Encore et toujours, le même cycle se répétait. Se lever, vérifier ses réserves de proies, sortir, chasser, et souvent revenir bredouille. Tel était le cycle à tenir pour ne pas tomber dans la famine et finir en carcasse. Noire le savait, et même si cela l'agaçait beaucoup, elle se tenait aux règles. Elle chassait, comme tous les autres solitaires.
Quoi que... Il fallait bien dire que certains préféraient piller. Noire, ce n'était pas son truc. Même si elle galérait à dénicher une proie, elle ne prendrait l'option pillage qu'en dernier recours. Ou alors, juste pour s'amuser. Le contact avec les autres loups et les humains, ce n'était pas trop sa tasse de thé. Elle préférait vivre seule. Comme une vraie solitaire quoi.
Et sans savoir pourquoi, elle s'était dirigée vers le Cimetière. Pourquoi ? Simplement pour y faire un tour et y chasser. Les endroits sombres, elle aimait ça. Et ce lieu... Des morts y dormaient, non ? Cela lui convenaient donc pour une petite traque. Mais encore restait-il un point important : Trouver une proie.

Malheureusement, le cimetière avait beau être agréable à regarder et parcourir, aucun signe de proies à l'horizon. Cela avait le donc d'énerver Noire. Elle avait déjà ramené dans sa tanière un rat et un pigeon, mais le rat n'avait pas été bon, et après l'avoir mangé, la femelle avait bien crut crever. Il devait être empoisonné ou elle ne savait quoi d'autre, car des douleurs atroces l'avaient torturée pendant plusieurs jours. 
Désormais, elle avait retenu la leçon. Elle ne prendrait plus de proie déjà morte, abandonnée près de débris sales. C'était bien trop dangereux.

Oh la la la la... Mais pourquoi, pourquoi me suis-je éloigné de mon terrier ? Quel idiot je fais. Au lieu d'être resté avec ma fratrie, me voilà perdu au beau milieu d'un endroit inconnu, et vraiment effrayant dois-je dire. Je n'aurais jamais du quitter ma mère ! Maintenant je ne retrouverai jamais le chemin du retour... Je me suis perdu, et bien trop loin de mon terrier. Surtout que cet endroit ne me dis rien qui vaille...
Tout ça à cause d'une petite dispute. Mais c'est la faute de mon frère, c'est lui qui m'a provoqué. Maintenant, me voilà abandonné, tout seul, au beau milieu de petites sculptures grise qui ressemble vaguement à... A rien d'ailleurs. Et tout autour de moi, juste un fin filet de brume qui ne fait qu'accentuer ma peur.
Seul ? Non. Même pas. Un craquement retentit, tout près, et je sursaute, tremblotant.  C'est affreux comme cela peut être stressant d'être un lapin. Les grands bipèdes, eux, ne doivent jamais avoir peur de rien. Ils sont si puissants... Et les lynx alors ? Et tous les animaux qui correspondent à des prédateurs, pour nous, simples boules de poils ? Nous sommes en danger à chaque tournant. Et moi encore plus, dans ma situation.
Un nouveau craquement me fais sursauter une nouvelle fois. Je sens mes pattes s'entrechoquer, et je déglutis avec peine. Je veux partir d'ici, mais je ne sais pas par où m'enfuir. Peut-être par la gauche ? Ou bien à droite ? Je ne sais même plus par où je suis arriv...
Oh non ! Un loup ! Je le vois là, noir avec des yeux jaunes, les crocs découverts, prêt à me bondir dessus ! Il est énorme, gigantesque. Un tueur de première classe, qui va me réduire en bouillie d'un claquement de mâchoire. Je pars en courant, au triple galop, dans une direction inconnue. Peut-être vais-je m'enfoncer dans cet endroit étrange, ou bien en sortir et retrouver ma famille ? Mais bon... Encore faut-il espérer que le canidé me laisse en paix...
Raté. J'entends ses pas lourds derrière moi. Il court, il va me rattraper c'est sur. J'accélère, le coeur battant tellement fort qu'il risquerait de se décrocher. Je file au vent, mais le loup est toujours là. Et je ne trouve aucun endroit où me cacher ! 
Mais si ! Là ! Sur ma droite ! Un petit trou dans le sol, je pourrai m'y glisser ! J'accélère encore, au bord de l'évanouissement, et m'apprête à pousser sur mes pattes arrières pour me propulser vers le trou... Mais un poids énormément lourd me tombe dessus. J'entends un halètement, un filet de bave me coule sur la tête,et des griffes me déchirent les flancs. Je cri, au désespoir, mais personne ne m'entend. C'est la fin, la fin d'un pauvre lapin comme moi.
Mon prédateur plonge alors ses crocs dans ma gorge, et le sang coule à flot. Ma tête me tourne, et mes yeux se voilent. Le loup me lâche, je tombe au sol, m'écrasant lamentablement, puis tout s'éteint. 
Je suis un cadavre désormais. Comme tous ceux qui se trouvent ici, dans ce cimetière, dont je ne connaissais pas le nom. Mais qui aura signé ma mort.