Une faim de loup

Chasse solo

Reput de la viande tendre du jeune chevreuil, Sköll mangea goulûment tout ce qui entrait bien dans son estomac. Il déchirait, déchiquetait et tirait sur la carcasse encore chaude pour ensuite avaler chaque morceaux avec délice. Il n'avait pu chasser pareil proie depuis qu'il avait quitté les hommes. Il savourait donc ce repas lentement pour faire durer ce moment de répit. Sa proie n'avait pas été facile à poursuivre. Plus agile de nature, le chevreuil bondissait et zigzaguait aisément alors que le roux devait la suivre à la trace en essayant de ne pas la perdre de vue. D'ailleurs, la pauvre bête s'était bien battu pour sa vie. Seulement, le loup ne pouvait avoir pitié de sa nourriture, cela qui lui permettait d'avoir tout le fer et les protéines dont il avait besoin pour sa propre vie.

Bref, il était tout de même satisfait de cette chasse.

L'estomac plein et l'esprit ravi, Sköll saisit l'une des longues pattes de la carcasse et la traina près d'un tronc d'arbre. Certes, le loup avait mangé presque la totalité de la chair sur les os, mais il en restait quelques peu. Alors, le roux creusa un trou peu profond et y enfouit la bête morte pour l'enterrer. Si un autre que le loup le trouvait cela ne serait pas plus grave que cela. Ce n'était pas grand chose avec le peu de viande qu'il restait. Et puis, cela donnait une chance à Sköll de venir récupéré la viande restante si les proies devenaient plus rares.

Une fois cela fait, le loup roux leva le nez vers le ciel pour prendre une grande inspiration. Tout comme le jeune chevreuil auparavant, il se sentait bien. Et un sourire vint même s'ajouter lorsqu'il sentit l'odeur d'un mulot. Sans qu'il ne s'y en attende, il avait repéré la piste de l'animal. N'ayant rien qui l'attendait pour cette nuit, il choisit de suivre l'odeur. Une seconde proie ne pourrait faire mal et encore moins pour ajouter à la réserve. Truffe vers le haut, il s'enfonça plus long dans les marais. Se retrouvant le museau au sol, il essayait de voir des traces sans succès, mais les effluves suffisaient.

Cela ne lui prit pas très longtemps pour rattraper le mulot qui était occupé à fouiner, à chercher quelque chose qui n'intéressait pas Sköll. S'approchant, ce fut le tour du loup d'avoir de la malchance. Sa grosse patte se posa sur une brindille qui rompit sous le poids de celle-ci. Le craquement n'était pas très fort, mais il paraissait énorme dans le calme de la nuit, malgré les bruits des petits animaux alentours comme dans leur quotidien. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le mulot avait disparu au regard vert profond dans un petit trou au sec des marais.
Soufflant, le loup se détourna et s'éloigna dans la noirceur environnante.

Une faim de loup

Chasse solo

Un nouveau jours, une nouvelle chasse. Le loup roux avat un grand besoin d'attraper une proie. Cela faisait un certain temps qu'il n'avait rien avalé et c'était plus que le moment pour se rassassier. Il ne tomberait pas après deux mois enfin loin des Traqueurs, à cause de la faim. Non, il mourrait au combat peut-être, mais jamais bêtement de faim. Il ne fallait pas, ne voulait pas.

Il essaya de capter une odeur, de repérer une trace, de retenir un son. Pourtant, c'était le silence totale. Les proies semblaient ne plus faire un seul geste, ne plus faire un bruit ou ne laissait plus d'odeur par le manque de déplacement. Comme si elles pouvaient sentir les horribles moments qui viendrait bientôt avec la guerre des meutes.
Pourtant, Sköll devait impérativement se nourrir. Lui, en tant que Solitaire, n'avait pas de garde-manger pour se sortir du mauvais pas. Par conséquent, il devait redoubler d'efforts comme à l'instant. Trouver de la viande, de la chair, du sang.

Posant une patte dans de la boue, marchant très près d'un petit étang, il s'immobilisa en entendant un léger bruit de succion. Seulement, le bruit cessa et il posta à croire que cela devait venir de lui. Et puis, le bruit de pas entrant et sortant avec difficulté de la boue recommença. Sköll fit donc attention d'écouter si le rythme de se bruit étant en cadence avec ses propres pas. Ce n'était pas le cas.
Redressant les oreilles, le museau du loup huma l'air en relevant doucement la tête. Le vent n'était pas en sa faveur, voilà pourquoi il n'avait rien sentit. Par contre, cela signifiait que l'animal en question pouvait le sentir si ce n'était pas déjà fait. Agissant sans délai, il s'appliqua à s'éloigner du bord de l'étang ou se trouvait la boue. Maintenant au sol sec, ou plus ou moins, il écouta de nouveau la provenance exacte des bruits qui ne cessaient pas. Son oreille gauche pencha vers cette même direction et son corps suivit le mouvement. Ses yeux perçant ne prenait pas encore la peine de chercher l'animal, il fallait qu'il se concentre sur la position qu'il se situait avant tout. Cela ne prit pas très longtemps qu'il trouva le raton-laveur. Cela surprit quelque peu Sköll de rencontrer ce rongeur dans cet endroit humide, mais il ne se posa pas davantage de question. Il passerait à l'attaque.

Il s'accroupit avec délicatesse et rampa lentement, mais sûrement. Progressant, il tentait de s'approcher davantage du rongeur. Voilà le moment où la proie choisit de se retourner et de croiser son regard. Il aurait très bien pu ne pas l'apercevoir, mais ce fut bien sûr le cas. Finalement, Sköll était suffisamment proche pour tenter de l'attraper. Se propulsant de ses muscles et s'élançant par cette poussée, il galopa à la rencontre mortelle avec le raton-laveur. Ses griffes touchaient presque le petit animal, ses crocs se refermaient sur du poil. Il ne manquait que l'ultime effort, la dernière tentative pour la mise à mort.

Le raton-laveur détourna de sa trajectoire, mais Sköll allongea sa patte et enfonça profondément les griffes de cette dernière dans la chair du rongeur qui couina. Il se retourna pour chercher une échappatoire, tentant de griffer et de mordre le museau du loup. Sköll ouvra la gueule et la referma sur la nuque de la proie qui craqua sous ses dents acérés.

Une faim de loup

Chasse solo

Le raton-laveur remplissait un coin dans son estomac, mais il avait besoin de plus. Naturellement. Il se leva donc, s'étirant longuement les pattes avant de se redresser. Sköll fit quelques pas pour s'approcher d'une eau froide et vaseuse, mais il y trempa tout de même pour le nettoyer du sang avant de repartir à la chasse.

Cela fait, le loup roux n'avait plus qu'à chercher une nouvelle piste qui le guiderait vers une seconde proie. Le sol était scruté par ses yeux verts profonds et l'air humé par son museau qui captait toute odeur subceptible d'être interressante. Cette fois, cela ne lui prit pas de temps.
De petites pattes jongeaient la terre humide. Il y en avait d'innombrable, dénonçant un chemin que l'écureuil semblait emprunter souvent. Ainsi, Sköll s'approcha et suivit avec discretion les traces en captant enfin la délicate odeur du rongeur.

Des grattements l'arrêta brusquement, cherchant du regard la fourrure beige qui ne devait pas être loin. Ce fut le mouvement rapide de petit animal qui attira le regard vert du loup qui se lécha les babines. Le ventre frôlant le sol, il rampa pour être plus proche et encore plus près. Ses gestes se firent lents lorsque l'écureuil ralentit ses va et viens pour se redresser, mais il était prêt. Bondissant, il referma ses crocs... Dans le vide. Il chercha rapidement où sa proie pouvait bien être passé et sentit qu'il ne la trouverait pas. Levant alors les yeux, il vit le rongeur qui grimpait a toute allure l'arbre maigre face au loup. Sautant sur ses pattes de derrière, il ouvrit la guerre dans un seconde tentative de les refermé sur sa proie. Il sentit le goût du sang et le corps du petit animal qui s'agitait dans sa gueule. Il serra fortement, entendit un craquement et posant ses quatre pattes au sol pour se repaitre de la chair du rongeur.

Une faim de loup

Chasse solo

Un autre jour, mais le même lieu. Le loup roux s'avançait entre les pousses persévérant pour grandir et fendre les eaux et la boue. Leurs efforts étaient vain et, pourtant, chaque plantes, fleurs, arbustes ou arbres tentaient de grandir davatange. Les signes évidents annonçaient l'approche du froid, mais cela ne semblait guère les arrêter. Les feuilles arborant les couleurs chaudes que sont le jaune, l'orange et le rouges se détachaient une par une de leur hôte de l'été. Elles recouvraient le sol de leurs couleurs joyeuses, mais collaient également aux pattes avec la boue.

Sköll venait de nouveau en ces lieux, dans les marais, pour chasser. Une bonne proie pour son estomac. Certes, il avait pu au moins attraper les deux proies qui lui subvenaient pour le mois. Par contre, cela n'empêchait pas la faim de se ressentir légèrement. Subvenir n'était pas le synonyme de rassassier. C'était deux mots à la signification bien distincte.
Bref, pas après pas, le Solitaire humait l'air et scrutait les recoins. Un indice lui suffirait pour pister une bonne proie bien justeuse à dévorer. Cela lui vint très vite. Une odeur qui ne trompait pas. Celle d'une poule d'eau, en espérant qu'elle soit bien grasse à souhait. Suivant l'odeur promettant délice et saveur, Sköll restait alerte en écoutant de son ouï. Ses oreilles s'agitaient de tout bord tout côté. Les Traqueurs rôdaient plus que d'habitudes et il était hors de question qu'il se fasse prendre.

Doucement, il s'accroupit pour ramper. Il s'approcha de l'oiseau, se léchant les babines en pensant qu'il allait s'en déguster. Lorsqu'il fut près de sa proie, il bondit en faisant peur à la poule d'eau par la même occasion. La réaction de celle-ci ne l'empêcha pas de la saisir dans ses crocs dont sa gueule salivait déjà. Il lui suffit d'une légère pression pour sentir le cou rompre et que le cadavre ne bougeait plus. Se couchant, il ouvrit le ventre de sa proie et avala les chair tendre lui étant offert.

Une faim de loup

Chasse solo

Une autre soirée, un autre temps et une période différente. La nuit venait à peine de tomber, l'automne s'était installé pour présager et avertir de l'approche du froid et les feuilles tombaient une après l'autre alors que l'atmosphère se rafraîchissait et s'assombrissait. C'était intéressant de regarder les feuilles mortes tomber de leur arbre où elles avaient surplombés tout autres êtres vivants, mais cela devenait également morne, la couleur manquait.
La fraîcheur de la nuit envahit les membres du loup roux et s'engourdirent. Sköll se redressa, faisant rouler ses muscles sous sa fourrure tricolore au rythme de ses pas. Il devait s'activer, s'échauffer. Et pourquoi pas par l'entremise d'une chasse ? Quoi de mieux pour se dégourdir et, de plus, s'entrainer ?

S'aventurant encore dans les Marais Griffes Vertes, là où il allait le plus souvent pour cette activité servant d'entrainement et permettant de se nourrir. S'accroupissant sans attendre, le loup continua son avancé plus lente en humant l'air frais. En un rien de temps, il détecta une odeur. Un moineau. Ce n'était pas la meilleure proie, parce que celle-ci pouvait s'enfuir beaucoup plus facilement et, ainsi, éviter ses crocs acérés.
Il décida de tenter tout de même. Ne sait-on jamais ce qui pourrait se produire ?
S'approchant en direction de la provenance de l'odeur qui devenait de plus en plus forte, les iris verts examinait le moindre recoin à la recherche de l'oiseau. Encore une fois, cela ne fut pas long qu'il trouva le moineau qui picorait au sol, sûrement à la recherche de dernières pousses ou petites graines. Soit pour un petit creux, soit pour des réserves, malheureusement pour l'animal à plume, Sköll devait également faire cela. À condition de l'attraper.

Bondissant donc vers cette proie, il savait que s'il ne faisait pas assez vite, elle partirait par le vole et il n'aurait aucun moyen de la récupérer. L'atterrissage fut près du moineau, mais, comme de fait, les ailes se déployèrent pour battre frénétiquement. Poussant avec force sur ces pattes arrières, le loup se redressa pour sauter en direction du moineau qui prenant de l'altitude. Le Destin n'était pas avec lui, pour son bon malheur ! Il rata sa cible et retomba sur ses pattes penaud.

Une faim de loup

Chasse solo

Un simple rongeur. Un rat maigre, terne. À peine de viandes sur les os. Voilà ce qu'avait débusqué Sköll après une bonne heure de recherche. Le loup semblait avoir quelques difficultés depuis quelque temps dans ses activités quotidiennes. Il se sentait fatigué, normal étant donné qu'il ne dormait pas vraiment. Il faisait des cauchemars, comme d'habitude, mais ces derniers temps, il ne fermait même pas l'oeil. Il se disait qu'il devait craigner davantage de mauvais rêves. Il était loin de la vérité.

Ainsi donc, le rat était blessé. C'était l'odeur de sang qui l'avait attiré vers le rongeur qui saignait. Il avait très rapidement trouvé la piste où certaines gouttes de sang avaient coulés du rat, tâchant le sol et les petites pousses. Il avait trotté un bon dix minutes avant de repérer le rongeur qui était visiblement nerveux. Sûrement savait-il que la douce odeur du sang prégnante attirerait les prédateurs.
Quoiqu'il en soit, Sköll était accroupit, observant son futur repas. Cela ne serait nullement compliqué de l'attraper dans sa gueule avec la blessure qu'il avait. Sa patte démontrait une longue balafre pour le petit corps. Il n'avait aucune idée de l'origine de cette plaie, mais cela l'indifférait. Manger était le plus important.

Bondissant, il fonça sur la proie qui fit un écart de justesse pour sauver sa peau... Pour quelques secondes encore, pensa le loup. S'élançant, il poursuivit le rat qui choisit la bonne technique qui est de zigzaguer. Sköll le perdait de vue avant de le retrouver et qu'il disparaisse de nouveau, mais il tenait pourtant la cadence et c'est au moment où le rat surgit un peu trop près qu'il fut transpercer de ses crocs acérés.