rencontre caractérielle

Sous le ciel orageux, le jeune Navnik avance prudemment entre les décombres des engins de fer. On n’est jamais trop méfiant, à tout moment un de ces monstres peut démarrer et vous aplatir comme une crêpe. Le louveteau avait déjà vu un lapin faire les frais de cette longue bande dure et lisse, qui brûlait les coussinets par temps de soleil et qui émettait sans cesse des relents nauséabonds. Pandémonium, un peu perdu depuis la disparition brutale de son père, avait décidé – peut-être par nostalgie – de retourner chasser dans les endroits qui l’avaient vu grandir. Oh, depuis qu’il avait découvert le monde de la Surface, jamais il n’aurait pensé remettre les pattes dans un endroit aussi sinistre que celui-ci. Et pourtant, c’était bien là qu’il était né : dans les entrailles de la terre. Un éclair fend le ciel à l’horizon, et un grondement résonne sourdement dans les ténèbres nuageux. La truffe frémissante, Pandémonium se met en chasse, tous les sens aux aguets. Ces lieux regorgent de souris, de rats, de petits rongeurs en tous genres et il le sait pour y avoir passés les premiers mois de sa vie. Dire qu’il avait pu croire que le monde se limitait à des souterrains sans fin et à des boyaux puants !
« Hé ?! Oh !!! » Le novice s’arrête net, ses oreilles frémissent : est-ce que le vent pourrait produire de pareilles onomatopées ? Ou bien est-ce son imagination qui lui joue des tours ? « Help !!! A l’aide !! » Cette fois, il est certain de ne pas avoir rêvé : une voix inconnue et fluette résonne non loin d’ici. Le jeune loup hésite. « S’il vous plaît !!! » Il s’agit peut-être d’un piège ? Mais cette dernière supplique finit par attiser totalement sa curiosité et il s’élance vers la source de l’appel. Il ne tarde pas à dénicher la provenance du son, qui émerge du fond d’une crevasse. Passant prudemment la tête au-dessus du trou, il aperçoit au fond une minuscule louvarde qui semble prise au piège. Leurs yeux se croisent, et un petit sourire moqueur s’affiche sur les babines du fils du Dragon. Il secoue la tête avec mépris : ces crevasses sont pourtant faciles à repérer !

« C'était pas une bonne idée, de s'aventurer loin de maman, hein ?! », lâche-t-il sur un ton moqueur.

Il flaire clairement la même odeur que celle que se trimballe cet idiot de Ragnar'k : une jeune Sekmet, donc. Ces louveteaux nés dans des meutes n'ont décidément aucun instinct de survie, pense le Navnik. Finalement, il était bien heureux d'avoir été abandonné par sa mère : il n'était pas débile lui au moins, et il savait se débrouiller sans hurler à la mort dès qu'une difficulté se présentait !