Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 Tuer, c'est bien. Bouffer, c'est mieux. || Chasses solo

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Dim 9 Aoû - 1:17

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Tuer, c'est bien. Bouffer, c'est mieux.
Chasse solo #3
14||12||11



9+3=12=chasse réussie

Un chien. Un foutu clébard s'approche du garde manger, là où je viens tout juste d'aller porter le lapin. C'est sa truffe qui a du le guider jusqu'ici. En même temps, l'odeur doit se sentir à des milles à la ronde. Un ricanement las s'échappe de ma gorge. Quelle merveilleuse erreur qu'il a commise. Je sors de l'antre de la Chapelle et je l’aperçois. Il est gros, pour un chien. Il doit être errant ou abandonné, car il ne pue pas l'homme. Il ne sent... que le cabot poisseux. Il me voit, mais ne me fuit pas. Au contraire, il hérisse le pelage et me dévoile ses crocs reluisantes. Il grogne, il bave, il me jappe dessus. Et moi je fais de même, un soupçon d'amusement billant au fond de mes prunelles dorées.

Lui est enragé, moi, amusé. Je m'élance et suis le premier à lui bondir dessus. Je le plaque sur le sol poussiéreux et il se débat sous moi. Il est fort, pour un cabot. Ensemble, nous ne formons plus qu'une masse sombre de laquelle s'échappe grognements hargneux et couinements. Sa mâchoire se referme sur l'un de mes antérieurs, et la mienne, dans son cou. Le gout du sang coule déjà dans ma bouche et je sens mes papilles frémir. La douleur que je ressens à la patte ne me donne que plus d'adrénaline. Il finit par relâcher mon antérieur et je profite ce moment pour lui clouer la tête au sol avec ma patte, lui lacérant le visage. Il grogne, il jappe, il couine. Il sait que sa fin est proche. De ses puissantes pattes arrières, il me repousse et ses griffes entrent dans ma peau. La douleur est lancinante, mais plus qu'agréable. Allez, continue à te débattre, à me griffer, à me mordre. On sait tous les deux que je serais le vainqueur.

Il se débat tellement que ma force seule n'est pas suffisante pour la retenir au sol. Ma mâchoire vient pour attaquer sa gorge, seulement, il réussit à se relever juste à temps: c'est son oreille qui tombe entre mes dents. Et une nouvelle fois le gout du sang coule dans ma gorge.

Il se relève rapidement et commence à fuir, clopinant. Je ne lui laisse pas la chance d'aller plus loin que je bondis de nouveau sur lui, mon poids le clouant au sol une nouvelle fois. Le combat continue ainsi plusieurs minutes. Le clébard sous moi tente en vain de me repousser, se se défendre du mieux qu'il peut avec l'énergie du désespoir, mais moi, je m'amuse. J'enchaîne les morsures, les griffures, et même si l'occasion de l'achever s'est déjà présentée à moi plusieurs fois, je continue. Je n'ai que quelques égratignures, de toutes façons, tendis que lui... il est mal en point. Très mal en point.

À la fin, des couinements aigus et déchirants sont la seule chose qui sortent de sa gueule. Il souffre, je le sais. J'ai presque envie de l'achever, mais il y a cette voix dans ma tête qui me pousse à le faire souffrir encore plus. Je me relève, lui donnant l'impression qu'il peut me fuir. Et puis je lui saute dessus de nouveau. Je suis cette voix à la lettre, lui obéissant dans les secondes où elle me dicte ses ordres. Mords-le. Griffe-le. Lacère sa peau, fait couler son sang. Plante tes crocs dans ses membres avant de le laisser se relever, pantelant. Et saute-lui dessus de nouveau. Ce manège recommence jusqu'à ce que ce pauvre cabot soit incapable de se relever. Il tremble, ses yeux sont exorbités. On dirait qu'il ne me demande qu'une chose: l'achever.

Je me me tiens devant lui, léchant mes babines, me délectant du goût âcre de son sang et de la faible douleur venant de mes quelques plaies. Le chien tente de se relever une nouvelle fois et c'est alors que je le vois s'écraser pitoyablement au sol que quelque chose se noue en moi. La voie ne me dicte plus quoi faire, et j'en suis ravi. Je ne peux pas le laisser comme ça, souffrant. Je me jette dessus et mes crocs se plantent dans ses jugulaires. Il pisse le sang, dans ma gorge, je ne m'en délecte même plus. C'est moi qui tremble. Et puis d'une force qui m'était jusqu'alors inconnue, je lui brise la nuque. Qu'est-ce qui m'arrive? Je n'ai jamais été un être empathique et je j'ai jamais éprouvé de pitié, seulement, je n'ai jamais... je n'ai jamais fait autant souffert un être. Et ça m'amusait. J'ai presque envie de gerber. C'est elle. C'est cette foutue voix dans ma tête qui me donne l'impression de devenir complètement taré. Mes mâchoires s'ouvrent lentement, libérant leur prise sur le cou de la bête, maintenant inerte. Il est en sale état.

Moi... c'est moi qui lui ai fait ça? Il est en sang, sa peau est lacérée de partout, je vois même ses côtes par endroit. On dirait... on dirait un monstre qui lui a fait ça. Mais non. C'est moi.

-Mais c'est quoi ce délire...

La voix ne me répond pas. Je me grogne dessus.

-Hey toi! Reviens! Explique moi! T'as... t'as pas le droit de me faire faire ça!

Mes muscles tremblent, et elle ne revient toujours pas. J'ai totalement perdu le contrôle de moi-même, je ne réalise pas ce que je viens de faire. Ou je le réalise trop, en fait. Et je reste là, devant la dépouille de ce putain de clébard à me hurler dessus tel un demeuré, mais c'est toujours le silence radio dans ma tête. Elle est partie, me laissant devant ce spectacle atroce dont je suis l'auteur, une envie de gerber au ventre, une envie de m'enfuir aux membres. Mais m'enfuir où? Il n'y a nulle part ou je puisse échapper à mon esprit qui me torture comme ça. Je me sens presque comme ce cabot, mais torturé par moi-même.

...

"Calme-toi, Askaal.", qu'elle finit par me dire d'une voix posée, calme. Comme si rien de tout cela n'était arrivé.

La revoilà. Elle est revenue, me murmure à l'oreille de me calmer. Que je n'ai pas de raison de m'énerver comme ça, de perdre mon sang froid. Elle me manipule encore une fois, et moi... Et moi je suis tellement perdu face à tout ce qui s'est passé que je lui obéis. Je retrouve mon calme, ma froideur. Elle m'ordonne de la traîner jusqu'au garde-manger et je lui obéis. Quand elle n'est pas là pour me dire quoi faire, quoi dire, quoi penser, je me sens totalement perdu. C'est la première fois qu'elle m'abandonne comme ça, et ça a été les cinq pires minutes de ma vie. Quand elle est partie, elle a laissé un pauvre loup tourmenté par sa propre existence et ses propres gestes. Plus jamais je ne veux me sentir aussi faible que lors de ces cinq minutes.

Je suis fatigué, exténué, mais pas seulement par mon combat. De tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Je ne prends même pas la peine de me trouver un endroit décent où dormir: je m'écrase contre l'un des murs de la chapelle. Sans m'en rendre compte, je fais ma toilette, je lèche les plaies superficielles qui parsèment mon corps et je finis par m'endormir, roulé en boule sur moi-même.

+1 chien errant


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