Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Tandis que le soleil commence à décliner sur les contrées dévastés, la jeune louve grise quitte la cave, endroit de repos et de regroupement pour les Esobek. S'éloignant de là après avoir partagé un morceau de viande avec d'autres, elle laissa son fils continuer de se remplir la panse alors que les provisions se font maigre. Qu'importe … Demain elle chassera, et après demain aussi et chaque jours qu'il faudra, tant que sa meute sera nourrit. Faisait-elle seulement ça pour la meute ou pour son fils ? Pour qu'il ne manque de rien ? Voir pour son amie et Alpha ? Faisait-elle cela pour lui prouver que qu'importe les difficultés, elle sera toujours là, présente, prête à suer, prête à se donner corps et âme pour la meute que guide son amie, seule et unique louve en qui elle a une confiance aveugle.
Elle s'éloigne de la cave, se rendant sur les collines, grimpant sur les dunes avec légèreté, sans le moindre bruit. Les oiseaux nocturnes commençaient déjà à montrer le bout de leur bec, prêt à chasser les rongeurs imprudents mais, ce soir, la louve n'avait guère envie de chasser, non, la veille elle avait déjà ramené bien des proies, comme le mois dernier d'ailleurs. Tandis qu'à ce moment-là la meute était au plus mal, elle, elle ne cessait de casser, encore et encore, trouvant de l'eau potable pour hydrater les plus jeunes ainsi que les plus vieux, chassant tout ce qu'elle pouvait pour pouvoir les remettre sur patte mais visiblement cela ne sert guère. Est-ce à cause de cette nouvelle meute ? Est-ce parce qu'ils n'ont pas réussi à avoir cette terre promise ? Probablement ont-ils été déprimé par cet échec, tout comme elle l'a été aussi mais, si sur le coup elle ne comprenait pas pourquoi son amie s'était retiré, quoique dans un sens si, elle savait maintenant ce que la rousse avait en tête et, même si la grise n'aime guère les conflits, elle est prête à aller jusqu'au bout pour son Alpha.
Grimpant sur la petite dune au-dessus de sa tanière, elle se plaça sur un gros rocher juste au-dessus de l'entrée et s'y installe, allongé, la queue ramené contre elle, la tête levé vers le ciel nuageux qui commençaient peu à peu à s'obscurcir pour laisser place à la nuit, aux ténèbres. Elle observe le dégradé de couleur sur les nuages, elle observe la lumière s'évanouir doucement … Dans un soupir, la louve déposa sa tête sur ses pattes avant, faisant tinter son collier de fer sur la pierre froide. Ce soir la mélancolie semble la submerger, tout comme un sentiment de solitude …
Les journées interminables et répétitives portaient atteintes à ma bonne humeur. Toujours les mêmes choses, surveiller, rôder, faire attention à chaques détails, vérifier que la meute ne manque de rien et encore. Elle manquait de beaucoup pour vivre correctement. Je me rappel mes années d'errance sur ces terres défraîchies. La faim au ventre, la soif si forte qu'elle vous rend fou. Fou de désespoir. On se voit mourir lentement, notre corps laissant fuir toutes traces de force, de santé. Et la mort est sombre, effrayante tel un coup de fusil dans mon esprit. C'est pour cela que je n'ai jamais couler sous le désespoir, que j'ai toujours garder assez de force pour lutter, lutter pour survivre. Et cette meute, elle manquait cruellement de chasseurs, d'aventuriers intrépides pour l'aider à trouver d'autres terres à conquérir. L'échec de posséder la dernière les a affaiblis, aussi bien psychologiquement que physiquement. Je leur suis encore assez étranger pour voir la différence depuis mon arrivée. Ils ont peur de manquer, pas le courage de voir d'autres échecs.
Il fait presque nuit, tandis que je marche dehors. Arpente une fois de plus les sentiers de notre meute. Je vois les loups endormis, peletoner entre eux, ou bien près de leurs enfants. Très peu sont seuls dans cette nuit chaude. Très peu sont solitaires, comme je le suis encore dans ma tête. Je marche ainsi. Observant leur vie comme un étranger lointain. Quelqu'un qui n'a pas sa place parmi eux. Avais je vraiment désiré rentrer dans cette meute? Avais je vraiment besoin d'eux pour subsister alors qu'ils ont du mal à subvenir à leurs besoins? Non, je le sais. Je vivais bien avant. Alors qu'est ce qui m'avais pousser à les rejoindre? La solitude? Peut être... Pourtant je me sens toujours aussi seul, et étrangement ça ne me dérange plus. Est ce le faite de veiller sur d'autres que moi? Veiller sur des loups qui ne sont pas de ma famille? Je ne le sais, mais peut être que les avoir rejoins à finalement combler quelque chose en moi.
Tandis que je marche, je me retrouve au pieds de la colline. Levant la tête en sa côte j aperçois une petite dune surmontée d'un rocher. Et sur ce rocher, je reconnais le pelage gris de la louve. Ce poil brillant sous les reflets de la lune. Avançant lentement, je l'observe. Elle scrute le ciel. Seule. Il est tard, et en dehors de quelques loups veillant comme moi sur la meute, tous dorment. Portant, elle ne veille pas mais ne dort pas. Pourquoi ne dort elle pas? Une lueur brille au niveau de son cou. Encore ce métal, ce collier. Est ce l'une des raisons de son insomnie? Être enchaîner comme un chien. Si tel était le cas pour moi, sûrement que je n'aurais de répit que de l'avoir enlever. Il m'aurait sûrement rendu fou. Je ne ressentais pas plus de pitié que pour ces animaux. Les chiens. Si pitoyables. Si honteux. Travaillant pour les pires créatures vivantes, leur obéissant comme si jamais leur mère ne leur avait inculper la fierté d'être un animal fort. Car ils le sont, ces pauvres fous. Nos "cousins". Si semblables et si différents pourtant.
Je ne suis plus qu a quelque pas d'elle. Nymeria. Et un sentiment étrange naît en moi. La solitude qui l'entoure me rappel la mienne. Son collier, m'interpelle. Curieusement, et pour la première fois, je veux en savoir plus. Je m'approche d'elle.
-"Bonsoir."
Je regrette aussitôt. Je n'ai pas l'habitude de communiquer et je ne savais jamais trop quoi dire.
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 23 Aoû - 12:47
un peu de compagnie
f. 100 - a. 100 - e. 100
La tête levé vers les astres qui osaient se montrer derrière les nuages épais, la louve se perdit dans sa contemplation et ses songes. Une présence attira son attention mais elle ne tourna pas la tête pour autant, à quoi bon, il s'agissait seulement d'un Esobek et, probablement un Esobek qui se promenait ou s'assurait qu'il n'y avait pas de problème sur leur terre. Elle continua de fixer les étoiles, pensive, jusqu'à ce qu'un jappement l’interpelle et elle baissa la tête vers celui qui venait de s'adresser à elle. Un loup roux, il ne s'agissait pas de la sentinelle qui est bien plus maigrichons que celui-ci et, qui de toute manière, ne possède pas la même odeur. Elle reconnu rapidement le guerrier et le fixe un moment.
Cela étonnait presque la louve que le nouveau Esobek vienne lui adresser la parole, lui qui se faisait pourtant discret, solitaire, le voilà face à elle, quoique en bas de la dune, à la regarder. La louve n'avait rien contre le fait de s'entretenir avec ceux de sa meute désormais mais elle savait les nouveaux très discrets ces derniers temps, ma fois tant mieux, c'est qu'ils s'habituent enfin. En première réponse, la louve hocha doucement la tête pour le saluer avant de s'adresser à lui.
« Bonsoir Arès. Quel vent t'amène par ici ? »
Bien des loups étaient déjà partie se coucher dans la cave, tanière commune aux Esobek pour ceux qui souhaitent s'y s'installer, d'autres dans de gros terrière creusé sous terre, certains patrouillant et d'autres profitant de la nuit pour aller chasser. En soit les nuits sont calme sur les terres de l'Œil de la Lune.
La louve garda son regard ambré posé sur le nouveau Esobek. Malgré les recrutements et l'entraînement, elle n'avait pas eu l'occasion de faire plus connaissance que cela avec les nouveaux arrivant, peut-être devrait-elle y penser, après tout les Esobek l'avaient accueillit alors qu'elle n'était qu'une solitaire et l'ont accepté un mois durant sur leur terre sans qu'elle sache encore si elle les rejoindrait ou non. Être solitaire et devenir du jour au lendemain un membre d'une meute n'est pas toujours évident, tant de chose change après tout et elle ne pouvait que le comprendre …
Elle me regarde. Me rend mon salut. Ses yeux sont perçants, d'or et de miel. Ils me rappellent ceux de ma mère. Louve forte et intrépide. Prête à tout pour me protéger, elle avait sauté devant le projectile qui m'était destiné. Si elle n'avait pas été là, alors je ne serais pas en train de contempler se regard ardent. Je n'avais pas encore communiqué directement avec la louve, mais lors de mon entraînement, elle avait piqué à vif ma curiosité. C'était sans doute le meilleur moment pour lui parler alors que les autres Esobeks se reposaient.
-"J'erre parmi les ombres, l'esprit vide. Et toi Nyméria, que fais-tu sous la voûte céleste qui nous observe en silence?"
Elle ne détournait les yeux. Décidée à me foudroyer de leur intensité, jusqu'au tréfonds de mon âme. Un frisson parcourt mon échine. Je sens mon pelage se dresser sur mes épaules. Tandis que je l'entends me répondre, mon attention est ailleurs. Mes oreilles ne parviennent plus à se concentrer sur ses mots, sur ses babines. Elles chassent. Elles savent. Instinct de solitaire, ma position change. Camper de nouveau sur mes quatre pattes, j'observe, j'écoute. Nyméria ne fait plus de bruit, et il est soudain plus aisé d'entendre. A t-elle remarqué comme moi, que quelque chose à changer dans l'ambiance nocturne. Les oiseaux sont silencieux au point d'être comme invisible. Les petits rongeurs se sont terrer sous terre. Même les criquets ont arrêté leur chant d'été. Je sens le danger, il est là tout proche.
-"Nyméria rentre dans la tanière."
Ce n'est pas un ordre, mon ton est neutre. Ni inquiétude, ni désespoir face au danger. Juste... une prévention? J'avance dans l'obscurité de la nuit, m'éloignant de la meute à pas de velour. Là devant nous, le danger est présent. Il observe, attend. Malheureusement pour lui, ma vie n'est plus faite de fuite et de sécurité. Je l'ai compris à l'entraînement. Je fais désormais partis d'un groupe, une meute, et je les protégerais. Je sens soudain une odeur familière. De la poudre à canon! Mes oreilles se plaquent en arrièrent, la peur m'assaille. C'est un humain. Un humain sans pitié, et il est armé, si près de nous, des petits que je protège! Mon coeur s'emballe. Je dois agir vite, l'attirer ailleurs! Prêt à avancer, une présence toute proche de moi me fait sursauter.
-"Nyméria! Qu..?! Fichtre... Tu ne devrais pas être là. Je m'en occupe!"
Je ne connais absolument pas cette louve, mais je ne peux m'empêcher de penser à la mettre en sécurité, près des autres. Protéger ses yeux si familier et pourtant si étranger à mon être. Mon souffle est rapide, mes muscles contractés et mon poil hérissé. Mes yeux font l'aller retour entre le monstre qui approche, et la louve qui m'a rejoins. Il n'y a plus que deux options. Je prend le temps de la ramener dans la meute pour être sûre qu'elle soit sauve et prends le risque que l'humain se rapproche d'avantage avec son arme, ou bien elle m'accompagne et je prends le risque de la perdre comme ma mère. Le choix devrait être vite fait, mais je ne sais pour quelle raison, je refuse qu'elle souffre. Elle est tellement apprécié parmi les siens que cette perte les achèverait moralement après l'échec de la terre nourricière perdue. Je décide alors qu'elle est le seul maître de son destin et retourne mon regard face au danger, cette fois, vraiment prêt à l'action.
-"Un homme, seul, armé. Évite toujours la trajectoire du bâton de feu. Nous devons l'attiré loin d'ici."
Invité
Invité
En savoir plus
Lun 24 Aoû - 3:07
tu mourras
f. 100 - a. 100 - e. 100
Elle le fixe, ne le lâche pas du regard, l'observe et, maintenant, l'écoute. Errer parmi les ombres … Oui, elle connaissait bien cela, errer sans bute, sans rien, l'esprit vide, vide comme une partie d'elle qu'elle sait difficile à combler désormais. Ce que les sentiments peuvent être un fardeau … Un lourd fardeau et une grande faiblesse mais, c'est grâce à cela aussi qu'elle a tenue bon dans certaines situations. Que la vie serait pourtant si simple sans sentiment mais aussi bien triste, en fait, l'un ne va pas sans l'autre … Sans sentiment elle ne serait, strictement rien hormis une louve seulement animé par ses instincts les plus primitifs. Serait-ce un tord en soi ? Oui car, à l'échelle où elle se trouve elle se doit d'avoir des sentiments, de la compassion et un sentiment de protection envers ceux de sa meute puis, sans sentiment elle n'aurait jamais accepté d'être parmi eux car, ce sont grâce, ou à cause, de ses sentiments envers la louve rousse que la grise se trouve ici, bras droit de son amie. Mais trêve de réflexion,, le roux lui avait posé une question, une question auxquels elle se devait de répondre car, après tout, c'est elle qui lui a posé la question avant tout.
« J'avais envie de profiter des quelques étoiles, j'apprécie leur compagnie. »
Car elles semblent à la fois seules et entourés que elle. Mais quelque chose attira soudainement son attention et, ses oreilles en avant, elles pivotèrent vers l'endroit d'où provient le bruit. Des Hommes … A leur simple odeur la louve émit un grondement sourd sans entendre ce que lui disait le roux, à moins qu'elle n'en avait que faire ? En tout cas le guerrier n'attendit pas de voir si elle daignait bouger ou non pour se réfugier car, de toute manière, il était hors de question qu'elle se cache.
Se rapprochant du guerrier, celui-ci ne semblait guère content de la voir là au lieu d'être à l'abri dans sa tanière mais, il était hors de question pour elle de rester à rien faire ! Il finit par se résigner à accepter la présence de la louve et celle-ci analyse l'homme, son grondement sourd n'ayant pas quitter le fond de sa gorge. Oui, elle sait ce que sont ces armes cracheurs de feu, elle a déjà faillit s'en recevoir et s'en était reçu une qui l'avait immédiatement endormis. Non, elle ne comptait pas s'en prendre une de nouveau, hors de question ! Mais il était également hors de question de laisser cet Homme en vie ! Sans même se concerter avec le roux, elle s'avança vers l'homme, le dos rond, le poil hérissé et les babines retroussés.
L'Homme, surpris de voir un loup surgir, pointa son arme vers la louve mais, apercevant le collier, il semble perplexe, hésiter et, la louve profite de ce moment de surprise pour se jeter sur lui. Tout crocs dehors elle bondit sur le bipède, sa gueule saisissant le bras qui tient l'arme, arrachant un hurlement à l'être portant une sorte de masque étrange. Il cherche à déloger la louve mais, celle-ci ne semble pas vouloir lâcher prise et cela même malgré les coups de poing qu'il lui donnait dans le museau. Voyant qu'il ne pouvait rien faire, il chercha alors quelque chose à sa ceinture, quelque chose qui, quand il l'attrapa et la tira, se mit à scintiller sous les faibles lueur de la lune, laissant imaginer le tranchant de cette griffe d'acier ...
La louve était complètement désintéressé par mes explications. On aurait dit qu'elle était déjà dans une sorte de trans. Un poil encore plus hérissé que le mien, le dos voûté au possible, crocs dehors, et grognement de rage. Elle bondit sur lui avant même que nous parlions d'une stratégie d'attaque. L'homme en la voyant arrivé leva sur elle son bâton de feu. Mon sang se glaça. Mais aucun coup de feu ne retentit. Elle lui sauta sur le bras qui portait l'arme. Arrachant à l'homme un crie strident, un crie de souffrance. Il martela le museau de Nyméria de coup de poings. Pour qu'elle le lâche, mais elle n'en fit rien.
Tandis que moi, je regardais la scène impuissant. Figé, tétanisé par le bâton de feu. Ce bâton qui avait ôté la vie de ma mère. Son souvenir fut comme un coup de crocs dans mon cœur. Je détournais le regard du combat. Que m'arrivait-il? Pourquoi étais-je incapable de faire face à un homme. J'avais survécu des années durant dehors, à me battre, à subsister. Pourquoi ne serais-je pas capable de faire face au combat se déroulant devant mes yeux? Nyméria se débrouillait pas si mal, je pourrais la laisser faire...
Une lueur brille soudain à mon œil. Une longue griffe acérée dans la main, l'homme s’apprête à l'abattre sur la louve impuissante. C'est alors que je vois ses yeux. Non, ces yeux. Ceux de la peur, ceux de la mort, ceux de ma mère face à l'inévitable. Non! Non! Non! Ce mot martèle mes poumons comme pour en extraire tout l'air. Non! La rage m'envahit soudain. Non! La colère laissant échapper un grognement puissant. Non! La rapidité de ma course vers le meurtrier fut sans merci. J'avais bondis sur lui, arrachant de sa main la griffe brillante sous la lune, et plaquant l'homme au sol de toute la force de mon corps. Le choc fut lourd. Nyméria fut projeté derrière nous, cependant je ne laissa aucun répit à l'homme face à moi.
Assassin!
Mon sang battait dans mes tempes comme les tambours de guerres qui résonnent dans l'air. Incapable d'être rationnel sous l'influence de tant d'animosité, je plongea mes crocs à sa gorge, mordant aussi fort que ma mâchoire me le permit.
Meurtrier!
Le sang giclait sur mon museau. Je mordais encore et encore. Oubliant le bruit de la chair broyée sous mes crocs, oubliant l'agonie infligée à mon ennemis. Je ne remarquais ses mains agrippées à mes poils qu'une fois que celles ci me lâchèrent, amorphes. Mon visage était baigné par l'odeur du sang, par la mort. Je reculais de la scène morbide dans lequel j'avais joué le rôle principale. J'étais fier, j'étais le loup que je n'aimais pas, que je n'avais jamais aimé. Celui qui n'avait aucune emprise sur la rage et la colère. Celui qui sans scrupule, était capable d'enlever toute la vie des êtres plus faibles. Fou, je me sentais fou. Mes grognements ne cessaient pas, et je ne savais que faire pour apaiser ma folie meurtrière. Je voulais tuer, tuer encore plus. Venger la mort de ma mère. Protéger quiconque blesserait quelqu'un se trouvant à mes côtés et sur qui j'ai décidé de veiller.
Mon corps fut alerter par un mouvement sur mon côté. Les babines retroussées et les crocs sanguinolent, je grognais vers le bruit. C'était Nyméria... Nyméria. Mon cœur hurlait à ma raison d'arrêter de me comporter ainsi, mais j'en étais incapable. Mon attitude était le résultat de la peur qui avait rongé mon âme, et de la haine enfouit depuis trop longtemps. Elle fit un pas, et mon corps se mouva tout seul pour être en position d'attaque, face à elle, un grognement puissant d'avertissement en guise de parole. Qu'étais-je en train de faire? Mes membres tremblaient. Mon corps était pris de violent spasmes. Avais-je venger ma mère? Avais-je protéger l'être cher? Mes yeux ne voyaient plus qu'un voile opaque. Ma raison avait quitté mon être. Je ne ressentais plus qu'une rage immense, ainsi que la douleur de mon cœur hurlant, tambourinant, qui se brisait de nouveau.
Elle avait sentie le mouvement de l'Homme, elle a reconnu le bruit du métal frottant contre le cuir, elle savait ce qui l'attendait mais, elle savait qu'elle n'arriverait probablement pas à réagir à temps sans être blessé.
Alors que depuis que la louve s'est élancé sur l'Homme, le guerrier reste bouche bée à sa place, il finit enfin par réagir en sautant sur le bipède, le débarrassant du couteau et, évitant ainsi à la louve grise de se prendre un coup mortel. Les deux Esobek tenaient fermement l'Homme qui hurlait à l'agonie en ne sachant pas comment se débarrasser des deux prédateurs, se sachant perdu, l'Homme n'avait plus que ses yeux pour pleurer et sa voix pour crier. Lorsque l'Homme s'effondra pour de bon, que les convulsions de son corps cessèrent, la louve se recula, la langue pendante, la gueule en sang.
Puis un grondement lui fit tourner la tête, celui du guerrier, tourné vers elle, ses crocs mis à nu. Que lui arrivait-il soudainement ? Elle comprit alors bien vite la situation pour l'avoir connu bien des fois. Il était en train de perdre la raison … Il ne savait plus identifier ami ou ennemi, le goût du sang le rendant comme fou, tout comme l’adrénaline provoqué par le combat mais, probablement autre chose également. Oui, elle ne connaît que trop bien cet état dont elle a essayé désespéramment de contrôler, de maîtriser cette bête qui sommeillait en elle, cette bête qui l'habite depuis qu'elle a été là-bas, cette bête qui la protégé de la mort et de la folie quoique, la bête n'est-elle pas folle ? Assoiffé de sang ? Si bien sûr mais, grâce à elle, elle était encore en vie et cela, malgré le fait qu'elle ai eu bien du mal à calmer ses pulsions …
Le mâle avait ses yeux braqués sur elle mais, il n'avait plus rien du loup qu'elle avait salué juste avant, non, il n'y avait plus qu'un loup prêt à lui bondir dessus et la mettre en pièce mais, malheureusement pour lui, la louve n'est pas du genre à se laisser mordre se répliquer … A peine ses babines se retroussèrent-elles qu'elle fondit sur le mâle pour le percuter, le faisant chuter au sol avec elle avant de le bloquer au sol de ses pattes avant, la gueule à quelques centimètre de sa gorge alors qu'un grondement d'avertissement ne s'extirpe de sa propre gorge.
« Reprend toi Arès avant de faire une erreur ou tu risques de tout perdre. »
L'avait-elle avertie en gardant son poids sur lui. Elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas le maîtriser indéfiniment car, le mâle est bien plus imposant qu'elle mais, elle avait profité du moment d'absence du roux pour le clouer au sol et, si il ne reprenait pas rapidement ses esprits, qui sait comment cela pourrait-il terminer ?
La rage. Un sentiment particulièrement puissant. Comparable au flot de la lave du volcan. Soudaine, brûlante, et envahissante. J'avais l'impression de couler sous mon propre corps. De le voir de loin se mouvoir sans en avoir le contrôle. Je ne mettais jamais vu ainsi. Je n'avais pas connaissance de toute cette colère en moi, enfouis. C'est ainsi que je me retrouvais face à la louve que je venais d'aider, prêt à lui bondir dessus. Mais c'est elle qui prit l'initiative la première.
Elle était rapide, je l'avais déjà remarqué. Mais elle réussit à me surprendre avec l'agilité qui accompagnait la vitesse, et la parfaite stabilité de son corps si fin. Elle avait bondit sans peine malgré les coups qu'elle avait reçut juste avant, me bousculant sur le sol sec et chaud de l'été. Ma tête frappa le sol, et mon esprit s'embruma quelque peu. Je sentais ses pattes me marcher dessus de son poids, pourtant si léger.
-"Reprend toi Arès avant de faire une erreur ou tu risques de tout perdre."
Malgré le coup sur la tête, ses paroles me parurent nettes, et fermes. La colère se dissipa laissant place à un autre sentiment. Mes yeux croisèrent les siens. Encore une fois. Mais je cru la voir pour la première fois. Elle savait. Elle savait exactement ce qui venait de se dérouler en moi. Elle savait, et pas seulement. Je le sentais, elle connaissait se sentiment. Elle l'avait parfaitement maîtrisé à l'instant en moi, comme si... Comme si ce n'était pas moi qu'elle venait de résonner, mais elle. Elle même. Mes yeux s'ouvrirent encore plus sous l'effet de la surprise.
-"Tu.."
Elle était comme moi. Je le sentais. Aussi brisée, que seule. Seule. Oui, soudain je savais. Mais peut être l'avais-je toujours su depuis le premier jour où je l'avais vu après avoir été intégré dans la meute. Elle était une solitaire. Ou du moins elle l'avait été. Cette découverte ma parut comme une étincelle. Un miracle. Quelqu'un me comprenait. Quelqu'un avait vécu des jours difficiles comme moi. Quelqu'un pouvait lire en moi. Mon coeur se serra. Et la joie m'envahie. Je n'étais plus seul. Plus seul dans ce monde hostile. Elle avait été ce que je représentais encore aujourd'hui, et à l'intérieur de moi, un petit vide se combla. Mon coeur battait à mille à l'heure. Nous n'avions pas bougé. Je n'avais pas cherché à me dégager de son emprise.
Elle m'avait calmé. Elle était comme moi.
Cette phrase résonnait encore et encore dans mon esprit. Et je ne pouvais m'empêcher de dévorer son regard de mes yeux lupins.
Comme moi.
Il est difficile d'exprimer sa gratitude à quelqu'un qu'on à presque voulu égorger quelques minutes auparavant. Et je ne voulais pas que la situation devienne embarrassante pour elle. Mais une lueur rougeoyante attira mes yeux un peu plus bas sur sa truffe. L'homme l'avait blessé sur le dessus de celle ci à force de coup. Mais au lieu que la colère ne m'envahisse de nouveau contre ce monstre, c'est de la compassion que je ressentis.
Ainsi, toi aussi ils t'avaient blessé par le passé. Blessé si profondément que ton être ne s'en remettrait peut être jamais, tout comme le mien. Ressentais-tu toi aussi, cette profonde solitude qui m'habitait?
Elle ne bougeait toujours pas. Son corps était plus petit que le mien ainsi, sans la repousser je pu bouger suffisamment la tête pour lécher la goutte de sang qui avait perlé de la coupure légère sur son museau.
Pendant les minutes qui suivirent, je ne fis que ça. Soigner sa plaie en silence, comme un pardon silencieux.
Le regard du roux changea soudainement, alors que seul la folie semblait être présent das son regard, désormais, la louve le revoyait devenir normal, ses sentiments revenaient, ses émotions. Le mâle se rendait peu à peu compte de ce qu'il se passait, se rendant compte de ce qu'il a faillit faire. Il redevenait lui même, chassant celui qui sommeil en lui, ce monstre, cette bête qu'elle même ne connaît que trop bien. Il se calme mais, semble encore sous le choc, perdu ou perturbé. Peut-être est-il en train de se rendre compte de quelque chose, à la façon dont il la regarde, ce regard qui semble chercher à percer les secrets de la louve, à moins qu'il n'ai réussi à les voir à cause de sa réaction ? A cause de ce qu'elle venait de faire ? Cette simple idée la met mal à l'aise. Non, elle ne veut pas que d'autres sachent quel monstre elle peut être, elle ne veut pas qu'on la prenne par pitié ou qu'on ai peur d'elle. Elle n'est pas un monstre, elle n'est pas une tueuse, elle est juste … Brisé …
Soudainement, elle avait envie de fuir, de s'écarter, mettre de la distance, rompre cette proximité qui la met si mal à l'aise. Elle allait bougé lorsque le loup se rapproche d'elle et que sa langue vint passer sur son museau. Sur le coup elle sursauta puis, comprenant le geste du loup, elle finit par le laisser faire. Cela devait être sa façon de se faire pardonner, sa façon de la remercier. Elle le laissa faire, gêné, son regard se voilant légèrement et fuyant.
Lorsqu'il cessa enfin, la louve se recula, le libérant de son emprise, lui permettant de pouvoir se redresser de nouveau. Le regard de la louve se pose soudainement sur le cadavre de l'Homme, une petite mare de sang de chaque côté de son corps, là où ses bras reposaient. La louve passa alors sa langue sur ses babines, le sang maculant le blanc de sa gueule, le goût métallique du liquide encore dans sa gueule.
« Nous devrions nous débarrasser du corps. »
S'en débarrasser, l'éloigner de cet endroit, loin pour ne pas que d'autres Hommes viennent, que d'autres Hommes s'approchent de sa tanière qui se trouve non loin de là. Elle n'avait guère envie que ces Hommes s'approchent d'elle, encore moins alors qu'elle dort et, pour éviter cela, elle doit se débarrasser de ce corps … Elle réfléchit. Elle pourrait très bien le ramener au garde-manger mais, les Hommes sont difficiles à manger à cause de cette épaisse peau étrange qui les recouvres ainsi que ces choses métalliques qu'ils ont sur le visage. Non, elle devait amener le corps ailleurs, en retrait, à la limite de leur terre. Elle ignore si le mâle se sent de toucher une fois encore le bipède mais, avec ou sans son aide, elle allait l'amener ailleurs.
Elle saisit l'un des bras de l'Homme et, se mit à le tirer. Elle émit un léger couinement, son museau lui faisant désormais mal. Jusqu'à maintenant elle n'y prêtait pas attention, jusqu'à maintenant, l'adrénaline lui avait fait perdre tout sens de la douleur. Désormais elle la ressentait, fort heureusement, l'Homme n'avait rien cassé en la martelant de coup mais, en y repensant bien, elle aurait pu y passer, oui, elle serait probablement morte ou gravement blessé si le guerrier n'avait pas été la. Elle s'arrêta alors et laisse tomber le bras de sa gueule avant de poser son regard sur le mâle.
« Au fait … Merci. »
Ce fut bref mais, qu'est-ce qu'il y avait d'autre à dire ? Merci résumait bien l'action du roux pour empêcher le bipède de l'avoir avec sa dent d'acier. Elle ressaisit le bras et le tira de nouveau pour le mener hors des terres, là où les charognards pourront se débrouiller avec ...
Son regard fuyait le mien. Avait-elle compris ce que j'avais vu? Avait-elle compris, que moi même je la comprenais. Tu es comme moi, et à travers ce contact, je veux te rassurer. Nous ne sommes plus seuls. Nous sommes identiques. J'ai envie de te crier de me regarder.
Regarde moi!
Vois à travers mes yeux! Laisse moi voir à travers les tiens! Partage ta souffrance, allège ce fardeau. Ne me dis rien si il le faut, mais regarde moi! Il n'y a plus besoin de mots désormais. Il n'y a plus besoin de rien. Arrête de fuir mon regard. Tu es en train d'attraper mon cœur en agissant de la sorte. Tout mon être est attiré par ce besoin que tu vois en moi, comme je vois en toi.
Soudain tu t'écartes. Est-ce que l'idée que quelqu'un te comprenne te mette si mal à l'aise? Est-ce que tu ne veux pas de ce genre de loup à te côté. Je sens alors un gouffre. Je te regarde. Tu t'occupes de cet homme, tu veux en effacer l'existence en l'emmenant au loin. Tout ce qui vient de se dérouler n'a pas d'importance pour toi. Me serais-je tromper? Es-tu réellement la louve insensible que tu sembles être? L'idée m'offusque. Je ne me trompe pas. Je le sais, je le sens. Alors pourquoi agis-tu ainsi? Comme si le lien qui nous unis, ce sentiment de solitude, et de souffrance n'existait pas.
La colère remonte soudain. Les paroles de ma mère me reviennent en mémoire.
"Ne fais confiance à personne."
Ma mère. Elle te ressemble tellement pourtant. Mais ce sentiment qui venait de naître en moi, je ne peux l'accepter. Je ne serais pas faible. Je ne me laisserai pas flancher. La solitude m'a appris une chose, ainsi que ma mère.
"Ne pas faire confiance."
Mon code de conduite, et toute une vie de souffrance à rester seule en échange de la promesse de ne pas être trahis par ceux que l'on aime. Je dois rester celui qui je suis. Je dois rester fidèle à celui que j'ai toujours été. Ce qui vient de se passer, n'arrivera plus jamais. Je ne laisserai plus les beaux yeux de cette femelle, ainsi que les souffrances qui l'habitent m’atteindre.
Je suis Arès. Fils d'une louve solitaire, loup solitaire en son âme et à jamais. Je suis la démon solitaire, hurleur au crépuscule, joyau brisé. Et jamais plus, je ne m'autoriserai à ressentir quelque chose à nouveau pour cette louve, qui ne sera que me blesser.
Je la regarde, soudain plus distant. Différent. Loup lunatique, incapable d'aimer. Incapable d'approcher qui que ce soit de trop près sans avoir peur de souffrir. Elle a besoin d'aide pour retirer ce corps, mais je ne suis plus capable de faire un pas vers elle. Je la vois me regarder, mais c'est trop tard. Je tourne déjà le dos. Je la laisse seule avec le cadavre de l'homme que l'on a tuer. Seule avec les stigmates de son passé.