- Calcul:
8 + 3(bonus) = 11
C'est donc ce que je fais. Je reviens sur mes pas, la faisan pendouillant mollement dans ma gueule ensanglantée. Je pourrai facilement fanfaronner d'une si belle réussite, mais il n'y a personne devant qui caracoler. Je me contenterai donc de faire comme les autres, apporter ma proie au garde-manger avec cet air mi-grave, mi-auto-suffisance qu'arborent les chasseurs.
Oui, c'est mieux. C'était une bien meilleure tactique pour impressionner les siens. C'est fou ce que la chasse me fait du bien. Je ne pense plus à… tout ce qui accable ma triste vie ces derniers temps. Chasser me rend vivante, me fait vibrer. Je ressens ces choses que les premiers loups ont ressentis avant moi, c'est… exaltant. Avec l'odeur de cet oiseau dans le museau, je faillis presque rater le meilleur. Alors que j'atteins à nouveau cet arbre que j'ai humé précédemment, une autre fragrance me parviens, plus puissante encore. Je lâche précautionneusement mon oiseau - pas question d'abîmer l'objet de ma fierté - et le recouvre de terre, comme j'ai vu Mère le faire. Juste à côté de l'arbre. Aussitôt, je me concentre sur cette odeur qui m'est parvenue. Je m'élance sans attendre dans la direction qui m'est indiquée par mon instinct. C'est plus loin cette fois, je prend un petit galop soutenu qui fait chauffer mes muscles.
Je ne tiendrai pas cette allure longtemps. Je me connais. Heureusement, l'objet de ma convoitise se présente bientôt à ma vue et je couche à terre, rampant tant bien que mal dans la vase de ces marais puants. Ça cachera mon pelage si rageusement blanc. C'est un petit daim qui se tient devant. Si affreusement petit que ce soit être un jeune. Mon coeur se serre un moment, mais je me reprends.
T'es une chasseresse ou pas ? me sermonné-je. En avant. Je ne réfléchis pas deux secondes et prend la bête par surprise. Je ne sais pas où est sa mère, mes les probabilités sont de mon côté: elle n'aura plus de petit à allaiter quand elle reviendra. Si elle revient. J'atterris sur la dos du faon, qui ébranlé par mon poids, vacille dangereusement. Il se met à brailler lui aussi, appelant un secours qui ne viendra pas. Les yeux enflammés, je plante mes jeunes crocs dans sa jugulaire, pose mes pattes arrières par terre et achève de faire basculer l'animal vers moi. Il se débat quelques secondes, tressaute… Puis enfin rend son dernier souffle. En lâchant sa gorge trempée de sang, je me rends compte que mes griffues ont laissées de profondes marques sur son dos. Et je remarque une autre blessure, qui n'est pas de moi.
Il était déjà blessé ? songeais-je avec une certaine amertume.
Tant pis, c'est moi qui ramène la viande fraiche. Me retenant un hurlement joyeux, je m'empare une nouvelle fois du cou du faon et le traine vers mon point de repère. Ca me prend un certain temps et tire sur mes muscles, mais j'y parviens. Je déterre mon faisan et je fais alors face à un nouveau problème: comment ramener tout ça au camp ?