"Jesus Marie Joseph, par tous les saint. Il est r'venu c'te salop'rie."
Lui c'était ce grand loup qui rôdait depuis quelques jours autour du village, sa fourrure blanche et noir ne l'aidait pas trop à se cacher de mes jumelles le jour, mais une fois la nuit tombée il devenait impossible à trouver. Pourtant on savait qu'il était là, je dis on parce que j'en avais parlé aux gars histoire de les tenir au courant. De temps en temps quand on passait le projecteur sur la forêt on voyait s'allumer deux points jaune comme deux petites flammes.
Mais aujourd'hui il ne s'était pas contenté de traîner autour des habitations, non, il s'était introduit en leur sein et s'était attaqué à mes poules. MES POULES. Ni une ni deux je décrochais ma carabine du mur du taudis dans lequel je vivais, attrapant au passage une bière tiède ouverte depuis ce matin dont la mousse avait séché sur le bord. Je la vidais d'une traite sur le chemin du chenil. Déclarant devoir faire une patrouille je me laissais traîner par les deux colosses que j'avais embarqués, leur chaîne qui leur servaient de laisse était tendu à leur paroxysme.
Le soleil était sur le déclin, invitant à une nuit plus qu'agitée, c'est à ce moment que le berger allemand repéra une piste qui sembla le motiver comme jamais, s'arrachant de la prise que j'exerçais sur lui et entraînant son semblable dans sa course effrénée. Ma grosse bedaine me ralentissait mais j'essayais de rattraper les deux chiens qui étaient de toutes évidence à la poursuite du gibier.
Au loin je pouvais entendre les aboiements puis des couinements apeurés des limiers. Quelque peu surpris et inquiet je saisis mon fusil à deux mains et m'avançais à pas de loups vers une petite clairière.
Je découvris alors un spectacle assez macabre, les deux chiens, dont la chaîne les reliait, étaient passé de chaque côté d'un arbre. Ils s'étaient donc piégé eux mêmes. Le loup n'avait plus eu qu'à finir le travail. Les deux bergers allemands gisaient, la nuque brisée, face à une poule morte mais sans être déchiquetée. Pourquoi aurait il laissé sa prise indemne, sans l'avoir dévorée ? De toute évidence il avait voulu les attirer ici. La nuit était tombé, et il fallait bien avouer que je ne me sentais pas vraiment rassuré. Une branche céda à ma droite, dans un sursaut je me tournais dans la direction du son, décochant directement une salve. Mon vieux fusil ne possédait qu'un chargeur de huit, et deux venaient de partir, ce qui avait provoqué deux flash qui avaient éclairé la forêt. Ils avaient ainsi dévoilé deux yeux couleur ambre ainsi qu'une importante fourrure. Il était là quelque part autour de lui. Je reculais afin d'être dos à un arbre ce qui aurait au moins l'avantage de me protéger d'une attaque qui viendrait dans mon dos. Un coup de feu parti, puis un autre, le chargeur y passa, mais à chaque fois ce n'était qu'un flash d'un loup gigantesque la gueule sanglante et menaçante. Comme si il évitait chacune des balles, pris par la terreur je saisis l'arme pas le canon brûlant tentant d’asséner un coup au monstre qui voulait me prendre la vie. Mais malgré sa taille et son poids il évitait chacun de mes assauts et finalement entre deux tentatives de défense il me sauta au visage, me renversant de par la même occasion. De toutes évidence, le loup n'était pas venu voler un simple poulet, il désirait une proie bien plus grosse. Ses mâchoires se refermèrent sur ma nuque et brisèrent mon système nerveux.
- Spoiler:
21F/10A/17E
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