Enfin, il le vit arriver. L’air décontracté comme à son habitude, arrivant en retard et comme si de rien était, comme à son habitude. On aurait dit que rien n’avait changé, qu’ils étaient tous les deux toujours les mêmes gamins, l’un étant toujours à l’heure et s’énervant comme un fou quand l’autre était en retard (ce qui arrivait souvent).

Arrivant d’un air joyeux, Askaal arriva en trottinant et lança un simple :
-Hey, Athos.

Le grand loup brun le regarda arriver sans un mot. Il pencha la tête de côté, observant son ami. Avait-il changé en entrant chez les traîtres ? Pour l’instant, Athos n’aurait su le dire. Il le jaugeait, regardait ce qui pouvait bien advenir de son ami, tournant la tête de côté, puis plongeant son regard bleu corbeau dans celui de l’autre. Il avait envie de crier, de hurler et en même temps il avait envie qu’Askaal s’explique de lui même sans que le loup brun n’ait à dire quoi que ce soit.

Mais Askaal n’avait pas l’air dans cette optique, il faisait comme si de rien n’était, comme si Athos ne s’était pas éclipsé pour rencontrer un ennemi, ce qui pourrait être sévèrement puni par Empress ou Torka. Car Askaal était bien un des ennemis Publics Numéro Un des Sekmets, comme tous les Navniks. Bientôt, il y aurait une guerre, bientôt, ils devraient se battre. Mais ce ne seraient plus leurs jeux d’enfants. Est-ce qu’Askaal réalisait au moins cela ? Il avait volage, la tête dans les nuages sans se rendre compte du moindre impact de ses actes.

Athos n’était pas du genre à tourner autour du pot. Il ne voulait pas faire semblant d’introduire le sujet alors qu’il ne voulait parler que de cela et de rien d’autre. Pourquoi ? Pourquoi avoir rejoint cette meute quand il aurait pu rejoindre n’importe laquelle ? Pourquoi avoir choisi les traîtres plutôt que son meilleur ami ? Tout comme sa soeur... Il se sentit oppressé, presque trahi.

« Pourquoi ? »

Lança-t-il. Il n’y avait besoin d’aucun autre mot. Celui-ci se suffisait à lui même, et il savait que son ami le comprendrait, comprendrait sa question. Il avait déclaré cela fermement, durement, comme un reproche, une accusation.

« Pourquoi ? "


Askaal n'avait pas su lui répondre et Athos et lui s'étaient disputés. Furieux, Athos était parti en trombe s'énerver à chasser dans la forêt, sans rien de dire plus que des grognements rageurs.