Comme à son habitude, Athos alla se recueillir dans son cockpit de l'oiseau de fer. Regardant le ciel noir incrusté de pierres précieuses,  il songea.  La meute allait connaître un bouleversement.  Il le sentait. Il le savait.  Et il aurait son rôle à jouer. Athos avait beau être quelqu'un de loyal, cela valait uniquement pour Empress  et peut être bien aussi pour la meute dans son ensemble, le bien commun, le plus grand bien possible. Le grand loup regarda les étoiles.  Oui, il aurait son rôle à jouer. Et il savait qu'il aurait à choisir entre son coeur et son honneur,  entre ses ambitions et ses amitiés. Il devra sceller des pactes, des alliances, consolider certaines amitiés et raviver certaines haines. Il devra agir pour le bien. Du moins; le bien à sa façon.  Le grand loup ferma un instant les yeux.  Puis, il se leva et sauta du cockpit pour atterrir sur la terre ferme. Il allait marcher un peu et chasser, ça l'aidait souvent pour réfléchir. 

Il commença à s'avancer vers l'orée des bois, mais fut interrompu dans sa réflexion par une voix venant de derrière. Cette voix, il la reconnut sans mal. C'était Hige, le loup noir. Posément, Athos s'arrêta et de retourna pour faire face au loup. Après un regard,  il lui présenta cordialement ses hommages, d'un air presque détaché,  mais également irrité qu'on l'interrompre ainsi.  Mais Hige était un des rares loups qu'Athos estimait et respectait. Alors ce dernier ne fit aucune remarque. Et puis, en tant que chef des chasseurs, il avait le droit de requérir l'aide de n'importe lequel d'entre eux.
Le grand loup noir avait bien vu qu'Athos allait partir chasser, en fait, Athos pensait que l'autre savait que, partir seul la nuit était fréquent pour Athos. Mais non permis chez les Sekmet.   Et Athos le savait. Cette fois ci, ce n'était pas une remarque que Hige lui faisait. C'était un ordre. Il allait devoir prendre une espionne recrue pour aller chasser.

Athos grogna de mécontentement. Sa chasse, c'était son moment à lui, le moment où il pouvait être loin de la meute, chasser , tuer. Et il n'avait aucune envie de le partager avec qui que ce soit, et surtout pas avec une espionne. Encore moins avec une espionne femelle. Si Athos était un loup à fille, les espionnes avaient le don de le répugner. Elles empestaient la médisance et la tromperie. Les espions étaient des lâches, qui se planquaient pour chopper quelque information et la rapporter. Pire qu'une renard. Athos n'aimait pas les espions, c'était entendu, et les espions le savaient. Il n'était ni cordial ni neutre avec eux, comme il le serait avec tout autre. Il était mordant. Agacé rien que par leur présence.

Athos partit sans répondre.  Hige savait déjà où il avait l'habitude de chasser. La forêt sablonneuse. Lorsqu'il arriva, l'autre n'était pas là. Il savoura ses quelques minutes de solitude. Mais il était trop agacé pour réfléchir à ce qu'il voulait. Il entendit des pas feutrés derrière lui. La fille arrivait sans discrétion aucune, la patte trainante.  Il esquissa un sourire sarcastique. Pour une espionne,ce n'était pas bon du tout. Elle arriva en boudant et lui lança des paroles comme une pique, presque provocatrice.  Aider la meute l' exaspérait au plus haut point on dirait. Cela n etonnait pas Athos. Les Espions n'aident qu'eux mêmes.  Il prit les devant sans même la regarder,  lui adresser la parole. Sérieux, les muscles bandant malgré lui comme à chaque fois lors d'une chasse, le sang bouillonnant dans ses veines, il avançait.  La chasse débutait, son corps le lui disait. Il renifla l'air et esquissa un sourire sadique presque invisible.

5 + 3 Bonus de la Forêt + 2 Bonus Athos = 10 => Chasse réussie




Le grand loup brun levait les yeux au ciel. La fille passait du tout au tout, de la fille qui boude comme une vieille acariâtre à la fille qui se comporte comme une gamine. Athos était exaspéré d’avoir un tel poids mort à se traîner pour sa chasse de nuit. Il s’en sortait très bien tout seul, alors pourquoi Hige lui avait-il imposé d’emmener cette bleue avec lui ! Le grand loup laissa la novice chercher une proie. Depuis longtemps, il avait remarqué ce petit lièvre qui n’aurait même pas nourrit un louvard. Non, ce qu’Athos cherchait, c’était une plus grosse proie. Il ne prêta même pas attention que la jeune essaya de lui dire ce qu’elle avait trouvé. Athos avait senti quelque chose d’autre. Une chose… mangeable mais dont l’odeur était très peu flatteuse. Un sanglier. Eloigné de la horde très certainement, il était à portée. Mais même isolé, une telle proie était difficile à immobiliser. Le grand loup brun s’écarta encore un peu plus de l’autre louve, si bien qu’il entendait seulement le bruit fracassant qu’elle faisait en essayant tant bien que mal d’attraper ce fichu lièvre. Athos espérait seulement qu’elle ne gâche pas tout avec tout ce tintamarre. Il se plaqua au sol, le sanglier était là, derrière le buisson… Soudain, le grand loup sauta par-dessus la haie et atterrit sur le dos du sanglier. La bête se débattit, poussant des cris et essayant de jeter à terre son agresseur, mais Athos était préparé. Il lacha prise et fonça tête baisser sur la bête qui, surprise, bascula en arrière. Mais ce qu’Athos n’avait pas prévu, c’est que la bête l’agrippe avec sa gueule et l’entraina dans sa chute, si bien qu’elle lui roula dessus et que le loup se retrouva sur le ventre du sanglier, allongé à terre. Athos ne perdit pas une seconde. Il plaqua de toutes ses forces la bête et mordit de tous côtés pour l’épuiser. Il envoya des coups de tête, de coups de patte, mais la bête réussit à se relever. Bien que difficilement. Elle allait charger, Athos le voyait. Lorsqu’elle fonça sur lui, le grand loup l’esquiva avec agilité et lui bondit à la nuque. Le sang gicla, il avait mordu à l’artère carotide. La bête poussa un cri de douleur, se vidant de son sang. Elle perdit connaissance et s’éteignit peu après. Soulagé, Athos allait chercher la louve pour qu’elle serve à quelque chose et qu’elle l’aide à ramener la grosse bête. Mais il était trop tard.



Un bruit de tonnerre s’éleva dans le ciel et les corbeaux s’envolèrent en poussant des cris aigües. Les muscles d’Athos se raidir, ses oreilles frémirent. Il sentit le danger. Le tonnerre, c’était un coup de feu. Soudain, un aboiement, puis deux, puis des cris d’Homme. Alors Athos comprit. La fille, en chassant son petit lièvre ridicule, avait attiré un homme et son chien qui allait bientôt leur courir après ! Athos savait qu’il ne pourrait pas fuir avec son sanglier. Tant pis, il viendrait le chercher quand l’Homme sera partit. Athos trouva sous des fougères un nid de biche déserté. Il y enfuit son sanglier et le recouvrit de boue et de citronnelle qui se trouvait non loin pour cacher son odeur aux carnassiers. Un autre coup de feu, plus près cette fois. Et la fille qui n’était toujours pas revenue ! Soudain, Athos écarquilla les yeux. Il avait laissé la novice chasser seule, et à présent, elle allait devoir fuir seule devant l’Homme, le plus dangereux prédateur au monde. Il eut une pique au cœur. Il ne savait pourquoi, peut être par culpabilité qui sait, même si ce n’était pas du tout son genre, mais le loup avait peur pour la louve. Alors il courut dans la direction de l’endroit où il l’avait laissée. Il entendit des aboiements, et la fille n’était pas là ! Il sentait la panique monter en lui. Il avait la chercher, il ne sentait ni son odeur ni ne voyait de trace de son passage. Il faut dire que c’était une espionne et qu’elle avait l’habitude de tout faire pour ne pas se faire voir. Mais en chasse, elle avait été très maladroite et imprudente ! D’autant plus qu’elle avait loupé sa proie, il l’avait entendu maugréer de ne pas se moquer d’elle. Athos s’énerva. Si il l’appelait à voix haute, le chien saurait tout de suite où ils étaient, tandis que là, il y avait encore possibilité de les mener sur une fausse piste et récupérer le sanglier. Athos avait fait attention de pas laisser de trace de son odeur en partant du sanglier, mais sur le chemin de l’autre côté, il s’était bien frotté aux arbres. C’est par là bas qu’irait le chien, si tout se passait comme Athos le voulait. Enfin, il aperçut un éclair gris dans les taillis. L’espionne ! Le grand loup sauta dans les buissons et arriva juste devant elle. Il était énervé contre elle d’avoir attiré le chien et l’Homme, mais aussi soulagé de la retrouver saine et sauve. Alors, il parla avec fermeté mais sans animosité :


« Ecoute moi bien. Toi et moi, on va attendre que le chien suive la fausse piste dans ce taillis. Si jamais le chien ne mord pas à l’hameçon cours te cacher mais ne rentre pas à l’avion ! Tu les conduirais jusqu’à la meute ! Mais normalement, il devrait suivre cette fausse piste. Les chiens sont bons pisteurs mais de gros abrutis. »


Le loup afficha un sourire sadique en repensant à la fois où il avait donné une raclé à l’un des représentants de cette race.


« Ensuite, tu me suivras. J’ai réussi à avoir un gros gibier, j’aurai besoin de toi pour le porter jusqu’à la meute. »

Puis, le loup regarda à travers les taillis, guettant leurs poursuivants. Il ne s’était pas vanté du fait d’avoir capturé seul un sanglier. Pour un chasseur, c’était bien pourtant. Il ne l’avait pas non plus piqué au vif sur le fait qu’elle avait raté sa chasse et attiré, en plus, l’Homme et le chien vers eux. Non, pour le moment, il ne songeait qu’à une chose. Qu’ils réussissent tous deux à s’en sortir, et qu’il n’arrive rien à la fille.