Lorsque la louve ouvrit les yeux ce matin là, quelle sensation étrange ressentit-elle... Sa cervelle semblait être vide, totalement vide, comme si une tornade géante y était passée et avait avalé le moindre petit souvenir. Noire se leva, chancelante, l'esprit totalement embrouillé et la tête comme écrasée. Elle avait mal, très mal à sa petite caboche. 
Dans une incompréhension totale, elle regarda autour d'elle. Il y avait des choses... Des trucs... Des machins... Dont elle ne se souvenait pas du nom. Elle pouvait voir ces choses-là, les toucher même, mais leur nom ne lui revenait pas. Tout comme le sien d'ailleurs. Qui était-elle ? Quel était son nom ? Son propre nom à elle ? Elle ne se rappelait pas même de cela. Et tout ce qui l'entourait lui semblait encore plus étrange et inconnu.
Elle décida de visiter le lieu, mais après un tour rapide des drôles de choses qui se dressaient vers le ciel devant elle, rien ne lui était revenu. Elle ne savait plus rien. Plus rien du tout. C'était presque un miracle qu'elle se souvienne comment marcher. 
Même les odeurs lui semblaient totalement bizarres et effrayantes. Un bruissement de feuille l'alerta tandis qu'elle humait l'air, et elle sursauta, effrayée, lorsqu'une petite souris passa près d'elle en courant. La louve la laissa s'échapper sans esquisser un geste. Qu'est-ce que c'était que cela ? Une boule ronde avec des poils... Bleu ? Non. Quel était le nom de cette couleur déjà... Gris ! Des poils gris ! 
Elle observa la bestiole disparaître derrière un buisson, dont elle ne se rappelait pas non plus le nom, et s'avança doucement vers un cercle sur le sol, tout près d'elle. C'était une flaque, mais elle ne le savait pas. Troublée, elle avança la tête, et aperçut son reflet, dans l'eau pâle. Elle se voyait elle, comme si c'était la toute première fois. Pendant de longues minutes, elle s'étudia de haut en bas. Son pelage, ses yeux... Elle chercha son nom de toutes ses forces, au plus profond de sa petite cervelle, mais rien ne lui revint. Ni son nom, ni ses origines, ni les plantes et objets de base qui se tenaient près d'elle. Pas même son instinct de chasseuse. 
Décidément, cette journée commençait bizarrement. Qu'allait-elle encore découvrir de nouveau aujourd'hui ? 
Mais apparemment, rien de très spécial. Une douleur violente à la tête la fit tomber la tête la première dans la flaque d'eau, envoyant des gouttelettes par-ci par-là autour d'elle. La louve noire poussa un petit piaillement ridicule, en battant des pattes avec désespoir, tandis que la souffrance enflait de plus en plus. Tel une flamme ardente brûlant petit à petit son cerveau. Elle hurla, seule au milieu de ces bâtiments inconnus, mais finit par perdre connaissance, l'esprit non-seulement embrouillé, mais aussi torturé.
Sa dernière pensée fut d'une banalité frappante. 
Allait-elle enfin comprendre ce qu'il se passait dans sa tête ?

C'est à se demander si les loups ne sont pas devenus plus intelligents que nous.
Ces sales bêtes, j'peux pas m'les voir. Ils n'ont rien d'autre à faire que venir nous piller nos réserves. Déjà qu'on en a pas assez pour nous... Alors si en plus ces idiots de canidés viennent nous voler, on va finir par tomber dans la porte de la famine, et les loups eux, seront tranquillement assis à l'ombre des arbres entrain de bouffer nos récoltes.
Il est déjà venu celui-ci. Un loup noir, une femelle il me semble. Elle avait failli me voler la biche tuée la veille. En même temps, j'aurais p'têtre pas dut la laisser pendouiller à ce crochet, à la portée des loups. N'empêche que cette louve là, elle était pas prête de revenir. 
Et bah manque de pot, je m'étais trompé. Me voilà réveillé, alors que l'aube vient à peine de poindre, par un boucan pas possible dehors. Une poubelle qui tombe peut-être, j'en sais rien, mais je suis aussitôt d'alerte.
Hop, j'enfile mes bottes, j'empoigne mon fusil, le charge et chuis dehors. Chop aboie. C'est un bon chien, mais aussi un incapable. Jamais il s'approche des loups cet idiot-là. C'est toujours à moi de réagir. Heureusement qu'il y a l'autre, Tina. Une chienne de chasse, la meilleure que j'ai eu. Je la vois déjà disparaître à la poursuite de cette saleté de loup. Et je suis aussi de la partie.
Me voilà courant à travers les bois, tirant à l'aveuglette devant moi. Chop me suit, mais je sais qu'il attrapera rien. J'aperçois Tina devant moi, qui hurle en filant, fourrure au vent, pour rattraper la voleuse. La louve, je l'ai à peine aperçut. Mais je sais que c'est elle, c'est la même, cette sale louve noire. Chapardeuse, mais vraiment idiote. Elle aurait jamais dut revenir. J'pensais lui avoir fait peur la dernière fois.
Nouvelle décharge de balles. J'entends un hurlement devant moi, mais je reconnais Tina. Elle doit être toute proche de la voleuse. 
Je cours, et m'aperçois que Chop n'est plus là. Il veut jamais aller plus loin qu'une certaine limite dans la forêt. Il a dut rentrer. Mais j'fais confiance à Tina. Elle laissera pas la louve s'échapper si facilement.
Soudain j'entends des grognements terribles. Un couinement apeuré. Je continue de courir comme un dératé au milieu des arbres, et tire un coup en l'air. Une nuée d'oiseau s'envole. Dans d'autres circonstances, j'aurais bien put en tirer un, ça m'aurait fait une proie de plus. Mais actuellement, j'pense plutôt à récupérer ce que cette louve me doit. Comment a t-elle osé me voler ? Je vais lui faire payer.
Je franchis un buisson de ronce, et aperçoit les deux bêtes au corps à corps. La louve a lâché sa prise, et se tient au dessus de Tina, lui mordant le cou avec une agressivité semblable à celle du diable. La pauv' chienne, elle a rattrapé la voleuse, mais j'crois bien qu'ce sera au prix de sa vie.
Je vise, mon fusil fermement tenu entre mes mains, mais j'peux pas tirer, j'risquerais d'avoir Tina. 
Mais la louve noir lâche soudainement la chienne et se détourne pour s'enfuir à travers les arbres. Je tire aussitôt, dans tous les sens, mais mes balles vont se fixer dans les troncs d'arbre et la voleuse s'enfuit sans demander son reste. M*rde. J'l'ai raté lamentablement. Et en plus j'ai perdu Tina.
Décidément, ces loups finiront par me rendre fou. Mais qu'ils soient surs d'une chose. La prochaine fois, je les attendrait de pied ferme !

Ses petits yeux jaunes s'ouvrent lentement, mais elle les referme aussitôt. Le soleil brille d'un faible éclat, mais suffisant pour lui agresser les pupilles. La petite louve noire lâche un piaillement, et se lève, maladroite, les paupières toujours closes et la truffe plissée. Maligne, elle se retourne, évitant ainsi les rayons du soleil et peut de cette manière ouvrir tranquillement les yeux. Elle baille, cille, et se donne un petit coup de langue sur le poitrail. Puis son regard fait le tour de la tanière où elle se trouve. Bizarrement, elle ne trouve aucune trace de ses frères et de sa mère. Même leur odeur semble lointaine, très lointaine, tellement que le louveteau ressent un frisson effrayé lui parcourir l'échine. Où sont-ils donc tous passés ?
Hésitante, elle s'avance jusqu'à l'entrée de la tanière. Elle n'a pas le droit de s'aventurer dehors en temps normal... Mais puisque sa mère n'est plus là, il faut bien aller la chercher, non ? En plus, elle pourra peut-être lui ramener un cadeau ! 
Oui, c'est décidé, elle va faire un petit tour à l'extérieur pour retrouver sa maman et ses deux frères. C'est bien la première fois qu'elle met une patte toute seule hors de la tanière, et même si elle est un petit peu effrayée, la flamme de la nouveauté lui fait lâcher un sourire. Curieuse et pressée, elle sautille entre les brins d'herbe encore couvert de rosée du matin. Une petite goutte vient se poser sur son museau, et elle éternue, étonnée. Ses petites pattes noires tapote un instant le sol, puis elle renifle un grand coup, et part en courant dans une direction inconnue. La naïveté la perdra peut-être, mais comment peut-elle savoir qu'elle est entrain de s'aventurer sur un terrain bien trop dangereux pour elle ? Elle est encore toute petite, une minuscule boule de poil inoffensive, mais qui ne saura surement pas se défendre face à un ennemi... Mais jamais elle ne peut se douter de tous les dangers qui l'entoure...
Elle court, trébuchant parfois sur des brindilles, piaillant joyeusement au milieu des petites fleurs et des brins d'herbe. Un papillon passe devant elle, et elle le pourchasse avec bonheur, les yeux pétillants, sautillant derrière lui pour tenter de l'attraper. 
Mais alors que sa patte va toucher les ailes de la pauvre bête, un grognement fait sursauter la femelle noire, qui s'arrête aussitôt, effrayé. Ses petits poils se hérissent, et elle rabat ses oreilles en arrière en se rapprochant du sol, comme pour se cacher. Oh... Le dehors ne lui plait plus tellement finalement. En fait, tout ce qui l'entoure n'est plus si joli. La végétation est noircie par endroit, et le soleil tape plus fort qu'à l'aube. Cette boule de lumière l'effraye plus qu'autre chose désormais. Et puis ce grognement...
Il recommence, plus proche, et la louve sursaute encore, son petit coeur battant plus vite que jamais. La peur, comprend t-elle, c'est cela. Elle avait déjà découvert la joie et la surprise, mais cette sensation-là est bien plus effrayante. Elle recule pas à pas, essayant de partir le plus loin possible du bruit, puis se retourne et part en courant à travers le territoire. Vite vite ! Il faut rentrer pense t-elle. Maman ! Elle appelle, mais personne ne répond. Alors elle court, le plus vite possible malgré ses courtes pattes.
Puis soudain le monde bascule, et elle s'étale par terre. Paf ! Sa patte a frappé dans quelque chose. Un petit caillou. Elle sent une odeur nouvelle, et aperçoit une drôle de trace rouge sur son membre. Ca picote. Douleur, récite t-elle. C'est sa mère qui lui a apprit ça. 
Mais avant de pouvoir réfléchir à autre chose, tout devient noir et elle sombre dans l'inconscience, fatiguée et endolorie.

Aujourd'hui, Noire avait envie de s'évader. Sortir un peu, prendre l'air, mais pas près de sa tanière. Elle avait envie de changer d'atmosphère, de changer de terrain. De partir au loin. Mais elle reviendrait, elle le savait, avant la tombée de la nuit. C'est pour cela qu'elle quitta son dortoir dès l'aube.
Noire courut, fourrure au vent, dans une direction inconnue. Elle n'aimait pas planifier à l'avance ce qu'elle comptait faire, alors elle se contentait toujours de suivre son instinct et d'avancer, jusqu'à ce que son esprit lui souffle de s'arrêter. Le chemin qu'elle emprunta se dessinait faiblement au milieu des arbres calcinés, et plus elle avançait, plus la route semblait noire et sombre. Comme si elle avait été touchée par la guerre des hommes plus que les autres endroits. Mais Noire n'avait pas peur. Elle aimait ça. Ce qui la poussa à avancer davantage. 
Ses pas la guidaient d'eux-même, et la louve se contentait de jeter un oeil par-ci par-là, pour vérifier qu'il n'y avait pas de danger à l'horizon. Elle n'était pas assez folle pour se jeter tout droit entre les griffes d'un ennemi. Elle restait maître de son destin, comme tout solitaire qui se respectait.
Silencieuse, comme une ombre se mouvant dans les eaux sombres d'une rivière, Noire arriva enfin quelque part. Elle était déjà venue ici, c'était la ville en ruine. C'était là qu'elle avait croisé la route du guérisseur... Reaven. Pourquoi y revenir ? C'était une bonne question. Peut-être espérait-elle secrètement le revoir ?
Ses yeux jaunes croisèrent alors la route d'un grand bâtiment qui se dressait au loin. Sans trop savoir pourquoi, elle décida de s'y rendre, pour y faire un petit tour. Qui sait, peut-être pouvait-elle y dénicher quelque chose d'intéressant ? Tant que ce n'était pas un rat mort qui lui donnerait la nausée... Elle s'était faite piégée une fois, pas question que cela se reproduise. Elle refusait de se laisser avoir d'une manière si ridicule. 
Elle se rendit donc devant la grande bâtisse, et y pénétra sans un bruit. Un silence de mort régnait à l'intérieur, et aucune lumière éclairait la pièce principale. Noire plissa les yeux, et resta sur le pas de la porte -qui était d'ailleurs arrachée de ses gongs-, le temps de s'habituer à l'obscurité. Heureusement, la femelle avait une bonne vision. Sinon elle ne se serait jamais aventuré ici. 
Mais maintenant qu'elle y voyait quelque chose à travers ce noir obscur, elle se décida enfin à s'avancer plus loin. 
Malheureusement, à peine eut-elle fait trois pas qu'elle troubla le silence. Sa patte frappa dans quelque chose par terre, qui roula plus loin dans un bruit terrifiant. Noire se crispa, et s'empressa de rattraper l'objet pour arrêter le boucan terrifiant qu'il procurait. C'était une boîte de conserve vide, une simple boîte de conserve qui venait de lui faire une peur pareille. Débile.
Elle la posa sur le côté du bout du museau, et poursuivit son exploration. Plus loin, dans le fond de la salle, elle remarqua un petit objet brillant, seule source de lumière -bien que très faible- au milieu de toute cette noirceur. C'était une petite pierre, de couleur brune, très brillante. Elle rappelait vaguement à Noire la couleur des yeux de son premier frère, mort sous les coups de leur mère, Kaïla, et elle se détourna, attristée. Mieux valait ne pas ressasser les souvenirs anciens.
Noire poursuivit donc son chemin, irritée. Comme si elle avait besoin de ça maintenant. Les souvenirs, elle n'aimait pas ça. Pas ça du tout. Ils lui faisane tous plus mal qu'autre chose. 
Elle gravit un escalier quatre à quatre, et se retrouva devant une sorte de meuble. Prudemment, elle se glissa en dessous, tandis que le bois lui rappait le dos, et elle se retrouva dans une autre salle, bien plus éclairée que la précédente. La femelle noire s'ébroua doucement, et renifla un coup. Une vague odeur de moisi régnait dans l'air, et Noire n'aimait pas trop ça. Elle remua la tête, et s'avança vers un autre meuble, près d'un grand trou dans le mur. Posée sur ce meuble se tenait une drôle de chose, ronde, bleue et noire. Noire l'observa attentivement, et lui donna un petit coup de museau, qui délogea l'objet de sa place. Il roula doucement le long du meuble, puis tomba par terre et explosa en mille morceaux. La louve piailla en bondissant en arrière tandis que les petits morceaux se fixaient dans ses pattes, et elle lâcha un grognement méprisant lorsque la surprise fut passée. Elle remua une à une ses pattes pour déloger les morceaux plantés dans sa peau, et dans un grognement énervé continua son exploration.
Trois mètres plus loin, elle tomba sur une sorte de morceau de tissu, posé par terre, et sur lequel on pouvait voir trois objets différents. Le premier ressemblait vaguement à un os, mais d'une autre couleur et sans odeur. Seule la taille pouvait y ressembler en vérité. Le second était de forme carrée, rose et avec une odeur bien particulière. Noire préféra ne pas y toucher, par précaution. Et le dernier était déchiré en deux et roulé en boule, et semblait être une sorte de peau que mettait les bipèdes sur eux. Rien d'intéressant.
Plus loin, dans un coin, une carcasse d'oiseau attendait patiemment de se dessécher, et la louve plissa la truffe de dégoût. Décidément, ce bâtiment n'était pas du tout utile à explorer. Revenant sur ses pas, et en faisant bien attention de ne pas se couper sur les petits morceaux provenant de l'objet qu'elle avait brisé, elle se décida à repartir, dépité, mais à la fois contente d'avoir pu s'évader un peu de la routine habituelle et de l'ennui de sa tanière. 
Au moins pour une fois, elle avait pu faire quelque chose de différent.
Même si cela ne lui avait rien apporté...

La chaleur était accablante. 
Noire marchait, silencieuse, seule ombre mouvante dans ce paysage dévasté. L'astre du jour, attiré par son pelage noir, rendait son chemin d'autant plus difficile, mais la louve continuait d'avancer, indéfiniment. Si elle avait été de la neige, elle aurait fondu depuis bien longtemps. Si elle avait été un morceau de viande à cuire, elle serait dorée depuis des heures... Mais la solitaire ne cuit pas. Elle subit seulement la souffrance des rayons du soleil, sur son dos, sur sa tête. 
Pourquoi marchait t-elle toute seule, si loin de sa tanière, dans un lieu aussi isolé ? Il ne semblait pas y avoir un seul habitant, pas une seule trace de loup. Pas même d'animaux, de proies, de quoi se nourrir. Juste un paysage qui s'étendait à l'infini. Le sol sous ses pattes étaient dures, elle aurait du avoir mal aux coussinets. Mais elle ne sentait rien. Ou du moins elle ne le montrait pas.
Elle marchait sans but réel, s'acharnant pour sa survie alors que rien ne penchait de son côté. La chance ? Elle ne connaissait pas. Elle lui tournait le dos depuis sa naissance. Peut-être aurait-elle pu estimer avoir de la chance, la chance d'être encore en vie à ce jour, mais ç'aurait été mentir. Noire n'était pas chanceuse. Elle était tout le contraire. Et si elle aurait pu mourir, cela l'aurait arrangé.
Peut-être était-ce pour cette raison qu'elle marchait sans fin, sans but, dans cet endroit inconnu ? Pour cette raison aussi qu'elle ne sentait même pas de souffrance physique ? Juste mentale ? Et pourtant c'était même à se demander si la femelle avait des sentiments. 
Au fond de son coeur, la louve espérait trouver une nouvelle vie. Pouvoir quitter celle-ci et repartir à zéro. A la base, à la racine de son existence. Tout aurait été plus simple si elle était née au sein d'une meute, avec une mère aimante. Un père présent, des frères non-décédés. Ho oui, tout aurait été plus facile. 
Alors aujourd'hui sur un coup de tête, elle était partie. Elle avait tout lâché, tout quitté, pour partir ailleurs vers un monde meilleur. Elle avait laissé derrière elle Reaven, Onyx, Sköll, Véga et tous les autres loups à qui elle avait un jour adressé la parole. Noire en avait marre de tout. Marre de sa vie, d'elle-même. Elle ne perdait rien, ne laissait rien d'important. Au contraire, elle s'éloignait du coeur du mal. Elle laissait derrière elle un grand vide, mais également un maelstrom profond. Sa mère habitait surement encore là-bas. Voilà qu'elle s'en éloignait au maximum. Elle s'en libérait entièrement. Et c'était tant mieux. 
Noire voulait vraiment repartir à zéro. Sur une nouvelle ligne de départ. Et elle savait que c'était possible.
Mais avait-elle vraiment choisi la bonne solution ? Partir était-il le meilleur moyen de résolution ?
C'était encore des questions, se bousculant dans sa tête. Des questions sans réponses. 
Noire ne pourrait surement jamais y répondre. Et c'était peut-être mieux comme ça...