisis ça ! J'ai une maladie, une maladie qui me pourris la vie !! J'aime aider les autres ! Je ne leurs demande rien en échange ! Mais les gens m'évitent ! Ils m'évitent car ils savent que je suis comme ça ! Que je peux perdre pied à tout moment ! Et moi je les évite aussi car j'ai peur de m'attacher à eux et de les perdre tout comme j'ai vu ma famille mourir ! Mourir SOUS MES YEUX ! Je refuse de me retrouver seul pourtant ! Je veux avoir une meute à servir ! Une meute qui me donne encore une raison de vivre plutôt que de me laisser crever seul sans laisser une trace de mon passage !! Sans avoir servis à quelque chose dans ce monde de fous !!"
De telles paroles auraient pu ébranler un loup, le frapper en plein coeur, lui faire du mal, évoquer de la pitié. Noire aurait du se détendre, sourire, d'un air compatissant, en lui murmurant des paroles douces... Mais ce n'était pas du tout son mode de fonctionnement. Elle regarda simplement Onyx fondre en larme, puis aller donner un violent coup de griffe dans le mur avant de s'effondrer littéralement. La louve ne ressentit aucune pitié, pas même une seule petite trace, et l'observa d'un oeil morne. Sa colère venait de s'envoler, mais n'avait pas été remplacée par de la gentillesse ou de la compassion. Juste par une sensation de vide.
"Tout le monde a des problèmes, finit-elle par lancer au mâle noir après un long silence. J'ai moi aussi vu ma famille mourir sous mes yeux. Tu devrais t'estimer heureux de vivre au sein d'une meute. Moi je dois me battre pour survivre chaque jour, lutter contre la solitude, chercher de quoi me nourrir, de quoi boire. Chasser les intrus, voler, mettre ma vie en péril... Toi même si tu n'as pas d'amis, tu as ta meute. Moi je n'ai rien."
Son ton était acerbe, piquant, désagréable. Comme si elle avait puni le loup pour tant d'insolence. Il se plaignait d'une vie idéale. Noire détestait ça.Elle avait une vie merdique. Lui vivait dans un monde idyllique. Il ne pouvait pas s'en plaindre. C'était impensable.
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Feat. Noire
Après un long silence tortueux, la femelle finit par me répondre :
"Tout le monde a des problèmes. J'ai moi aussi vu ma famille mourir sous mes yeux. Tu devrais t'estimer heureux de vivre au sein d'une meute. Moi je dois me battre pour survivre chaque jour, lutter contre la solitude, chercher de quoi me nourrir, de quoi boire. Chasser les intrus, voler, mettre ma vie en péril... Toi même si tu n'as pas d'amis, tu as ta meute. Moi je n'ai rien."
Va-t-elle arrêter un jour ?! Je me mis à grogner en me rapprochant d'elle le regard remplit de rage. Ma fourrure avait presque doublée de volume, gonflée par la colère. Je me rapprochait d'elle jusqu’à n'être qu'a quelque millimètre. Sa vie de solitaire n'étais certes pas mieux que la mienne mais elle n'était pas non plus pire. Si elle ne veut rien comprendre c'est son problème, moi je m'en fou. Je lui dis finalement presque en chuchotant d'une voix si grave que c'était presque glauque :
"Tu ne comprend RIEN."
Je me retournais d'un coup et me dirigea tranquillement vers la sortie en lui lançant sans me retourner d'un ton méprisant et ironique :
"Aller ! Retourne vivre ta vie si misérable de solitaire pendant que moi je retourne au pays des merveilles !"
Si elle ne voulait rien comprendre c'est son problème ! Moi j'abandonne. Qu'elle garde sa vision des meutes, ce n'est pas mon problème. Pauvre idiote !
Onyx se releva, soudain plus menaçant qu'apeuré et triste. Noire recula d'un pas, les oreilles couchées en arrière, et devant tant d'agressivité montra les crocs, sur la défensive. Elle n'aimait pas être attaquée, insultée, ou menacée. Si ce loup osait s'en prendre à elle, si près de la sortie du tunnel, la solitaire se défendrait jusqu'à la mort. Ou sa fuite à lui.
"Tu ne comprend RIEN."
Noire attendit qu'il se jette sur elle, mais au contraire, le loup se détourna brusquement en direction de la sortie, en grondant d'un ton ironique une petite pique destinée à la vie de solitaire. La femelle n'y fit pas attention et se contenta de gronder, le pelage hérissé et la queue battante. Ce loup avait beau l'avoir sauvée du dédale de tunnels, cela ne l'autorisait pas à lui parler sur ce ton. Mais Noire n'avait pas envie de se battre avec un Esobek. Pas maintenant. Cela aurait été un signe d'irrespect, de trahison presque, envers Reaven. Ce guérisseur qui lui, n'avait montré aucune trace de violence envers elle, et qui avait même proposé de soigner ses plaies. La louve se contenta donc de le regarder s'éloigner, tout de même un peu irritée par ses paroles. Puis quand enfin, elle ne vit plus aucune trace de lui, elle prit elle aussi le chemin de la sortie. Décidément, cette terre était peuplée de loups étranges. C'en était presque risible de voir à quelle point leur imbécillité était grande. Les meutes ? C'était totalement idiot, inutile. Tous les loups devraient vivre solitaire, ce serait bien plus logique. Mais ce Onyx n'avait pas l'air de comprendre. Il l'accusait elle d'être idiote. Tant pis pour lui, Noire n'allait pas lui faire la leçon. Lorsqu'il son cadavre trônerait sur le sol, ou bien qu'il quitterait sa meute sous le coup de la colère, alors là, il comprendrait peut-être enfin que la louve noire rencontrée dans les tunnels avait raison.