Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
La nuit était tombée. La pénombre envellopait la dune, charchant à imposer de sombres présages. Pourtant, la lune illuminait de ses doux filets argentées les alentours pour permettre à ses favoris, les loups, de circuler d'un pas sûr et de se repérer au moins un minimum. L'ombre et la lumière blanche. La noirceur, les ténèbres et la puretée, l'innocence. Deux opposés formant un tout. Sköll essayait pourtant de ne pas porté attention à la beauté simple du clair de lune de la nuit. Il savait être près de la limite du territoire d'une meute, pour ne pas dire qu'il empiéteait sur des terres habitées. Il le savait, oui. Il restait dans l'ombre, évitant les rayons lunaires. Son but n'était pas de déranger , voire de se montrer provoquant envers eux. Au contraire, il faisait même son possible pour ne pas être repéré. Le roux voulait surtout connaître les frontières des trois meutes se situant dans cette région. Il avait simplement commencé par les Navniks. Utilisant les techniques de camouflage qui consistaient à se tapir et à avancer par étape, petit peu par petit peu. Sa fourrure ne l'aidait pourtant qu'a moitié. Le roux apportant une couleur dans le décor et le noir, blanc et gris le faisant presque confondre dans le paysage, il se devait de se déplacer face au vent et de resté quelque peu en retrait.
Parfois, mille précautions n'étaient pas suffisant. Sköll s'était peut-être aventurer plus loin qu'il n'en avait l'intention. Résultat, il y avait plus de risques qu'il laisse des traces sur son passage. Le loup roux faisant alors demi tour, il prit son temps pour revenir à la limite des terres, là où il savait être vraiment plus en sécurité. Cela ne serait pas malin de se faire attraper sur un territoire appartenant à une meute en sachant être un Solitaire. Les meutes n'appréciaient pas souvent les sans-meutes. Ces derniers volaient parfois les proie durement chassé ou compliquaient les chasses de leur présence. Sköll ne tenait pas à mettre une meute sur son dos. Il était un Mercenaire et cela n'aiderait pas les affaires de se connaître des loups qui le détestait.
Un craquement, un bruit sourd, un brouissement. Avait-il été repéré ? La meute était-elle au courant de sa présence ? Seulement, il n'entendait ni ne sentait une quelconque petite chose pouvant lui donner un signe de vie. Sköll aurait peut-être dû décamper au plus vite, mais il restait là, immobile, attendant un autres bruits ou gestes qui confirmerait qu'un second loup était présent ce soir-là.
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Sam 12 Sep - 13:01
The moon, only witness
feat. Sköll
La lune illuminait les Ruines de la Chapelle de ses rayons d'argent et l'activité Navnik s'amenuisait peu à peu. Les guerriers se reposaient entre les murs protecteurs, les sentinelles veillaient au grain, les plus jeunes s'endormaient. Tous ? Non, pas moi. Après une journée d'entraînement avec Maître Ebène, j'aurais du être percluse de courbature et exténuée. Et pourtant. Mon esprit est aussi clair que l'air nocturne. Mon corps est frais et dispos. Je ne peux simplement pas dormir. Ce serait du gâchis. Autant mettre cette énergie au service de la Meute et aller chasser. C'est avec l'agilité d'un espion que je me faufile hors des murs de la Chapelle, glissant à travers la nuit. Je dévale la colline d'un petit trot enjoué, le corps ramassé et les oreilles plaquées. Direction: la frontière. D'après Ebène, les migrations de fin d'été apportent aux Navniks les troupeaux de cervidé venus des Terres Esobeks. C'est la période idéale pour la chasse. J'espère seulement que mon pelage si affreusement blanc ne me trahira pas, cette fois. Je ne me presse pas, malgré mon enthousiasme. Je prends le temps d'écouter les bruits de la nuit; le bruissement des feuillages, le coassement joyeux des grenouilles, l'activité des diverses bestioles qui peuplent nos Terres. A chaque bruit étrange, je relève la tête et dresse les cou, puis me reprends ma marche. Rien ne vaut, à mes yeux, la caresse de la brise fraiche contre mon pelage, et la quiétude qu'apporte les soirs de Lune. C'est presque devenu une seconde nature chez moi, d'errer seule dans les forêts. Surtout depuis que… tant de choses ont changé chez les Navniks.
Je sens que je me rapproche de la frontière. L'odeur des miens devient plus puissante. Je m'approche d'un arbre, hume le tronc puis l'air avec attention. J'entrouvre légèrement la gueule pour analyser les odeurs, comme j'ai vu Ebène le faire. Je sens presque aussitôt la piste d'un chevreuil. Fraîche, qui plus est. C'est ma chance. Je m'élance d'un pas agile et discret, évitant les branches sur le sol et les feuilles mortes. Après une centaine de mètres, je sens une odeur qui ne manque pas de m'interpeller. Un loup étranger. Je stoppe ma course immédiatement. Je lance des regards furtifs autour de moi. Puis, peut-être autant poussée par la curiosité que par le sens du devoir, je me mets à suivre la piste de l'intrus. La trace est nette et se rapproche de la frontière. Qui que soit ce loup, il ne manque pas de culot. Il est soit vraiment imprudent, soit assez arrogant pour s'arroger le droit de visiter les Terres Navniks. Je trouve en cette situation une occasion, qui sait, de prouver ce que vaut.
La piste s'arrête à quelques mètres. Il est là. Je m'accroupis avec une lenteur délibérée derrière les broussailles, le corps tendu. Je peux apercevoir, dans la clarté lunaire, le pelage roux de ce que je sais être un Solitaire. Le premier que je rencontre. Ce dernier semble avoir entendu quelque chose: il guette un indice qui indiquerait ma position, ou, si j'ai été assez discrète, ma présence. Je ne vais pas lui faire ce plaisir. Je suis Navnik, et il a envahi mon territoire. Sans plus réfléchir, je bondis hors de ma cachette et atterris à quelques mètres de l'étranger, les oreilles plaquées et les crocs dévoilés.
« Qui que vous soyez, Solitaire, vous n'avez rien à faire ici. » argué-je d'un ton que j'espère menaçant.
Je ne peux cependant m'empêcher d'éprouver une admiration mêlée de curiosité devant un personnage aussi impressionnant. Bien bâti par des années d'errance et de danger. Mais pas assez prudent pour éviter de s'introduire chez les ennemis, apparemment. Il n'a rien d'un loup de Meute, rien que par son apparence. C'est un vrai Solitaire.
Un long moment s'ensuivit. Les créatures des ombres faisaient entendre leur chant particulier, mais une impression de silence s'abattait étonnamment pour décupler l'attente. Les feuilles bruissaient doucement au vent frais, mais il y avait une immobilité puissante qui accentuait la longueur de cette attente. Sköll ne faisait pas attention à cette attente longue et lourde. Il cherchait le moindre nouveau indice qui lui confirmerait la présence d'un lupin. Seulement, le bruit s'était estompé et rien n'était plus à signaler. Malgré cela, le loup roux ressentait la vague sensation d'une présence, d'un regard posé sur lui. Suivre son instinct, faire une recherche plus poussée ? Se replier, revenir plus tard par prudence ? Il avait le choix. Soit il prenait la chance d'être débusqué en sachant qu'il y avait une probabilité qu'il ne puisse en sortir vivant. Soit il optait pour la survit pure et dure, aucun risque, la prudence avant tout.
Sköll scrutait encore les environs en pensant à la meilleure chose à faire. Il n'eut pas le loisir de se décider. On le força à l'une des deux situations et il fallait bien que cela cela soit celle qui comportait le plus de risques. Les bruissons s'écarta à sa droite, une ombre éclatante surgissant sans la moindre discrétion une fois découvert. Sköll ne manqua pas de remarquer les oreilles plaquées sur le crâne et les crocs dévoilés. Il resta de son calme éternel. Il prit simplement le temps qu'elle s'adressa à lui en se montrait des plus menaçante pour l'examiner à la lueur lunaire.
« Qui que vous soyez, Solitaire, vous n'avez rien à faire ici. »
Une voix se voulant menaçante, mais qui trahissait la détermination. Une jeune louve, pensa Sköll. Une blancheur presque aussi pure que celle de la lune elle-même recouvrait le corps gracile de la louve sans aucun doute plus jeune que lui. Malgré les airs menaçants qu'elle adoptait, le loup roux ne pouvait s'empêcher de voir en elle la délicatesse, mais également le fort caractère que cela devait camoufler. Plutôt charmante, il devait l'avouer, Sköll ne réagit pas comme la blanche l'aurait sûrement pensé.
« Certes. »
Commenca-t-il en marquant une légère pause.
« Vos frontières me doivent d'être connu. »
Il aurait pu ajouter que s'informer de l'emplacement exacte des terres Navniks lui permettraient de ne pas pénétrer par inadvertance, mais il n'en fit rien. Il jugea qu'elle pourrait le deviner d'elle-même sans qu'il n'est à le lui dire. Que très peu bavard, il avait déjà prononcé sa plus longue phrase à son adresse depuis un mois et demi.
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Sam 19 Sep - 16:54
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feat. Sköll
Le Solitaire conserve sa posture immobile et son calme consternant. Un calme qui va très vite me déplaire.
« Certes. »
Bon, au moins il admets qu'il n'a rien à foutre par ici. C'est déjà ça. Je m'approche un peu plus, les yeux plissés par la circonspection. Qu'est-ce qu'il attend pour déguerpir ? Les pluies de sang ?
« Vos frontières me doivent d'être connu. »
Cette réponse m'étonne, et j'en perds quelque peu mes moyens. Je n'ai jamais connu de Solitaires, mais je sais qu'un loup normal serait parti sans demander son reste. Celui-là considère sa présence au bord de la frontière comme un dû. Incroyable. J'émets un éclat de rire cynique.
« Excusez-moi de rire quelque peu de cette réponse. Vous avez un odorat ? Vous n'avez pas besoin de pénétrer dans les terres pour savoir où sont les frontières. Je vous sais pleinement conscient de vos actes, alors maintenant que votre petit travail a été effectué, vous feriez mieux de partir. »
Je ne bouge pas, déterminée, le regard perçant fixé dans celui de l'inconnu. Je ne me laisserai pas impressionner par un grand balèze Solitaire. Ni aujourd'hui, ni demain. Je me prends à le détailler encore une fois, et la curiosité fait surface à nouveau. Toute cette confiance en soi, toute cette nonchalance ne manque pas de me fasciner, et cela même si mon interlocuteur est censé être l'ennemi, l'indésirable. Je regarde brièvement autour de moi, les broussailles marquées de nos odeurs, le sol humide, la lune éclatante, avant de reposer mes yeux vairons sur le loup brun. Je ne connais rien de ce peuple nomade, rien des loups qui la compose. Bien qu'intrus, il n'a pas l'air d'avoir d'intentions agressives. Autant profiter de la situation. L'avenir me dira si laisser l'étincelle de curiosité se répandre était une bonne chose.
Avant que le Solitaire ait pu répliquer quoi que ce soit, et sans être inquiétée du fait de paraître quelque peu lunatique, je dis d'une voix forte:
« Vous savez quoi, je vais vous faire une faveur. Je vous raccompagne de l'autre côté, et j'oublierai que vous êtes entré. En échange, vous répondrez à toutes les questions que je vous poserai. Et de manière honnête.
Je me tais quelques secondes, analysant la réaction du Solitaire. Ce soir, j'avais envie d'étancher ma curiosité, et ce malheureux loup était celui qui allait m'y aider.
La jeune louve sembla quelque peu surprise de sa réponse. Puis, son rire cynique envahit le silence paisible de la nuit. Sköll pencha la tête de côté, réfléchissant à son comportement. Elle avait visiblement très mal saisit le sens de sa phrase. Elle pensait à un quelconque dû qu'il n'avait pas du tout évoqué. Elle pensait à une attitude de confiance qui n'existait pas, ou peu. Elle avait tout faux, sans le savoir. Le loup l'aurait cru plus maligne pour comprendre ou, tout du moins, deviner qu'en tant que Solitaire, il fallait connaître toutes frontières existantes pour s'assurer justement qu'aucun malentendu de ce genre ne se produise.
« Excusez-moi de rire quelque peu de cette réponse. Vous avez un odorat ? Vous n'avez pas besoin de pénétrer dans les terres pour savoir où sont les frontières. Je vous sais pleinement conscient de vos actes, alors maintenant que votre petit travail a été effectué, vous feriez mieux de partir. »
Sentant le regard de la jeune louve le détailler, il se contenta de faire de même. Malgré sa réplique des plus impertinentes, il souffla simplement. Il aurait pu lui répondre sur le même ton désagréable, mais à quoi bon ? Il ne cherchait ni la bagarre ni les embrouilles. C'était elle qui possédait la confiance de trop entre eux deux. Elle faisait preuve d'arrogance et il n'appréciait pas spécialement cela. Il tentait de trouver quelque chose à répondre qui ne paraîtrait pas stupide comme elle semblait le croire d'oter. Pas d'odorat ? Sköll se lécha les babines, optant pour le silence. Autant la laisser parler et la laisser croire ce qu'elle voulait.
« Vous savez quoi, je vais vous faire une faveur. Je vous raccompagne de l'autre côté, et j'oublierai que vous êtes entré. En échange, vous répondrez à toutes les questions que je vous poserai. Et de manière honnête. »
Il hocha simplement de la tête, lui donnant ce que cette capricieuse louve voulait. Elle croyait lui faire une faveur, mais c'était plutôt Sköll qui lui en faisait une. Elle verrait bien, par la suite. Il préférait garder toute prudence en terres Navniks, après il pourrait lui ouvrir les yeux... Sans violence. Ce n'était pas son truc de mordre et de griffer pour un rien.
« Marché conclu ? »
Il fixa ses yeux bleus et il se détourna brusquement vers la sortie des frontières. Elle le jugeait sans le connaître. Elle le jugeait de manière des plus grotesques. Si seulement elle savait combien tout ce qu'elle pensait n'était qu'illusion créée par son imagination.
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Mer 23 Sep - 15:29
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feat. Sköll
Le loup se tait, observe, hoche brièvement la tête, se détourne. Son mutisme apparent est étrange à mes yeux, et je ne peux m'empêcher de penser qu'il se retient de lancer quelques remarques acerbes. Il se dirige droit vers la frontière, et je mets quelques secondes avant de lui emboîter le pas. Je suis les mouvements de ses épaules de mes yeux vairons, silencieuse et quelque peu méfiante. S'il est en colère, autant rester sur mes gardes. Nous voilà à la frontière, invisible à l'oeil, mais reconnaissable à l'odeur. L'idée soudaine que ce loup ait franchi nos frontières par simple nécessité de les connaître ne m'avait jusque là pas effleurée, mais force est de dire que je me sens un peu bête. La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi entrer dans les terres était nécessaire. Et je ne pense pas avoir besoin de le comprendre. Je me reprends, secouant imperceptiblement la tête. Je jette quelques regards furtifs autour de nous - on ne sait jamais, puis je m'approche du Solitaire. L'idée de me présenter me parait plutôt naturelle, afin d'espérer obtenir quelques conseils sur sa condition de vagabond.
« Je me présente, Dalioka, Dragon Oublié. »
Bien que je détestais ce nom de lune, il restait le mien. Je viens me placer en face du loup brun, les oreilles dressées par la curiosité, cependant animée d'une certaine retenue, désormais que nous sommes hors des frontières. Plus besoin d'être hostile. Je ne le prends pas pour une bête de foire, ni pour un spécimen spécial, mais pour ce qu'il est ou, du moins, semble être. Un Solitaire, sans foi ni loi. Et voilà cependant qu'il a obtempéré en se retirant des terres Navniks sans chercher querelle.
« Vous devez être nouveau, par ici. Moi je suis née dans ces Terres, ce n'est pas pareil. On m'a dit que les Solitaires mangeaient les louveteaux, mais c'est une histoire que l'on conte aux louveteaux turbulents. Moi je ne les ai jamais vraiment cru, en vérité, sauf peut-être quand mon frère m'en convainquait, et encore ! Mère n'a jamais aimé la solitude, mais Père a déjà été Solitaire, mais il n'en a jamais parlé. En fait, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Et puis quand on entend toutes les histoires des conteurs, c'est vraiment effrayant ! Je me demande bien comment... »
Je déblatère mes paroles avec rapidité, comme partie dans un de mes monologues intérieur, le regard naïf, puis soudain je croise le regard (ennuyé?) de mon interlocuteur et je me tais. Les secondes passent, longues et chacune plus humiliante que l'autre. Gênée, je reprends:
« Excusez-moi. Je… je parle trop. fis-je en baissant légèrement les oreille. Je me racle la gorge pour reprendre quelque peu contenance. A quoi ressemble réellement la vie d'un Solitaire ? »
Voilà une question digne de ce nom. Claire, simple, efficace. J'espère que le loup brun respectera sa part du marché en répondant à la petite louve idiote que je suis. Non mais franchement, qu'est-ce qui me prends ?
La colère n'envahissait nullement son esprit. Non. Il avait agi en connaissance de cause. Certes, au départ, ce n'était pas voulut. Il avait dévié de sa trajectoire, avançant en fixant un point sans se rendre compte qu'il avait franchi les limites. Il n'avait pourtant pas quitté les terres avec empressement. Sköll avait prit ce risque. C'est pourquoi il ne contesta pas vraiment la jeune louve. Il préféra d'ailleurs taire à celle-ci le souvenir d'une louve grise au regard envoûtant et à l'odeur enivrante. Ce souvenir qui l'avait distrait, mais dont il ne se servirait pas pour de plates excuses.
Bien des loups auraient pu être irrité de son rire déplacé, mais Sköll ne voyait pas en sa réaction une réelle insolence. Il dirait plutôt qu'elle sautait trop vite aux conclusions, qu'elle ne prenait pas la peine de creuser plus profond dans les sujets. Si elle avait su que la pensée d'une louve l'avait complétement déconcentré au point d'entrer sur les terres des Navniks, sûrement que le discours de la blanche aurait été différent. De toute manière, cela ne dérangeait que peu Sköll. C'était déjà bien qu'il ne soit pas tombé sur un Navniks assoiffé de sang ou tout simplement agressif. Alors, il ne se plaignait pas.
Le loup roux n'avait pas à regarder en arrière pour savoir que la louve lui emboîtait le pas. Elle avait dit qu'elle le raccompagnerait et il ne doutait pas ses paroles. Il n'avait pas besoin d'escorte pour retrouver la frontière, mais il laissa la louve faire ce qu'elle voulait. Détectant sans mal la marque particulière qui chatouillait son museau, il ralentit et voyant la jeune louve s'arrêter en jetant un coup d'oeil aux alentours. Le loup s'immobilisant tranquillement alors en déduisant qu'elle voulait poser sa première question à laquelle il devra répondre comme convenu, il ne s'attendait certainement pas au changement d'attitude de la blanche.
« Je me présente, Dalioka, Dragon Oublié. »
Faisant maintenant face à la jeune louve, Sköll souffla doucement non d'ennuie, mais en signe de réflexion. Son regard, sa posture, ses paroles. Tous avaient changé. Elle était plus adoucie, plus animée et plus avisée.
« Vous devez être nouveau, par ici. Moi je suis née dans ces Terres, ce n'est pas pareil. On m'a dit que les Solitaires mangeaient les louveteaux, mais c'est une histoire que l'on conte aux louveteaux turbulents. Moi je ne les ai jamais vraiment cru, en vérité, sauf peut-être quand mon frère m'en convainquait, et encore ! Mère n'a jamais aimé la solitude, mais Père a déjà été Solitaire, mais il n'en a jamais parlé. En fait, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Et puis quand on entend toutes les histoires des conteurs, c'est vraiment effrayant ! Je me demande bien comment... »
Ses phrases jetées rapidement cesse soudainement et le loup redressa légèrement les oreilles. Il n'avait même pas à demander ou à faire autre chose pour qu'elle lui donne des informations sur elle. Et puis, elle s'était arrêté. Pourquoi ? S'était-elle rendu compte qu'elle se dévoilait à un Mercenaire qui pourrait utiliser ces informations contre elle ou, dans le meilleur des cas, pour elle ? Ou était-elle gêner de se dévoiler avec autant de spontanéité à un loup inconnu ?
« Excusez-moi. Je… je parle trop. »
Les oreilles de la jeune louve s'abaissèrent un peu, mais elle continua malgré tout. La blanche décida de poser sa première question pour changer de sujet.
« A quoi ressemble réellement la vie d'un Solitaire ? »
Dalioka avait à peine laisser le temps au loup de lui répondre. Le loup à la fourrure tricolore avait alors attendu qu'elle termine pour pouvoir lui répondre comme ils en avaient conclu.
« Sköll »
Commença-il, pour qu'elle le connaisse au moins de son nom. Il n'avait pas l'habitude de dire son nom lui provenant de la lune. Personne ne le savait, d'ailleurs. Il n'avait pas de raison de le garder secret. Le loup ne l'utilisait que peu, simplement.
« La solitude et les risques. Les recherches, les pillages, les chasses et les entraînements ne sont que difficultés. »
Tout était vrai. Il y avait la solitude et il fallait savoir sur cela que des loups ou louves pouvaient être incappables de le tolérer. Sköll dirait qu'il fallait aimer être seul souvent, pour ne pas dire tout le temps. Les risques, ce n'était pas à discuter. Tout le quotidien était un risque, car le Solitaire n'avait aucun repères, aucun liens, aucun être cher pour la plupart à appeler en cas de détresse. Pour les activités servant à se nourrir ou en s'améliorer, les difficultés étaient bien réelles. Les recherches étaient simples, car, à force de vagabonder, les Solitaire apprenait presque comme le fond de leur poche où se trouvait environ les choses dont ils ont besoin. Ne suffit plus qu'à s'y rendre. Les pillages étaient le moins simple, car les Solitaires ne sont certainement pas réputer pour être des espions. En tout cas, pas pour tous. Les chasses n'étaient, pour leur part, pas toujours fructueuses et les sans-meute n'avait pas un garde-manger sur lequel compter dans les pires des cas. Tandis que les entraînements n'avaient que rarement lieu. Il fallait s'entrainer, mais en étant seul ce n'était pas très efficace.
« C'est être libre. »
Finit-il avec cette petite phrase. La liberté. N'avoir aucun dû, aucune attentes d'être cher pesant sur vos épaules, aucune attaches pour certain. Sköll n'était pourtant pas un de ceux n'ayant pas de respect pour les meutes et leurs territoires et de ceux qui dictaient eux-même leurs règles à plus fort qu'eux. Le loup était le contraire. Peut-être que cela surprend, mais le roux acceptait qu'il ne soit pas seul au monde.
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Mar 29 Sep - 20:12
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feat. Sköll
« Sköll »
Le loup tricolore ne semblait nullement ennuyé, ou indisposé. Il se contentait de conserver un calme apaisant, les oreilles pointées en ma direction. Sur le moment, le fait qu'il réponde à mes questions me sembla totalement normal. Puis je me souvins de notre accord, et il gagna une partie de mon respect pour l'avoir respecté. Après tout, qu'est-ce qui l'en aurait obligé ? Certainement pas une pauvre apprentie comme moi.
« La solitude et les risques. Les recherches, les pillages, les chasses et les entraînements ne sont que difficultés. »
Je le scrute, silencieuse et les yeux bien ouverts. Ce qu'il me raconte là n'est pas tant ce que j'ai cru entendre des Solitaires. Il en parle avec gravité, dans un ton qui expose les faits tels qu'ils sont. Vivre seule, voilà ce que je n'ai jamais réellement imaginé. Risquer sa vie chaque jour, se démener sans pouvoir profiter d'aucune solidarité… Cohabiter avec des Meutes parfois belliqueuses… Et moi qui ait dégagé Sköll sans chercher à comprendre les raisons de sa présence. Il ne faisait en vérité que s'orienter pour assurer sa survie. Du moins, j'espère que telles sont ses raisons. Mais les profonds yeux verts de mon interlocuteur me semblent emplis de sincérité. Enfin, il finit sa phrase d'une façon qui m'étonne, mais qui présente un argument pourtant frappant:
« C'est être libre. »
Etre libre. Je me sens libre, et pourtant il semble parler de la liberté d'une manière différente. Je le scrute avec attention, comme si je m'attendais à ce qu'il développe, mais il reste silencieux et moi aussi. Etre libre, qu'est-ce que cela signifie réellement ? Ne suis-je pas libre, moi qui suis Navnik ? Je m'assois lentement.
« Voulez-vous dire que vous n'avez aucune contrainte du fait de votre solitude ? Que la vie vous parait meilleur ainsi ?
Le loup sentait le regard bleu le scruter intensément. Il tourna son regard vers la jeune louve blanche et l'observa à son tour.
En soit, le mot "Solitaire" dévoilait en lui-même qu'être de ce groupe éparpillé était d'être en totale solitude. Enfin, la plupart du temps. Certains vagabondaient avec des loups avec qui il s'entende bien, voire avec leur compagnon. Pourtant, cela restait complètement différent de ce qu'une meute pouvait faire les uns pour les autres. Bref, de par ce mot, elle devait savoir qu'un Solitaire était en solitude constante ou presque. Ensuite, tout dépendait du point de vue et des connaissances. La blanche était jeune et il lui était encore temps d'apprendre. Comme tourner trois fois sa langue avant de parler, pensa avec amusement Sköll. Les difficultés, c'était sans aucun doute lorsqu'on y réfléchissait à deux fois. Pour un loup n'ayant vécu que dans le confort d'une meute, cela pouvait arriver qu'il n'y pense pas. Ils pouvaient ne pas pensés au fait que certaines choses leur semblant simple était parfois dur de posséder pour les Solitaires. Tous n'était que façade pour ces loups au confort absolu. Cela leur paraissait bien de dormir toutes les nuits à la belle étoile, mais le froid ? Cela leur paraisait sympa de devoir chasser tout le temps, cela faisait augmenter les jauges, mais sans garde-manger pour s'assurer un repas lors des ratés ? Il y avait d'inombrable exemples comme ceux-ci.
Quoiqu'il en soit, elle est silencieuse du moment qu'il annonça son nom jusqu'à la fin de ses paroles en réponse à ces questions. Son beau regard azur démontre sa légère surprise et ses nouvelles interrogations à ce qu'elle vient d'apprendre de sa part. Au moins, elle ne sembla pas indisposé par ses phrases brèves.
« Voulez-vous dire que vous n'avez aucune contrainte du fait de votre solitude ? Que la vie vous parait meilleur ainsi ? »
Sköll détourne le regard vers les dunes ou un léger vent faisait virevolter des grains de sables. Il réfléchissait à la réponse exacte.
« Oui et non. »
Commença le roux.
« Les responsabilités sont tout autres...
Certes, être seul signifiait dans certain cas de n'avoir aucun compte à rendre à d'autre. Il fallait même choisir entre sa propre survit et celle des autres. Non, les responsabilités étaient envers soi... Sauf si les sentiments embarquaient, ce qui semblait inévitables dans une vie. C'était une autre histoire. Ce dont il parlait, c'était que les dangers pouvaient se situer au niveau des congénères vivant de la même manière que soi et encore plus venant des meutes. Pourquoi ? Parce que les Solitaires n'apprécient pas toujours ceux de leur groupe qui se trouve à la même place qu'eux. Donc, qui chasse à la même place. Et finalement, qui "vole" leurs proies. Parce que les meutes ne voient en eux que des loups nuisibles, des bouches qui se nourrissent de leurs pillages dans leurs terres.
«La vie n'est meilleure que si l'on est heureux. »
Ainsi voulait-il dire que le mode de vie qu'il expliquait ne pouvait convenir qu'aux loups recherchant cela. On ne pouvait être heureux en étant Solitaire, si on aimait pas la solitude.
Ce n'était pas simple d'être Solitaire. Les inconvénients semblaient plus nombreux que les avantages.
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Ven 9 Oct - 20:43
The moon, only witness
feat. Sköll
« Oui et non. »
Encore une fois, une réponse brève et ambiguë. Je me contente de le scruter, sérieuse et silencieuse, mes seules oreilles montrant ma curiosité grandissante. Mes yeux vairons ne lâche pas un instant ceux de mon interlocuteur, de peur qu'il disparaisse dirait-on. J'attends qu'il développe, ouvrant la gueule puis me ravisant car Sköll décide de continuer.
« Les responsabilités sont tout autres... » commença le Solitaire, la mine pensive.
Je ne le montrai pas, mais toutes ces réponses courtes me frustraient. Je brûlai d'en savoir plus, de tout connaître de ce monde inconnu à mes yeux innocents. Il me semblait qu'à chaque pas que je faisais, une chose nouvelle m'apparaissait, complexe et fascinante. Sköll faisait partie de ces choses, désormais. Alors je ne dévoilai rien de ma frustration, ne voulant pas le brusquer. Il me parlait, c'était déjà quelque chose !
« La vie n'est meilleure que si l'on est heureux. »
J'acquiesce en silence, enchantée par la sagesse de ces paroles. Mon regard vagabonde vers les herbes sèches qui bordent la Dune, et je laisse le silence s'installer. Ce n'est ni un silence tendu, ni un silence gêné; un simple silence, long, profond, seulement entrecoupé du bruit du vent dans les frondaisons. Je me doute que la vie ne doit pas être facile du tout. La solitude, le froid, la faim. La peur, quelque fois, et la menace des hivers rudes, sans tanière définitive pour y résister. Ni la chaleur des siens. Et je me dis que, bien que l'aventure fasse parti du quotidien, cela doit être quelque peu triste, morne. Mais, il me semble, en observant Sköll, que bien que Solitaire, il n'ait pas fait le deuil de ses pairs. Dans le cas contraire, il m'aurait évité comme la peste, serait parti à ma vue. Ou m'aurais craché dessus, comme un de ces chats sauvages. Sköll m'a suivi, m'a écouté et m'a répondu. Et je comprends que la solitude n'est pas toujours question d'absence de contact, mais plutôt de vivre par soi-même. Libre, comme il disait. Un choix, effectivement. Qui sait, peut-être qu'un jour aurais-je à le prendre ? L'envie m'avait pris, quelque fois. Mais comment une jeune louve comme moi se débrouillerait, par elle-même, du haut de sa première année ? Le bon sens avait eu raison de mes caprices.
Je repose mes yeux sur Sköll, plissant les yeux à ma manière bien à moi, comme si je souriais.
« Vous êtes bien courageux, solitaire Sköll. J'aimerai bien avoir un peu plus de votre force et de votre courage pour pouvoir vivre par moi-même. Peut-être le ferai-je un jour. »
La pensée que le loup n'a sûrement pas que ça à faire me vient, et je lance quelques regards aux alentours. Il me faut peut-être rentrer, avant que les autres me trouvent en pleine discussion avec un Solitaire. Je me relève, incline très légèrement la tête. Je n'ai pas oublié les bonnes manières, tout de même.
« Vous avez été patient, je vous remercie pour cela. Vous pouvez repartir désormais, je ne vous suivrai pas. Cependant, attendez-vous à d'autres questions, si nous nous revoyons. »
Je plisse à nouveau les yeux, comme dans un sourire. Puis je reprends mon sérieux, recule de quelques pas. La matinée aura été instructive, et j'en suis fort heureuse. Mon esprit ne pensa pas un instant à la petite trahison que je venais de commettre. Les apprentis normaux ne papotent pas avec Solitaires, ils vont chercher un guerrier ou essayent d'intimider l'intrus comme j'ai tenté de le faire. Ils ne s'assoient pas, avides aux sujets de l'expérience du dit intrus. Mais qui a dit que je suis une apprentie comme les autres ?
Toujours avec insistance, le regard bleu de la blanche ne le lâchait pas, l'observant. Il ne la regardait pas pour sa part, se contentant de répondre à ses questions comme à son bon vouloir. S'il avait su la frustration qui l'habitait, il n'aurait pas pour autant modifié quoi que ce soit. Il aurait continuer ses phrases courtes qui laissaient entendre bien des choses et parfois des sous-entendus. Il s'amuserait de cela, d'ailleurs, mais, avant tout, c'est qu'il est lui-même et qu'il ne veut rien en changer.
Ce n'est qu'une fois qu'il est dit son dernier mot qu'il tourna son regard profond vers elle. Dalioka hocha la tête, peut-être pour approuver ou encore pour montrer qu'elle avait comprit. Peut importe, cela sembla la satisfaire. Ce fut donc son tour de perdre son regard dans le paysage qui les entourait. Elle laissa le silence s'installer, comme le loup roux le faisait souvent, ne posant pas d'autres questions. Tout du moins, pas tout de suite. Elle devait être pensive. Paraissant plutôt jeune, elle ne connaissait sûrement pas la vie en Solitaire. Il consentait que lorsqu'une portée arrivait, la solitude devenait que trop de risqué pour soi et, surtout, pour les petits. Par conséquent, il y avait peu de chance qu'elle ait vécu en Solitaire. Et ses questions le confirmait. Ses questions cachaient-ils un désir d'explorer ? De quitter le nid familiale pour l'aventure ? Comment savoir ? Quoiqu'il en soit, il profita de ce doux silence. Il l'observait de ses yeux verts, remarquant bien des choses qu'un loup de l'âge de la loupiote devrait avoir aussi aperçut. Elle avait certains défauts, mais l'on pouvait dire que ces qualités surpassait cela. Elle avait un charme innocent, une attirance facile pour les autres. Sköll ne disait pas qu'il la courtiserait s'il était plus jeune, mais qu'il l'appréciait bien malgré lui.
« Vous êtes bien courageux, solitaire Sköll. J'aimerai bien avoir un peu plus de votre force et de votre courage pour pouvoir vivre par moi-même. Peut-être le ferai-je un jour. »
Il inclina la tête, croisant son regard azur léger qui se posa de nouveau sur lui. Maintenant, elle faisait preuve de bonnes manières, mais Sköll pouvait tout de même comprendre qu'elle essayait simplement de se montrer à la hauteur sur les terres de sa meute.
« Non... La volonté. »
Lui souffla-t-il. Certes, la force et le courage était un bon coup de pouce lorsqu'on voulait avancer, mais sans la volonté tout cela ne rimait à rien.
« Vous avez été patient, je vous remercie pour cela. Vous pouvez repartir désormais, je ne vous suivrai pas. Cependant, attendez-vous à d'autres questions, si nous nous revoyons. »
Elle plissa ses yeux, affichant l'ombre d'un sourire et Sköll le lui rendit faiblement. La nuit était bien avancée, mais il resta immobile pour scruter les ténèbres qui avait enveloppé la louve blanche. Lorsque les bruits habituels de la nuit reprirent, il se décida finalement à bouger pour retourner en terre neutre. Il ne voyait en rien ces interrogations et ses réponses, cette curiosité comme étant mal.