Zwey passa un coussinet par-dessus la frontière Esobek. Puis deux, puis quatre, tant qu'à faire. Il n'était plus à ça près de toute façon : dès lors qu'un Sekmet reniflerait son odeur sur leurs terres, il ne se gênerait pas pour lui rabattre toute sa meute hurlante à la croupe. Zwey ne pouvait pas leur en vouloir ; après tout, c'est exactement ce que lui ferait si les rôles étaient inversés.
En l'occurrence, la sentinelle ne risquait pas grand-chose tant qu'elle se tenait ainsi, à la lisière seulement de l'autre territoire. D'une parce qu'elle était justement sentinelle, et que cela suffisait à lui garantir une certaine immunité dans les environs des frontières ; de deux, parce que de toute façon le marquage intensif des deux meutes à cet endroit masquait intégralement son odeur personnelle.

Sauf qu'évidemment, faire le planton au bord du territoire ennemi n'était pas son but de la journée.

Après, songea Zwey en se mettant en marche d'un petit trot allègre, "ennemi" n'était pas non plus le terme adéquat. Après tout, depuis la chute de la Horde, les deux meutes n'avaient jamais été en aussi bons termes. Il avait même entendu dire que des efforts diplomatiques avaient été faits - de la part de sa propre meute, s'il se souvenait bien. Ce qui ne manquait pas de le faire rire sous cape. Le jeune loup avait beau garder pour lui ce qu'il pensait de l'attitude globale des Esobeks pour ne pas s'attirer les foudres de ses confrères, il n'en était pas moins sceptique devant la tactique de son alpha. Mais après tout, ce n'était pas à lui de décider, et ce n'était pas ça qui sauverait sa peau s'il tombait par hasard sur une sentinelle Sekmet.
Quoi que. Peut-être serait-ce la seule utilité de l'actuel climat de tolérance qui régnait entre eux. Sauver ses fesses d'insubordonné.

Oui parce que Zwey avait beau se balader impunément et avec un culot monstrueux dans la forêt charbonneuse, il n'en avait pas moins aucun droit d'être là et le savait parfaitement. Mais la convoitise avait été plus forte que la prudence, une fois encore.
En effet, depuis quelques temps, la sentinelle observatrice avait remarqué que les passages d'humains sur leurs terres se faisaient... moins agressifs. Tout d'abord, il n'y avait pas cru, mais les faits étaient là : là où les hommes passaient, la terre reverdissait. La végétation reprenait des couleurs et respirait. Zwey comme pas mal de ses congénères n'en croyait pas ses yeux.
Mais passé le premier moment de surprise, il avait été prompt à décider d'en profiter.

Or, il l'avait vu depuis son côté de la frontière, la forêt avait meilleure mine depuis quelque temps, d'où sa petite visite. Très vite, une fois les premiers arbres noirs atteints, le rouquin colla la truffe au sol, à la recherche d'un fumet de gibier et prêt à déguerpir au moindre signe de loup dans les parages.
C'est qu'il n'était pas fou non plus.

Code de la fiche by Helya

Très vite, le jeune loup se mit à saliver. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas inspiré une telle multitude d'odeur à la fois ; il en avait presque le tournis. Sans compter que son estomac, récemment remis d'une intoxication légère due aux eaux empoisonnées qui avaient coulé à travers leurs terres pendant des lunes, n'était plus aussi résistant qu'autrefois. Mais le jour où Zwey s'accorderait le temps de souffler durant une chasse serait un jour de deuil.
L'eau à la bouche, la sentinelle s'astreignit donc à choisir une unique piste et se lança à la poursuite d'un lapin égaré trop loin de sa garenne. Souples, ses pattes foulèrent la terre élastique avec plaisir. En quelques mètres, il arriva en vue des deux longues oreilles brunes et dès que l'animal l'eut repéré, lui donna la chasse.
Le prédateur et la proie coururent un moment entre les troncs calcinés ornés de rameaux d'un vert tendre, dérangeant plusieurs couples d'oiseaux, avant que Zwey ne fonde sur le lapin et ne lui brise la nuque dans sa hâte. Il roula avec sa proie jusqu'à un tronc d'arbre abattu, où il s'autorisa un aboiement d'enthousiasme. Content de lui, le loup se roula dans la poussière à côté de son futur repas, puis revint sur le ventre, et à la raison. Il n'était pas chez lui, et ce n'était pas le moment de faire preuve de négligence. Autant prendre son lapin tout de suite et déguerpir d'ici.

Le problème se présenta à lui lorsqu'il se releva pour attraper la petite bête entre ses crocs. Sur sa langue sensibilisée par l'odeur de chair se présenta une autre fragrance, nettement plus inquiétante. Zwey mit un moment à la reconnaître : il ne s'agissait en effet ni d'une odeur de loup, ni d'une odeur d'homme, encore moins d'un fumet de gibier. Il goûta l'air un moment, truffe en l'air, immobile, jusqu'à ce qu'un frisson glacial ne naisse entre ses épaules. Il connaissait cette odeur.
Feu.
Un tremblement glissa sur sa colonne vertébrale. La chaleur devait avoir enflammé une parcelle de la forêt au bois mort. Le vent portait l'odeur de brûlé jusqu'à lui, l'incendie ne devait pas être loin. Il devait partir.
Zwey saisit sa proie et revint sur ses pas au petit trot : les arbres restant espacés, l'incendie ne risquait pas de se propager à toute la forêt. Cependant, s'il s'agissait de la partie dans laquelle il se trouvait, la situation risquait de lui roussir le poil. Mieux valait déguerpir au plus vite.

Malheureusement pour la sentinelle, le feu l'avait déjà encerclé. Il s'en rendit compte lorsque, revenu sur ses pas, des buissons fanés commencèrent à grésiller contre ses flancs. Il ne pouvait pas retourner sur ses terres sans faire un détour.
Haletant, le loup fit un écart et courut parallèlement aux arbres qui s'enflammaient petit à petit. Jusqu'à ce que, par un malheureux hasard - il regardait derrière, ce qui était bien compréhensible vu sa situation - il ne bute sur un terrain rocailleux.
Le jeune loup faillit tomber, se rétablit, sauta d'un rocher à l'autre avec un équilibre plus que précaire, pour dévaler maladroitement - quoi que sur ses quatre pattes - la pente de l'autre côté de l'amoncellement de roches.
Et après cette jolie descente, atterrissant à moitié assis, il se retrouva à lever les yeux sur un loup Sekmet.

Eh beh. On aurait dit le début d'une blague.
Zwey lâcha sa proie entre ses pattes et tenta un sourire plein de crocs à l'adresse de son congénère canin. Agrémenté de la meilleure plaisanterie du monde.

« ... ça sent le cramé non ? »

---

HS : Désolée du retard, je suis bonne pour la potence à ce stade.

Code de la fiche by Helya

F. 100 | A. 100 | E. 100

La situation sentait le roussi, et pas seulement à cause de l'incendie. Enfin, sauf si on considérait la flamme qui venait de s'allumer dans les prunelles du Sekmet comme un incendie en soi.
Mais devant la tête qu'il tirait, Zwey ne doutait pas que le loup aurait adoré le consumer sur place, là, d'un seul coup de patte. C'est qu'il avait l'air vraiment furax.
Sans s'indigner - à voix haute du moins - d'être traité comme un pestiféré par son congénère qui avait effectué un magnifique mouvement de recul à sa vue, Zwey se remit sur ses pattes et s'ébroua. Dommage qu'il ait senti l'odeur Esobek sur sa fourrure. Vu la délicate fragrance de bois cramé qui s'était accrochée dans ses poils lors de sa course, il aurait pu estimer le contraire.
Soit le Sekmet avait le nez fin, soit effectivement même lui qui n'était pas adepte des câlins de meute sentait plus fort qu'il ne le pensait.

« C'est le moins qu'on puisse dire. » Cracha son interlocuteur tandis que, tranquille pour quelqu'un dans sa situation, Zwey se redressait.

Le regard noisette du fautif alla du loup au pelage fauve au lapin roussi entre ses pattes. Instinctivement, il afficha un air perplexe, comme s'il était surpris de le trouver là.
Enfin bon, non, il ne fallait pas exagérer non plus.
Soutenant - pour une fois et pour la bonne cause - avec cran le regard transparent du Sekmet, Zwey désigna sa proie d'un mouvement de tête.

« Quoi, ça ? Non, il est à moi. » Affirma-t-il avec un aplomb mémorable. « Je l'ai attrapé à la frontière, de notre côté. Et puis le feu s'est déclaré dans les bosquets à la frontière et m'a poussé chez vous. »

Quand il voulait et quand il mettait l'humour foireux de côté, Zwey pouvait même avoir l'air convaincu voire convainquant. Il soutint donc franchement le regard de son vis-à-vis, avant de secouer la tête pour se débarrasser de la cendre qui lui piquait les yeux.

« Je suis sentinelle. Désolé pour la violation de domicile. » Il ajouta en indiquant la cime des arbres qui rougeoyait au-delà de leur abri de pierre : « Par contre on ferait mieux de ne pas prendre racine dans le coin, si tu veux mon avis. »

Il savait bien que les pierres ne brûlaient pas, mais tout de même. Savait-on jamais.

Code de la fiche by Helya

F. 100 | A. 100 | E. 100

Malgré toute l'application qu'il mettait à écarquiller les yeux d'un air innocent - au point qu'il était intérieurement certain de choper la migraine en sus de tout le reste - Zwey crut bien que son interlocuteur n'était pas dupe une seule seconde. Et ça, ça craignait pour lui - ça craignait vraiment, parce que le Sekmet était plus gros et très certainement plus fort que lui.
Ce qui n'était pas un cas rare après tout, mais toujours légèrement incommodant.
Attentif, il ne manqua pas d'observer les moindres mouvements et regards du loup fauve, ce qui fit que les deux canidés se retrouvèrent très vite à se jauger l'un l'autre avec méfiance, oubliant un instant la royale odeur de cramé qui sévissait autour d'eux. Zwey n'en voulait absolument pas à cette dernière : après tout, sans elle, le Sekmet aurait eu beau jeu de se rendre compte que le lapin était nettement plus imprégné de son odeur que de celle des Esobeks. Cela dit... le gibier allait et venait sans se soucier des frontières, lui.
Le traiter, lui, Zwey, de menteur, aurait été le comble de la mauvaise foi... Non ?

La sentinelle dut ravaler péniblement la grimace narquoise que lui tira cette pensée, alors qu'il arrachait son arrière-train au sol pour ouvrir la marche qui les emmènerait loin de l'incendie. Sans oublier, bien sûr, de prendre fermement sa proie dans sa gueule. Non mais. Il l'avait trouvée il la gardait, oh.
Quelque part, il était tellement étonné que l'autre ne lui ait pas encore piquée - ce que lui aurait fait sans hésiter s'il avait pris un canidé à rôder sur son territoire avec un lapin mort dans la gueule - qu'il voulait encore moins courir le risque.
Et il était toujours difficile de prédire qui, de la part prudentissime de Zwey ou de celle qu'on aurait pu surnommer "Miss touche-pas-à-ma-bouffe", irait l'emporter sur l'autre au dernier moment. Avec comme résultat prendre ses pattes à son cou ou déclencher une belle petite bagarre.
En territoire ennemi. Bonne idée, tiens. Zwey se prit alors à espérer que le Sekmet n'aille pas réellement essayer de lui piquer son lapin.

Parvenu, en boitillant, à une distance de sécurité respectable de l'incendie, et s'étant efforcé de se rapprocher un peu de la frontière, Zwey sentit le Sekmet ralentir et s'arrêta.
Ah tiens. Il ne l'escortait pas jusqu'à chez lui ? Rustre.
Zwey déposa son lapin à ses pieds, sans faire l'affront à l'autre loup de le coincer entre ses pattes, mais prêt à bondir au moindre mouvement suspect. L'autre se contentait d'attendre un geste de sa part, que la sentinelle prit tout son temps pour effectuer. Il observa longuement le chasseur au poil fauve, s'arrêtant sur la surprenante couleur de ses yeux, en réfléchissant à son prochain mouvement.
Manifestement, le Sekmet n'était pas totalement dupe, sinon il n'aurait pas pris la précaution de lui laisser ouvrir la marche. En outre, Zwey ne croyait pas à la bonté désintéressée entre meutes, sans compter que dès que cela touchait à la nourriture il devenait incroyablement paranoïaque. Inutile de dire qu'il s'attendait à se faire sauter dessus dès qu'il aurait le dos tourné.
D'un autre côté, engager la conversation pour essayer d'embobiner le loup aux yeux clairs lui paraissait une manoeuvre tellement transparente qu'il aurait eu honte lui-même de s'y essayer. Après tout, sa situation, d'entrée de jeu, était des plus louches.
Le jeune loup décida donc de jouer cartes sur table.

« ... bon, » Déclara-t-il en balayant le sol de sa queue, « et maintenant ? On se bagarre ou on partage ? »

Quitte à choisir, il préférait encore une moitié de lapin que pas de lapin du tout.
Quelle générosité il avait, lui qui aurait si bien pu attraper sa proie et partir en courant tout simplement.

Ça aurait eu le mérite de faire courir le Sekmet. A force de vivre tranquillement, ils devaient engraisser un peu trop chez lui, non ?

Code de la fiche by Helya

F. 100 | A. 100 | E. 100

De toute façon, Zwey ne pensait pas pouvoir s'en tirer sans perte, même si le Sekmet décidait de croire à son innocent mensonge. La lueur rusée qui s'était allumée dans les yeux clairs ne lui plaisait pas du tout, mais il acceptait plus ou moins de devoir céder quelque chose : après tout, il avait joué, il avait perdu. Ce n'était que justice que celui qui l'avait attrapé réclame son dû de quelque manière que ce soit.
Et dans le monde de Zwey, la droiture et l'honneur n'avaient pas grand-chose à faire dans l'équation.

Intérieurement, le loup brun ressentit un bel élan de satisfaction devant l'air éberlué de son adversaire. Ah. Eh oui, il avait quelques surprises comme ça dans sa manche.
La suite le fit, certes, déchanter quelque peu.

« Nous pourrions nous battre, mais la lutte serait inéquitable. Nous pourrions partager, mais à quoi bon s'arracher quatre bouchées de viande ? Non, j'ai une meilleure idée. » Le temps que le Sekmet reprenne, Zwey haussa un sourcil autant que sa morphologie le lui permettait. Il ne s'attendait pas à ça. « Nous pourrions négocier... Faire un échange de bons procédés et tout ceci sans.. accrochage. »

Eh bien eh bien. Malheureusement pour Zwey, le chasseur était plus malin qu'il ne l'avait d'abord cru. Ça lui apprendrait à juger sur le physique, tiens ; ce n'était pas parce qu'on avait des muscles qu'on était stupide. Il allait devoir retenir la leçon.
Mais avec son aplomb habituel, le jeune loup reprit contenance et s'adapta. Oreilles dressées sur le crâne et gueule entrouverte, il répondit posément :

« Hm. Sage initiative. » Un peu de flatterie n'a jamais tué personne. « Et qu'est-ce que je pourrais te donner pour que tu oublie ma proie ? »

Ne pas oublier d'appuyer sur le doute qu'il avait précédemment cédé. Attentif, Zwey pointa les oreilles vers le Sekmet ; il avait l'impression de passer sa vie à marchander, ces derniers temps.

Code de la fiche by Helya

F. 100 | A. 100 | E. 100

Au passage, Zwey nota mentalement qu'il venait de se faire traiter de faible pas un parfait inconnu avec une insultante décontraction. Pas vraiment le meilleur moyen de se mettre quelqu'un dans la poche à priori. L'individu qu'il avait en face de lui devait être magnifiquement sûr de lui ou stupidement arrogant. Il était, en fait, assez curieux : plus vieux, plus expérimenté que lui, il avait réussi à le surprendre en un laps de temps très court autant par sa naïveté que par une roublardise inattendue. Zwey ne croyait pas qu'on puisse être tout cela en même temps : il était curieux de savoir ce qu'abritaient réellement les petites cellules grises du Sekmet.
Tout cela pour mieux se tirer d'affaire ; rien de personnel là-dedans.
Le loup brun vit naître dans le regard de son interlocuteur une lueur bien connue de lui : il possédait la même dans son répertoire de marchandage, et un certain loup noir court sur pattes lui en avait fait une magistrale démonstration pendant une heure le matin même.
Une fois qu'on avait goûté aux minauderies de Stannis, les yeux doux - quoique très beaux, on pouvait lui accorder ça - du Sekmet avaient un impact nettement plus réduit. Zwey l'écouta exposer son idée sans rien laisser transparaître, songeant aux fils que lui avait déjà enroulé Stannis autour des pattes et sachant pertinemment au fond de lui qu'il n'accepterait pas la proposition du Sekmet.
On pouvait le dévoyer, certes. Mais ceux qui voyaient en lui un jouet pour tout un chacun n'imaginaient pas l'ampleur de leur erreur. Zwey était son propre maître.

« Eh bien, tu n'as pas l'air stupide : réfléchis quelques secondes. » La sentinelle ne put retenir un nouvel haussement de sourcil presque dédaigneux, qu'il camoufla au dernier moment en intérêt empressé. « Tu es Esobek, je suis Sekmet. Nos deux meutes n'entretiennent pas forcément des rapports cordiaux, et la mienne peine donc à obtenir des informations sur la vôtre. Pourquoi ne pas te laisser ce lapin, contre quelques "tuyaux" concernant les Esobeks ? »

Rien de nouveau jusqu'ici. Les gens manquaient d'imagination, de nos jours...

« Et même, je pourrais veiller à ce que tu ne sois plus dérangé lorsque tu chasses non loin des frontières si tu acceptais de coopérer... sur le long terme. »

Zwey ne put empêcher l'une de ses oreilles de se dresser un poil plus haut que l'autre, trahissant son intérêt. Voilà qui était plus alléchant.
Seulement, il avait eu son quota d'entourloupes pour la journée. Sans compter que le Sekmet n'était clairement pas une sentinelle et que, par conséquent, il lui était impossible de garantir une telle chose à Zwey. L'offre était malheureusement trop risquée.
Cependant, le loup brun ne voulait ni se faire un ennemi du Sekmet, ni abandonner sa proie. Il opta donc pour une autre tactique, qui fusa dans son cerveau comme si l'incendie s'y était soudain déplacé.
Les oreilles de la sentinelle se plaquèrent sur son crâne et ses babines frémirent sur ses crocs, alors qu'il braquait sur son aîné un regard mêlé d'indignation et de colère :

« Tu insinues que je trahirais les secrets des miens pour un vulgaire lapin ? » Ce qui en soit était vrai, mais l'autre n'avait pas besoin de le savoir. « Quel genre de guerrier es-tu pour jeter ton honneur et le mien aux orties de cette manière ? »

Tadaa, la belle bannière de l'honneur brandie en force comme un voile devant les yeux. Zwey ne mentait pas entièrement : il imaginait plus le guerrier dans un rôle de protecteur du bien que d'un fourbe menteur tel que lui. Une intuition sans réel fondement.
L'échine hérissée, Zwey feignit encore un instant d'être fou de rage, puis se calma peu à peu en conservant un air réticent.
Il ne voulait pas non plus se battre avec le Sekmet ou l'insulter franchement. Il avait une autre idée.

« Si c'est le savoir que tu recherches en échange de cette proie, je connais cependant quelqu'un qui pourrait t'aider. » Reprit-il d'un ton plus calme en regardant ailleurs, la queue battant le sol et l'air toujours en colère.

Mais il était dans son droit - il arrivait presque à s'en persuader lui-même - et quitter les lieux en laissant sa proie sur place aurait été plus que puérile : stupide. Il pouvait pardonner au Sekmet sa proposition ; il pouvait même en trouver une alternative. Tout le monde y trouverait son compte : il ne serait pas un traître, le Sekmet non plus. Ce dernier obtiendrait ce qu'il voulait, peut-être plus.
Et Zwey n'aurait pas besoin de se battre avec sa conscience pour le fantôme rachitique d'un misérable lapin.

« Si tu me laisses partir avec le lapin, je t'explique comment le trouver. Tu n'auras pas assez de salive pour lui poser toutes tes questions. »

Code de la fiche by Helya