Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Kornog n'était jamais allé aussi loin à l'Est. Ici les paysages semblaient avoir été épargnés par la guerre des bipèdes. Cependant les arbres portaient encore les séquelles de combats combats dont ils avaient été les victimes. Leur majestueux troncs étaient zébrés par des éclats d'obus ainsi que les impacts des balles. Le grand loup marchait sur le bitume, le sol noir lui mordait les coussinets et ses griffes cliquetaient sur la surface dure et douloureuse pour les articulations. Autour de lui la nature semblait reprendre ses droits et le jeune mâle sentait rejaillir en lui plusieurs millénaires d'instinct de prédateur. Il était parti sans dire mots explorer les territoires neutre, il voulait savoir à quoi il avait affaire. Ces terres étaient riche en proies et il n'avait pas trop de mal à satisfaire son appétit vorace malgré ses qualités de chasses assez limitées. Il était tôt ce matin là et Kornog marchait déjà depuis plusieurs heures, ses muscles le tiraient et son endurance peut développée ne l'aidait pas. Sur sa droite un immense espace se dessinait, la brume donnait un aspect tout à fait singulier à ce qui semblait être un ancien parc d'attraction. Les derniers stands qui tenaient encore debout pliaient sous le poids des années sans entretient, la grande roue reposait sur le sol, géant de fer d'un autre temps que les intempéries s'appliquaient à ronger. Le nouvel Esobek se promenait au milieux des décombres, flairant les déchets d'une civilisation qui s'était auto-détruite, quand tout à coup une odeur plus âcre et plus agressive atteint ses narines. Il n'était certainement pas seul dans ce parc d'attraction, un grincement suivit d'un bruit de claquement métallique lui fit dresser les oreilles. Il venait de se faire enfermer. Les aboiements d'un chien et le son métallique d'une barre de fer qui glissait contre le sol en pierre. Lorsqu'il flânait autour de la cave, Kornog aimait prendre du temps pour écouter les conversations d'autrui, il aimait en apprendre un peu plus sur les autres et pourquoi pas y pêcher quelques informations croustillantes. Aussi avait il appris que si les lieux étaient en bon état par rapport aux autres régions, la population n'en était que plus importante, et dans le but de protéger leur bétails ils se montraient assez préventif et agressif à l'égard d'autres canidés que ceux qu'ils avaient domestiqué. Il s'était sûrement fait remarqué en marchant sur l'asphalte. Un espace dégagé qui donnait un champ de vision important, un paysan apercevant une silhouette au loin avait décidé de mettre cela au clair. Le molosse ressemblait à un loup, mais sont arrière train était affaissé, très arrondi, son pelage noir et fauve était peu commun pour un loup, de plus sa taille était assez petite pour un mâle. Si Kornog pouvait détailler autant son ennemi c'est en parti parce que ce dernier ne se trouvait qu'à une vingtaine de mètre. Le loup s'était placé sous le vent par rapport à la grille d'entrée dès le moment où il l'avait entendu grincer, dès qu'ils auraient détecter sa piste ils la suivraient. Et comme ils la suivraient, le jeune Esobek les suivrait et donc aurait une longueur d'avance. Il n'avait pas eu l'occasion de détailler le propriétaire de son cousin canidé, mais à présent qu'il avait une vue de son dos il pouvait émettre certaines hypothèse. De toutes évidences il n'était pas tout jeune comme le montrait ses cheveux blancs comme la neige et son attitude bourru, épuisé par le poids des années. Cependant son bras restait fort et ferme, il n'avait aucun mal à tenir ce tube de fer dont un coup bien placé sur le crâne ou la nuque aurait tôt fait d'assommer voir de tuer net un loup. Si les deux compères avaient été séparé, Kornog n'aurait sans doute pas eu de mal à en venir à bout, mais leur proximité qui était symbolisé par cette chaîne qui faisait le tour du cou du chien et qui était tenue par la main gauche et caleuse de l'homme, semblait difficile à briser. Aussi il allait falloir ruser, lui qui rodait derrière eux dans la pénombre s'arrêta net en même temps que les deux êtres qui le pourchassaient. Le berger allemand avait flairé sa proie, et à présent il tirait sur la chaîne de son maître pour partir à la recherche de chaire fraîche. Mais celui-ci ne l'entendait pas de la même façons, il scrutait les environs de ses deux yeux bleu comme le ciel. Bien que celui-ci vire plutôt au noir. D'épais nuages plein de pluie se rassemblait comme si ils s'étaient donner le mot pour rendre le paysage de la fête foraine abandonnée encore plus macabre. La première goutte tomba sur le museau du loup, mais il ne broncha pas, le vent soufflait de plus en plus dans ses poils qui commençaient à être lourd à force d'accumuler de l'eau. Il avait sa proie, et il n'était pas près de la lâcher. Mais soudain il fit volte face, et prit la direction d'un conteneur qui avait du servir de rangement à dieu seul sait quel manège sans intérêt. Une fois arrivé au lieu dit, il poussa un hurlement glacial, ce son venait se mélanger au bruit des branchage qui se battaient entre eux et à la pluie qui faisait s'entrechoquer les feuillages. L'ensemble résonnait et se répercutait sur chaque bâtiment. Comme si une meute toute entière encerclait le pauvre homme et sa bête. Cette dernière, troublée par ses sens qui lui donnait des informations contradictoires semblait complètement perdu. Elle ne tardât pas à s'arracher de la volonté de son homme. Celui-ci, plus évolué comprit rapidement la ruse, cependant il lui était impossible de connaître la position exacte de l'émission. Il se mit alors à reculer dans un cul de sac formé par trois stands. Sa respiration s'accélérait, il suait et ses pupilles semblaient dilatée, il était terrifié et il avait de quoi, il sentait la peur ce qui ne faisait que motiver l'instinct de prédateur du carnivore. Le vieil homme se colla dos au stand en regardant l'entrée de la petite allée. C'est à ce moment qu'il senti l'odeur chaude et chargée qui sifflait dans son oreille, ce son avait surpassé tous les autres, il le savait, il était trop tard. Le vieillard tentât de s'échapper dans une fuite désespérée mais il n'eut pas le temps de faire un pas que la mâchoire puissante du canidé se referma à la naissance du cou et de l'épaule. Dans un hurlement terrifiant il s'arracha à l'étreinte de son chasseur. Les rôles s'étaient inversés et il était devenu la proie. A présent il fuyait, sa main gauche plaquée sur son cou pour éviter de perdre trop de sang. Lorsqu'il se retourna le loup était sur ses pas attiré par l'odeur du sang chaud qui coulait sur le sol froid. L'homme tenta desesperement d'obtenir un sursis à sa mort. Mais cette dernière n'attendait plus, elle lui tournait autour, esquivant les coups de métal, inlassablement son cercle se refermait, les coups menaçant se faisaient moins forts et rapides. Kornog se décida alors à attaquer sautant au visage de celui qui avait essayé de le chasser comme un vulgaire gibier. Celui-ci tenta tant bien que mal de le repousser, mais le canidé appuyait de tout son poids sur un adversaire âgé et fatigué qui finit par rendre l'âme non sans avoir combattu. Il lui brisa la nuque sans plus de cérémonie. Mais il ne sortait pas de ce combat indemne, il s'était pris plusieurs coups de poing dans les côtes et il ne serait pas étonné que l'une d'elles soit fracturée. Il lança un regard sur son flanc avec énervement, mais un grognement le fit sortir de sa torpeur. Face à lui le molosse retroussait ses babines, il était dos au grillage, s'était un grillage simple que Kornog n'aurait pas de mal à faire céder sous son poids, mais le chien n'avait pas la masse nécessaire pour une telle action. Il était dos au mur, sans aucun échappatoire et il était clair qu'il allait vendre chèrement sa peau. Ses côtes ne l'aideraient pas dans ce combat, il lui faudrait tirer avantages de ces points forts et des faiblesses de son adversaire. Ce dernier était plus frais, il n'avait pas passé la journée à marcher, et certainement plus agile du fait de son gabarit. Mais Kornog avait l'avantage de la puissance physique. Ce dernier n'avait pas de temps à perdre, il avança sans outre mesure vers son adversaire d'une façon lente qui ne présageait rien de bon. Son cousin canidé se déporta sur la droite, mais il était suivit de près, il lui était impossible de se tenir à distance respectable sans lâcher son ennemie du regard. Ce dernier n'attendit qu'un moment d’inattention pour lui bondir dessus, mais comme prévu il était très agile et il prit la fuite entre les montants de la grande roue écroulée. Le loup ne le lâcha pas pour autant, ses sens étaient plus développés que ceux d'un homme et il aurait plus de mal à être pris par surprise. Le rythme était soutenue et le chien ne semblait pas désireux de mourir, au carrefour de plusieurs allées de stands, le chien tenta de prendre une direction différente, mais la pluie qui battait son plein avait rendue les chemins boueux, aussi il dérapa de tout son long s'étalant dans la boue et lâchant plusieurs mètres à son chasseur. Il repartit fond de train la queue entre les jambes, mais il était trop tard, les puissantes mâchoires se refermèrent sur sa patte arrière et brisèrent l'os dans un bruit déchirant. Le chien hurlant à la mort était condamné, aussi Kornog le fit taire en lui brisant lui aussi la nuque. Il prit quelques minutes pour reprendre son souffle et ses esprit, son pelage blanc au niveau du torax était teinté de rouge et sa canine cassée portait un morceau de la chair humaine. Il reprit la direction du territoire Esobek, faisant plier le grillage sous son poids.