Encore la faim. Toujours la faim. Ca ne change, et ne changera sans doute jamais. Un appétit jamais rassasié qui le ronge, plus sûrement que l'acide. Jusqu'à sa survie, tout est précaire, tout est instable. Lui même en est le parfait exemple. Pourtant, le fantôme n'ignore pas ce qui se passe chez les hommes. Il n'ignore pas les végétaux que les humains ont replanté derrière le tableau de désolation qu'ils avaient créé. Pourtant, commencer à changer d'avis sur eux est la dernière des idées qui pouvaient lui venir à l'esprit. Ils traquaient toujours les siens, ils traquaient toujours les loups.

Enfin, il lui importait peu qu'ils traquent les autres loups. Les autres lupins pouvaient bien tous crever, ça lui ferai de la concurrence en moins tiens. Tant que lui même tirait son épingle du jeu, il aurai vendu père et mère pour une bouchée de pain. Voire pour rien du tout. Le fantôme est opportuniste. A partir du moment que vous êtes plus gênant qu'utile, vous pouvez tout aussi bien aller vous faire manger par un chien mal luné, tant pis pour vous.

Il cherchait, donc. Il cherchait une proie. N'importe laquelle, tant que ça se mangeait sans conséquences fâcheuses. Bizarrement, c'était le marais Griffes Vertes qui avait attiré son attention, sans doute guidé par les nombreux loups qu'il avait vu en sortir avec le produit d'une chasse fructueuse. L'endroit n'était pas vraiment accueillant, en temps normal, pour les proies et pour les loups. Autant mettre ça sur le compte des hommes. C'était tant mieux, si le marais s'en trouvait en meilleur état. Mais ce n'était pas, humain ou pas humain, l'endroit le plus accueillant pour une promenade.

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