L’après-midi touchait à sa fin lorsque le loup brun se mit – enfin ! – en marche après s’être longuement étiré de tout son long. Lui qui avait pour habitude d’être très matinal et de ne partir chasser qu’à l’aube, voilà qu’il se laissait un peu aller à la paresse, ces derniers temps… Il marcha mollement jusqu’à la forêt, son lieu de chasse favori. Il avait un peu délaissé la chasse ces derniers jours, il fallait l’avouer. Le mois qu’ils avaient passé, Hige et lui, à nourrir la meute entière, l’avait largement rassasié de toute envie de chasser. Mais il était cependant encore dehors, aujourd’hui. Malgré son manque d’envie, il avait tout de même décidé de s’atteler à la tâche qui lui était incombée.

Il ne tarde d’ailleurs pas à trouver ce qu’il cherche : se dandinant d’une patte sur l’autre à la recherche de petits vers ou de branches pour son nid, une perdrix semblait ne pas l’avoir remarqué. Le chasseur l’observe quelques instants, ce petit oiseau fragile et insouciant. Qu’est-ce que les volatiles peuvent être stupides, c’est affolant. Ils semblaient n’avoir ni ouïe, ni odorat. Le loup brun prend cependant quelques précautions et s’avance jusqu’à l’oiseau qui ne semble rien avoir remarqué. C’est alors que, soudain, un éclair roux surgit des fourrés en face du Pantin, se jetant sur la perdrix convoitée ! L’oiseau, mut par un réflexe instinctif, s’envole avec une certaine rapidité dans la direction du Sekmet. Ce dernier n’hésite pas une seconde et bondit vers sa proie qui n’a pas le temps de le voir venir : les mâchoires se referment sur elle en une fraction de seconde. Palladium dépose sa proie sur le sol et fait rapidement volte-face pour découvrir qui avait osé tenter de lui voler sa pitance. Mais le renard semblait avoir disparu dans les fourrés. Le Pantin se mit à sa recherche, la perdrix fermement coincée dans sa gueule : la laisser ici aurait été stupide, surtout avec un renard dans les parages…

Il finit par retrouver, à défaut d’une piste olfactive, quelques empreintes que le canidé avait laissées dans la terre. Les yeux brillants du Pantin sondent les environs, à la recherche du moindre éclat roux. A une centaine de mètres, il croit déceler un mouvement très léger dans un buisson : ni une ni deux, il fonce vers la cachette et l’animal qui se trouve à l’intérieur, pris de panique, en émerge à toute vitesse, prenant la direction opposée. Il s’agit bel et bien de son renard, qu’il prend en chasse. Il laisse tomber la perdrix dans la course pour allonger sa foulée et rattraper le canidé qui galope à toute vitesse, les oreilles plaquées contre le crâne. Il court vite, l’animal ! Mais mètre par mètre, Palladium gagne du terrain et il finit par faire chuter sa proie d’un coup de patte adroit sur les jarrets postérieurs. Le renard s’affaisse dans un couinement et le loup brun freine brutalement, refermant ses crocs autour de la gorge tendre qui palpite follement.
Il ramène ensuite le cadavre de sa nouvelle proie à côté de celui de la précédente. Il prend soin de les cacher soigneusement sous un peu de terre et quelques feuilles mortes, histoire de les camoufler à la vue et à l’odorat d’autres prédateurs. Il se remet lentement en chasse, prêt à en découdre de nouveau avec la forêt.

Il tombe ensuite rapidement sur la piste d’un chevreuil : ces cervidés, rares pendant les mois précédents, étaient devenu un met de luxe. Mais à présent, ils pullulaient dans les forêts et les loups n’avaient qu’à se servir ! Le Pantin suit donc cette piste avec entrain : il rate rarement les cervidés, qui sont ses proies favorites. Il ne tarde pas à parvenir jusqu’au chevreuil en question, qui est en train de brouter ça et là quelques jeunes pousses. Le chasseur se met en position, les muscles bandés, le dos à plat et le ventre touchant presque le sol. Ses yeux jaunes sont fixés sur la croupe qui lui tourne le dos, et il s’avance lentement jusqu’à sa proie, se camouflant tour à tour derrière un tronc, puis derrière un buisson ; il arrive à découvert à présent. Il faut lancer l’attaque. Alors, sans crier gare, dans un grondement instinctif, il bondit sur le chevreuil qui ne se trouvait alors plus qu’à quelques mètres. Le placide herbivore sursaute, mais le loup est déjà planté – et fermement ! – sur sa croupe. Les yeux du chevreuil se révulsent devant la gravité du danger qui le guette, mais il est trop tard : il a beau ruer, gigoter dans tous les sens, faire des bonds, il s’épuise pour rien et le loup patiente, avec un calme diabolique. L’herbivore finit par abandonner et le loup brun peut alors le mettre à terre pour lui donner la mort.

Chasse:

Palladium prend tout de même le temps de ramener les proies qu’il vient de chasser au camp : ce qui lui évitera de faire plusieurs allers-retours en fin de journée. Lorsqu’il revient dans la forêt, le jour commence à décliner et il se remet en chasse à la fraîcheur de la nuit qui ne va pas tarder à arriver. Il trouve bientôt sur son chemin des excréments caractéristiques : ceux d’un sanglier. Ils sont frais, et une trace olfactive demeure, guidant le loup brun jusqu’à sa proie. Le sanglier fouille la terre à la recherche de racines, mais surtout de champignons, et il ne voit pas le loup brun s’approcher discrètement. Le Pantin bondit sur le dos du porc sauvage qui pousse un braillement de panique et, sans lui laisser le temps de s’enfuir, le loup brun se laisse tomber avec lui sur le sol, pour le faire choir. Le sanglier tombe sur le loup, le sanglier écrase le loup qui se démène pour se dégager et pour planter ses crocs dans la gorge de l’animal. PAN ! Brusquement, les oiseaux s’envolent, le silence tombe sur la forêt. Le sanglier ne bouge plus : son corps inerte repose sur le loup brun. Celui-ci s’extirpe difficilement de l’emprise du cadavre, et regarde le ventre de celui-ci avec perplexité : un trou circulaire et sanguinolent s’est formé dans la peau épaisse du sanglier. Le loup brun regarde autour de lui avec inquiétude : les Bipèdes ne doivent pas être bien loin. Soudain, surgissant des fourrés, un chien aux crocs découverts lui saute dessus avec hargne. Les crocs de l’animal se plantent dans l’échine du loup, et celui-ci se débat avec force, secouant la tête en tous sens. Il finit par contraindre le chien à lâcher prise et, l’attrapant par la base de la nuque, l’envoie valser à un ou deux mètres, avant de prendre ses pattes à son cou. Effectivement, les Bipèdes ne sont pas loin. PAN ! De la terre vole à côté de son antérieur gauche : le chasseur force l’allure. Pourquoi a-t-il attendu avant de se tirer ? C’était beaucoup trop risqué ! Il jura de ne pas remettre les pieds dans cette forêt de si tôt.

Chasse: