f.10 — a.9 — e.14 Je sors de ma tanière, et m'étire longuement. Je décide de chercher quelques plantes pour charger mon stock, et ainsi connaître celles qui poussent dans les environs. Après, je songerai peut-être à chasser un peu le gibier, pour remplir un peu ma part du Garde Manger.

Je trottine quelques temps, cherchant du regard quelque chose d'utile que je pourrais ramener dans mon antre. Arrivé au sommet d'une colline, je scrute les environs de mon oeil de Lynx, espérant apercevoir un remède que je pourrais récolter.

Plusieurs pensées se bousculent dans ma tête, je repense à la relation que Plume et moi entretenons en ce moment; fragile. Je l'aime tellement, et pourtant elle est là, sans être là... une partie d'elle s'est envolée avec sa mémoire. Je n'ose m'avouer que je ne retrouverai plus jamais la soeur d'avant que j'adorais tant. Je voudrais hurler au désespoir, mais aucun son ne franchit la barrière de mes babines, comme si ma douleur refusait de s'exiler. Mes maux restent bloqués dans le fond de ma gorge, que je racle. Je chasse mes idées noires en plantant fermement mes griffes dans la terre labourée par la guerre, et me concentre sur mes objectifs : Approvisionner mon stock — Me changer les idées — Oublier Plume, surmonter mes faiblesses.

f.10 — a.9 — e.14 Au loin, je vois soudain des fleurs blanches et rondes, éparpillées un peu n'importe où sur la vallée. Je dévale à grande vitesse la colline pour les trouver, je suis certain qu'il s'agit de pissenlits. Je m'approche, et voit alors les petites aigrettes s'envoler dans les airs et virevolter au rythme du vent. Je trouve ça apaisant, puis me ressaisis. Je dois faire attention avec les autres, car il faudrait que j'en rapporte dans ma tanière. Je m'éloigne de la tige nue et vais donc cueillir délicatement entre mes crocs deux fleurs. Je les apprécie plus après la floraison, même si elles sont plus fragiles, elles restent délicates. En relevant ma tête, j'admire à nouveau le spectacle des parachutes envolés. Ensuite, je fais quelques pas plus loin, il manquerait plus que j'éternue ! Etant non loin de mon antre, je vais déposer ma trouvaille à l'intérieur, ainsi, elle sera à l'abri du vent.

f.10 — a.9 — e.14 En revenant sur mes pas, j'aperçois des vieilles pavots, presque fanées. Je les examine de plus près. De mon regard expert, je détermine la meilleure. Rapidement, je récolte les graines après avoir été cherché un peu de vieille écorce pour les déposer. Elles sont si minuscules, qu'il me serait impossible de les prendre dans ma gueule sans les avaler. En les prenant, j'ai dû racler le sol avec mon museau pour pouvoir les déposer sur le morceau de bois. Content, je pars à nouveau ranger le tout à l'intérieur.

Dans ce coin plutôt fertile, je suis heureux de m'y être installé. Je suis décidé à trouver encore au moins un remède avant de pouvoir chasser. Je m'éloigne d'avantage pour trouver de nouvelles plantes, et après un peu de marche, je rencontre un bosquet de prêles des champs. Je m'empresse d'en saisir, satisfait. Ensuite, je reviens dans mon nid, en en ayant trois dans la gueule. Quelle fierté, en observant ma réserve, de remarquer qu'elle se remplit peu à peu, et que ma meute va pouvoir profiter de mes soins !

f.10 — a.9 — e.14 Je sors de la tanière avec détermination, le museau pointé vers le ciel, j’entrouvre la gueule pour humer l'air, l'odeur des plantes vient narguer mes naseaux dilatés, mais je me concentre. Il est vrai que je délaisse parfois mon instinct de chasseur pour me centraliser sur les remèdes. Je ferme les yeux, et puis mes pattes me guident dans la direction d'une effluve alléchante. Je me dirige maintenant la truffe au sol pour suivre une piste qui m'amène à un terrier de lapins. Je plonge mon museau dedans pour respirer le parfum salivant, et constate qu'il est encore habité en ce moment. Mais le gibier est-il dedans ou sorti? L'odeur est forte, on ne sait le déterminer, mais je peux affirmer qu'elle est récente également. Impatient, je commence à gratter l'entrée du trou avec mes pattes avant pour que je puisse le savoir rapidement, et avec de la chance, le débusquer. A un certain moment, je m'arrête et tends l'oreille. A l'intérieur, l'agitation est présente. Je plonge à nouveau ma gueule dans l'ouverture mais ne parviens pas à toucher le fond. Néanmoins, j'ai senti un instant une fourrure me chatouiller, avant que la proie ne se tapisse loin de mes crocs luisants. Je claque plusieurs fois ma mâchoire dans le vide, sans parvenir à attraper quelque chose. Je creuse davantage et réessaie à nouveau. L'orifice étant devenu plus large, j'aperçois le gibier tremblant. Il essaie un instant de s'échapper, mais je suis plus rapide, et mes canines se referment sur sa nuque. Il ne bouge plus, et je suis satisfait de ma chasse. Je vais la ramener au garde-manger afin que d'autres puissent en profiter, je fais donc demi-tour et détale jusque la cave soufflée.